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Brochure "Réponse aux chefs communistes" 1/10 - Discours de Daladier du 18 juillet 1946 - Introduction

La brochure "Réponse aux chefs communistes" (Document 1) reprend le discours qu'Edouard Daladier, député du Vaucluse et ancien président du Conseil de 1938 à 1940, a prononcé le 18 juillet 1946 à l'Assemblée nationale en réponse aux accusations de trahison formulées par le Parti communiste.


Le 2 juin 1946, Edouard Daladier est élu député à la seconde Assemblé nationale constituante dans la circonscription du Vaucluse.

Contestée par le Parti communiste, l'élection du député du Vaucluse est validée par le 10e bureau de l'Assemblée qui constate qu'il n'y a eu aucune irrégularité électorale et que les motifs avancés par les communistes sont uniquement d'ordre politique (Journal officiel du 11 juillet 1946 p. 2667).

Le rapport de cette instance chargée de valider les opérations électorales du Vaucluse est soumis au vote de l'Assemblée nationale le 18 juillet 1946.

Ce vote est précédé d'un débat au cours duquel quatre députés communistes, Charles Benoist, Florimond Bonte, Jacques Duclos et Alfred Costes, plaident en faveur de l'invalidation en arguant notamment que dans ses fonctions de président du Conseil de 1938 à 1940 Edouard Daladier a, d'une part, trahi les devoirs de sa charge en signant les Accords de Munich et en sabotant à la veille de la guerre les négociations avec l'URSS et, d'autre part, violé la légalité républicaine en décidant de dissoudre le Parti communiste en septembre 1939.

La réponse de l'ancien président du Conseil au premier intervenant prend la forme d'un long discours dans lequel il justifie son action à la tête du gouvernement français tant dans le domaine de la politique extérieure que de la politique intérieure.

Concernant son action en matière de politique extérieure, Edouard Daladier se fixe pour tâche de décrire les enjeux de la crise tchécoslovaque d'avril 1938 et son dénouement avec les Accords de Munich, de mettre en évidence la responsabilité de l'URSS dans l'échec des négociations anglo-franco-soviétiques menées entre avril et août 1939 en vue de conclure un Pacte d'assistance mutuelle et enfin de montrer "avec quelle duplicité fut conclu, après de longues négociations secrètes, le pacte germano-russe du 23 août 1939 cause réelle de la deuxième guerre mondiale".

En matière de politique intérieure, un seul thème : le Parti communiste. Accusé par les communistes d'être un traitre, Edouard Daladier dénonce la trahison du Parti communiste entre 1939 et 1941 :

"Bientôt rappelés à l'ordre par Moscou, qui s'est entendu secrètement avec Berlin le 23 août 1939 sur le partage éventuel de la Pologne, les chefs communistes réclament la paix immédiate, encouragent le sabotage des fabrications de guerre, se glorifient de travailler à détruire le moral des armées.
Après la défaite de la France, où ils ne voient que la disparition « d'un impérialisme abattu », ils insultent de Gaulle, ils couvrent d'injures l'Angleterre et les Etats-Unis. Ils prêchent la « fraternisation » des ouvriers français et des soldats allemands. Ils sollicitent de l'Allemand vainqueur qui tient Paris sous sa botte, l'autorisation de faire reparaitre l'Humanité."
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Edouard Daladier est le premier à faire état des sabotages organisés par les communistes dans les usines de guerre et à révéler que le Parti communiste a négocié avec les autorités allemandes à l'été 1940 pour obtenir la reparution de l'Humanité qui avait été suspendu par le 26 août 1939 en raison de son soutien au Pacte germano-soviétique.

Ayant formulé l'essentiel de sa défense dans cette première intervention, le député du Vaucluse répond de manière succincte aux trois autres orateurs du Parti communiste.  

A l'issue de ce débat, l'Assemblée nationale approuve le rapport du 10e bureau par 311 voix contre 132 validant ainsi l'élection d'Edouard Daladier à la députation.

Publié dans le Journal officiel du lendemain (pp. 2678 ss), le discours prononcé par Edouard Daladier le 18 juillet 1946 sera diffusé au 3ème trimestre de 1946 dans une brochure intitulée "Réponse aux chefs communistes" avec de nombreux documents étayant ses affirmations, notamment ses révélations sur les négociations entre le PCF et les autorités allemandes à l'été 1940 (Annexe 4), ainsi que plusieurs photographies illustrant les relations germano-soviétiques (Annexe 10).


Document 1 :


RÉPONSE
AUX CHEFS COMMUNISTES
de Edouard DALADIER (1946)


INTRODUCTION


Je publie aujourd'hui le discours que j'ai prononcé le 18 juillet devant l'Assemblée Nationale Constituante contre les chefs du parti communiste. Je réponds ainsi au désir de très nombreux Français de toutes les régions de notre pays et des professions les plus diverses, qui m'ont demande de le répandre sous une forme plus accessible que celle du Journal Officiel.
La première partie est consacrée à la crise tchécoslovaque de 1938.
La seconde partie montre avec quelle duplicité fut conclu, après de longues négociations secrètes, le pacte germano-russe du 23 août 1939 cause réelle de la deuxième guerre mondiale.
La troisième partie montre quelle fut l'attitude réelle des chefs du parti communiste pendant la guerre, puis après l'armistice, jusqu'à l'agression d'Hitler contre la Russie des Soviets. Divers documents que je n'ai pas eu le temps de lire à la tribune sont reproduits aux annexes.
Il est temps de détruire la légende que les chefs du parti communiste - après s'être emparés de nombreux journaux et de leurs imprimeries - s'efforcent d'imposer au peuple français, à grand renfort d'injures, de menaces et de faux, répandus contre leurs adversaires, selon les méthodes éprouvées de l'ancien Gringoire. Elle n'est que la caricature de l'histoire Il est faux que pendant la guerre soutenue par la France, et dans les années qui l'ont précédée, ils se soient révélés les plus clairvoyants et les plus courageuse des patriotes. Ils n'ont jamais eu d'autre préoccupation que de servir la politique de la Russie des Soviets.
Des lendemains de la première guerre mondiale à l'été de 1935 - Moscou s'étant lié à Berlin par le pacte de Rapallo (1922) - les chefs communistes défendent les revendications allemandes, la destruction du de Versailles, la suppression des réparations. Ils refusent de voter les crédits militaires, insultent l'armée, soutiennent les autonomistes d'Alsace et de Lorraine. Ils proclament à Berlin quelques jours avant l'avènement d'Hitler, le droit du Reich d'annexer les pays de langue allemande.
On sait que cette politique, longuement exposée dans « Mein Kampf » était pour Hitler la première étape sur la route de la domination universelle. En 1935 encore, ils s'élevaient à la Chambre des députés contre le « mensonge de la Défense Nationale ».
Mais lorsque Staline eut conclu avec Laval le pacte franco-soviétique, le parti communiste exécute une impressionnante volte-face. Il remplace l’Internationale par la Marseillaise, le drapeau rouge par le drapeau tricolore, la faucille et le marteau par le clairon de Déroulède.
Au mois d'août 1939, il est partisan déterminé de la guerre contre l'Allemagne. Bientôt rappelés à l'ordre par Moscou, qui s'est entendu secrètement avec Berlin le 23 août 1939 sur le partage éventuel de la Pologne, les chefs communistes réclament la paix immédiate, encouragent le sabotage des fabrications de guerre, se glorifient de travailler à détruire le moral des armées.
Après la défaite de la France, où ils ne voient que la disparition « d'un impérialisme abattu », ils insultent de Gaulle, ils couvrent d'injures l'Angleterre et les Etats-Unis. Ils prêchent la « fraternisation » des ouvriers français et des soldats allemands. Ils sollicitent de l'Allemand vainqueur qui tient Paris sous sa botte, l'autorisation de faire reparaitre l'Humanité.
Mais, après avoir rejeté la proposition soviétique d`une alliance totale, Hitler envahit brusquement la Russie. Aussitôt, nos chefs communistes célèbrent de Gaulle « et ses glorieux soldats » et saluent « les grandes et nobles démocraties » , cette Angleterre et ces Etats-Unis que, la veille encore, ils traitaient de puissances impérialistes dominées par les trusts. Ils entrent dans la Résistance, traitent avec de Gaulle, tandis que leurs militants, enfin libérés de toute hésitation par la dernière évolution de leurs cadres, se battent contre l'ennemi avec courage aux côtés de beaucoup d'autres Français.
Tel est le passé récent. Nul ne saurait souhaiter que des débats passionnés et d'ardentes polémiques sur les années que nous venons de vivre, détournent l'attention de la France des grands problèmes de l'heure présente.
C'est aux chefs du parti communiste de le comprendre, et de mettre un terme à leurs campagnes d'injures et de calomnies. En attendant, nous sommes résolus à ne pas nous laisser troubler par elles et à les combattre avec vigueur.

Juillet 1946.
Edouard DALADIER

 

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