19 août
➤ Accord de commerce et de crédit germano-soviétique.
22 août
➤ L'Humanité annonce l'ouverture de négociations politiques entre l'URSS et l'Allemagne.
➤ Ce Soir fait de même.
➤ L'IC adresse des instructions à toutes ses sections et notamment au PCF.
➤ Ce Soir fait de même.
➤ L'IC adresse des instructions à toutes ses sections et notamment au PCF.
23 août
➤ Pacte de non-agression germano-soviétique.
➤ Editorial de Léon Blum sur les négociations annoncées la veille entre Moscou et Berlin.
➤ Dans un tact titré "Moscou montre la voie de la PAIX", les communistes approuvent ces pourparlers.
➤ Editorial de Léon Blum sur les négociations annoncées la veille entre Moscou et Berlin.
➤ Dans un tact titré "Moscou montre la voie de la PAIX", les communistes approuvent ces pourparlers.
24 août
➤ Résolution du Parti communiste approuvant le Pacte Hitler-Staline.
➤ Ce Soir défend le Pacte germano-soviétique.
➤ Décret-loi permettant au gouvernement de suspendre tout journal dont la publication est de nature à nuire à la défense nationale.
➤ Résolution de la CGT condamnant le Pacte germano-soviétique.
➤ Ce Soir défend le Pacte germano-soviétique.
➤ Décret-loi permettant au gouvernement de suspendre tout journal dont la publication est de nature à nuire à la défense nationale.
➤ Résolution de la CGT condamnant le Pacte germano-soviétique.
25 août
➤ L'Humanité soutient le Pacte Hitler-Staline.
➤ Attitude identique du Groupe parlementaire communiste.
➤ Editorial de Léon Blum condamnant le Pacte germano-soviétique.
➤ Saisie de l'Humanité et de Ce Soir.
➤ Lettre du député socialiste Aimé Quinson demandant l'interdiction du PCF.
➤ Suspension de l'Humanité et de Ce Soir.
➤ Attitude identique du Groupe parlementaire communiste.
➤ Editorial de Léon Blum condamnant le Pacte germano-soviétique.
➤ Saisie de l'Humanité et de Ce Soir.
➤ Lettre du député socialiste Aimé Quinson demandant l'interdiction du PCF.
➤ Suspension de l'Humanité et de Ce Soir.
27 août
➤ Article de Léon Blum appelant les communistes à rompre avec Staline.
29 août
➤ Résolution du Parti socialiste dénonçant le Pacte Hitler-Staline
31 août
➤ Le Pacte germano-soviétique est ratifié par l'Allemagne et l'URSS.
➤ Molotov célèbre cet accord dans un discours prononcé devant le Soviet Suprême.
➤ Tract "Sauvons le pays et la paix !" dans lequel les communistes défendent le Pacte germano-soviétique.
➤ Tribune du chef du Parti socialiste, Paul Faure, jugeant comme contraire à l'honneur du Socialisme toute relation entre les socialistes et les communistes.
➤ Molotov célèbre cet accord dans un discours prononcé devant le Soviet Suprême.
➤ Tract "Sauvons le pays et la paix !" dans lequel les communistes défendent le Pacte germano-soviétique.
➤ Tribune du chef du Parti socialiste, Paul Faure, jugeant comme contraire à l'honneur du Socialisme toute relation entre les socialistes et les communistes.
19 août 1939
●
Accord de commerce et de crédit germano-soviétique
Le 18 juillet 1939, l'Allemagne et l'URSS reprennent les négociations
suspendues depuis le mois de février concernant le renouvellement de
l'accord de crédit de 1935 et la conclusion d'un accord de commerce.
Officiellement, ces discussions ne concernent que les relations économiques entre les deux pays. En réalité, elles s'inscrivent dans des pourparlers secrets engagés depuis avril et constituent pour les deux parties la première étape d'un processus devant aboutir à la conclusion d'un accord politique.
Officiellement, ces discussions ne concernent que les relations économiques entre les deux pays. En réalité, elles s'inscrivent dans des pourparlers secrets engagés depuis avril et constituent pour les deux parties la première étape d'un processus devant aboutir à la conclusion d'un accord politique.
Ces négociation économiques seront menées par Evgeny Babarin, chef adjoint de la
représentation commerciale soviétique à Berlin et Karl Schnurre (1), conseiller de légation au Département économique du ministère des Affaires étrangères allemand. Ce
dernier est en charge des
relations commerciales avec l'Europe de l'Est, secteur auquel appartient
l'URSS.
En cas de succès, elles permettront de développer les échanges
commerciaux germano-soviétiques qui ont connu une forte diminution avec
l'arrivée d'Hitler au pouvoir en 1933.
En effet, de 900 millions de reichsmarks en 1932 ces échanges sont
tombés à 80 millions de reichsmarks en 1938. Plus précisément, dans sa
relation avec la Russie, les exportations et importations allemandes
s'élevaient pour la première année à 630 M. et 270 M. et pour la seconde
à 30 M. et 50 M.
Le 20 août, à 2 h du matin, un accord de commerce et de crédit daté du 19 août 1939 est signé par les deux parties. (2)
Aux termes de la convention de crédit l'Allemagne accorde à l'URSS un
crédit de 200 millions de reichsmarks au taux nominal de 5% avec une
durée de 7 ans remboursable à terme pour chaque tranche utilisée. Un
protocole secret prévoit une réduction de 0,5% du taux d'intérêt. Ce
crédit permettra à l'URSS de financer sur une période de deux ans ses
achats de produits industriels allemands : machineries, machines-outils,
matériel de guerre (optiques, blindage). L'Union soviétique remboursera
à partir de 1946 par des livraisons de matières premières.
L'Allemagne a conditionné l'octroi de ce crédit à l'engagement de l'URSS
de lui livrer sans délai des matières premières (pétrole, platine,
coton, bois, céréales...) dans le cadre de relations commerciales
courantes. Les termes de ce partenariat commercial sont les suivants :
l'URSS s'engage à livrer des matières premières pour un montant de 180
millions de reichsmarks dans les deux années qui suivent la signature de
l'accord. En contrepartie, l'Allemagne fournira des produits
industriels pour un montant de 120 millions de reichsmarks.
(1) Organigramme du ministère des Affaires étrangères allemand.
(2) Texte de l'accord.
(1) Organigramme du ministère des Affaires étrangères allemand.
(2) Texte de l'accord.
22 août 1939
● L'Humanité annonce l'ouverture de négociations politiques entre l'URSS et l'Allemagne
"L'agence Havas publiait cette nuit la dépêche suivante :
Berlin, 21 août. L'agence officielle « D. N. B. » communique :
Le gouvernement du Reich et le gouvernement soviétique ont décidé de conclure entre eux un pacte de non-agression.
M. von Ribbentrop, ministre des affaires étrangères du Reich arrivera à Moscou le 23 août pour mener à bien les négociations.
Aucune note ne nous a été transmise par l'agence Tass concernant les rapports germano-soviétiques."
(L'Humanité du 22 août 1939)
Le 22 août 1939, l'Humanité annonce en "Dernière heure" l'ouverture de pourparlers
germano-soviétiques portant sur la conclusion d'un pacte de
non-agression en reproduisant le communiqué diffusé la veille par
l'agence DNB, agence de presse dépendant du pouvoir allemand. Pour seul commentaire, l'organe central du PCF indique que l'agence Tass, agence de presse officielle soviétique, n'a pas confirmé cette information.
(1) Membre du Bureau politique du PCF, député de la Seine.
(2) Député-maire communiste de Saint-Denis, responsable de L'Association des amis de l'URSS.
(3) Entre parenthèses : commentaire de Tasca sur le retour de Grenier.
(4) D. Peschanski, Vichy 1940-1944 Archives de guerre d'Angelo Tasca, p. 330. [Angelo Tasca est l'auteur sous le pseudonyme de Amilcare Rossi de plusieurs ouvrages sur le Parti communiste français pendant la seconde guerre mondiale.]
Dans une note de 1949, A. Tasca décrit les réactions que suscita au sein du PCF la dépêche du DNB du 21 août 1939 ainsi que son traitement par le journal l'Humanité en s'appuyant sur ses conversations avec l'ancien rédacteur en chef adjoint du quotidien communiste, Pierre-Laurent Darnar :
"La masse du Parti eut comme première réaction : "Ce
n'est pas possible". Plusieurs crurent à un faux des Allemands, parmi
eux Monmousseau (1), qui erra dans les rues de Paris sa chemise de nuit sur
le bras. Fernand Grenier (2), revenu tout récemment de Moscou (?) (3), était
abruti, hébété. Le soir du 21 la rédaction de "L'Humanité" n'avait à sa
disposition que la dépêche DNB annonçant le départ de Ribbentrop.
Darnar, souffrant, avait quitté le journal avant et était rentré chez
lui. On lui téléphona le texte de la dépêche; il revint à "L'Humanité".
Personnellement, il croyait à son authenticité. Il téléphona à
l'ambassade soviétique; on lui répondit; la personne au bout du fil
commença à lui parler en français, mais quand Darnar lui annonça la
nouvelle pour lui en demander confirmation, cette personne lui répondit
en russe, et ses tentatives de ranimer la conversation en français
échouèrent, à tel point qu'il dut y renoncer. Il est possible que, tout
au moins en un premier moment, le type ait été tellement frappé par
cette annonce qu'il se soit réfugié dans l'usage de sa langue
maternelle. D'autres tentatives auprès des agences liées à l'ambassade
ne purent apporter aucun élément nouveau. Darnar se borna donc à donner
la nouvelle en dernière heure et sous réserve, ce à quoi il était
autorisé par l'heure tardive à laquelle la dépêche était arrivée, et
aussi par une "consigne" permanente, qui enjoignait de ne pas utiliser
directement des dépêches provenant des agences de l'Axe." (4)
(1) Membre du Bureau politique du PCF, député de la Seine.
(2) Député-maire communiste de Saint-Denis, responsable de L'Association des amis de l'URSS.
(3) Entre parenthèses : commentaire de Tasca sur le retour de Grenier.
(4) D. Peschanski, Vichy 1940-1944 Archives de guerre d'Angelo Tasca, p. 330. [Angelo Tasca est l'auteur sous le pseudonyme de Amilcare Rossi de plusieurs ouvrages sur le Parti communiste français pendant la seconde guerre mondiale.]
● Ce Soir annonce de nouveaux pourparlers germano-soviétiques
"UN SUCCÈS DE LA POLITIQUE DE PAIX DE L'URSS
MOSCOU ANNONCE
l'ouverture de pourparlers pour un pacte de non-agression"
MOSCOU ANNONCE
l'ouverture de pourparlers pour un pacte de non-agression"
Trois jours après la signature d'un accord économique entre Berlin et Moscou, Ce Soir,
le second quotidien communiste, annonce dans son numéro du 23 août 1939 (diffusé le 22 au soir) l'ouverture de nouvelles négociations
germano-soviétiques ayant pour objet la conclusion d'un pacte de
non-agression.
Compte tenu de la demi-journée séparant la diffusion des deux quotidiens communistes, le traitement de cette information dans Ce Soir se distingue sur plusieurs points de celui de l'Humanité.
Tout d'abord, elle est publiée en Une et non en "Dernière heure".
Ensuite, elle est attribuée à Moscou et non à Berlin sur la base d'une dépêche de l'agence Tass publiée dans le matinée.
Enfin, elle est accompagnée d'une Déclaration de
Marcel Gitton, secrétaire du PCF et député de la Seine. Seul membre du
Secrétariat présent à Paris, ce dernier dirige le Parti. Respectivement
secrétaire général et secrétaire du PCF, Maurice Thorez et Jacques
Duclos sont en vacances sur la Côte d'Azur pour le premier, dans les
Pyrénées pour le second.
Preuve d'un contact avec Moscou - le plus probable l'ambassade
soviétique - le dirigeant communiste approuve avec enthousiasme les
pourparlers germano-soviétiques en expliquant que la signature d'un
Pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne est une "victoire pour la paix"
"Qu'à ce moment même l'Union soviétique contraigne l'Allemagne à la
conclusion d'un pacte de non-agression, c'est la défaite pour les
fauteurs de guerre fascistes, c'est une victoire pour la paix. C'est
donc un succès profitable à la classe ouvrière internationale, aux
peuples du monde entier".
● L'IC adresse des instructions à toutes ses sections et notamment au PCF
"Communiquez tous les partis communistes notre conseil au sujet des
pourparlers de l'Allemagne avec [l'] URSS. Il faut que nos camarades
passent à l'offensive contre presse bourgeoise et social-démocrate.
Premièrement, il faut souligner que, même si l'URSS conclut pacte
non-agression avec l'Allemagne, [cela] n'exclut aucunement possibilité
et nécessité accord entre Angleterre-France-Union Soviétique pour
résistance commune contre agresseurs. [...]
Quatrièmement, URSS, par son désir conclure pacte non-agression avec
l'Allemagne, porte une aide aux petits pays baltique voisins et
contribue efficacement à la consolidation de la paix générale. [...]
Sixièmement, URSS divise force des agresseurs et a mains libres contre Japon pour aider effectivement peuple chinois.
Septièmement enfin, c'est un moyen pour obliger gouvernement anglais
et français passer à la conclusion du pacte avec URSS. Il est nécessaire
en même temps indiquer aux partis qu'ils doivent continuer avec encore
plus énergie leur lutte antifasciste contre agresseur et surtout
fascisme allemand".
(Télégramme de l'IC du 22 août 1939 / B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, pp. 60-62)
Le 22 août 1939, l'Internationale communiste transmet des instructions à
toutes les partis communistes dans un télégramme signé par son
secrétaire général, Georgi Dimitrov.
Informée des négociations portant sur un Pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne sans avoir connaissance du Protocole secret qui sera signé, l'IC ne remet pas en cause sa ligne qui est fondée sur la défense de la paix et la lutte contre le fascisme.
Sur la base de ces éléments, elle recommande à toutes ses sections de :
- Soutenir le Pacte germano-soviétique en avançant comme argument qu'il est une contribution à la paix générale et un facteur de dislocation du Pacte antikomintern qui rassemble l'Allemagne, le Japon, l'Italie, l'Espagne, la Hongrie et le Mandchoukouo.
- Demander la conclusion de l'accord anglo-franco-soviétique négocié depuis avrril en soulignant que cet accord n'est pas incompatible avec la signature du Pacte germano-soviétique.
- Renforcer la lutte contre l'hitlérisme.
L'engagement en faveur d'un accord anglo-franco-soviétique sera en réalité de pure forme et permettra à la propagande communiste : 1) d'affirmer que l'échec de ces négociations est dû à la France et à l'Angleterre et non au rapprochement diplomatique entre l'URSS et l'Allemagne, 2) de soutenir que la signature du Pacte germano-soviétique est la conséquence directe de cet échec et non la concrétisation du changement de politique esquissé par Staline dans le discours qu'il a prononcé le 10 mars 1939 au XVIIIe Congrès du Parti communiste de l'URSS.
Informée des négociations portant sur un Pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne sans avoir connaissance du Protocole secret qui sera signé, l'IC ne remet pas en cause sa ligne qui est fondée sur la défense de la paix et la lutte contre le fascisme.
Sur la base de ces éléments, elle recommande à toutes ses sections de :
- Soutenir le Pacte germano-soviétique en avançant comme argument qu'il est une contribution à la paix générale et un facteur de dislocation du Pacte antikomintern qui rassemble l'Allemagne, le Japon, l'Italie, l'Espagne, la Hongrie et le Mandchoukouo.
- Demander la conclusion de l'accord anglo-franco-soviétique négocié depuis avrril en soulignant que cet accord n'est pas incompatible avec la signature du Pacte germano-soviétique.
- Renforcer la lutte contre l'hitlérisme.
L'engagement en faveur d'un accord anglo-franco-soviétique sera en réalité de pure forme et permettra à la propagande communiste : 1) d'affirmer que l'échec de ces négociations est dû à la France et à l'Angleterre et non au rapprochement diplomatique entre l'URSS et l'Allemagne, 2) de soutenir que la signature du Pacte germano-soviétique est la conséquence directe de cet échec et non la concrétisation du changement de politique esquissé par Staline dans le discours qu'il a prononcé le 10 mars 1939 au XVIIIe Congrès du Parti communiste de l'URSS.
23 août 1939
● Pacte germano-soviétique
Dans la nuit du 23 au 24 août à Moscou, après quelques heures de
négociations auxquelles ont participé Joachim Ribbentrop, Viatcheslav
Molotov et Joseph Staline, l'Allemagne et l'URSS signent un Pacte de
non-agression.
Daté du 23 août 1939, cet accord est accompagné d'un Protocole secret
qui définit les zones d'intérêts soviétique et allemande en Pologne et
dans les Etats baltes (Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie) ainsi que
le statut d'une région roumaine limitrophe de l'URSS, la Bessarabie. A
la demande de Moscou, la ligne délimitant les zones d'intérêts
soviétique et allemande en Pologne fera l'objet d'un ajustement qui sera
formalisé dans une convention signée le 28 août 1939 par Molotov et
Schulenburg. Le tracé définitif de cette ligne suivra le cours des
fleuves Pisa, Narew, Vistule et San.
Immortalisée
par des photographies, la signature du Pacte est suivie d'une réception
au cours de laquelle Staline portera un toast en l'honneur de Hitler en
déclarant : "Je sais combien la nation allemande aime son Führer; en conséquence je voudrais boire à sa santé." (1)
Autre
fait marquant, avant de quitter ses nouveaux amis, le chef des antifascistes
du monde entier fera la déclaration suivante à Ribbentrop : "Le
gouvernement soviétique prend le nouveau pacte très au sérieux. Il peut
garantir sur son honneur que l'Union soviétique ne trahira pas son
partenaire". (2)
Acte diplomatique inimaginable compte tenu de l'antagonisme idéologique
des deux signataires, spectaculaire revirement d'alliance par son
contenu et son protocole secret, le Pacte germano-soviétique est le
fruit de négociations secrètes initiées par le gouvernement soviétique
le 17 avril 1939 avec les propos tenus par son ambassadeur à Berlin,
Alexei Merekalov, suggérant à Ernst Weizsäcker, Secrétaire d'Etat aux
Affaires étrangères, que l'URSS souhaiterait une normalisation de ses
relations avec l'Allemagne.
Ces négociations secrètes se sont déroulées en même temps que celles que
le Kremlin menait officiellement avec les gouvernements français et
anglais en vue de conclure un pacte d'assistance mutuelle.
Par ce qu'il contient et ne contient pas, le Pacte Hitler-Staline garantit aux nazis de ne faire la guerre que sur un seul front dans l'hypothèse d'un conflit avec la France et l'Angleterre.
Par ce qu'il contient et ne contient pas, le Pacte Hitler-Staline garantit aux nazis de ne faire la guerre que sur un seul front dans l'hypothèse d'un conflit avec la France et l'Angleterre.
C'est pour cette raison qu'il sera condamné par tous les partis
politiques à l'exception du Parti communiste qui défendra la thèse que
cet accord est une contribution à la paix générale au motif qu'il
établit des relations pacifiques entre l'URSS et l'Allemagne et divise
le camp fasciste.
L'invasion de la Pologne par les armées hitlériennes sera un parfait
démenti à cette thèse et la preuve que le Pacte germano-soviétique aura
été le facteur déclencheur de la Seconde Guerre mondiale.
L'URSS est la grande gagnante du Pacte germano-soviétique au vu des bénéfices qu'elle est en retire.
Tout d'abord, la garantie de rester à l'écart d'une guerre européenne
qu'elle aura de surcroît provoquée en pactisant avec Berlin. Ensuite,
des gains territoriaux importants dans toute l'Europe de l'Est de la mer
Baltique à la mer Noire. Autre avantage, le renforcement de sa position
dans une Europe affaiblie par la guerre. Enfin, la perspective d'un
développement du communisme dans les pays européens ravagés par
plusieurs années de guerre.
Un événement remettra en cause les prévisions soviétiques : la défaite
de la France en juin 1940 après seulement six semaines de combats.
Malgré ce bouleversement de la situation internationale, Staline
restera fidèle au Pacte germano-soviétique et à la promesse qu'il a
faite à Ribbentrop. C'est Hitler qui rompra l'alliance
germano-soviétique en attaquant l'URSS le 22 juin 1941. Cette alliance
était fondée non seulement sur le Pacte du 23 août 1939 mais aussi sur
le Traité de frontières et d'amitié signé le 28 septembre 1939 sur le cadavre de la Pologne.
Dernier élément, c'est au Procès des criminels nazis organisé à
Nuremberg du 20 novembre 1945 au 1er octobre 1946 que seront révélés à
l'initiative d'un avocat de la défense et en
dépit des objections répétées du Procureur général soviétique
l'existence et le contenu du Protocole secret.
(1) Nazi-Soviet relations, 1939-1941 p. 72 / Site Avalon.
(2) Ibid.
● Editorial de Léon Blum sur les négociations annoncées la veille entre Moscou et Berlin
"J'ESSAIERAIS vainement de dissimuler ma stupeur. Un pacte de
non-agression, en soi-même, ce n'est rien. Il y en a un entre
l'Allemagne et la Pologne. Il y en a un entre l'Allemagne et la France.
Que dis-je, il y en avait un entre l'Allemagne et la Tchécoslovaquie. Le
pacte Briand-Kellogg n'était pas autre chose qu'un pacte de
non-agression généralisé. Si l'on devait considérer seulement le contenu
du pacte que M. von Papen est allé, paraît-il, négocier secrètement et
que M. von Ribbentrop doit aller signer d'un jour à l'autre, on n'y
attacherait peut-être pas plus d'importance qu'à tous les autres papiers
de la même espèce. Mais qu'aujourd'hui, en pleine crise européenne,
dans le fracas des mouvements de troupes et des préparations
diplomatiques, alors que les missions militaires d'Angleterre et, de
France sont à Moscou, alors qu'on attendait d'un jour à l'autre la
signature du pacte tripartite, le Reich hitlérien et la Russie
soviétique aient pu conclure entre eux une convention politique, Suivant
d'ailleurs à vingt-quatre heures d'intervalle un arrangement
commercial, c'est vraiment un événement extraordinaire, presque
incroyable, et sous le coup duquel on reste d'ailleurs étourdi.
L'étonnement redouble quand on se souvient que l'horreur et la haine du
communisme sont les sentiments par lesquels Hitler a prétendu justifier
toutes ses entreprises récentes, y compris la destruction de la
République espagnole et de la République tchécoslovaque, que l'idéologie
anticommuniste est à la base du nazisme, que l'instrument diplomatique
qui a permis à l'Allemagne et à l'Italie de rassembler leurs alliés
autour d'elles est un pacte, antikomintern. Et c'est maintenant Hitler
qui non seulement accepte, mais même, selon toute apparence, propose un
rapprochement politique avec les Soviets. De son côté, la Russie
soviétique n'a cessé d'exciter partout la propagande antifasciste. Le
communisme n'a cessé de dénoncer Hitler comme l'ennemi public de toute
justice, de toute liberté, de toute civilisation. Et dans l'instant le
plus aigu, le plus périlleux de la crise européenne, c'est du côté
d'Hitler que la Russie soviétique semble pencher ! On ne saurait guère
pousser plus loin l'audace, le mépris foncier de l'opinion, le défi,à la
moralité publique."
(Le Populaire du 23 août 1939)
Dans son éditorial du 23 août, Léon Blum exprime sa "stupeur"
à l'annonce de pourparlers germano-soviétiques portant sur la signature
d'un Pacte de non-agression.
Il justifie sa réaction en rappelant premièrement que des délégations militaires française et anglaise sont à Moscou dans le cadre des négociations pour un Pacte tripartite et deuxièmement que la haine de Staline pour l'Allemagne nazie n'a d'égale que celle de Hitler pour la Russie soviétique.
Il justifie sa réaction en rappelant premièrement que des délégations militaires française et anglaise sont à Moscou dans le cadre des négociations pour un Pacte tripartite et deuxièmement que la haine de Staline pour l'Allemagne nazie n'a d'égale que celle de Hitler pour la Russie soviétique.
● Tract "Moscou montre la voie de la PAIX"
Moscou montre la voie de la Paix !
L'URSS vient de signer un traité de commerce [Accord du 19 août 1939] très avantageux pour elle avec l'Allemagne et celle-ci s'apprête à signer avec l'Union Soviétique un pacte de non-agression. [...]
Moscou nous montre
la voie de de la PAIX !
la voie de de la PAIX !
Français,
Nous voulons la Paix. [...]
Et maintenant, que nos ministres aillent vite à Moscou signer le Pacte Anglo-Franco-Soviétique !
Cinq mois ont déjà été perdus PAR LA FAUTE DES NEGOCIATEURS FRANCO-ANGLAIS !
Exiger que l'on signe, ET VITE.
L'URSS avec nous et
la Paix est sauvée !
[...]
- Lecteur de ce tract : Aidez notre action pour la Paix, envoyez-nous
4 frs en timbres-postes, vous recevrez 100 tracts de ce modèle que vous
pourrez diffuser dans votre entourage, (à Mme Suzanne Cagé, 24 rue des
Augustins, Lille, Nord).
(Exemplaire du tract)
En réaction à l'ouverture de pourparlers germano-soviétique portant sur un Pacte de non-agression, la section de Lille des Amis de l'URSS prend l'initiative de publier un tract intitulé "Moscou montre la voie de la Paix".
Diffusé le 23 ou le 24 août, ce tract approuve par avance la signature du Pacte germano-soviétique en arguant qu'il permettra de préserver la Paix et appelle pour la même raison l'Angleterre et la France à conclure un accord avec l'URSS.
Responsable lilloise des Amis de l'URSS, Suzanne Cagé ainsi que deux de ses camarades seront condamnés à des peines de prisons pour la diffusion de ce texte :
"Le tribunal correctionnel de Lille a condamné à six mois de prison et 1.000 francs d'amende Suzanne Cagé, vingt-huit ans, secrétaire de la Fédération des Amis de l'URSS et à trois mois de prison, Henri Tarre et Adonis Duval, pour distribution de tracts approuvant le pacte germano-soviétique." (1)
Dirigée par Fernand Grenier, député-maire de Saint-Denis, L'Association des Amis de l'URSS est une organisation communiste dont la mission est de faire connaître et aimer l'Union soviétique. Elle publie la revue Russie d'aujourd'hui.
(1) Le Petit Parisien du 10 septembre 1939.
Diffusé le 23 ou le 24 août, ce tract approuve par avance la signature du Pacte germano-soviétique en arguant qu'il permettra de préserver la Paix et appelle pour la même raison l'Angleterre et la France à conclure un accord avec l'URSS.
Responsable lilloise des Amis de l'URSS, Suzanne Cagé ainsi que deux de ses camarades seront condamnés à des peines de prisons pour la diffusion de ce texte :
"Le tribunal correctionnel de Lille a condamné à six mois de prison et 1.000 francs d'amende Suzanne Cagé, vingt-huit ans, secrétaire de la Fédération des Amis de l'URSS et à trois mois de prison, Henri Tarre et Adonis Duval, pour distribution de tracts approuvant le pacte germano-soviétique." (1)
Dirigée par Fernand Grenier, député-maire de Saint-Denis, L'Association des Amis de l'URSS est une organisation communiste dont la mission est de faire connaître et aimer l'Union soviétique. Elle publie la revue Russie d'aujourd'hui.
(1) Le Petit Parisien du 10 septembre 1939.
24 août 1939
● Résolution du Parti communiste approuvant le Pacte Hitler-Staline
"Au moment où l'UNION SOVIETIQUE apporte une nouvelle et
inappréciable contribution à la sauvegarde de la paix constamment mise
en péril par les fauteurs de guerre fascistes, le Parti communiste
français adresse au Pays du socialisme, à son Parti et à son grand chef
Staline, un salut chaleureux. [...]
Ce succès que l'Union soviétique vient de remporter, nous le saluons avec joie car il sert la cause de la paix.
La conclusion d'un tel pacte de non-agression ne peut que réjouir
tous les amis de la paix, communistes, socialistes, démocrates,
républicains. `
Tous savent qu'un tel pacte aura comme unique conséquence la
consolidation de la paix. Tous savent qu'il ne privera aucun peuple de
sa liberté, qu'il ne livrera aucun arpent de terre d'une nation
quelconque, ni une colonie. [...]
Le pacte de non-agression qui vient d'être signé à MOSCOU est un coup direct à l'agression.
Comme l'attestent les nouvelles du Japon agresseur de la Chine, et de
l'Espagne franquiste, il divise, et par conséquent affaiblit, le camp
des fauteurs de guerre qui s'étaient unis sous le signe du pacte
antikomintern.
Le désarroi qui règne parmi les alliés du fascisme hitlérien suffit à
montrer, et dans les semaines qui viennent les peuples s'en
convaincront mieux encore, que l'U.R.S.S. vient de rendre un inoubliable
service à la cause de la paix, à la sécurité des peuples menacés, et de
la France en particulier.
Et si quelques chefs socialistes ont estimé devoir prendre place dans
le chœur fasciste et réactionnaire pour injurier l'UNION SOVIETIQUE,
ils seront condamnés par tous les travailleurs, y compris les
travailleurs socialistes. [...]
La paix, c'est le bien précieux des hommes. [...]
Dans le vrai combat contre le fascisme agresseur, le Parti communiste revendique sa place au premier rang."
(L'Humanité du 25 août 1939)
Le 24 août, le Parti communiste approuve le Pacte germano-soviétique dans une Résolution adoptée par son Bureau politique.
Pour justifier son soutien, il avance deux arguments : tout d'abord, le Pacte Hitler-Staline "apporte une nouvelle et inappréciable contribution à la sauvegarde de la paix", ensuite il "divise, et par conséquent affaiblit, le camp des fauteurs de guerre qui s'étaient unis sous le signe du pacte antikomintern". Le Parti communiste suit ainsi fidèlement les consignes de l'IC contenues dans le télégramme du 22 août.
On notera aussi que le Parti communiste affirme incarner "le vrai combat contre le fascisme agresseur" par opposition aux "chefs socialistes" qui en condamnant le Pacte germano-soviétique ont estimé que leur devoir était de "prendre place dans le chœur fasciste et réactionnaire pour injurier l'UNION SOVIETIQUE".
Cette Résolution sera publiée le lendemain dans l'Humanité sous le titre "Déclaration du Parti Communiste Français".
Pour justifier son soutien, il avance deux arguments : tout d'abord, le Pacte Hitler-Staline "apporte une nouvelle et inappréciable contribution à la sauvegarde de la paix", ensuite il "divise, et par conséquent affaiblit, le camp des fauteurs de guerre qui s'étaient unis sous le signe du pacte antikomintern". Le Parti communiste suit ainsi fidèlement les consignes de l'IC contenues dans le télégramme du 22 août.
On notera aussi que le Parti communiste affirme incarner "le vrai combat contre le fascisme agresseur" par opposition aux "chefs socialistes" qui en condamnant le Pacte germano-soviétique ont estimé que leur devoir était de "prendre place dans le chœur fasciste et réactionnaire pour injurier l'UNION SOVIETIQUE".
Cette Résolution sera publiée le lendemain dans l'Humanité sous le titre "Déclaration du Parti Communiste Français".
Sur le même sujet :
- "Le Pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne. Grande victoire de la paix".
- "Le Pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne. Grande victoire de la paix".
● Ce Soir défend le Pacte germano-soviétique
"Le Pacte de non-agression
GERMANO-SOVIETIQUE
n'annule pas le traité franco-soviétique d'assistance mutuelle
Il isole le Japon en Exrême-Orient
Il n'empêche pas l'alliance France-Angleterre-URSS".
GERMANO-SOVIETIQUE
n'annule pas le traité franco-soviétique d'assistance mutuelle
Il isole le Japon en Exrême-Orient
Il n'empêche pas l'alliance France-Angleterre-URSS".
(Ce Soir du 25 août 1939 diffusé le 24 au soir)
Dans son numéro du 25 août 1939 (diffusé le 24 au soir), Ce Soir défend
la signature du Pacte germano-soviétique en mettant en avant qu'il
favorise la division entre le Japon et l'Allemagne et qu'il n'écarte
aucune alliance passée ou future.
Consacré au même sujet et développant les mêmes arguments, l'éditorial de Louis Aragon intitulé "Tous contre l'agresseur" se termine sur cette exhortation :
"Et si on veut poursuivre vraiment la lutte contre l'hitlérisme avec
l'appui entier des antihitlériens convaincus. Il n'y a pas à hésiter :
que les gouvernements français et anglais signent à Moscou le pacte de
la paix.
« Tous contre l'agresseur »...
Est-ce clair ?"
Au nom de la lutte contre l'hitlérisme - "« Tous contre l'agresseur »" - le directeur de Ce soir appelle
la France et l'Angleterre à conclure un Pacte d'assistance mutuelle
avec l'URSS. Appel totalement cynique puisque les articles 2 et 4 du
Pacte germano-soviétique interdisent à l'URSS de signer ce type de
convention :
"Article
2. Au cas où l'une des deux parties contractantes serait l'objet d'un
acte de guerre de la part d'une autre puissance, l'autre partie
n'assistera, sous aucune forme, cette tierce puissance; [...]
Article
4. Aucune des deux parties contractantes ne participera à un groupement
de puissances dirigé, directement ou indirectement, contre l'autre
partie;"
En approuvant la signature du Pacte germano-soviétique, en attribuant à
la France et à l'Angleterre l'échec des négociations d'un Pacte
d'assistance mutuelle anglo-franco-soviétique et en expliquant que cet
échec traduit le refus des gouvernements français et anglais de "poursuivre vraiment la lutte contre l'hitlérisme", Aragon respecte scrupuleusement les recommandations de l'IC du 22 août 1939.
A suite de la diffusion de ce numéro, le dernier légalement publié, Ce Soir sera successivement saisi, suspendu et interdit.
Dans l'après-midi du 25 août, la police se présente au journal où elle procède à la saisie du numéro prêt à être diffusé dans la soirée : Ce Soir du 26 août 1939. Le lendemain, le ministre de l'Intérieur Albert Sarraut suspend par arrêté le quotidien communiste en vertu du décret-loi du 24 août 1939 qui autorise la suspension de "tout journal ou écrit périodique ou non dont la publication est de nature à nuire à la défense nationale". La saisie et la suspension de Ce Soir reposent sur un même motif : le soutien du quotidien communiste au Pacte germano-soviétique. Quant à son interdiction elle sera fondée sur le décret-loi du 26 septembre 1939 prononçant la dissolution des organisations communistes.
Pour terminer on mentionnera qu'à l'été 1940, le Parti communiste négociera avec les autorités allemandes pour obtenir l'autorisation de faire paraître légalement Ce Soir qui est alors suspendu depuis le 26 août 1939 en raison de son soutien... au Pacte germano-soviétique.
A suite de la diffusion de ce numéro, le dernier légalement publié, Ce Soir sera successivement saisi, suspendu et interdit.
Dans l'après-midi du 25 août, la police se présente au journal où elle procède à la saisie du numéro prêt à être diffusé dans la soirée : Ce Soir du 26 août 1939. Le lendemain, le ministre de l'Intérieur Albert Sarraut suspend par arrêté le quotidien communiste en vertu du décret-loi du 24 août 1939 qui autorise la suspension de "tout journal ou écrit périodique ou non dont la publication est de nature à nuire à la défense nationale". La saisie et la suspension de Ce Soir reposent sur un même motif : le soutien du quotidien communiste au Pacte germano-soviétique. Quant à son interdiction elle sera fondée sur le décret-loi du 26 septembre 1939 prononçant la dissolution des organisations communistes.
Pour terminer on mentionnera qu'à l'été 1940, le Parti communiste négociera avec les autorités allemandes pour obtenir l'autorisation de faire paraître légalement Ce Soir qui est alors suspendu depuis le 26 août 1939 en raison de son soutien... au Pacte germano-soviétique.
● Décret-loi permettant au gouvernement de suspendre tout journal dont la publication est de nature à nuire à la défense nationale
Le 24 août, le Conseil des ministres adopte un décret-loi stipulant en son article 1er que le Ministre de l'Intérieur pourra suspendre tout journal "dont la publication est de nature à nuire à la défense nationale".
Publié au Journal officiel du 26 août, ce nouveau texte de loi sera immédiatement utilisé contre la presse communiste avec l'arrêté pris le jour même par le Ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut, radical-socialiste, dans lequel il ordonne la suspension des deux quotidiens communistes, l'Humanité et Ce Soir, en raison de leur soutien au Pacte germano-soviétique
Publié au Journal officiel du 26 août, ce nouveau texte de loi sera immédiatement utilisé contre la presse communiste avec l'arrêté pris le jour même par le Ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut, radical-socialiste, dans lequel il ordonne la suspension des deux quotidiens communistes, l'Humanité et Ce Soir, en raison de leur soutien au Pacte germano-soviétique
● Résolution de la CGT condamnant le Pacte germano-soviétique
"La
Confédération Générale du Travail a toujours condamné la diplomatie
secrète et elle continue de la condamner, quel que soit le pays qui la
pratique.
Elle
a toujours soutenu que la loyauté est indispensable à l'établissement
de rapports de paix entre les nations; elle ne peut donc pas approuver
la signature d'un pacte de non-agression duquel sont absentes toutes
réserves."
(Texte de la Résolution)
Le 24 août, la Commission administrative de la CGT, adopte par 18
voix contre 8 et 2 abstentions une résolution dans laquelle elle condamne le Pacte germano-soviétique.
Elle confirmera sa position dans une résolution adoptée le 31 août : "La commission administrative, après un examen de la situation internationale, confirme la position prise au cours de sa séance du 24 août." (1)
(1) Le Populaire du 1er septembre 1939.
Elle confirmera sa position dans une résolution adoptée le 31 août : "La commission administrative, après un examen de la situation internationale, confirme la position prise au cours de sa séance du 24 août." (1)
(1) Le Populaire du 1er septembre 1939.
25 août 1939
● L'Humanité soutient le Pacte germano-soviétique
"L'action de l'Union Soviétique
par le pacte de non-agression avec l'Allemagne
CONCOURT A RAFFERMIR
LA PAIX GENERALE
Elle jette le désarroi dans le camp fasciste
et transforme heureusement la situation en Extrême-Orient
A Paris et à Londres de conclure l'accord avec l'URSS
pour organiser la résistance commune à l'agresseur ! "
par le pacte de non-agression avec l'Allemagne
CONCOURT A RAFFERMIR
LA PAIX GENERALE
Elle jette le désarroi dans le camp fasciste
et transforme heureusement la situation en Extrême-Orient
A Paris et à Londres de conclure l'accord avec l'URSS
pour organiser la résistance commune à l'agresseur ! "
(L'Humanité du 25 août 1939)
Dans son numéro du 25 août (édition parisienne), l'Humanité apporte son soutien au Pacte germano-soviétique.
Dans sa manchette l'organe central du PCF affirme que ce pacte contribue à la "paix générale" et divise "le camp fasciste". Ces deux arguments étaient mentionnés dans le télégramme de l'IC du 22 août.
A suite de la diffusion de ce numéro, le dernier numéro légalement publié, l'Humanité sera successivement saisi, suspendu et interdit.
Dans l'après-midi du 25 août, la police se présente à l'imprimerie du journal où elle procède à la saisie de l'Humanité du 26 août 1939 (édition de province) et empêche la préparation de l'Humanité du 26 août 1939 (édition parisienne). Le lendemain, le ministre de l'Intérieur Albert Sarraut suspend par arrêté le quotidien communiste en vertu du décret-loi du 24 août 1939 qui autorise la suspension de "tout journal ou écrit périodique ou non dont la publication est de nature à nuire à la défense nationale". La saisie et la suspension de l'Humanité reposent sur un même motif : le soutien du quotidien communiste au Pacte germano-soviétique. Quant à son interdiction elle sera fondée sur le décret-loi du 26 septembre 1939 prononçant la dissolution des organisations communistes.
Pour terminer on mentionnera qu'à l'été 1940, le Parti communiste négociera avec les autorités allemandes pour obtenir l'autorisation de faire paraître légalement l'Humanité qui est alors suspendu depuis le 26 août 1939 en raison de son soutien... au Pacte germano-soviétique.
Dans sa manchette l'organe central du PCF affirme que ce pacte contribue à la "paix générale" et divise "le camp fasciste". Ces deux arguments étaient mentionnés dans le télégramme de l'IC du 22 août.
A suite de la diffusion de ce numéro, le dernier numéro légalement publié, l'Humanité sera successivement saisi, suspendu et interdit.
Dans l'après-midi du 25 août, la police se présente à l'imprimerie du journal où elle procède à la saisie de l'Humanité du 26 août 1939 (édition de province) et empêche la préparation de l'Humanité du 26 août 1939 (édition parisienne). Le lendemain, le ministre de l'Intérieur Albert Sarraut suspend par arrêté le quotidien communiste en vertu du décret-loi du 24 août 1939 qui autorise la suspension de "tout journal ou écrit périodique ou non dont la publication est de nature à nuire à la défense nationale". La saisie et la suspension de l'Humanité reposent sur un même motif : le soutien du quotidien communiste au Pacte germano-soviétique. Quant à son interdiction elle sera fondée sur le décret-loi du 26 septembre 1939 prononçant la dissolution des organisations communistes.
Pour terminer on mentionnera qu'à l'été 1940, le Parti communiste négociera avec les autorités allemandes pour obtenir l'autorisation de faire paraître légalement l'Humanité qui est alors suspendu depuis le 26 août 1939 en raison de son soutien... au Pacte germano-soviétique.
Le Groupe parlementaire communiste approuve le Pacte Hitler-Staline
"M. Maurice Thorez, à la réunion du groupe parlementaire communiste
qui s'est tenue cet après-midi, a fait un exposé de la situation
générale. Il a notamment déclaré :
« Nous nous trouvons de nouveau, un an après Munich, en présence
d'une situation où les peuples peuvent être entraînés, d'un moment à
l'autre, dans la guerre.
Le fascisme hitlérien, toujours avide de nouvelles conquêtes, est une menace constante pour la sécurité des peuples.
Que peut-on faire pour empêcher toute nouvelle agression?
L'Union
soviétique, fidèle à sa politique de paix, a entrepris une politique de
dislocation du bloc des agresseurs qui s'étaient unis sur la base du
pacte antikomintern.
Le pacte germano-soviétique, comme le signalait encore ce matin le
Petit Parisien « remplit de stupeur les Japonais, les Espagnols et les
Hongrois ».
En agissant ainsi, l'U.R.S.S. a mis en échec le plan de Munich.
Mais si Hitler, malgré tout, déclenche la guerre, alors qu'il sache
bien qu'il trouvera devant lui le peuple de France uni, les communistes
au premier rang, pour défendre la sécurité du pays, la liberté et
l'indépendance des peuples.
C'est pourquoi notre parti communiste approuve les mesures qui ont
été prises par le gouvernement pour garantir nos frontières et apporter
le cas échéant l'aide nécessaire à la nation qui pourrait être agressée
et à laquelle nous sommes liés par un traité d'alliance.
C'est parce que nous avons le souci de la paix et de la sécurité française
que nous souhaitons la conclusion de l'alliance franco-anglo-soviétique
qui reste parfaitement possible et nécessaire.
Une telle alliance compléterait et préciserait utilement le pacte franco-soviétique d'assistance mutuelle toujours en vigueur.
Les communistes, en ces graves circonstances, appellent à l'union de
tous les Français grâce à laquelle les fauteurs de guerre fascistes
seront contraints de reculer. »
Le groupe parlementaire a approuvé entièrement l'exposé de M. Maurice Thorez."
(Le Temps du 27 août 1939 - diffusé le 26 août au soir)
Le 25 août, les députés et les sénateurs communistes se réunissent à
la Chambre pour définir la position du Groupe parlementaire sur le
Pacte de non-agression conclu entre l'URSS et l'Allemagne.
Au terme de cette réunion, il adopte un communiqué de presse dans lequel il approuve le Pacte germano-soviétique en reproduisant l'exposé que lui a fait Maurice Thorez, secrétaire général du PCF et député de la Seine.
Dans son intervention, Maurice Thorez affirme que l'accord signé par Berlin et Moscou contribue à la Paix et à la "dislocation du bloc des agresseurs". Il plaide, ensuite, en faveur de la signature d'un accord anglo-franco-soviétique. Enfin, dans l'hypothèse d'une guerre déclenchée par l'Allemagne, hypothèse impossible si l'on considère que le Pacte germano-soviétique est un facteur de paix, il souligne que les communistes seront "au premier rang" du combat contre le fascisme allemand. C'est donc dans ce cadre qu'il apporte le soutien du Parti communiste au gouvernement Daladier et à "la nation qui pourrait être agressée et à laquelle nous sommes liés par un traité d'alliance" c'est-à-dire la Pologne.
Cette intervention, qui est totale conformité avec les Instructions de l'IC du 22 août, permet à Maurice Thorez de concilier provisoirement ces deux engagements :
- Soutien à l'URSS et au Pacte germano-soviétique dont le principal intérêt est d'écarter tout risque de guerre entre l'Etat soviétique et le régime hitlérien.
- Défense de la France dans l'hypothèse d'une guerre déclenchée par l'Allemagne.
En désaccord avec la position du groupe parlementaire, les deux députés de Dordogne, Gustave Saussot et Paul Loubradou, rompent avec le PCF en adressant le lendemain leur lettre de démission à Jacques Duclos, secrétaire du groupe communiste à la Chambre. Ce sont les deux premiers élus du PCF à condamner le Pacte germano-soviétique.
Dernier élément, si ce communiqué n'a pas été publié dans les deux quotidiens communistes en raison de leur suspension le 26 août, plusieurs journaux l'ont reproduit dans leurs pages politiques comme L'Œuvre du 26 août 1939 ou Le Temps du 27 août (diffusé dans la soirée du 26).
Au terme de cette réunion, il adopte un communiqué de presse dans lequel il approuve le Pacte germano-soviétique en reproduisant l'exposé que lui a fait Maurice Thorez, secrétaire général du PCF et député de la Seine.
Dans son intervention, Maurice Thorez affirme que l'accord signé par Berlin et Moscou contribue à la Paix et à la "dislocation du bloc des agresseurs". Il plaide, ensuite, en faveur de la signature d'un accord anglo-franco-soviétique. Enfin, dans l'hypothèse d'une guerre déclenchée par l'Allemagne, hypothèse impossible si l'on considère que le Pacte germano-soviétique est un facteur de paix, il souligne que les communistes seront "au premier rang" du combat contre le fascisme allemand. C'est donc dans ce cadre qu'il apporte le soutien du Parti communiste au gouvernement Daladier et à "la nation qui pourrait être agressée et à laquelle nous sommes liés par un traité d'alliance" c'est-à-dire la Pologne.
Cette intervention, qui est totale conformité avec les Instructions de l'IC du 22 août, permet à Maurice Thorez de concilier provisoirement ces deux engagements :
- Soutien à l'URSS et au Pacte germano-soviétique dont le principal intérêt est d'écarter tout risque de guerre entre l'Etat soviétique et le régime hitlérien.
- Défense de la France dans l'hypothèse d'une guerre déclenchée par l'Allemagne.
En désaccord avec la position du groupe parlementaire, les deux députés de Dordogne, Gustave Saussot et Paul Loubradou, rompent avec le PCF en adressant le lendemain leur lettre de démission à Jacques Duclos, secrétaire du groupe communiste à la Chambre. Ce sont les deux premiers élus du PCF à condamner le Pacte germano-soviétique.
Dernier élément, si ce communiqué n'a pas été publié dans les deux quotidiens communistes en raison de leur suspension le 26 août, plusieurs journaux l'ont reproduit dans leurs pages politiques comme L'Œuvre du 26 août 1939 ou Le Temps du 27 août (diffusé dans la soirée du 26).
● Editorial de Léon Blum condamnant le Pacte germano-soviétique
"Je n'ai pas de goût pour la polémique avec les communistes. Chacun
le sait. Le débat actuel est par surcroît installé par eux sur un
terrain tel qu'on éprouve plus que de la gène à les suivre. Je suis
pourtant obligé de noter :
1° Que le texte du pacte germano-soviétique ne contient en aucune
façon la clause de style insérée par les Soviets dans tous leurs pactes
antérieurs de non-agression et dont la presse communiste ou communisante
avait d'avance fait ressortir l'importance, à savoir la clause
permettant la dénonciation unilatérale du pacte en cas d'agression
contre une tierce puissance ;
2° Que non seulement le pacte ne comporte pas cette clause de style,
qui aurait permis aux Soviets de se dégager en cas d'agression allemande
contre la Pologne ou la Roumanie, mais qu'il contient deux clauses
toutes contraires, les articles 2 et 4, qui eux ne se trouvaient pas
dans les pactes antérieurs, et qui stipulent, en premier lieu,
l'obligation pour chacune des deux puissances contractantes de
n'intervenir ni directement ni indirectement dans une guerre où l'autre
serait engagée ; en second lieu, l'interdiction pour chacune des deux
parties de participer à un groupement de puissances dirigé contre
l'autre.
Si l'on interprète ces deux articles selon leur lettre et leur
esprit, ils mettraient la Russie soviétique hors d'état de signer, ou en
tout cas d'exécuter, le pacte tripartite avec l'Angleterre et la France
sur lequel elle se déclarait cependant prête à poursuivre les
négociations.
Le coup de barre donné par le gouvernement soviétique est donc encore
plus marqué qu'on n'avait pu le supposer tout d'abord. C'est ce qu'un
instinct puissant et spontané avait permis à l'opinion de pressentir.
L'annonce du pacte germano-soviétique a marqué le commencement vrai de
l'état d'alarme universelle. Cela montre assurément que nous avions eu
raison d'insister, comme nous l'avons fait depuis des mois et je puis
même dire depuis des années, pour l'incorporation de la Russie
soviétique dans un front défensif de la paix, car on sent aujourd'hui,
par le vide que creuse son absence, que sa présence avait une valeur
véritable. Mais cela montre autre chose. Cela montre qu'en signant leur
pacte équivoque avec tant d'éclat au moment le plus aigu de la crise,
quand la guerre dépend de la seule détermination de Hitler, quand le
plus léger déplacement de forces en sa faveur, le plus léger signe de
trouble et de désarroi de la part des opinions et des gouvernements
démocratiques peut faire prévaloir dans l'esprit du Führer la décision
fatale, les Soviets ont porté un coup bien rude à la cause de la paix."
(Le Populaire du 25 août 1939)
Dans son éditorial du 25 août, Léon Blum montre que par ce qu'il
contient et ne contient pas le Pacte germano-soviétique porte "un coup bien rude à la cause de la paix".
● Saisie de l'Humanité et de Ce Soir.
Ce Soir a été saisi
ainsi qu'une édition de remplacement
tirée sous un autre titre
ainsi qu'une édition de remplacement
tirée sous un autre titre
Hier après-midi (Ndb : 25 août), plusieurs cars bondés d'agents, venant de la préfecture
de police, se sont rangés rue de Monthyon. Une partie de l'effectif a alors
pris position rue Bergère et à l'angle
de la rue du Faubourg-Montmartre,
faisant circuler les curieux et gardant
la porte menant aux bureaux et à l'atelier d'imprimerie du journal Ce soir.
MM. Roches, Zamarron, Luce et
Bayet, commissaires divisionnaires et
leurs collaborateurs ont pénétré dans
les locaux et ont saisi la première édition du journal qui était prête à partir (Ndb : Ce Soir du 26 août 1939).
Ils ont ensuite saisi les flans et rendu
le plomb inutilisable.
Un peu plus tard la direction de
Ce Soir avait fait composer une feuille
de remplacement, sous le titre « Nouvelles de Ce Soir », celle-ci a subi le
même sort.
Saisie des éditions départementale
et parisienne de « l'Humanité »
et parisienne de « l'Humanité »
Les policiers se sont encore rendue
à l'Humanité. Toutes dispositions ont
été prises pour empêcher la parution
de l'édition départementale (qui devait
sortir hier soir) (Ndb : l'Humanité du 26 août 1939 (éd. départementale)). et de l'édition parisienne de ce matin (Ndb : l'Humanité du 26 août 1939 (éd. parisienne)). C'est M. Roches,
chef de la brigade spéciale de la Police judiciaire, qui dirigeait l'opération.
(Le Populaire du 26 août 1939)
Dans l'après-midi du 25 août, en réaction à la célébration du Pacte
Hitler-Staline dans les deux quotidiens communistes, le gouvernement
fait procéder à la saisie des numéros de l'Humanité et de Ce Soir devant paraître le lendemain.
Indigné, le Groupe parlementaire communiste sollicite immédiatement le
Groupe parlementaire socialiste présidé par Léon Blum pour l'associer à
sa condamnation de cette mesure jugée attentatoire à la liberté de la
presse.
Au terme d'un vote unanime, ce dernier répondra par la négative comme l'indique son communiqué de presse du 25 août :
"En réponse à une communication du Groupe communiste, le Groupe
socialiste, unanime, estime que la signature du pacte germano-soviétique
et l'attitude prise à son égard par le Parti communiste le mettent dans
l'impossibilité d'envisager avec lui une action commune." (1)
(1) Le Populaire du 26 août 1939.
● Lettre du député socialiste Aimé Quinson demandant l'interdiction du PCF
"Pendant quinze ans, de 1920 à 1935, le parti communiste, après avoir
déchiré la classe ouvrière, a tenté, par tous les moyens, de saboter
notre défense nationale. Nos soldats étaient l'objet de tentatives les
plus odieuses; nos gradés insultés dans la rue; tout cela par ordre,
puisqu'un nombre important de députés communistes actuels sont condamnés de deux à
dix ans de prison pour provocation de militaires à la désobéissance ou
sabotage de la défense nationale. [...]
À partir de 1935, et encore par ordre, le parti communiste, reniant
tout
son passé, toute sa doctrine devenait le parti de la main tendue à
n'importe qui, le parti de « Vive l'armée », le parti du service de
trois ans, le parti de la guerre par tous les moyens et tout de suite. [...]
Par
ordre de qui ? Par ordre du traître du jour, le chef du communisme
mondial, Staline. [...]
J'avais espéré jusqu'à ce matin que l'immense
clameur provenant du fond de nos campagnes et de nos usines, de nos
casernes et de nos tranchées irait jusqu'au cœur des chefs communistes
français. J'avais espéré qu'ils relèveraient les premiers la tête face à
la trahison de leur chef Staline. J'avais espéré qu'ils songeraient à
sauver l'honneur de la classe ouvrière française. Eh bien non ! La
trahison de Staline passe pour Thorez, Cachin et Duclos. La trahison de
Moscou passe pour la France. Elle se perpétue, elle s'enfle avec
l'arrogance et le cynisme dont sont seuls capables des traîtres. [...]
A cette heure, des hommes partent, quittant leurs femmes, leurs
enfants, leurs foyers. Nous ne saurions supporter plus longtemps les
menées criminelles
des traîtres. Les ouvriers communistes français se ressaisiront, mais
il faut les protéger contre eux.
Aussi je vous demande, monsieur le Président du Conseil, d'interdire
sans délai le parti communiste et de convoquer les Chambres pour nous
permettre de jeter hors de nos assemblées les traîtres à la nation et à
la classe ouvrière."
Le 25 août, Aimé Quinson, député socialiste de l'Ain, adresse une
lettre au président du Conseil, Edouard Daladier, dans laquelle il
accuse le Parti communiste d'avoir trahi la France et la classe ouvrière
en approuvant le Pacte germano-soviétique et demande en conséquence
qu'il soit dissous et que ses parlementaires soient déchus de leur
mandat.
Le Parti communiste, dont la presse sera suspendue à partir du 26 août,
évoquera cette initiative socialiste dans les communiqués de presse de
son groupe parlementaire des 30 et 31 août 1939.
Dans le premier,
le groupe parlementaire communiste indique qu'il a sollicité le groupe
socialiste pour savoir si l'un de ses membres avait effectivement
réclamé la dissolution du Parti communiste :
"En outre, le gouvernement [groupe] a décidé d’adresser une
lettre à Léon
Blum pour lui demander s’il est exact qu’un député de son parti a osé
demander la dissolution du parti communiste, réclamée par ceux qui
veulent diviser le peuple de France, à l’heure où l’intérêt national
exige
l’union de toutes les forces vives du pays." (1)
Dans le second, il fait état d'un démenti socialiste sous forme verbale :
"Il [le Groupe] a, en outre, pris acte du fait que, par une communication verbale,
le Groupe socialiste a démenti la nouvelle qu’un député socialiste aurait
préconisé la dissolution du Parti communiste et il a décidé d’écrire une
nouvelle lettre à Léon Blum pour lui demander de publier ce démenti." (2)
En réaction à ce dernier communiqué Aimé Quinson décide le jour même de rendre public sa lettre.
C'est ainsi qu'à l'exception notoire du Populaire, organe du
Parti socialiste, la presse parisienne du 1er septembre 1939 rend compte
de sa démarche en faveur de la dissolution du Parti communiste en
s'appuyant sur des extraits plus ou moins longs de sa lettre du 25 août
1939.
Les numéros du Figaro, du Temps (3), de L'Action française et de L'Epoque présentent la particularité de reproduire plusieurs paragraphes de cette lettre.
(1) Cahiers d'histoire de l'IRM n° 39, 4e trimestre 1989, pp 76-77.
(2) Ibid., p. 77.
(3) Le Temps est un journal du soir. Son numéro publié dans la soirée du 1er septembre 1939 est daté du 2 septembre 1939.
26 août 1939
● Suspension de l'Humanité et de Ce Soir.
Le 26 août paraît au Journal officiel un décret-loi permettant au gouvernement de suspendre tout journal "dont la publication est de nature à nuire à la défense nationale".
Le jour même, sur la base de ce nouveau texte de loi, le ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut, radical-socialiste, prend un arrêté ordonnant la suspension de l'Humanité et de Ce Soir en raison de leur approbation du Pacte germano-soviétique.
Au mois de novembre, en parallèle aux Humanité clandestines ronéotées, est diffusé un premier numéro spécial de l'Humanité qui présente la particularité d'être imprimé.
L'éditorial de ce numéro spécial de novembre 1939 revient sur l'interdiction de l'Humanité et choisit de mettre en avant comme motif de sa suspension non pas son soutien au Pacte germano-soviétique mais son opposition à la guerre impérialiste alors en préparation :
Rappelons qu'au mois d'août, le Parti communiste expliquait que sa mobilisation en faveur du Pacte germano-soviétique ne remettait pas en cause son soutien à la défense nationale. Ce numéro de l'Humanité apporte un parfait démenti à cette affirmation.
Suspendus au mois d'août, les deux quotidiens communistes seront formellement interdits par le décret-loi du 26 septembre 1939 aux termes duquel est proscrit la publication de "tout matériel de diffusion tendant à propager les mots d'ordre de la Troisième Internationale ou des organismes qui s'y rattachent".
Un bilan d'ensemble de la répression des activités du Parti communiste et notamment de sa presse sera fait par le ministre de l'Intérieur dans son discours prononcé au Sénat le 19 mars 1940 :
Le jour même, sur la base de ce nouveau texte de loi, le ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut, radical-socialiste, prend un arrêté ordonnant la suspension de l'Humanité et de Ce Soir en raison de leur approbation du Pacte germano-soviétique.
Au mois de novembre, en parallèle aux Humanité clandestines ronéotées, est diffusé un premier numéro spécial de l'Humanité qui présente la particularité d'être imprimé.
L'éditorial de ce numéro spécial de novembre 1939 revient sur l'interdiction de l'Humanité et choisit de mettre en avant comme motif de sa suspension non pas son soutien au Pacte germano-soviétique mais son opposition à la guerre impérialiste alors en préparation :
"Le 26 août dernier, le gouvernement Daladier suspendait « l'Humanité », organe central du Parti communiste français.
Il voulait étouffer la voix du journal de la paix pour préparer la guerre impérialiste."
Rappelons qu'au mois d'août, le Parti communiste expliquait que sa mobilisation en faveur du Pacte germano-soviétique ne remettait pas en cause son soutien à la défense nationale. Ce numéro de l'Humanité apporte un parfait démenti à cette affirmation.
Suspendus au mois d'août, les deux quotidiens communistes seront formellement interdits par le décret-loi du 26 septembre 1939 aux termes duquel est proscrit la publication de "tout matériel de diffusion tendant à propager les mots d'ordre de la Troisième Internationale ou des organismes qui s'y rattachent".
Un bilan d'ensemble de la répression des activités du Parti communiste et notamment de sa presse sera fait par le ministre de l'Intérieur dans son discours prononcé au Sénat le 19 mars 1940 :
"Passons
à la presse. Le parti communiste disposait d'une très importante presse
quotidienne ou hebdomadaire en tête de laquelle s'inscrivaient
l'Humanité, avec un tirage quotidien de plus de 300 000 exemplaires qui,
le dimanche, allait jusqu'à 500 000, et le journal Ce Soir, dont le
tirage quotidien était de 240 000 exemplaires.
Cette
presse est morte. Il n'en reste plus rien. En effet, après la
suspension de l'Humanité et de Ce Soir, dès le 27 août, 159 autres
journaux communistes ou revues, dont 92 pour Paris et 67 pour la
province, ont disparu de la circulation, y compris les journaux
étrangers communisants auxquels nous avons interdit de paraître en
France."
27 août 1939
● Article de Léon Blum appelant les communistes à rompre avec Staline
"Je m'adresse maintenant aux communistes français, comme un homme qui
a le sens des dangers de l'heure, mais qui croit aussi avoir le sens
des devoirs et du destin de la classe ouvrière. Je leur dis : cessez ce
jeu. Vous ne pouvez pas croire à ce que vous dites. On goûterait dans un
autre temps l'agilité de vos exercices dialectiques. Mais le moment est
trop grave. Et quand on joue aujourd'hui on joue avec la vie ou la
liberté de millions d'hommes. Je sais ce que sont et ce que valent la
discipline et la solidarité de Parti. Mais il n'est pas supportable que
l'existence d'un parti prolétarien repose en fin de compte sur le dogme
de l'infaillibilité d'un homme. Si pénible que puisse vous être
l'effort, trouvez en vous-mêmes le courage de vous affranchir, laissez
sortir de vous-mêmes les pensées et les mots qui sont déjà formés dans
votre esprit. Vous avez été déliés de vos vœux. Laissez-vous redevenir
des hommes libres.
Et je m'adresse avec la même franchise au gouvernement de la
République. Les deux quotidiens communistes de Paris ont été suspendus.
Les réunions communistes sont interdites. Si j'étais journaliste ou
militant communiste, je ne crierais sans doute que pour la forme et je
me sentirais au fond fort soulagé de n'avoir pas à m'expliquer devant
mes lecteurs ou auditeurs. Les protestations communistes trouveront
assurément peu d'écho, tant est profonde et légitime l'indignation
générale ; on a vu qu'hier le groupe socialiste avait refusé de s'y
associer. Je sais cela. Je sais aussi qu'il est tentant pour un
gouvernement d'exploiter à fond contre le Parti qui les a provoqués,
l'émoi et la révolte de l'opinion publique. Mais je manquerais à ma
conscience si je ne déclarais, sous ma responsabilité propre, au
gouvernement, qu'il est en train de commettre une redoutable erreur. La
conclusion du pacte germano-soviétique et surtout l'incroyable
entêtement du Parti communiste français à en dresser contre toute raison
la justification ou même l'apologie, lui ont porté un coup meurtrier.
Toute mesure de force, au delà de celles que des nécessités précises de
défense nationale motiveraient strictement, fera refluer autour de lui
une partie des masses ouvrières qui s'en détachaient."
(Le Populaire du 27 août 1939)
Dans Le Populaire du 27 août, Léon Blum appelle les communistes français à trouver en eux-mêmes "le courage" de rompre avec Staline et le "dogme de l'infaillibilité d'un homme" pour "redevenir des hommes libres".
Autre élément de son article, considérant que le soutien du PCF au Pacte germano-soviétique lui a porté "un coup meurtrier", il juge que la suspension des journaux communistes est "une redoutable erreur" qui poussera les militants sur le départ à se solidariser avec le Parti.
Autre élément de son article, considérant que le soutien du PCF au Pacte germano-soviétique lui a porté "un coup meurtrier", il juge que la suspension des journaux communistes est "une redoutable erreur" qui poussera les militants sur le départ à se solidariser avec le Parti.
29 août 1939
● Résolution du Parti socialiste condamnant le Pacte Hitler-Staline
La C.A.P. [Commission Administrative Permanente] du Parti
socialiste condamne et flétrit publiquement le pacte germano-russe qui
montre sous leur vrai jour la fourberie et la félonie du gouvernement
soviétique, qui n'ont d'égales que les contradictions grossières et
l'hypocrisie révoltante du fascisme allemand.
Elle invite ses sections et fédérations à cesser tous rapports avec
ceux qui restent solidaires de cette abominable politique, et à sonner
le ralliement de tous les travailleurs de l'usine, de la terre et des
administrations autour du socialisme français, qui n'a besoin d'aucune
inspiration de gouvernement étranger pour se donner tout entier à
l'indépendance et au salut de la nation.
Devant le renversement total de la politique du gouvernement de
Moscou à l'égard du fascisme international, le Parti socialiste
s'adresse aux travailleurs communistes, pour leur demander de poursuivre
la lutte antifasciste que le Parti socialiste continue à mener, et qui
doit répondre à leurs sentiments d'attachement aux libertés
démocratiques.
(Le Populaire du 30 août 1939)
Dans une résolution adoptée par sa direction le 29 août 1939 à
l'unanimité, le Parti socialiste condamne avec virulence le Pacte
germano-soviétique, appelle ses membres à ne plus avoir de relations
avec tous ceux qui approuvent cet accord et enfin tend la main aux
communistes qui veulent poursuivre le combat anti-fasciste.
31 août 1939
● Ratification du Pacte germano-soviétique par l'Allemagne et l'URSS.
● Discours de Molotov célébrant le Pacte Hitler-Staline
"Le
23 août 1939, date à laquelle a été signé le pacte de non-agression
soviéto-allemand, doit être considéré comme une date d'une grande portée
historique. [...]
L'histoire
a montré que l'animosité et les guerres entre notre pays et l'Allemagne
n'ont pas profité à nos pays, mais qu'elles ont été nuisibles pour eux.
La Russie et l'Allemagne sont, d'entre tous les pays, ceux qui ont été
le plus éprouvés à l'issue de la guerre de 1914-1918. C'est pourquoi les intérêts des peuples de l'Union
soviétique et de l'Allemagne ne se trouvent pas sur la voie d'une
animosité entre eux. Au contraire, les peuples de l'Union soviétique et
de l'Allemagne ont besoin de rapports pacifiques entre eux. Le pacte de
non-agression soviéto-allemand met fin à l'animosité entre l'Allemagne
et l'U.R.S.S., ce qui est dans l'intérêt des deux pays. La différence
dans l'idéologie et dans les systèmes politiques ne doit et ne peut être
un obstacle pour l'établissement de bons rapports politiques entre les
deux Etats, de même que la même différence n'empêche point l'U.R.S.S.
d'ouvrir de bons rapports politiques avec d'autres pays non-soviétiques,
capitalistes. Seuls les ennemis de l'Allemagne et de l'U.R.S.S. peuvent
tenter de créer et d'accroître une animosité entre les peuples de ces
pays. Nous étions et nous sommes pour l'amitié des peuples de l'U.R.S.S.
et de l'Allemagne, pour le développement et l'épanouissement de
l'amitié entre les peuples de l'Union soviétique et le peuple allemand. [...]
Nous devons être en
garde contre ceux qui voient un avantage dans les mauvais rapports entre
l'U.R.S.S. et l'Allemagne, dans l'animosité régnant entre elles, qui ne
veulent pas que la paix et des rapports de bon voisinage soient établis
entre l'Allemagne et l'Union soviétique. [...]
Le
principal sens du pacte de non-agression soviéto-allemand réside dans
le fait que deux des plus grands Etats d'Europe se sont mis d'accord
pour mettre fin à l'animosité qui existait entre eux, pour éliminer tout
danger de guerre et pour vivre en paix. [...]
L'Union
soviétique en est venue à conclure un pacte avec l'Allemagne, sûre
qu'elle était que la paix entre les peuples de l'Union soviétique et de
l'Allemagne répond aux intérêts de tous les peuples, aux intérêts de la
paix générale. Chaque sincère partisan de la paix en conviendra."
(Bulletin périodique de la presse russe n° 289 du 25 septembre 1939 / Texte)
Le 31 août, quelques jours après la signature du Pacte germano-soviétique, Viatcheslav Molotov,
président du Conseil et commissaire du peuple aux Affaires étrangères,
prononce à la 4e session extraordinaire du Soviet suprême un discours
consacré à la politique extérieure de l'URSS.
Dans la première partie de son intervention, Viatcheslav Molotov accuse les gouvernements français et anglais d'être responsables de l'échec des négociations qui se sont déroulées d'avril à août 1939 en vue de conclure un Pacte d'assistance mutuelle anglo-franco-soviétique. Dans la seconde partie, le chef du gouvernement soviétique justifie la signature d'un Pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne.
Point central de ce discours, Molotov affirme qu'en signant le Pacte germano-soviétique la Russie de Staline et l'Allemagne d'Hitler "se sont mis d'accord pour mettre fin à l'animosité qui existait entre eux, pour éliminer tout danger de guerre et pour vivre en paix."
Preuve du changement radical des relations entre les deux pays, le dirigeant soviétique va même jusqu'à plaider " pour l'amitié des peuples de l'URSS et de l'Allemagne, pour le développement et l'épanouissement de l'amitié entre les peuples de l'Union soviétique et le peuple allemand".
Pour écarter tout critique sur le plan international, Molotov soutient que l'instauration de relations pacifiques entre l'Allemagne et l'URSS sera la garantie d'une "paix générale".
L'invasion de la Pologne par les armées hitlériennes apportera un démenti formel à cette affirmation.
A la suite du discours prononcé par le Molotov, le Soviet suprême ratifiera le Pacte germano-soviétique.
Dans la première partie de son intervention, Viatcheslav Molotov accuse les gouvernements français et anglais d'être responsables de l'échec des négociations qui se sont déroulées d'avril à août 1939 en vue de conclure un Pacte d'assistance mutuelle anglo-franco-soviétique. Dans la seconde partie, le chef du gouvernement soviétique justifie la signature d'un Pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne.
Point central de ce discours, Molotov affirme qu'en signant le Pacte germano-soviétique la Russie de Staline et l'Allemagne d'Hitler "se sont mis d'accord pour mettre fin à l'animosité qui existait entre eux, pour éliminer tout danger de guerre et pour vivre en paix."
Preuve du changement radical des relations entre les deux pays, le dirigeant soviétique va même jusqu'à plaider " pour l'amitié des peuples de l'URSS et de l'Allemagne, pour le développement et l'épanouissement de l'amitié entre les peuples de l'Union soviétique et le peuple allemand".
Pour écarter tout critique sur le plan international, Molotov soutient que l'instauration de relations pacifiques entre l'Allemagne et l'URSS sera la garantie d'une "paix générale".
L'invasion de la Pologne par les armées hitlériennes apportera un démenti formel à cette affirmation.
A la suite du discours prononcé par le Molotov, le Soviet suprême ratifiera le Pacte germano-soviétique.
Dernier élément, approuvé par les députés soviétiques, le rapport du
commissaire du peuple aux Affaires étrangères le sera aussi par... le
Chancelier Hitler qui déclarera dans une allocution prononcée le lendemain devant le Reichstag : "Je puis souscrire mot pour mot au discours qu'a prononcé le commissaire du peuple Molotov."
● Tract "Sauvons le pays et la paix" !"
SAUVONS LE PAYS ET LA PAIX !
Les Communistes sont les meilleurs combattants de la Paix [...]
Aujourd'hui encore, les communistes sont les meilleurs combattants de
la Paix et de la Démocratie. C'est pourquoi on veut étouffer leur voix
c'est pourquoi on suspend L'HUMANITE.
Victoire de la Paix
LE PACTE DE NON-AGRESSION GERMANO-SOVIETIQUE est une victoire de l'Union Soviétique et une victoire de la Paix. [...]
LE PACTE GERMANO-SOVIETIQUE a jeté la désunion parmi les dictateurs
fascistes. Il porte un coup au pacte antikomintern. Il a affaibli le
fascisme international et servi ainsi la cause de la Paix. [...]
Si la guerre surgit malgré leur volonté, les Communistes sauront
remplir leur devoir pour la défense du Pays et de la Démocratie contre
la barbarie fasciste.
(Exemplaire du Tract)
A la fin du mois d'août, les communistes diffusent un tract intitulé "Sauvons le pays et la Paix".
Rédigé entre le 26 août (suspension de l'Humanité) et le 1er septembre (déclenchement de la guerre avec l'invasion de la Pologne), ce tract :
1) approuve le Pacte germano-soviétique en arguant que cet accord est un facteur de Paix et de division des dictatures fascistes.
2) affirme que les communistes défendront la France en cas de guerre avec l'Allemagne.
Par son contenu, il est conforme à la ligne défendue par le PCF depuis la réception du télégramme de l'IC du 22 août.
Rédigé entre le 26 août (suspension de l'Humanité) et le 1er septembre (déclenchement de la guerre avec l'invasion de la Pologne), ce tract :
1) approuve le Pacte germano-soviétique en arguant que cet accord est un facteur de Paix et de division des dictatures fascistes.
2) affirme que les communistes défendront la France en cas de guerre avec l'Allemagne.
Par son contenu, il est conforme à la ligne défendue par le PCF depuis la réception du télégramme de l'IC du 22 août.
● Tribune du chef du Parti socialiste jugeant comme contraire à l'honneur du Socialisme toute relation entre les socialistes et les communistes
"NOTRE C.A.P. a été unanime pour condamner et flétrir le pacte
germano-russe et, conséquence toute naturelle, pour inviter les sections
et fédérations du Parti socialiste à cesser tous rapports avec ceux qui
« restent SOLIDAIRES de cette abominable politique ».
Le Parti ouvrier belge vient de voter une résolution du même ordre, plus vigoureuse encore, qui se termine par ces phrases :
« Plus que jamais, nous considérons le Parti communiste comme
moralement disqualifié en tant que représentant d'une fraction de la
démocratie ouvrière.
« Confirmant et accentuant ses résolutions antérieures, le bureau du
Parti estime que tous les liens ou rapports entre les Partis socialiste
et communiste et leurs membres doivent être considérés comme contraires à
l'honneur du Socialisme. »
On peut en être sûr, si tous les Partis socialistes du monde étaient
consultés, ils tiendraient, vis-à-vis de l'acte du gouvernement
soviétique et de tous les hommes, groupes et partis qui s'en déclarent
solidaires, le même langage de condamnation impitoyable et sans appel.
Mais ne parlons pas des autres, pour le moment. On verra plus tard.
En ce qui concerne notre pays et notre Parti l'émotion et la colère y
ont été sans doute plus grandes qu'ailleurs. Cela se conçoit.
Le Parti communiste avait pris la position qu'on sait dans les
événements. Tous ceux qui prononçaient seulement le mot de paix ou qui
demandaient que tous les efforts fussent tentés et renouvelés en faveur
d'un règlement pacifique des problèmes internationaux, étaient
vilipendés, injuriés, dénoncés comme des capitulards et des traîtres.
Le pacte Staline-Hitler est venu démontrer aux yeux des plus aveugles
que les chefs bolchevistes étaient des instruments entre les mains de
Moscou même aux heures où le sort du pays allait se jouer. Et Moscou et
Berlin sont d'accord.
Le Socialisme français s'est dégagé unanimement et avec éclat de ces odieuses machinations.
Il proclame une fois pour toutes qu'il « n'a besoin d'aucune
inspiration de gouvernement étranger pour se donner tout entier à
l'indépendance et au salut de la nation. » .
Très bien. Les travailleurs de France comprendront et parmi eux, on
veut l'espérer, une grande partie de ceux gui avaient été entraînés dans
la sinistre entreprise bolcheviste."
(Le Populaire du 31 août 1939)
Le 29 août, la Commission Administrative Permanente du Parti
socialiste adopte à l'unanimité une résolution condamnant le Pacte
germano-soviétique ainsi que le Parti communiste.
Secrétaire général de la SFIO, Paul Faure réaffirme la positon du Parti dans une tribune publiée dans Le Populaire du 31 août 1939 sous le titre "Position nette".
Secrétaire général de la SFIO, Paul Faure réaffirme la positon du Parti dans une tribune publiée dans Le Populaire du 31 août 1939 sous le titre "Position nette".
Dans ce texte, citant la résolution adoptée par le parti socialiste belge, le chef du Parti socialiste affirme que "« que
tous les liens ou rapports entre les Partis socialiste et communiste et
leurs membres doivent être considérés comme contraires à l'honneur du
Socialisme »".