MENU

Septembre 1940

10 septembre
➤ Dans un texte titré "A bas l'antisémitisme", l'Humanité clandestine affirme que l'antisémitisme est une "invention" des... capitalistes ayant pour finalité de diviser la classe ouvrière, et met en avant la méthode suivante pour le combattre : "Tous les travailleurs sans distinctions de race doivent s'unir contre les capitalistes sans distinction de race ou de religion."

16 septembre
L'Humanité clandestine soutient que pendant la guerre de 1939-1940, "Blum agissait en défenseur des intérêts capitalistes sans distinction de religion ou de race" et qu'il "était l'homme de la City".

23 septembre
➤ Début d'une opération franco-anglaise visant à rallier Dakar et l'Afrique occidentale française à la France Libre. L'opération se termine le 25 septembre sur un échec.

24 septembre
➤ Conséquence des événements de la veille, le régime de Vichy crée une Cour martiale qui sera chargée de réprimer la dissidence gaulliste et qui pourra prononcer des peines allant jusqu'à la peine de mort.

26 septembre
L'Humanité clandestine reprend son slogan "A bas la guerre impérialiste" pour dénoncer toute participation de la France à la guerre anglo-allemande.

L'Humanité clandestine appelle les Français à se mobiliser pour obtenir des autorités allemandes la légalisation de l'Humanité : "L'ŒUVRE, LA FRANCE AU TRAVAIL, AUJOURD'HUI, etc... sont autorisés à paraître mais l'HUMANITE, journal libre, interdite par Daladier est toujours interdite. Français, exigez la parution libre de l'HUMANITE."

27 septembre
➤ Dans un texte titré "Notre fierté et notre honneur", Thorez et Duclos affirment que "le Parti Communiste a été SEUL, TOUT SEUL, à exprimer la volonté de paix des masses populaires et à lutter contre la guerre impérialiste."

L'Humanité clandestine appelle les Français à se mobiliser pour obtenir des autorités allemandes la légalisation de la presse communiste : "Français qui voulez une presse au service du Peuple / Exigez la parution libre de l'HUMANITE et de tous les journaux communistes".

➤ Publication d'une "Déclaration du Parti Communiste Français" dans laquelle il est indiqué que "le Parti Communiste Français (SFIC), opposé de toute ses forces à la guerre impérialiste, a mené depuis septembre 1939 une lutte acharnée contre les impérialistes français, le devoir des prolétaires étant de lutter contre les impérialistes de leur propre pays."

L'Humanité clandestine annonce l'exclusion de Robert Foissin.

➤ Signature du Pacte tripartite, alliance militaire entre l'Allemagne, le Japon et l'Italie.



10 septembre 1940

● Article "A bas l'antisémitisme"

"L'antisémitisme est une invention des réactionnaires pour empêcher les travailleurs de s'unir contre leurs ennemis de classe, les capitalistes. Tous les travailleurs sans distinctions de race doivent s'unir contre les capitalistes sans distinction de race ou de religion."

(L'Humanité n° 75 du 10 septembre 1940)

Résultat de l'idéologie marxiste et du Pacte germano-soviétique, l'Humanité clandestine du 10 septembre 1940 affirme que l'antisémitisme est une "invention" des capitalistes ayant pour finalité de diviser la classe ouvrière.

Deux remarques sur cette analyse... brillantissime par sa bêtise. Tout d'abord, elle délivre un brevet d'innocence au nazisme en matière d'antisémitisme. Ensuite, elle induit que les capitalistes juifs sont des antisémites.

Tout aussi stupide que la définition donnée par le journal communiste, la méthode proposée pour combattre l'antisémitisme : l'union de tous prolétaires contre tous les capitalistes "sans distinction de race ou de religion". Cette formule désigne notamment les capitalistes juifs qui sont et seront dénoncés comme des ennemis de classe (Voir Complément).

Dernier élément, quand les Allemands et Vichy prendront des mesures contre les capitalistes juifs (pour paraphraser le jargon communiste), les communistes expliqueront que ces spoliations ne sont que des mis en scènes visant à masquer le véritable objectif de l'antisémitisme : affaiblir la classe ouvrière en la divisant.

Complément

On citera des extraits de l'Humanité clandestine dénonçant les capitalistes juifs :

- l'Humanité n° 67 du 5 août 1940 :

"Il n'y a pas de bons ou mauvais capitalistes. Qu'ils soient catholiques, juifs, protestants, libres penseurs ou francs-maçons, les capitalistes sont les exploiteurs du peuple".

- l'Humanité n° 68 du 14 août 1940 :

"Pendant que le peuple souffre et que des milliers de malheureux crèvent de faim, les ploutocrates, les rois de la finance, étalent de scandaleuses fortunes.
Neuf grandes banques : Le Crédit Lyonnais, le Comptoir d'Escompte, la Société générale, le Crédit industriel, la Banque de Paris, la Banque de l'Union parisienne, la banque nationale pour le commerce et l'industrie, le Crédit Commercial et le Crédit du Nord représentent un capital de....... 2 milliards 532 millions . [...]
Capitalistes catholiques, juifs, protestants et autres sont associés à la tête de ces banques. Il faut faire rendre gorge à ces messieurs pour donner du pain aux travailleurs. Il faut nationaliser ces banques. IL FAUT FAIRE PAYER LES RICHES !"

l'Humanité n° 85 du 25 octobre 1940 :

"Ne serait-il pas juste, alors que tant de gens souffrent, d'exproprier les grands capitalistes aryens et juifs pour donner du pain et du travail à tous ?
Le peuple pense que ce serait juste, et il sait que les communistes le feraient s'ils étaient au pouvoir."

- l'Humanité n° 102 du 5 mars 1941 :

"Les travailleurs qu'ils soient aryens ou juifs sont frères et ils ont pour ennemis les capitalistes qu'ils soient aryens ou juifs."

Un dernier exemple tout aussi significatif, le Programme de gouvernement publié par le Parti communiste en février 1941 sous le titre "Pour le salut du Peuple de France". Au nombre des mesures devant assurer le salut du peuple de France :

"Nationalisation sans indemnité des banques, compagnies d'assurances, mines, chemins de fer et de l'ensemble des sociétés capitalistes aryennes et juives (électricité, produits chimiques, textiles, métallurgie, gaz, etc...). [...]
Recensement des fortunes et biens des gros capitalistes (aryens et juifs) en vue de prélèvement ou confiscation pour subvenir aux besoins immédiats des masses laborieuses."

On notera que dans ce document signé par le Comité Central du Parti Communiste Français, les communistes utilisent un vocabulaire emprunté... aux nazis.


16 septembre 1940

● Article "Touché !"

"M. Diodati qui signe Charles Dieudonné dans la "FRANCE AU TRAVAIL" a été touché par les accusations portées contre son journal par notre Parti. [...]
A la vérité, M. Diodati est une sorte de nouveau Blum. Comme le chef socialiste traître, il est contre la nationalisation sans indemnité des banques, Cies d'assurances, mines, chemins de fer et autres grande entreprises capitalistes.
Blum agissait en défenseur des intérêts capitalistes sans distinction de religion ou de race. Il était l'homme de la City, mais cela ne l'empêchait pas de prétendre représenter les travailleurs. Aujourd'hui, M. Diodati fait une même besogne de défense capitaliste pour d'autres oligarchies. Aux boniments anticommunistes et "pseudo-démocratiques" de Blum, M. Diodati substitue des boniments anticommunistes et "pseudo-révolutionnaires".

(L'Humanité n° 77 du 16 septembre 1940.)

L'Humanité du 16 septembre 1940 s'attaque à Georges Oltramare (Diodati et Charles Dieudonné sont des pseudonymes) qui est l'un des principaux animateurs de La France au Travail, journal financé par l'ambassade d'Allemagne et destiné à la classe ouvrière avec un contenu anticapitaliste et antisémite.

La mise en cause consiste à le présenter comme un "nouveau Blum" !!! Cette comparaison permet au journal communiste de renouveler ses calomnies contre le dirigeant socialiste en déclarant que pendant la guerre de 1939-1940 "Blum agissait en défenseur des intérêts capitalistes sans distinction de religion ou de race" et qu'il "était l'homme de la City".


23 septembre 1940

● Bataille de Dakar

Le 23 septembre, des navires de la marine anglaise et de la France Libre avec à leur bord le Général de Gaulle arrivent au large de Dakar. L'objectif de cette opération franco-anglaise est de rallier l'Afrique Occidentale Française (AOF) à la France Libre en débarquant dans sa capitale : Dakar. Les rejets par le Gouverneur général Boisson de l'ultimatum du Général du Gaulle puis de celui du commandant de la flotte anglaise déclencheront des combats navals et aériens qui prendront fin le 25 septembre avec le retrait des forces gaullistes et anglaises.

L'opération franco-anglaise sera donc un échec.


24 septembre 1940

● Création d'une Cour martiale

Le 24 septembre, conséquence des évènements de la veille, le Conseil des ministres présidé par le Maréchal Pétain adopte une loi instituant une "Cour martiale" qui sera chargée de réprimer les "crimes et manœuvres commis contre l’unité et la sauvegarde de la patrie" autrement dit la dissidence gaulliste.

Cette juridiction d'exception pourra prononcer des peines allant jusqu'à la peine de mort. Ses jugements seront rendus dans un délai de deux jours. Ils ne seront pas susceptibles de recours et seront exécutés dans les 24 heures.

La Cour martiale sera installée à Gannat dans l'Allié le 6 janvier 1941. Elle sera active pendant 11 mois avant d'être supprimée par une loi du 10 novembre 1941 dans le cadre d'une réorganisation des juridictions d'exceptions.

On terminera en indiquant que cette Cour a condamné à la peine de mort le général Catroux (10 avril 1941), le colonel de Larminat (10 juillet 1941) et le capitaine de Hauteclocque, futur Maréchal de France (11 octobre 1941).



26 septembre 1940

● Article "A bas la guerre impérialiste"

"Nous communistes, nous qui avons lutté contre la guerre impérialiste depuis septembre 1939, nous disons à tous les va-t-en guerre avec la peau des autres "PAS UN HOMME, PAS UN SOUS". Nous voulons que la France reste en dehors du conflit en même temps que nous demandons pour tous les peuples coloniaux le droit à disposer d'eux-mêmes contre ceux qui voudraient faire couler encore du sang français pour le plus grand profit des capitalistes : le peuple français doit se dresser avec le mot d'ordre "A BAS LA GUERRE IMPERIALISTE"".

(L'Humanité du 26 septembre 1940)

La Bataille de Dakar des 23, 24 et 25 septembre est analysée par les communistes comme un affrontement entre les impérialismes allemand et anglais soutenus par leurs alliés français respectifs : De Gaulle pour les Anglais, Pétain pour les Allemands.

Sur la base de cette analyse, L'Humanité clandestine du 26 septembre dénonce toute participation de la France au conflit anglo-allemand et reprend son slogan de la guerre de 1939-1940 : "A bas la guerre impérialiste".

Autre slogan, nouveau celui-ci, pour exprimer la position des communistes :"PAS UN HOMME, PAS UN SOUS" pour la guerre impérialiste.

L'Humanité clandestine appelle les Français à se mobiliser pour obtenir des autorités allemandes la légalisation de l'Humanité

"L'ŒUVRE, LA FRANCE AU TRAVAIL, AUJOURD'HUI, etc... sont autorisés à paraître mais l'HUMANITE, journal libre, interdite par Daladier est toujours interdite. FRANÇAIS, exigez la parution libre de l'HUMANITE."

(L'Humanité du 26 septembre 1940)


27 septembre 1940

● Article "Notre fierté et notre honneur" signé par Maurice Thorez et Jacques Duclos, secrétaire général et secrétaire du PCF

"Leur méprisable attitude rejoignait celle de Déat, de Giono, de Dumoulin qui ayant signé un tract anodin pour la paix [Tract "Paix immédiate"] se dégonflèrent lamentablement les uns après les autres.
Aujourd'hui ce Déat peut s'instituer directeur de conscience de l’opinion publique et poser sa candidature à la direction du fameux Parti Unique dont rêvent ces Messieurs de Vichy, mais rien de tout cela ne peut faire oublier que le Parti Communiste a été SEUL, TOUT SEUL, à exprimer la volonté de paix des masses populaires et à lutter contre la guerre impérialiste. [...]
C'est notre fierté et notre honneur d'être les combattants de la grande cause du communisme, de cette cause qui a ses héros et ses martyrs, de cette cause qui suscite de magnifiques dévouements, de cette cause qui, déjà victorieuse sur un sixième du globe sera victorieuse, partout, demain.
Le Peuple de France comprend, voit que nous avons eu raison de combattre la guerre impérialiste, cette guerre qui a conduit notre pays à la catastrophe, à la défaite, à l'occupation."


L'Humanité clandestine appelle les Français à se mobiliser pour obtenir des autorités allemandes la légalisation de la presse communiste

L'HUMANITE
« CE SOIR »
« LES CAHIERS DU BOLCHEVISME »
et tous les journaux communistes, ainsi que
« RUSSIE D'AUJOURD'HUI »
organe de l'Association des Amis de l'URSS
interdits par Daladier
sont toujours interdits dans les deux zones.
Français qui voulez une presse propre et indépendante
Français qui voulez la vérité sans fard
Français qui voulez une presse luttant contre [mot illisible]
Français qui voulez une presse française
Français qui voulez une presse au service du peuple.
Exigez la parution libre de l'HUMANITE
et de tous les journaux communistes

Souscrivez, versez votre obole, aidez la presse
de lumière et de vérité à percer les ténèbres
de l'obscurantisme et du mensonge



● Déclaration du PCF niant tout lien avec La France au Travail

" Le Parti Communiste dont l'organe central l'Humanité interdit par Daladier est toujours interdit, et dont de nombreux militants sont emprisonnés pour avoir dé fendu la Paix et le Peuple de France, déclare une fois de plus n'avoir rien de commun avec La France au Travail, ni avec ses rédacteurs, ni avec ses commanditaires et il dénonce ce journal comme poursuivant des buts contraires à la liberté et à l'indépendance de la France, contraires ou droit revendiqué par le peuple de notre pays de fixer lui-même ses propres destinées.
le Parti Communiste Français (SFIC), opposé de toute ses forces à la guerre impérialiste, a mené depuis septembre 1939 une lutte acharnée contre les impérialistes français, le devoir des prolétaires étant de lutter contre les impérialistes de leur propre pays."


L'Humanité clandestine annonce l'exclusion de Robert Foissin

L'avocat Foissin qui, bien que sachant parfaitement que le Parti Communiste combat et dénonce le journal La France au Travail, a collaboré à cet oigane de presse, est chassé des rangs du Parti.
Foissin est d'autant plus coupable qu'avant de collaborer à La France au Travail, il avait été avisé que le Parti mettait ses militants en garde contre Juliette Goublet (qui n'a jamais appartenu au Parti) pour sa collalsoralion à ce journal.
En collaborant à ce journal, aux origines et aux ressources suspectes, Foissin a fait le jeu des agnets qui mènent une campagne de discrédit contre le Parti Communiste et ses militants.
Le Parti Communiste, Parti du Peuple, au service du Peuple, dénonce et condamne les tractations de Foissin avec les gens de La France an Travail, tractations faisant portie d'un plan destiné à nuire aux interets des masses populaires de France en essayant de déconsidérer leurs défenseurs.
Le Parti Communiste, fort de la confiance grandissante du peuple de France qui veut la liberté et l'indépendance de notre pays, voue au mépris des masses laborieuses tous ceux qui, sous une forme ou sous une autre, se montrent partisans ou solidaires des mesures anti-ouvrières et anti-françaises défendues par des journaux comme La France au Travail.
Tou» les membres du Parti et les travailleurs doivent considérer Foissin comme un traître à la cause du communisme et à la cause du peuple de France et le traiter comme tel. La Direction du Parti appelle tous les militants à faire preuve dans les circonstances actuelles, d'une vigilance de tous les instants et d'une fermeté politique à toute épreuve.


Avocat communiste, Robert Foissin a fait partie de la délégation communiste qui a été reçue par Abetz à l'ambassade d'Allemagne le 26 juin.

Cette rencontre a été le point de départ d'une négociation entre le PCF et Abetz ayant pour objet la légalisation des activités communistes (presse, municipalités, libération de militants, comités populaires).  Foissin a reçu la mission de les mener.

Illustration de son état d'esprit, une lettre du 5 août adressée à André Picard, agent d'Abetz :

"Tu sais avec quel foi j'ai agi jusqu'à maintenant et les discours d'Hitler [du 19/7/40] et de Molotov [du 1/8/40] m'ont confirmé dans l'opinion que l'amitié entre le Reich et l'URSS doit avoir de profondes répercussions même sur l'évolution de la politique de la France.
Je reste persuadé que c'est aussi et toujours ton sentiment. A toi de faire de ton côté tous les efforts que, du mien, j'ai multiplié depuis plus de six semaines."

Son enthousiasme l'a conduit à discuter avec Abetz de la formation à Paris d'un gouvernement révolutionnaire avec la participation de communistes.

Informée de ces négociations politiques non autorisées, l'IC a vigoureusement réagit dans un Télégramme du 7 août accusant Foissin d'être un agent des occupants.

Le 31 août, Robert Foissin a été informé qu'il était exclu du PCF.

Cette exclusion est annoncée dans l'Humanité n° 76 du 27 septembre 1940. Ne pouvant évoquer ses négociations avec les Allemands, le Parti communiste justifie sa décision en avançant comme motif la participation de Foissin à La France au Travail.

● Signature d'une alliance militaire entre l'Allemagne, le Japon et l'Italie

Le 27 septembre, l'Allemagne, l'Italie et le Japon signent une alliance militaire : le Pacte tripartite.

Cet accord est avant tout destiné à dissuader les Etats-Unis d'entrer en guerre. A cet effet, l'article 3 du texte stipule que les trois puissances prennent l'engagement de "s'assister mutuellement par tous les moyens politiques, économiques et militaires, au cas où l'une des trois puissances contractantes serait attaquée par une puissance non impliquée actuellement dans la guerre européenne ou dans le conflit sino-japonais".

Pour éviter toute équivoque quant à la finalité de cette alliance militaire, l'article 4 précise que les clauses du traité "ne portent en aucune manière atteinte aux statuts politiques existant actuellement entre chacune des trois puissances contractantes et la Russie soviétique". Preuve supplémentaire du statut privilégié de l'URSS, en novembre 1940, Moscou entamera des négociations avec Berlin dans le but d'adhérer au Pacte tripartite.

Sur le même sujet :
- Pacte tripartite du 27 septembre 1940