MENU

Décembre 1939

1er décembre
➤ Pour prouver qu'elle ne sert pas "les intérêts hitlériens contre la France", l'Humanité clandestine rappelle sa ligne : combattre "chez nous les ennemis de la paix, les fauteurs de guerre capitalistes et les socials-chauvins qui poussent au massacre pour des intérêts sordides".

➤ Le premier numéro de L'Avant-Garde clandestine, organe des Jeunesses communistes, appelle les jeunes Français à combattre la guerre impérialiste et sa cause : le capitalisme.

➤ Formé par le pouvoir soviétique dans une ville frontalière, le Gouvernement populaire de Finlande publie une Déclaration dans laquelle il affirme qu'il "soutient et approuve pleinement les actions de l'armée rouge sur le territoire finlandais".

8 décembre
Les députés dissidents du Parti communiste forment un nouveau groupe parlementaire : le groupe union populaire française (UPF).

14 décembre
➤ L'URSS est exclue de la Société des Nations pour son agression de la Finlande.

➤ Discours du ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut, se félicitant de son action contre les menées hitléro-communistes.

21 décembre
➤ Pour son 60e anniversaire, Staline a le plaisir de recevoir deux télégrammes de félicitations venant... d'Allemagne. Le premier signé par Hitler. Le second par Ribbentrop : "En pensant à ces heures historiques passées au Kremlin qui inaugurèrent le tournant décisif dans les relations entre nos deux grands peuples et qui créèrent ainsi les bases d'une amitié durable entre eux, je vous prie d'accepter mes plus chaleureuses félicitations à l'occasion de votre anniversaire.

25 décembre
➤ Père de Noël de circonstance, Staline remercie Hitler et Ribbentrop pour leurs messages du 21 décembre. Citons le second : "Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour vos félicitations. L'amitié des peuples de l'Allemagne et de l'Union soviétique, cimentée par le sang, a toutes les raisons d'être durable et solide."

29 décembre
➤ Article de Marx Dormoy dénonçant "La trahison des communistes".

## décembre
➤ Instructions du PCF titrées "Notre lutte contre la guerre".

L'Humanité clandestine dénonce "La France à la remorque de l'Angleterre".

➤ Le Parti communiste français adresse "son fraternel salut au Parti Communiste Finlandais" et "son salut affectueux au glorieux Parti Communiste Bolchévik de l'U.R.S.S ".



1er décembre 1939

● Article titré "Halte aux mensonges"

"La nouvelle invention de nos adversaires, c'est de dire que la propagande communiste sert les intérêts Hitlériens contre la France. Parmi les journaux les plus abjects, se trouve naturellement celui de M. Blum qui reçut si chaleureusement le Dr Schacht, lorsqu'il était Président du Conseil et qu'il rêvait d'un bloc anti-soviétique avec l'Allemagne. [...]
Nous répéterons sans nous lasser : [...]
5° - Les communistes ne se laisseront pas détourner de leur tâche par les  tentatives de diversions des ennemis du peuple. Ils combattront chez nous les ennemis de la paix, les fauteurs de guerre capitalistes et les socials-chauvins qui poussent au massacre pour des intérêts sordides. Ils continueront d'appeler à l'union contre le gouvernement réactionnaire, instrument des marchands de canon, et pour un gouvernement ouvrier et paysan, seul capable de faire une paix durable".

(L'Humanité n° 9 du 1 décembre 1939)

Dans son numéro du 1er décembre 1939, l'Humanité clandestine dénonce les mensonges propagés par la presse et plus particulièrement Le Populaire de Léon Blum - l'un des "journaux les plus abjects".

La dernier de ces mensonges : la propagande communiste sert les "intérêt hitlériens contre la France".

Pour prouver l'absurdité de cette accusation, le journal communiste rappelle la ligne du Parti : combattre "les ennemis de la paix, les fauteurs de guerre capitalistes et les socials-chauvins qui poussent au massacre pour des intérêts sordides" !!!

● Premier numéro de l'Avant-Garde clandestine, organe des Jeunesses communistes

"Après une interruption, l'Avant-Garde reparaît. [...]
Aujourd'hui, le journal de la Jeunesse Communiste poursuit fidèlement sa tradition. [...]
L'Avant-Garde luttera contre la guerre impérialiste et le capitalisme ennemi de notre génération."

(L'Avant-Garde du 1er décembre 1939)

La première édition clandestine de l'Avant-Garde - organe centrale des Jeunesses communistes - est un numéro ronéoté daté du 1er décembre 1939 portant en manchette la citation suivante :

"On croire mourir pour la Patrie. On meurt pour les banquiers et les capitalistes. (Anatole France)".

Ce numéro définit clairement la ligne politique des Jeunesses communistes : lutter "contre la guerre impérialiste et le capitalisme".

Les jeunes communistes sont donc appelés à se mobiliser pour défendre la Paix avec l'Allemagne nazie (libération nationale) et la Révolution socialiste (libération sociale).

Pour connaître l'activité de la Fédération des Jeunesses communistes sur la période d'août à décembre 1939, on citera un rapport qu'elle a adressé en janvier 1940 à la direction du PCF sous le titre "La Fédération des JC":

"Il est utile de rappeler d'abord brièvement comment s'est comporté notre Fédération au cours des événements qui précédèrent immédiatement la guerre.
Notre position clairement affirmé concernant le pacte germano-soviétique fut approuvée par l'ensemble de nos adhérents. Deux lettres explicatives sur cette question avaient été envoyées à l'ensemble de nos régions. [...]
La position prise par le parti, vote des crédits de guerre, déclaration du groupe parlementaire, etc... nous firent considérer la guerre comme une guerre juste. Tous nos camarades qui partaient aux armées crurent à la guerre antifasciste.
Il nous fallut un certain temps pour réaliser pleinement le caractère impérialiste de la guerre. Nous avions perdu des jours précieux et nos militants se trouvaient quelque peu désorientés. [...]
5.  La liaison avec le Parti n'a été établie de façon sérieuse et efficace que courant décembre. Ce n'est seulement qu'en janvier que nous avons reçu directement du matériel du Parti. [...]
C'est seulement début Novembre que nous avons rédigé nationalement une circulaire d'organisation et un tract, condamnant la guerre impérialiste et l'attitude des chefs sociaux-démocrates, jeunes et adultes. Ce matériel ne toucha malheureusement que nos 5 R.P. [Régions Parisiennes]. J'espère pouvoir donner prochainement un exemplaire de chacun de ces matériaux. Le 1er décembre paraissait le numéro 1 de l'A.G. [l'Avant-Garde] dans lequel nous prenions nettement position contre la guerre impérialiste. (Nous sommes aujourd'hui au 4e numéro de l'A.G.). Courant décembre, nous avons également édité un document intitulé "A tous nos militants". Ce document contient la position de la Fédération devant la guerre impérialiste et devant la guerre de libération soviéto-finlandaise, ainsi qu'une ébauche de programme."

● Formé par le pouvoir soviétique dans une ville frontalière, le Gouvernement populaire de Finlande publie une Déclaration dans laquelle il approuve l'intervention de l'Armée rouge

"Le Gouvernement Populaire de Finlande, profondément convaincus que l'Union soviétique ne poursuit aucun but dirigé contre l'indépendance de notre pays, approuve pleinement et soutient les opérations de l'armée rouge sur le territoire Finlandais. Il y voit un secours inappréciable au peuple finlandais de la part de l'Union soviétique afin de liquider le plus rapidement possible par des efforts communs le très dangereux foyer de guerre créé en Finlande par le criminel gouvernement des provocateurs de guerre.
Afin d'accomplir le plus vite possible cette tâche le gouvernement du peuple Finlandais invite le gouvernement de l'URSS a accorder à la République démocratique de Finlande, tout le concours nécessaire des forces de l'Armée Rouge".



8 décembre 1939

● Les députés dissidents du Parti communiste forment un nouveau groupe parlementaire : l'Union Populaire Française (UPF)

Sur le même sujet :
- L'Union Populaire Française.


14 décembre 1939

● L'URSS est exclue de la SDN

Après le refus du gouvernement finlandais de satisfaire ses revendications territoriales, l'Union soviétique envahit la Finlande le 30 novembre 1939 en invoquant un incident de frontière... qu'elle a elle-même organisé. Cette agression se fait avec l'accord tacite de l'Allemagne puisqu'aux termes du Pacte germano-soviétique et de son protocole additionnel secret la Finlande appartient à la sphère d'influence soviétique.

Le 3 décembre, le gouvernement finlandais saisit la Société des Nations (SDN) dans le but qu'elle prenne "toutes mesures utiles pour enrayer l'agression".

Convoquée par la SDN, l'Union soviétique refuse toute médiation en expliquant que son intervention en Finlande répond à la demande du gouvernement de la République démocratique de Finlande.

Constitué le 1 décembre par l'URSS dans la ville frontalière finlandaise de Terijoki, ce gouvernement fantoche est dirigé par Otto Kuusinen, communiste finlandais qui était réfugié à Moscou. Dans sa Déclaration annonçant sa constitution, "le gouvernement du peuple Finlandais invite le gouvernement de l'URSS a accorder à la République démocratique de Finlande, tout le concours nécessaire des forces de l'Armée Rouge". Autre preuve de sa servitude, le lendemain, il signe avec l'URSS un Pacte d'assistance mutuelle et d'amitié qui satisfait les revendications territoriales soviétiques.

Le 11 décembre, le comité spécial chargé d'étudier la requête finlandaise adresse un message au gouvernement soviétique pour lui demander de cesser les hostilités et d'entamer sans délai des négociations de paix. Dans sa réponse envoyée le lendemain, l'URSS renouvelle son refus de toute médiation de la SDN.

Finalement, le 14 décembre, l'Assemblée de la SDN adopte un texte dans lequel elle "condamne solennellement" l'URSS pour son agression de la Finlande et décide en conséquence, premièrement, d'appeler ses membres à soutenir le gouvernement finlandais et, secondement, de recommander au Conseil d'exclure l'Etat soviétique. Le jour même, l'exécutif de la SDN vote une résolution dans laquelle elle "constate que, par son fait, l'Union des républiques socialistes soviétiques s'est exclue de la Société des nations. Il en résulte qu'elle ne fait plus partie de la Société."


● Discours du ministre de l'Intérieur, Albert Sarraut, se félicitant de son action contre les menées hitléro-communistes

Dans son intervention du 14 décembre 1939 à la Chambre, Albert Sarraut, ministre de l'Intérieur radical-socialiste, répond à une interpellation du député Jean Ybarnégaray sur la passivité du gouvernement dans sa lutte contre les menées hitléro-communistes.

Dans sa réponse, le ministre de l'Intérieur évoque son audition de la veille devant la commission de l'armée en soulignant qu'elle a diffusé un communiqué de presse élogieux quant à son action contre les communistes. Il justifie la répression du Part communiste en dénonçant son soutien à l'alliance germano-soviétique, cause directe de la guerre. Il estime que l'action de la police est un succès malgré les difficultés liés principalement au poids du PCF dans la population. Enfin, il affirme qu'il luttera sans relâche contre les hitlériens, l'autre catégorie de défaitistes.



21 décembre 1939

● Pour son 60e anniversaire, Staline a la plaisir de recevoir deux télégrammes de félicitations venant... d'Allemagne, le premier signé par Hitler, le second par Ribbentrop

"A l'occasion de votre 60e anniversaire, je vous prie d'agréer mes félicitations les plus sincères. J'y joins mes meilleurs vœux pour votre prospérité personnelle ainsi que pour un heureux avenir des peuples de l'Union soviétique amie." — Adolf HITLER. (1)

"En pensant à ces heures historiques passées au Kremlin qui inaugurèrent le tournant décisif dans les relations entre nos deux grands peuples et qui créèrent ainsi les bases d'une amitié durable entre eux, je vous prie d'accepter mes plus chaleureuses félicitations à l'occasion de votre anniversaire." — Joachim Von RIBBENTROP. (2)


La réponse chaleureuse de Staline arrivera le 25 décembre, un cadeau de Noël.


25 décembre 1939

● Père de Noël de circonstance, Staline remercie Hitler et Ribbentrop pour leurs messages du 21 décembre

à M. Adolf Hitler, Chef de l'Etat allemand :
"Je vous prie d'agréer ma reconnaissance pour vos félicitations, et mes remerciements pour vos bons vœux aux peuples de l'Union soviétique." J. STALINE.

à M. Joachim Von Ribbentrop, Ministres des Affaires étrangères de d'Allemagne :
"Je vous remercie, Monsieur le Ministre, pour vos félicitations. L'amitié des peuples de l'Allemagne et de l'Union soviétique, cimentée par le sang, a toutes les raisons d'être durable et solide." — J. STALINE.


Dans son télégramme de remerciements adressé à Ribbentrop, Staline affirme que "l'amitié des peuples de l'Allemagne et de l'Union soviétique" sera "durable et solide" au motif qu'elle est "cimentée par le sang" : le sang des Polonais.


29 décembre 1939

● Article de Marx Dormoy dénonçant "La trahison des communistes

Sénateur-maire socialiste de Montluçon, ancien ministre de l'Intérieur, Max Dormoy signe dans Le Populaire du 29 décembre 1939 un article intitulé "La trahison des communistes".

Ce texte est une réponse au pamphlet publié par André Marty dans un hebdomadaire belge de l'IC - Le Monde n° 4 du 7 octobre 1939 - sous le titre "Lettre ouverte d'André Marty à Monsieur Léon Blum".

Dans sa réponse au dirigeant communiste, après avoir soutenu que Lénine n'aurait jamais signé le Pacte germano-soviétique et dénoncé André Marty comme "un homme qui a pris du service dans l'armée d'Hitler", Marx Dormoy montre que c'est le Parti communiste qui a trahi ses engagements en changeant radicalement de position sur la responsabilité du conflit (Hitler puis Daladier-Chamberlain), la nature de la guerre (antifasciste puis impérialiste) et enfin le soutien à la Pologne (légitime puis illégitime).


● Instructions du PCF titrées "Notre lutte contre la guerre"

"Il s'agit en premier lieu de poursuivre notre campagne de redressement en ce qui concerne notre position de lutte contre la guerre. Les difficultés de liaison et d'organisation n'ont pas encore permis de toucher l'ensemble des communistes de tous le pays. La tâche la plus urgente est donc de faire connaître à tous les communistes, dans tous les centres, dans les entreprises et les villages, aux armées, la position du Parti dans sa lutte contre la guerre impérialiste.
Les documents parus (article de Dimitrov, manifeste de l'IC à l'occasion XXIIe anniversaire de la Révolution d'octobre, le manifeste du PCF, l'interview de Maurice, la lettre d'André à Léon Blum) doivent être portés à la connaissance de tous les communistes par tous les moyens.
Il est indispensable également que la position du parti soit connus des masses. A cet effet doit être développée la publication de tracts, de papillons, diffusés dans les usines, dans les quartiers et les villages. [...]
Toute cette campagne de clarification de notre position contre la guerre et pour la paix, il est indispensable de la mener sans arrêt; elle doit être considérée comme une tâche essentielle afin de corriger nos erreurs du début."  

En décembre 1939, le Parti communiste transmet à ses cadres des Instructions - "Notre lutte contre la guerre" - dans lesquelles il définit une tâche prioritaire : faire connaître à tous les communistes "la position du Parti dans sa lutte contre la guerre impérialiste".

L'importance de cette mission s'explique par le fait que le Parti communiste a modifié sa position sur la guerre contre l'Allemagne nazie à la suite des instructions de l'IC du 9 septembre 1939. Le premier texte marquant ce revirement est un manifeste du 21 septembre 1939 intitulé "Il faut faire la Paix" qui présente la particularité de ne pas dénoncer l'impérialisme français.

Le premier texte dénonçant le caractère impérialiste de la guerre contre l'Allemagne nazie est la "Lettre d'André Marty à Léon Blum" publiée dans l'hebdomadaire Le Monde du 7 octobre 1939.

C'est d'ailleurs pour cette raison que les documents pour lesquels il est impératif d'assurer une large diffusion sont des textes publiés en octobre et novembre 1939 : "article de Dimitrov, manifeste de l'IC à l'occasion XXIIe anniversaire de la Révolution d'octobre, le manifeste du PCF, l'interview de Maurice, la lettre d'André à Léon Blum".

(1) A. Rossi, Les communistes français pendant la drôle de guerre 1939-40, 1951, rééd. 1972 p. 100.

L'Humanité clandestine dénonce "La France à la remorque de l'Angleterre

"Le 3 septembre, à 11 heures, M. Chamberlain proclamait l'état de guerre avec l'Allemagne; Daladier, ayant étant mis en difficulté au sein de son conseil des ministres, à 17 heures, il faisait, en bon domestique, une déclaration analogue à celle de son patron de Londres.
L'Angleterre sait que le peuple français juge sévèrement la politique anglaise; il faut donc détruire toute indépendance française et assujettir économiquement la France au gouvernement de Londres; aussitôt M. Daladier obéit et signe des accords économiques qui ligotent la France et la placent comme un Dominion à la remorque de l'Empire britannique.
Le gouvernement Daladier, c'est le gouvernement qui assujettit la France à l'impérialisme anglais. Une politique française indépendante exige en premier lieu qu'on en finisse avec le gouvernement Daladier au service de la finance internationale."

(L'Humanité numéro spécial imprimé de décembre 1939)

L'anglophobie est une composante importante de la propagande communiste comme l'illustre le numéro spécial de l'Humanité de décembre 1939. Imprimé en Belgique, ce numéro affirme que France s'est engagée dans la guerre contre l'Allemagne nazie par soumission à "l'impérialisme anglais".

● Le Parti communiste français adresse "son fraternel salut au Parti Communiste Finlandais" et "son salut affectueux au glorieux Parti Communiste Bolchévik de l'U.R.S.S"