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Février 1940

5 février
➤ Conseil suprême interallié au cours duquel la France et l'Angleterre décident d'envoyer des soldats en Finlande.

L'Humanité
clandestine accuse Léon Blum d'être un serviteur du capitalisme anglais en affirmant qu'il ne faut pas écrire le "le citoyen BLUM" mais "Le City-oyen BLUM" (référence aux banquiers de la City de Londres).

10 février
➤ La Chambre des députés approuve la politique de guerre du Gouvernement Daladier.

11 février
Accord commercial germano-soviétique.

17 février
Déserteur et secrétaire général du PCF, Maurice Thorez est déchu de la nationalité française "pour s'être comporté comme le ressortissant d'une puissance étrangère".

19 février
L'Humanité clandestine rappelle sa ligne politique : "CONTRE LA DICTATURE DALADIER / POUR LA PAIX".

20 février
Déchéance de 60 députés communistes.

➤ Dans un discours prononcé à la Chambre, Paul Loubradou, député démissionnaire du PCF, déclare : "vaincre Hitler, c'est assurer la liberté des peuples".

29 février
Déchéance d'un sénateur communiste.

## février
Tract "Daladier - Chamberlin - Mussolini - Franco et Pie XII", premier Appel au sabotage du PCF.

➤  Appel au "Peuple de France" qui est le second après celui diffusé au mois d'octobre et qui présente la particularité de contenir un Appel au sabotage.

➤ Tract "Pas un homme, Pas un sou, Pas une arme, pour les Fascistes Finlandais", troisième Appel au sabotage du PCF.

➤ Appel "Jeunesse de France à l'action !", premier appel lancé par les Jeunesses communistes.

➤ Appel "Aux membres du Parti Communistes Français (SFIC)", appel motivé par le constat d'un risque de démobilisation des militants.

"Léon Blum tel qu'il est", pamphlet injurieux et calomnieux de Maurice Thorez dans lequel il est affirmé que le rejet de Léon Blum par la classe ouvrière "est une condition de la lutte victorieuse pour la paix" avec Hitler.

➤ "Manifeste du Comité pour l'Indépendance et l'Unité des syndicats" visant à reconstituer un syndicat communiste.



5 février 1940

Au Conseil suprême interallié, la France et l'Angleterre décident d'envoyer des soldats en Finlande

l'Humanité clandestine attaque Léon Blum

SYNTAXE
Ne dites pas "le citoyen BLUM"
mais dites : Le City-oyen BLUM.

L'Humanité n° 24 du 5 février 1940

Dans son numéro du 5 février 1940, l'Humanité accuse Léon Blum d'être un serviteur du capitalisme anglais ("le City-oyen BLUM") et donc un traître : "Ne dites pas "le citoyen BLUM"".

Illustration de la propagande anti-Blum du Parti communiste, cette leçon de grammaire vise à discréditer le dirigeant socialiste et son soutien à la guerre contre l'Allemagne d'Hitler en montrant à la classe ouvrière qu'il n'est ni socialiste, ni français.


10 février 1940

● La Chambre approuve la politique de guerre du Gouvernement Daladier

"La Chambre, après avoir entendu le Gouvernement dans les explications qu'il a été appelé à lui fournir au cours du comité secret, en conclusion d'un débat caractérisé par un haut sentiment de patriotisme, lui rend hommage pour les efforts qu'il n'a cessé d'accomplir en vue de porter nos forces matérielles et morales à la hauteur de l’héroïsme de nos armées, lui fait confiance pour poursuivre cet effort avec la collaboration des Assemblées et conduire ainsi la guerre jusqu'à la victoire, et passe à l'ordre du jour."

(Journal officiel du 10 février 1940)

Le 10 février 1940, après la tenue sur deux jours d'un Comité secret au cours duquel le président du Conseil a répondu aux interpellations relatives à la conduite de la guerre défendues par plusieurs députés, dont Léon Blum, la Chambre adopte en séance publique et à l'unanimité des 534 votants une résolution dans laquelle elle approuve la politique de guerre du Gouvernement Daladier.

Après avoir annoncé le résultat de ce vote, le président de la Chambre, Edouard Herriot, fait le commentaire suivant :

"Mes chers collègues en constatant cette unanimité, je crois devoir marquer, pour nos compatriotes et aussi pour l'extérieur, la dignité et la noblesse des débats que votre vote unanime vient de clore. (Applaudissements.)
Ces débats approfondis ont permis de dissiper certaines légendes et d'établir la vérité, la réconfortante vérité.
Ils ont permis à M. le président du conseil de s'exprimer devant nous en toute confiance, d'une façon dont nous le remercions et sur un ton à la fois simple, familier et, par cela même, infiniment émouvant. (Vifs applaudissements.)
Ils ont permis enfin à la Chambre de jouer entièrement son rôle d'assemblée qui représente toutes les parties de la France, tous les éléments de notre admirable pays.
Ainsi, dans ces deux jours, vient de se confirmer d'une façon éclatante, d'une façon décisive, l'unanimité nationale, que nul au monde ne pourra briser parce qu'elle est fondée sur la liberté et sur l'amour passionné de la patrie. (Vifs applaudissements prolongés. — Sur tous les bancs, MM. les députés se lèvent et applaudissent longuement.)"


11 février 1940

● Accord commercial germano-soviétique

L'Allemagne et l'URSS signent le 11 février 1940 un accord commercial qui concrétise leur engagement du 28 septembre 1939 de développer un "grand programme économique".

Aux termes de cet accord, l'URSS s'engage à fournir à l'Allemagne des matière premières pour un montant de 730 millions de marks sur une période de 18 mois qui seront compensées par des livraisons de biens industriels allemands sur une période de 27 mois.

On rappellera qu'en 1938 les importations allemandes de matières premières soviétiques s'élevaient à... 50 millions de marks.

Par son contenu, l'accord économique germano-soviétique du 11 février 1940 permet à l'Allemagne nazie de s'affranchir du blocus naval imposé par l'Angleterre.

On fera aussi remarquer que c'est avec le pétrole fourni par l'URSS que les chars allemands envahiront la France en mai 1940.


17 février 1940

● Maurice Thorez est déchu de la nationalité française

"Est déchu de la nationalité française : Thorez (Maurice), né le 28 avril 1900 à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais)".


Secrétaire général du PCF réfugié à Moscou, Maurice Thorez est déchu de la nationalité française le 17 février 1940 par un décret signé par le président de la République, Albert Lebrun.

Cette décision s'appuie sur le décret-loi du 9 septembre 1939 qui stipule dans son article 1er que pendant la période des hostilités pourra être déchu de la nationalité française "tout Français qui se sera comporté comme le ressortissant d'une puissance étrangère". Dans le cas présent il est reproché au dirigeant communiste de s'être comporté comme un ressortissant de l'Union soviétique. La preuve de ce comportement étant sa désertion d'octobre pour laquelle il a été condamné à 6 ans de prison le 28 novembre.

Maurice Thorez sera réintégré dans la nationalité française par un décret du 5 octobre 1945 : "Est rapporté le décret du 17 février 1940 portant déchéance de la nationalité française à l'encontre de M. Thorez (Maurice), né le 28 avril 1900 à Noyelles-Godault (Pas-de-Calais)."


19 février 1940

L'Humanité clandestine rappelle sa ligne politique

"CONTRE LA
DICTATURE DALADIER
POUR LA PAIX
"

(L'Humanité n° 27 du 19 février 1940)

En dénonçant la "dictature Daladier" et en plaidant "pour la Paix" avec l'Allemagne nazie, l'Humanité du 19 février 1940 illustre parfaitement la ligne du Parti communiste et notamment ces deux mots d'ordre : "L'ennemi est dans notre propre pays" et "Paix immédiate".


20 février 1940

● Déchéance de 60 députés communistes

Le 20 févier 1940, La Chambre des députés adopte une résolution constatant la déchéance de 60 députés communistes sur les 67 qui figuraient dans la demande du gouvernement. La chambre a refusé de déchoir 7 députés communistes au motif qu'ils avaient répudier tout lien avec le PCF dans les conditions prévues par la loi du 20 janvier 1940.

● Député démissionnaire du PCF, Paul Loubradou, prononce à la Chambre un discours dans lequel il affirme que "vaincre Hitler, c'est assurer la liberté des peuples"



29 février 1940

● Déchéance d'un sénateur communiste

Dans une résolution en date du 29 février 1940, le Sénat constate la déchéance du sénateur communiste Marcel Cachin. Ayant rompu avec le PCF en décembre 1939, le second sénateur communiste, le maire de Bobigny Jean-Marie Clamamus, conserve son mandat.


## février 1940

● Tract "Daladier - Chamberlin - Mussolini - Franco et Pie XII"

"Ouvriers, ne soyez pas complices de vos pires ennemis qui combattent dans l'Union Soviétique le triomphe du socialisme sur un sixième du globe par tous les moyens appropriés, en mettant en œuvre toute vos ressources d'intelligence et toutes vos connaissances techniques, empêcher, retarder, rendez inutilisables les fabrications de guerre; contrecarrez ainsi l'action des gouvernants français qui aident les fascistes finlandais, et se préparent, dans le Proche-Orient, à attaquer l'Union Soviétique parce qu'elle est le pays du socialisme."

En février 1940, opposé aux livraisons d'armes à la Finlande, le Parti communiste diffuse dans les usines travaillant pour la défense nationale son premier appel au sabotage sous le titre "Daladier Chamberlain Mussolini Franco et Pie XII".


● Appel au "Peuple de France !"

"Depuis septembre dernier, la guerre impérialiste étale sur notre pays son long cortège de souffrances, de misères et aussi de deuils. [...]
Si sur le plan extérieur la guerre imposée au peuple de France est une guerre de conquêtes et de profits impérialistes, sur le plan intérieur, c'est une guerre de réaction qui ramène notre pays aux plus sombres périodes de son histoire.
A la faveur de la guerre, les capitalistes font peser sur le peuple de France, une oppression brutale et détruisent systématiquement les conquêtes sociales du Front Populaire. [...]
Le gouvernement Daladier a réduit les ouvriers à l'esclavage en détruisant leurs conventions collectives et en supprimant après trois mois de dictature de guerre les élections des délégués ouvriers, ce qui fut réalisé en Allemagne hitlérienne que plusieurs années après l'avènement de Hitler au pouvoir.
C'est le retour à l'exploitation illimitée des ouvriers par un patronat de droit divin. [...]
Les impérialistes français n'ont pu imposer leur guerre qu'avec le concours des chefs du Parti Radical et grâce à la trahison honteuse des chefs socialistes et réformistes à la Blum et à la Jouhaux. [...]
Si toute la réaction nourrit de profonds sentiments de haine à l'égard de l'Union soviétique, c'est parce que ce pays symbolise la victoire des travailleurs sur le capitalisme, parce qu'il montre aux exploités du monde entier, la voie à suivre pour se libérer de leurs chaînes. [...]
En aidant les travailleurs finlandais à détruire le centre de provocations impérialistes qui existait dans leur pays, l'Union soviétique a servi la cause du prolétariat international et la cause de la paix contre les provocateurs impérialistes qui n'ont pas renoncé à leur plan de guerre antisoviétique [...]
Et si demain les gouvernements de Paris et de Londres, dont toute la haine se concentre contre le pays du socialisme parce que ce qui compte avant tout pour eux, c'est la sauvegarde de leurs privilèges, la défense des coffres-forts, si demain ces hommes veulent faire battre les travailleurs français contre l'URSS, alors l'exemple donné par André Marty et les marins de la Mer Noire, il y a vingt ans, aura de profonds échos parmi les soldats, les marins et les aviateurs. Les prolétaires savent que lutter contre le pays du socialisme où la domination capitaliste a été détruite, équivaudrait pour eux à un véritable suicide, à la trahison du grand idéal de libération humaine qu'incarne l'Union soviétique. Que Daladier et Chamberlain le sachent bien, les travailleurs ne se battront jamais contre l'URSS pays du progrès, de la liberté et de la paix et ils sont bien décidés à ne pas se faire les complices de l'intervention française contre le pays du socialisme, intervention qui s'exprime par l'envoi de matériel de guerre aux bandits de la clique Mannerheim. [...]
Jamais, depuis des décades, un gouvernement n'a été aussi impopulaire en France, que celui de Daladier. Ce gouvernement est haï par les ouvriers, les paysans, les commerçants, les femmes des mobilisés, et l'ensemble des masses laborieuses l'est parce qu'il sent que son gouvernement est l'objet de la haine publique, que Daladier prive le peuple de France de tous les moyens d'expression; c'est à cause de cela qu'il fait du mouchadage une institution d'Etat et de le répression la plus brutale une méthode de gouvernement.
Mais tout cela n'empêche point les ouvriers de protester dans les usines; tout cela n'empêche pas les femmes de mobilisés de crier leur colère, tout cela n'empêche pas les masses laborieuse de montrer combien grand est leur légitime mécontentement. Or nous n'en sommes qu'au cinquième mois de la guerre, et dans les semaines et les mois à venir le peuple de France fera plus nettement encore entendre sa voix; il criera son mécontentement au gouvernement Daladier qui est au service des deux cents familles, à ce gouvernement qui soumet la France aux exigences de la finance anglaise et vient d'accepter que les dépenses communes de guerre soient payées dans la proportion de 3 pour l'Angleterre et de 2 pour la France; alors que les ressources de l'Empire britannique sont beaucoup plus importantes que celles de la France
Au surplus, le peuple de France voit que malgré les emprisonnements, malgré la répression, le Parti Communiste est debout à son poste de combat. [...]
Fidèles aux enseignements de Lénine et de Staline, fidèles à la grande leçon de courage révolutionnaire donnée par Karl Liebknecht durant la première guerre impérialiste de 1914, les communistes proclament que L'ENNEMI EST A L'INTERIEUR DU PAYS.  [...]
C'est à la lutte sans merci contre le gouvernement Daladier, contre sa politique d'esclavage, de misère et de guerre, c'est à la lutte pour la paix que le Parti Communiste appelle les masses laborieuses de France.
[...] Vous qui travaillez dans les fabrications de guerre, n'oubliez pas que votre devoir est de faire échec aux plans des interventionnistes antisoviétiques qui envoyent du matériel de guerre aux fascistes finlandaispar tous les moyens appropriés, en mettant en œuvre toute vos ressources d'intelligence et toutes vos connaissances techniques, empêcher, retarder, rendez inutilisables les fabrications de guerre [...].
Peuple de France sois uni pour lutter contre le gouvernement Daladier, contre la guerre impérialiste sous le drapeau DE LA PAIX ET DE LA FRATERNITE DES PEUPLES."

En février 1940, le Parti communiste diffuse un tract intitulé "Peuple de France" dans lequel il condamne le Gouvernement Daladier pour sa politique extérieure ("guerre impérialiste") et sa politique intérieure ("guerre de réaction") avant d'appeler les Français à s'unir "sous le drapeau de LA PAIX ET DE LA FRATERNITE DES PEUPLES"

Particularité de ce plaidoyer pour la Paix avec l'Allemagne et la fraternité franco-allemande, il exhorte les soldats susceptibles d'être envoyés en Finlande pour combattre l'Armée rouge à se mutiner et les ouvriers des usines travaillant pour la défense nationale à saboter les matériels destinés au gouvernement finlandais : "mettez tout en œuvre pour retarder, empêcher, rendre inutilisables les fabrications de guerre" !!!

Ce tract de février 1940 est le deuxième Appel au peuple de France du PCF. Le premier a été publié dans Le Monde n° 5 du 14 octobre 1939 et dans un numéro spécial de l'Humanité de novembre 1939. Un troisième Appel sera publié dans l'Humanité du n° 47 du 17 mai 1940.


● Tract "Pas un homme, Pas un sou, Pas une arme, pour les Fascistes Finlandais"

"Ouvriers qui travaillez dans les usines de guerre, mettez tout en œuvre pour empêcher l'envoi de matériel de guerre en Finlande et pour rendre ce matériel inutilisable".

(Exemplaire conservé dans les archives de l'IC - Site Pandor).

Signé "Le Parti communiste français (SFIC)", le tract "Pas un homme, Pas un sou, Pas une arme, pour les Fascistes Finlandais" appelle les ouvriers à saboter les fabrications de guerre destinées à la Finlande.

Comme dans ses précédents appels au sabotage, le Parti communiste accuse les finlandais qui se battent pour que leur pays ne soit pas annexé par l'Union soviétique d'être des "fascistes".

La mention de la déclaration de Mannerheim du "17 février dernier" permet de dater ce tract de la fin de février 1940.

● Appel "Jeunesse de France à l'action !"

"Depuis six mois la guerre impérialiste est déchaînée et sème les deuils, la misère et les ruines dans notre pays. [....]
"NON, MILLE FOIS NON ! CETTE GUERRE N'EST PAS LA GUERRE DE LA LIBERTE CONTRE (LE) FASCISME, mais la guerre des riches, la guerre des marchands de canons, la guerre impérialiste des 200 familles pour des buts de rapine : maintien de la domination des banquiers de Londres et de Paris sur leurs esclaves coloniaux, sur les matières premières et débouchés conquis, et pour en conquérir de nouveaux, c'est l'âge d'or des profiteurs, qui accumulent de scandaleux bénéfices de guerre. [...]
C'est la guerre impérialiste qui dresse le bloc impérialiste anglo-français contre l'impérialisme allemand pour un nouveau partage du monde. [...]
La cause profonde de la guerre réside dans le régime capitaliste qui l'engendre, ainsi que le proclamait Jaures en s'écriant :
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l'orage. » [...]
JEUNES DE FRANCE, à l'appel de la Jeunesse Communiste, unissez-vous !
JEUNES SOLDATS, [....]
JEUNES OUVRIERS, SOLDATS DE DEMAIN, ET JEUNES OUVRIERES [...]
JEUNES CHOMEURS ET JEUNES CHOMEUSES, [...]
JEUNES EMPLOYES ET EMPLOYEES [...]
JEUNES PAYSANS, SOLDATS DE DEMAIN, ET JEUNES PAYSANNES [...]
ETUDIANTS, ETUDIANTES, LYCEENS, LYCEENNES ET JEUNES INTELLECTUELS, [...]
JEUNES FILLES DE FRANCE,
SPORTIFS, AJISTES, JEUNES DES ORGANISATIONS CULTURELLES, [...]
JEUNES SOCIALISTES [...]
Jeunesse de France éprise de liberté et de paix, avec les aînés, derrière le Parti et la Jeunesse Communistes, qui eux ne t'ont pas trahie, tu peux encore arrêter cette guerre, sauver ta vie, ton pain et tes libertés. [...]
De même que les travailleurs d'Allemagne luttent et lutteront contre la guerre, en se dressant contre leurs bourreaux, de même les travailleurs de France, comme ceux d'Angleterre, luttent et lutteront sous le drapeau de l'internationalisme prolétarien et de la fraternité des peuples pour imposer la PAIX IMMEDIATE.
A BAS LA GUERRE IMPERIALISTE !
A BAS LE GOUVERNEMENT DE REACTION ET DE GUERRE DE DALADIER !
BAS LES PATTES DEVANT L'UNION SOVIETIQUE
VIVE L'UNION DU PEUPLE DE FRANCE ET DE LA JEUNESSE GENEREUSE pour imposer la paix !
Vive l'Internationale Communiste et son Parti Français !
Vive l'Union Soviétique de LENINE et de STALINE, espoir des travailleurs du monde et pays de la jeunesse heureuse !
Vive la France pacifique et heureuse, dans une Europe libérée de l'esclavage capitaliste et où pourra, enfin, régner la grande fraternité des peuples !"

Sur les instructions du PCF, la Fédération des Jeunesses communistes de France publie à la fin de février 1940 un appel à la jeunesse de France intitulé "Jeunesse de France, à l'action !".

Dans ce texte, les Jeunesses communistes dénoncent le caractère "impérialiste" de la guerre menée contre l'Allemagne nazie en soulignant que la cause du conflit n'est pas le nazisme mais "le capitalisme". Sur la base de ces analyses elles appellent toutes les jeunesses de France à se mobiliser pour "la PAIX IMMEDIATE" (libération nationale) et la fin de "l'esclavage capitaliste" (libération sociale). Réalisé, ce projet communiste fera alors "régner la grande fraternité des peuples" autrement dit permettra enfin d'établir des rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand.

Cet appel est le tract le plus important diffusé par les Jeunesses communistes au cours de la guerre franco-allemande de 1939-1940.

Signalons que pour la période de l'occupation allemande allant de juin 1940 (armistice franco-allemand) à juin 1941 (invasion de l'URSS par les armées allemandes), le tract le plus important diffusé par les Jeunesses communistes sera un Appel de juillet 1940 intitulé "Jeunesse de France" dans lequel les jeunes seront appelés à se mobiliser pour la constitution d'un gouvernement de Paix dirigé par le Parti communiste.


● Appel "Aux membres du Parti Communistes Français (SFIC)"

"Voici cinq mois déjà que les capitalistes ont déclenché la guerre. Les travailleurs peuvent constater, à la lumière des faits que notre Parti Communiste, une fois de plus, leur avait dit la vérité. La guerre est menée pour la défense des intérêts des exploiteurs. [...]
Mais, sous les coups de la répression, le Parti tient ferme et son activité se développe. Ses mots d'ordre de lutte contre la guerre impérialiste, pour la paix, pénètrent dans toutes les couches de la population laborieuse, à l'usine, à la campagne, jusque dans les tranchées. C'est le résultat de l'effort magnifique des militants innombrables, obscurs et modestes, fidèles à la classe et à leur Parti, qui diffusent l'Humanité illégale et répandent à profusion les tracts. C'est le résultat de votre dévouement à tous, camarades du Parti, chers compagnons de lutte, des plus humbles aux plus justement admirés pour leurs actes courageux, Bonte, Fajon, Raymond Guyot, Grenier, Michels, Mercier, Mouton et autres qui continuent et renouvellent la glorieuse tradition de Liebknecht pendant la première guerre impérialiste.
C'est pour essayer, bien en vain, d'enrayer les progrès de la propagande communiste que la réaction exploite la trahison d'une poignée de lâches renégats, passés à l'ennemi capitaliste. C'est pour essayer de jeter le trouble et la méfiance parmi nos militants et nos adhérents que la réaction a découvert ses propres agents, ses mouchards envoyés dans nos rangs, les Gitton, Vassart, Dewez. Par de tels procédés, la réaction croit pouvoir faire hésiter, voire démoraliser d'autres élus, d'autres communistes. Les militants ne seront pas dupes des méthodes policières de chantage, de corruption et de décomposition.
Le Parti est fort. Il applique une ligne claire, nette conforme à l'orientation fondamentale du mouvement ouvrier international. Cette ligne a été fixée, précisée dans la résolution de notre Comité Central, dans l'appel du Comité Exécutif de l'Internationale, dans l'article de son secrétaire générale, Georges Dimitrov, le héros du procès de Leipzig.
Chers camarades, pour le succès de la causes de la classe ouvrière, du socialisme et de la paix, luttez avec toujours plus de confiance et d'ardeur. Soyez, toujours plus fermes, plus disciplinés, plus unis. Qu'à tous, l'unité du Parti soit plus chère que la prunelle de nos yeux. Déjouez les provocations de la police. Ne vous laissez pas imposez par les mensonges et les calomnies. N'accordez pas le moindre crédit aux feuilles de la bourgeoisie et de ses valets socialistes.
Aux vils calomnies de l'ennemi, contre vos dirigeants, ripostez que, bien loin d'abandonner les responsabilités que vous leur avez confiées, ils sont en France, à leur poste de direction. [...]
Luttez pour unir les masses laborieuses de France contre la guerre impérialiste, contre les exploiteurs capitalistes, contre les assassins des meilleurs fils de notre peuple.
Démasquez, flétrissez les lâches, les renégats, les traîtres.
Criez-leur votre mépris et votre dégoût."

En février 1940, le Parti communiste s'adresse directement à ses militants dans un Appel "Aux membres du Parti Communiste Français (SFIC)" signé par Maurice Thorez et Jacques Duclos.

Dans ce tract, il dénonce le caractère impérialiste de la guerre menée contre l'Allemagne nazie, célèbre la fidélité de ses militants et de ses élus et enfin condamne ceux qui l'ont trahi,

La diffusion de ce texte répond à un objectif précis : préserver l'unité du Parti face aux attaques de ses anciens membres qui mettent en cause non seulement la légitimité de sa ligne politique en dénonçant l'abandon du combat antifasciste mais aussi de sa direction en affirmant que les principaux dirigeants ont fui la France.


● "Léon Blum tel qu'il est", pamphlet injurieux et calomnieux de Maurice Thorez

"Blum unit en sa personne l'horreur du socialisme de Millerand, la cruauté de Pilsudski, la sauvagerie de Mussolini, la lâcheté qui engendre des chiens sanglants comme Noske et la haine de Trotski pour l'Union soviétique.
La classe ouvrière ne manquera pas de clouer au pilori ce monstre moral et politique. Elle ne manquera pas de condamner et de rejeter avec horreur Blum le bourgeois, Blum l'homme de la non-intervention, Blum l'homme de la pause, Blum l'assassin de Clichy, Blum le sbire de la police, Blum l'homme de la guerre. C'est une condition de la lutte victorieuse pour la paix, pour le socialisme."

Secrétaire général du PCF réfugié à Moscou, Maurice Thorez rédige en janvier 1940 un article intitulé " Léon Blum tel qu'il est" dans lequel il montre que la vie politique du dirigeant socialiste n'a été qu'une succession de trahison et que son engagement en faveur de l'Union sacrée est la dernière de ces trahisons.

Dans sa conclusion - extrait cité - il affirme que le rejet de Léon Blum par la classe ouvrière est l'une des conditions de la Paix avec l'Allemagne d'Hitler !!!

Ce pamphlet anti-Blum sera publié dans le numéro du 16 février 1940 de Die Welt, hebdomadaire de l'IC de langue allemande édité à Stockholm, et le numéro de février 1940 de The Communist International, mensuel de l'IC édité aux Etats-Unis.

Il sera diffusé en France en mars 1940 dans une brochure intitulée "Un portrait".

Après la "lettre ouverte d'André Marty à Monsieur Léon Blum" du 7 octobre 1939, l'article de Maurice Thorez est le second texte dans lequel un dirigeant communiste s'attaque violemment à Léon Blum.

Ces attaques conjuguées au silence de la propagande communiste concernant Hitler - la première condamnation du dictateur nazi sera un tract... de juillet 1941 intitulé "Qui est Hitler ? - apportent la preuve que le Parti communiste a fait sienne cette devise : "Plutôt Hitler que Blum".


● "Manifeste du Comité pour l'Indépendance et l'Unité des syndicats"

"Le Comité pour l'Indépendance et l'unité des syndicats s'affirme pour la lutte contre la guerre impérialiste et pour la paix immédiate.
Il repousse comme une duperie toute tentative d'associer la classe ouvrière à l'effort et au sacrifice pour la guerre des capitalistes.
Il déclare que la paix peut être réalisée en chassant du pouvoir le gouvernement de réaction et de guerre, en rétablissant les libertés et en établissant un pouvoir qui s'appuie sur le peuple (ouvriers, paysans et soldats).
Le Comité dénonce l'Union Sacrée et la collaboration de classe, pratiquées par les chefs traîtres, comme une manœuvre des fauteurs et profiteurs de guerre, tendant à faire retomber tous les frais de la guerre sur le dos des masses laborieuses.
Il lutte pour la libération de tous les travailleurs emprisonnés pour leur action contre la guerre et pour le rétablissement de toutes les libertés démocratiques. [...]
Le Comité, fidèle au but de libération des travailleurs de l'exploitation capitaliste, qui est celui du mouvement syndical, affirme sa fidélité et son attachement à l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques, qui, en libérant un sixième du globe des capitalistes exploiteurs, a supprimé l'exploitation de l'homme par l'homme. Il félicite l'URSS, ses dirigeants, STALINE, chef du prolétariat international, pour leur lutte courageuse contre les fauteurs de guerre impérialiste et pour la paix"

(La Vie Ouvrière de février 1940)

Le 18 septembre 1939, en réaction à l'invasion de la Pologne par l'Armée rouge, la CGT a pris la décision d'exclure les communistes de toute responsabilité syndicale en mettant en avant leur refus de condamner le Pacte germano-soviétique.

A la suite de cette exclusion, le Parti communiste a formé le projet de créer provisoirement une nouvelle centrale syndicale : le "Comité pour l'Indépendance et l'Unité des syndicats".

L'acte fondateur de ce nouveau syndicat communiste est le manifeste publié dans la Vie ouvrière clandestine de février 1940.

Ce manifeste appelle les travailleurs à former des comités pour l'indépendance et l'unité des syndicats à l'échelle des entreprises, des localités et des départements. Il présente aussi un "programme d'action" dans lequel le "Comité pour l'Indépendance et l'Unité des syndicats" s'engage notamment à défendre la Paix avec l'Allemagne nazie.