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Juillet 1940

1er juillet
L'Humanité clandestine déclare que "SEUL, UN PARTI A LUTTE POUR LA PAIX / C'EST LE PARTI COMMUNISTE".

➤ Dans un article titré "Pas pour l'Angleterre", l'Humanité clandestine accuse le Général de Gaule d'être un "agent de la finance anglaise" et de vouloir "faire battre les Français pour la City".

Dans un article titré "Les revendications du peuple de France", l'Humanité clandestine plaide pour "le maintien de la Paix et la conclusion d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique et qui permettrait la conclusion d'un accord commercial avec l'Union soviétique pour éviter la famine."

Dans un article titré "Ceux qui ont le doit de parler", l'Humanité clandestine fait le constat indigné que des journaux bellicistes sont autorisés par les Allemands alors que ""L'HUMANITE" interdite, en août dernier, par Daladier pour avoir défendu le pacte germano-soviétique, "l'HUMANITE", interdite pour avoir défendu la Paix, ne peut toujours pas paraître normalement."

➤ Dans le tract "Les bourreurs de crâne au pilori", le Parti communiste appelle les travailleurs à se mobiliser pour obtenir des autorités allemandes la légalisation de l'Humanité : "Travailleurs, hommes et femmes du peuple qui voulez un journal en qui vous pourrez avoir confiance, demandez aux autorités que soit enfin autorisée la publication normale de l'HUMANITE, Journal du Peuple, au Service du Peuple."

Dans le tract "La bande à Doriot" le Parti communiste célèbre son action contre la guerre et appelle à faire la Paix avec Hitler sous les auspices de l'URSS et du Pacte germano-soviétique :

"Dans l'avilissement des consciences et l'étalage de la méprisable lâcheté, un Parti s'est dressé seul dans la tempête, c'est le Parti Communiste; les hommes ont tout bravé, la prison, la mort, pour dire la vérité, dénoncer les fauteurs de guerre capitalistes, défendre le pacte germano-soviétique et demander la Paix; ces hommes ce sont les communistes avec à leur tête Thorez, Duclos, Marty Frachon, Bonte, etc...
C'est vers ces hommes qui n'ont pas courbé la tête, que monte la confiance du peuple de notre pays qui veut en finir avec le capitalisme pour se sauver, qui sait qu'un pacte d'amitié franco-soviétique, complétant le pacte germano-soviétique ouvrirait une ère de Paix, et qui sait aussi que si on a conduit la France à la catastrophe sous le de l'anti-soviétisme on ne pourra la relever que sous le signe de la fraternité des peuples et de l'amitié de l'URSS."

3 juillet
➤ Pour débloquer les négociations portant sur la reparution de l'Humanité, Robert Foissin informe Otto Abetz que ses camarades proposent comme titre de journal l'Humanité du soir. Déterminés à faire reparaître légalement l'Humanité, les communistes font une proposition de compromis en ne satisfaisant que l'une des deux conditions posées successivement par les Allemands : un titre autre que l'Humanité et une parution le soir pour ne pas concurrencer La France au Travail d'André Picard.

4 juillet
➤ Dans un article titré "Le peuple de France veut la paix", l'Humanité clandestine affirme que le peuple de France demande, premièrement, "d'énergiques mesures contre tous ceux, qui par ordre de l'Angleterre impérialiste, voudraient entraîner à nouveau les Français dans la guerre" et, deuxièmement, "la conclusion d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique et serait la garantie de la paix en Europe".

Dans un article titré "Travailleurs français et soldats allemands", l'Humanité clandestine déclare qu'il "est particulièrement réconfortant, en ces temps de malheurs, de voir de nombreux travailleurs parisiens s'entretenir amicalement avec des soldats allemands, soit sur la rue, soit au bistrot du coin".

Foissin adresse un courrier à André Picard, agent d'Abetz, dans lequel il affirme que le Parti communiste est le "seul parti qui a su définitivement tuer la haine entre les masses françaises et le peuple allemand, qui est capable de faire accepter la paix sans idée de revanche chauvine".

Abetz reçoit Foissin à l'ambassade d'Allemagne pour l'informer que la proposition concernant l'Humanité du soir est rejetée. Ce dernier soumet une nouvelle demande : l'autorisation de publier Ce Soir, le second quotidien communiste.

5 juillet
➤ Abetz demande à Foissin de préparer le premier numéro de Ce Soir.

6 juillet
Fossin remet à Abetz la morasse du premier numéro de Ce Soir.

Chef du Parti communiste clandestin, Jacques Duclos envoie un rapport à l'IC dans lequel il évoque notamment les négociations avec les Allemands.

7 juillet
➤ Abetz transmet la morasse de Ce Soir aux autorités militaires accompagnée d'une note dans laquelle il recommande d'autoriser le journal communiste.

8 juillet
Le Parti communiste adresse des Instructions à ses cadres dans lesquelles il célèbre la défaite de la France comme une "victoire" pour "la classe ouvrière française et mondiale" et déclare que : "l'objectif immédiat est la lutte pour la légalité".

10 juillet
A Vichy, l'Assemblée nationale, réunion de la Chambre des députés et du Sénat, vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.

11 juillet
➤ Institution de l'Etat français plus communément désigné comme le régime de Vichy.

12 juillet
Formation du premier gouvernement de Vichy sous la direction de Pierre Laval.

➤ Informé par Foissin que Maurice Tréand et Jean Catelas veulent le rencontrer, Abetz accepte de les recevoir le lendemain.

13 juillet
L'Humanité clandestine célèbre "La fraternité franco-allemande".

Réunion à l'ambassade d'Allemagne à laquelle participent Foissin, Tréand, Catelas, Abetz et un représentant de la  Propaganda Staffel : Maass.

14 juillet
Pour fêter le 14 juillet 1940, le Parti communiste publie un tract intitulé "14 juillet 1789 - 14 juillet 1940" dans lequel il affirme que face à la répression de son action pacifiste au-cours de la guerre de 1939-1940 "jamais et c'est là notre titre de fierté aux yeux des travailleurs du monde entier, jamais nous ne nous sommes inclinés et jamais n'a cessé notre lutte pour la paix".

18 juillet
Jacques Duclos rédige un rapport à l'attention de l'IC.

19 juillet
➤ Devant le Reichstag, Hitler prononce un discours dans lequel il célèbre la victoire de l'Allemagne contre la France, fait l'éloge des relations germano-soviétiques et enfin appelle l'Angleterre à s'engager dans des négociations de Paix.

Chez Foissin, Tréand rencontre Maass qui lui annonce que Ce Soir est autorisé à paraître.

A Moscou, sur la base des rapports et documents envoyés par le PCF jusqu'à la date du 6 juillet, l'IC adopte une Directive. Elle est envoyée le lendemain dans un Télégramme signé par Dimitrov et Thorez.

20 juillet
➤ L'IC envoie des Instructions au PCF dans lesquelles elle approuve l'action des communistes et notamment les négociations engagées avec les Allemands avec une seule réserve : la présence de Tréand et de Catelas à la réunion du 26 juin à l'ambassade d'Allemagne. Pour l'IC, toute rencontre entre un dirigeant communiste et un responsable allemand est une compromission.

➤ Maurice Tréand rédige un rapport à l'attention de l'IC dans lequel il rend compte de son entrevue avec Maass le jour même en précisant que c'est "la 3e entrevue avec les allemands" (26 juin, 13 juillet et 20 juillet). 

➤ Abetz est convoqué à Berlin. Il sera absent pendant 3 semaines.

27 juillet
➤ Dans un article titré "Une conversation avec un soldat allemand", l'Humanité clandestine met en scène une discussion entre un travailleur parisien et un soldat allemand, et termine son récit avec ce commentaire enthousiaste : "Cà, c'est la vraie France, France de la liberté et de l'indépendance des peuples."

30 juillet
➤ A Berlin, Abetz rédige un mémorandum à l'attention de Hitler dans lequel il recommande notamment d'autoriser le journal Ce soir.

Fin juillet
➤ Le Parti communiste lance un Appel au "Peuple de France" dans lequel il affirme que seuls les communistes sont en mesure de négocier avec Hitler une "Paix dans l’indépendance complète et réelle de la France" ou encore "une paix véritable" car "seuls, les Communistes ont lutté contre la guerre".

➤ Les Jeunesses communistes lancent un Appel à la "Jeunesse de France" dans lequel elles plaident pour un gouvernement communiste, "seul capable de relever la France et d'assurer la paix dans la liberté et l'indépendance de notre pays".

## juillet
➤ Dans la deuxième quinzaine de juillet, Foissin rencontre le chargé d'affaires soviétique de passage à Paris. Initiative personnelle, il l'informe du contenu des négociations avec les Allemands. Réaction positive du diplomate russe  qui l'encourage à les poursuivre. Evoquant des négociations politiques qui étaient hors du cadre fixé par l'IC, le compte rendu de Foissin suscitera la consternation à Moscou...



1er juillet 1940

● Déclaration de l'Humanité clandestine

"SEUL, UN PARTI A LUTTE POUR LA PAIX
C'EST LE PARTI COMMUNISTE"

(L'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940)

● Article "Pas pour l'Angleterre"

Le Général de Gaulle et autres agents de la finance anglaise voudraient faire battre les Français pour la City et ils s'efforcent d'entraîner les peuples coloniaux dans la guerre.
Les Français répondent le mot de Cambronne à ces Messieurs; quant aux peuples coloniaux ils pourraient bien profiter des difficultés que connaissent leurs oppresseurs pour se libérer. VIVE L'INDEPENDANCE DES PEUPLES COLONIAUX.

(L'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940)

Dans son numéro du 1er juillet 1940, l'Humanité clandestine mentionne pour la première fois le Général de Gaulle.

L'organe central du Parti communiste français accuse le chef de la France Libre d'être un "agent de la finance anglaise", autrement dit un traître, et de vouloir "faire battre les Français pour la City", autrement dit d'être corrompu.

Cet argument justifiant la condamnation du mouvement gaulliste est résumé dans le titre du texte : "Pas pour l'Angleterre".

Quant aux Appels du Général de Gaulle, l'Humanité répond clairement et avec vulgarité par la négative en invoquant le "mot de Cambronne".

Dernier élément, le journal communiste plaide en faveur de "l'indépendance des peuples coloniaux" pour empêcher d'une part l'implantation de la France Libre dans les territoires de l'Empire français et d'autre part leur engagement dans la guerre contre l'Allemagne nazie

Acte de naissance de l'anti-gaullisme du Parti communiste français, l'Humanitén° 58 du 1er juillet 1940 sera suivi d'autres numéros dans lesquels le Général de Gaulle et la Résistance seront insultés et calomniés.

●  Article "Les revendications du peuple de France"

"Le Peuple de France soucieux d'assurer le redressement économique et moral du pays demande :
1°) La libération de tous les défenseurs de la Paix et le rétablissement dans leurs fonctions des élus du peuple déchus pour avoir défendu la Paix. [...]
7°) Le maintien de la Paix et la conclusion d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique et qui permettrait la conclusion d'un accord commercial avec l'Union soviétique pour éviter la famine."

(L'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940)

Sous le titre "LES REVENDICATIONS DU PEUPLE DE FRANCE" l'Humanité du 1er juillet 1940 détaille les mesures qui forment le projet du Parti communiste.

En matière de politique extérieure, l'Humanité demande "le maintien de la Paix" et la conclusion d'un "pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique".

L'organe centrale du Parti communiste français défend une ligne clairement pro-allemande.

Sur le plan intérieur, l'Humanité demande la libération "de tous les défenseurs de la Paix" autrement dit des militants et élus communistes qui ont été condamnés ou internée pour défaitisme. Elle plaide ainsi pour le rétablissement dans leurs fonctions des élus communistes déchus de leurs mandats "pour avoir défendu la Paix" autrement dit l'abrogation de la loi du 20 janvier 1940.

● Article "Ceux qui ont le doit de parler"

""L'HUMANITE" interdite, en août dernier, par Daladier pour avoir défendu le pacte germano-soviétique, "l'HUMANITE", interdite pour avoir défendu la Paix, ne peut toujours pas paraître normalement.
Par contre, deux journaux bien connus pour leurs mensonges, "Le MATIN" et "PARIS-SOIR" peuvent paraître, mais ils ne parviendront jamais à faire oublier leur triste besogne d'excitation à la guerre.
Et voici que, maintenant, parait aussi une feuille de la bande à Doriot, de cette bande dont on sait que, depuis le premier jour de la guerre, elle a fait chorus avec les fauteurs de massacres.
Cette bande, écrivait le 7 juin dernier : "En frappant la colonne hitléro-thorezienne on est sur de ne pas se tromper", dans le but évident de déclencher l'assassinat en masse des emprisonnés et de désigner les communistes, courageux défenseurs de la Paix, aux poteaux d'exécution du sinistre Mandel.
Le Peuple de France n'aime pas les chiens couchants, ceux qui sont toujours du coté du manche. Il ne peut avoir que mépris pour ceux qui ont hurlé à la guerre, qui ont été les soutiens dociles de la clique Daladier-Reynaud-Mandel.
Les valets des fauteurs de guerre peuvent se répandre aujourd'hui, en bavardages, ils ne feront pas oublier leur attitude d'excitateurs à la guerre.
Un journal a le droit de parler, un journal a le droit de dire leur fait aux responsables des malheurs de la France; ce journal c'est "l'HUMANITE" qui a défendu la grande cause de la liberté et de la Paix, a lutté pour le socialisme contre le capitalisme générateur de misère et de guerre.
"L'HUMANITE" doit pouvoir paraître normalement. Voilà ce que pensent, ce que demande les masses populaires de France."

(L'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940)

Dans un texte titré "Ceux qui ont le droit de parler", l'Humanité clandestine du 1er juillet 1940 fait le constat indigné que des journaux bellicistes sont autorisés par les Allemands alors que ""L'HUMANITE" interdite, en août dernier, par Daladier pour avoir défendu le pacte germano-soviétique, "l'HUMANITE", interdite pour avoir défendu la Paix, ne peut toujours pas paraître normalement."

Tout comme ils affirment que seul le Parti communiste est légitime pour négocier avec Hitler au motif que c'est le seul Parti qui s'est opposé à la guerre, les communistes considèrent que seule la presse communiste devrait être autorisée par les Allemands au motif que c'est la seule presse qui s'est mobilisée contre la guerre.

Que la réalité ne corresponde pas à ce qu'ils énoncent être un "droit" constitue pour eux.... une injustice.

Dernier élément, dans son rapport à l'IC du 30 juin 1940, Jacques Duclos évoque la diffusion de l'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940 en ces termes :

"Considérant qu'en tout état de cause notre Parti devait parler et ne pas se laisser lanterner [référence aux négociations avec les Allemands] nous avons publié un premier tract de la Région Paris-Ville et comme un journal doriotiste « La Vie Nationale » est paru samedi [samedi 29 juin 1940], les vendeurs étant accompagnés pour éviter de se faire casser la gueule, nous avons fait paraître (1) aussitôt un numéro de « l'Humanité » ronéotypée à grand tirage (100 000 exemplaires) avec le contenu suivant « Ceux qui ont le droit de parler. L'armée Rouge en Bessarabie. Les revendications du peuple de France. Pour remettre la France au Travail. Tous dans le bain. La grande misère des chômeurs. Le gouvernement qu'il nous faut ».
En attaquant à fond le « Matin » et « Paris-Soir » qui continuent à paraître avec l'autorisation des autorités allemandes en attaquant la bande à Doriot et en soulignant que seuls les communistes ont le droit de parler parce qu'ils ont été les seuls à lutter contre la guerre nous indiquons que « l'Humanité » ne peut toujours pas paraître normalement alors que c'est ce journal qui attend le peuple de France." (2)

Dans ce rapport le Chef du Parti communiste clandestin souligne l'importance de l'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940 en indiquant que ce numéro a été tiré à 100 000 exemplaires. A cette période, chaque numéro de l'Humanité clandestine était tiré entre 70 000 et 100 000 exemplaires. Il détaille aussi le contenu de ce numéro et notamment l'argumentaire développé dans l'article "Ceux qui ont le droit de parler".

On retiendra de cet argumentaire le point suivant : "seuls les communistes ont le droit de parler parce qu'ils ont été les seuls à lutter contre la guerre".

(1) Rédigé le dimanche 30 juin 1940 le rapport de Duclos été expédié le mardi 2 juillet 1940. Ce délai a permis au dirigeant communiste d'ajouter le mot "paraître" au dessus de la phrase "nous avons fait aussitôt fait un numéro de « l'Humanité »
(2) Cahiers d'histoire de l'I.R.M, n° 52-53, 1993, p. 205.

● Tract "Les bourreurs de crâne au pilori"

"Les bourreurs de crâne doivent être cloués au pilori et seul un journal peut le faire. Ce journal c'est le grand journal de Jaurès et de Vaillant-Couturier, le journal qui fut le seul à se dresser en 1923 contre l'occupation de la Rhur par Poincaré, le journal qui a toujours fait flotter bien haut le drapeau de la fraternité des peuples, le journal qui, en Août dernier, défendit contre tous le pacte germano-soviétique.
Travailleurs, hommes et femmes du peuple qui voulez un journal en qui vous pourrez avoir confiance, demandez aux autorités que soit enfin autorisée la publication normale de l'HUMANITE, Journal du Peuple, au Service du Peuple."

(Tract "Les bourreurs de crâne au pilori de juillet 1940")

Diffusé à la même période que l'Humanité du 1er juillet 1940, le tract "Les bourreurs de crâne au pilori" appellent les travailleurs à se mobiliser pour obtenir des autorités allemandes la légalisation de l'Humanité.

Pour justifier son appel, le Parti communiste avance l'argument suivant : les journaux Le Matin et Paris-Soir - ces "bourreurs de crâne" qui ont soutenu la guerre contre l'Allemagne en propageant les mensonges des bellicistes - ont été légalisés. En revanche, les communistes qui ont lutté en faveur de la Paix, pendant toute la durée du conflit et dans la clandestinité, n'ont toujours pas obtenu "des autorités que soit enfin autorisée la publication normale de l'HUMANITE, Journal du Peuple, au Service du Peuple".

Le tract fait aussi référence à la période légale de l'Humanité en rappelant ses positons pro-allemandes : dénonciation de l'occupation de la Rhur par les armées françaises en 1923, célébration de la fraternité entre le peuple français et le peuple allemand et enfin approbation du Pacte germano-soviétique d'août 1939.

Pour le Parti communiste, la mobilisation des masses doit constituer un atout supplémentaire dans les négociations qu'il vient d'engager avec les Allemands.

● Tract "La bande à Doriot"

"Rien n'est plus répugnant que la lâcheté, mais si on veut avoir une idée de ce qu'est la lâcheté, si on veut saisir sur le vif des âmes de lécheurs de bottes, si on veut mettre des noms sur des faces de pleutres il faut regarder la bande à Doriot dans ses contorsions et exhibitions. [...]
Ainsi cette bande s'est enlisé jusqu'au cou dans la politique de guerre des Daladier et des Reynaud et voici que maintenant, elle essaie de donner de la voix en changeant de disque. [...]
Dans l'avilissement des consciences et l'étalage de la méprisable lâcheté, un Parti s'est dressé seul dans la tempête, c'est le Parti Communiste; les hommes ont tout bravé, la prison, la mort, pour dire la vérité, dénoncer les fauteurs de guerre capitalistes, défendre le pacte germano-soviétique et demander la Paix; ces hommes ce sont les communistes avec à leur tête Thorez, Dusclos, Marty Frachon, Bonte, etc...
C'est vers ces hommes qui n'ont pas courbé la tête, que monte la confiance du peuple de notre pays qui veut en finir avec le capitalisme pour se sauver, qui sait qu'un pacte d'amitié franco-soviétique, complétant le pacte germano-soviétique ouvrirait une ère de Paix, et qui sait aussi que si on a conduit la France à la catastrophe sous le de l'anti-soviétisme on ne pourra la relever que sous le signe de la fraternité des peuples et de l'amitié de l'URSS." (1)

Diffusé à la même période que l'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940, le tract "La bande à Doriot" est une réaction à la publication le 29 juin 1940 du premier numéro de La Vie Nationale, hebdomadaire fondé par des partisans de Jacques Doriot.

Indigné que les doriotistes puissent s'exprimer dans un journal autorisé par les Allemands, ce tract dénonce avec virulence leur chef - Jacques Doriot - en rappelant qu'il a été un fervent belliciste pendant la guerre de 1939-1940.

Il affirme en outre que seuls les communistes devraient bénéficier d'une tribune légale en raison de leur attitude pendant le conflit franco-allemand qui s'est caractérisée par la dénonciation des "fauteurs de guerre capitalistes" autrement dit des impérialistes franco-anglais, le soutien au "pacte germano-soviétique" et enfin la défense de "la Paix".

Dernier intérêt de ce tract, il définit clairement le projet du PCF : la Révolution socialiste (libération sociale) et la Paix avec l'Allemagne nazie (libération nationale).

Pour convaincre les Français d'adhérer à son projet pacifiste, il affirme "qu'un pacte d'amitié franco-soviétique, complétant le pacte germano-soviétique ouvrirait une ère de Paix".

Le pacte d'amitié signé entre la France et l'URSS serait donc non seulement conforme aux intérêts de l'Allemagne mais en plus inciterait l'Angleterre à faire la Paix.

Au vu de sa signification, cette revendication, présente dans plusieurs textes de juin et juillet 1940, sera amendée par l'IC dans sa Directive du 19 juillet 1940 : "Juste proposer entente avec URSS mais sans la présenter comme un complément pacte germano- soviétique et sans parler de pacification Europe." (2)

Pour terminer on indiquera que la diffusion du tract "La bande à Doriot" est attestée par plusieurs rapports de Jacques Duclos. On citera celui du 2 juillet 1940 adressé à Eugen Fried :

"En tout cas nous continuons à éditer notre Huma ronéotypée à grand tirage et nous avons fait deux tracts un contre les bourreurs de crane (le Matin et Paris-Soir) et un contre la bande à Doriot qui vient de sortir une feuille hebdomadaire « La Vie nationale »." (3)

(1) Texte conservé dans les archives de l'IC / Tract conservé dans les archives de l'IC.
(2) Cahiers d'histoire de l'I.R.M, n° 52-53, 1993, p. 231.
(3) Cahiers d'histoire de l'I.R.M, n° 52-53, 1993, p. 205.


3 juillet 1940

● Une proposition communiste : l'Humanité du soir

Le 3 juillet, pour débloquer les négociations portant sur la reparution de l'Humanité, Robert Foissin informe Otto Abetz que ses camarades proposent comme titre de journal l'Humanité du soir.

Déterminer à faire reparaître légalement l'Humanité, les communistes font une proposition de compromis en ne satisfaisant que l'une des deux conditions posées successivement par les Allemands : un titre autre que l'Humanité et une parution le soir pour ne pas concurrencer La France au Travail d'André Picard


4 juillet 1940

● Article "Le peuple de France veut la paix"

"Il demande d'énergiques mesures contre tous ceux, qui par ordre de l'Angleterre impérialiste, voudraient entraîner à nouveau les Français dans la guerre.
Il demande la conclusion d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique et serait la garantie de la paix en Europe.
Il demande la conclusion d'un accord commercial avec l'URSS en vue d'aider notre pays à surmonter ses difficultés de ravitaillement."

(L'Humanité n° 59 du 4 juillet 1940)

Dans son numéro du 4 juillet 1940, l'Humanité affirme que "le peuple de France veut la paix" avec l'Allemagne nazie et qu'en conséquence il exige "d'énergiques mesures" contre le Général de Gaulle qui est non seulement un belliciste puisqu'il veut "entraîner à nouveau les Français dans la guerre" mais en plus un traître puisqu'il agit sur "ordre de l'Angleterre impérialiste".

En d'autres termes, l'organe central du PCF encourage les autorités allemandes et le Gouvernement Pétain à réprimer le mouvement gaulliste qui constitue en juillet 1940 l'embryon de la Résistance !!!

Outre la condamnation de la Résistance ce journal pro-allemand plaide pour la signature "d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique et serait la garantie de la paix en Europe".

En clair, la signature d'un Pacte d'amitié entre la France et l'URSS serait non seulement conforme aux intérêts de l'Allemagne mais en plus inciterait l'Angleterre à faire la Paix.

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On rappellera les "énergiques mesures" prises par le Gouvernement Pétain puis le Régime de Vichy contre le Général de Gaulle en raison de son engagement à poursuivre le combat contre l'Allemagne nazie :

1) Annulation de sa promotion au grade de général de brigade à titre temporaire (décision ministérielle du 22 juin 1940).

Au début de mai 1940, le colonel de Gaulle a été nommé à la tête de la 4e Division cuirassée (4e DCR) dont le commandement requiert le grade de général de brigade. C'est pour cette raison qu'il a été promu à la fin mai à ce grade à titre temporaire. Le Journal officiel du 26 mai 1940 officialise cette promotion :

"Par application du décret du 4 octobre 1939 relatif aux nominations et promotions à titre temporaire pendant la durée de la guerre, ont été promus, pour prendre rang du 1er juin 1940 :

Au grade de général de brigade à titre temporaire. [...]
M. le colonel d'infanterie breveté d'état-major de Gaulle (Charles-André-Joseph-Marie)."

Le 22 juin 1940, soit le jour de la signature de l'armistice franco-allemand, le Général Colson, ministre de la Guerre dans le Gouvernement Pétain, annule la promotion du Général de Gaulle. Il justifie sa décision en arguant d'une part que cet officier supérieur français a rejoint Londres le 17 juin 1940 sans son autorisation et d'autre part que son Appel du 18 juin 1940 est un "acte politique" de" nature à jeter le trouble dans l'armée et à gêner l'action du gouvernement français".

Le Journal officiel du 24 juin 1940 enregistre cette décision ministérielle :

"Par décision ministérielle du 22 juin 1910, la promotion au grade de général de brigade à titre temporaire de M. le colonel d'infanterie breveté de Gaulle (Charles-André-Joseph- Marie) est annulée."

En rétrogradant le général de Gaulle au rang de colonel, le Gouvernement Pétain entend discréditer son action dans la population française en le présentant comme un officier félon et en lui retirant un grade qui donnait de la valeur à son appel du 18 juin puisqu'il avait été lancé par un homme inconnu des Français.

2) Mise à la retraite d'office du colonel de Gaulle par mesure disciplinaire (décret du Président de la République du 23 juin 1940).

Cette seconde sanction marque la fin de la carrière militaire du Général de Gaulle... du moins officiellement.

Elle est annoncée au Journal officiel du 24 juin 1940 :

"Par décret en date du 23 juin 1940. M. le colonel d'infanterie breveté d'état-major de Gaulle (Charles-André-Joseph-Marie) est admis d'office à la retraite, par mesure de discipline."

3) Condamnation par contumace à 4 ans d'emprisonnement et 100 francs d'amende pour refus d'obéissance en présence de l'ennemi et provocation de militaires à la désobéissance (jugement du 4 juillet 1940 prononcé par le Tribunal militaire de la 17e Région siégeant à Toulouse).

Le Général de Gaulle est condamné pour deux motifs : son refus d'exécuter l'ordre du Général Weygand du 19 juin 1940 lui demandant de rentrer en France et ses Appels lancés à la BBC les 18 et 22 juin 1940.

On notera l'ironie d'être condamné "pour refus d'obéissance en présence de l'ennemi" quand on s'engage à poursuivre le combat contre celui-ci.

4) Condamnation par contumace à la peine de mort, à la dégradation militaire et à la confiscation de ses biens pour trahison, atteinte à la sureté extérieure de l'Etat et désertion à l'étranger en temps de guerre (jugement du 2 août 1940 prononcé par le Tribunal militaire de la 13e Région siégeant à Clemont-Ferrand).

Cette condamnation à la peine de mort marque le terme de la seconde procédure ouverte par la justice militaire contre le Général de Gaulle sur les instructions du Général Colson qui a conservé le ministère de la Guerre dans le premier Gouvernement de Vichy formé le 12 juillet 1940.

Le Général de Gaulle est condamné pour désertion en temps de guerre en raison de son départ pour l'Angleterre le 17 juin 1940.

Sa condamnation pour trahison est fondée sur les alinéas 4 et 5 de l'article 75 du code pénal :

"Sera coupable de trahison et puni de mort : [...]
Tout Français qui, en temps de guerre, provoquera des militaires ou des marins à passer au service d'une puissance étrangère, leur en facilitera les moyens [...]
5° Tout Français, qui en temps de guerre, entretiendra des intelligences avec une puissance étrangère ou avec ses agents, en vue de favoriser les entreprises de cette puissance contre la France."

Le tribunal militaire a jugé d'une part que ses Appels exhortaient les Français à rejoindre une force militaire qu'il avait constituée au profit de l'Angleterre et d'autre part qu'ils favorisaient les agissements du gouvernement anglais contre la France.

Enfin la condamnation du Général de Gaulle pour atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat s'appuie sur l'article 79 alinéa 2 du code pénal aux termes duquel sera puni de ce crime toute personne "Qui aura, par des actes non approuvés par le Gouvernement, exposé des Français à subir des représailles".

Le conseil de guerre a estimé que ses discours à la Radio de Londres pouvaient laisser croire à l'Allemagne que les clauses de l’armistice ne seraient pas appliquées par le gouvernement français et que de ce fait ils exposaient les Français à des représailles allemandes.

A toutes ces mesures prises contre la personne du Général de Gaulle viendra s'ajouter la création le 24 septembre 1940 d'une Cour martiale chargée de juger la dissidence gaulliste. Cette juridiction d'exception sera la seconde créée par le Régime de vichy après la Cour suprême de justice de juillet 1940.

● Article "Travailleurs français et soldats allemands"

"Il est particulièrement réconfortant, en ces temps de malheurs, de voir de nombreux travailleurs parisiens s'entretenir amicalement avec des soldats allemands, soit sur la rue, soit au bistrot du coin.
Bravo, camarade, continuez, même si cela ne plait pas à certains bourgeois aussi stupides que malfaisants.
La fraternité des peuples ne sera pas toujours une espérance, elle deviendra une réalité vivante."

(L'Humanité n° 59 du 4 juillet 1940)

Outre un plaidoyer en faveur de la Paix avec l'Allemagne nazie ("Le peuple de France veut la paix") l'Humanité du 4 juillet 1940 publie aussi un texte célébrant les contacts entre la population parisienne et la Wehrmacht sous le titre "Les travailleurs français et les soldats allemands".

Dans ce texte l'Humanité fait le constat que dans les rues ou dans les bistrots de Paris les travailleurs français s'entretiennent "amicalement avec les soldats allemands".

Elle résume d'un mot le sentiment que ces scènes de fraternisation entre l'occupant et l'occupé suscite au Parti communiste : "réconfortant".

Pour ce dernier les soldats allemands ne sont pas des envahisseurs mais des prolétaires avec lesquels il faut s'unir pour combattre l'ennemi commun : le capitalisme.

Illustration de cette lutte des classes, l'Humanité souligne que seuls "certains bourgeois aussi stupides que malfaisants" condamnent cet accueil chaleureux que le prolétariat parisien a réservé aux conquérants nazis.

Pour toutes ces raisons, l'Humanité non seulement félicite "les camarades" qui sympathisent avec les Allemands mais en plus les encourage à amplifier le mouvement pour réaliser cette espérance communiste : "la fraternité des peuples".

Le thème de la fraternité des peuples, qui signifie avant tout la fraternité franco-allemande, sera une constante de la propagande communiste jusqu'au... 22 juin 1941 et l'invasion de l'URSS par les armées allemandes. Pour comparaison, on citera la Une de l'Humanité du 24 août 1944 : "Pour en finir avec l'envahisseur exécré : A chaque Parisien son Boche !"

● Lettre de Robert Foissin adressé à André Picard

"J'ai mené de longues négociations avec mes camarades qui ont tout d'abord maintenu le titre l'Humanité et la parution le matin, pour des raisons sérieuses qu'il est inutile de te rappeler. Puis prenant en considération l'aggravation rapide de la situation politique et économique du pays, la nécessité de pouvoir publiquement orienter les masses vers une oeuvre immédiatement constructive, l'urgence de les détourner d'actions anarchiques et des provocations policières, que la presse clandestine est toujours incapable de ruiner dans l'oeuf, en les dénonçant au grand jour par la voie de la presse, mes camarades ont accepté et de paraître le soir et de modifier le titre du journal ainsi : l'Humanité du soir. Je t'ai transmis ces décisions dès hier matin [...].
Tu m'as loyalement mis au courant des manœuvres qui cherchent à étouffer la voix du seul parti qui a su définitivement tuer la haine entre les masses françaises et le peuple allemand, qui est capable de faire accepter la paix sans idée de revanche chauvine. [...]
Conformément à la demande de l'ambassade, j'ai remis le 27 juin une lettre de deux membres du Comité central du Parti communiste français. Je te prie de bien vouloir insister pour qu'une réponse, quelle qu'elle soit, y soit donnée. Nous restons évidemment mes camarades et moi, prêts à discuter, mais la situation générale impose une réponse immédiate".

(Francis Crémieux, Jacques Estager, Sur le Parti 1939-1940, 1983, pp. 297-298)

La lettre de Robert Foissin du 4 juillet 1940 illustre parfaitement les positions pro-allemandes du Parti communiste à l'été 1940.

Dans ce courrier adressé à André Picard, il rappelle notamment la proposition des communistes concernant l'Humanité du soir en soulignant que ce journal aura pour mission de contribuer à la reprise de l'activité économique et au maintien de la paix sociale.

Il célèbre aussi le pacifisme du Parti communiste en affirmant qu'il est le "seul parti qui a su définitivement tuer la haine entre les masses françaises et le peuple allemand, qui est capable de faire accepter la paix sans idée de revanche chauvine".

Enfin preuve de la volonté de collaboration des communistes, il insiste pour que ses camarades obtiennent rapidement des autorités allemandes une réponse à leur requête.

● Début des négociations pour la reparution de Ce Soir (4 juillet 1940 - 27 août 1940)

Dans la soirée du 4 juillet, Abetz reçoit Foissin à l'ambassade d'Allemagne pour lui renouveler l'impossibilité politique de laisser paraître l'Humanité même dans une formule du soir. le représentant du Parti communiste lui répond que, dans ce cas, ses camarades acceptent de changer de titre et demandent l'autorisation de reprendre la publication de l'autre quotidien communiste : le journal Ce Soir.

Les communistes ont donc accepté les deux conditions posées par les autorités allemandes : un changement de titre et une parution le soir. La réponse d'Abetz à la nouvelle proposition communiste sera rapide et favorable.


5 juillet 1940

● Nouvelle réunion à l'ambassade d'Allemagne au cours laquelle Abetz, tenant compte des concessions communistes de la veille, demande à Foissin de préparer le 1er numéro du journal Ce Soir


6 juillet 1940

● Les communistes soumettent à la censure allemande le premier numéro de Ce Soir

Accompagné de Jules Dumont, nommé directeur de Ce Soir, Foissin se rend à l'ambassade d'Allemagne pour remettre à Abetz lamorasse du premier numéro de Ce Soir qui est daté du lundi 8 juillet 1940.

Au cours de la conversation, Foissin indique que si les autorités allemandes autorisent la parution de Ce Soir, les communistes cesseront de diffuser l'Humanité clandestine ainsi que leurs tracts (Lettre d'Abetz du 7 juillet 1940).

● Rapport de Jacques Duclos adressé à l'IC

"Dans une telle situation les autorités occupantes ne sont pas hostiles, au contraire, au développement d'initiatives privées pour résoudre des problèmes comme celui du ravitaillement, de l'aide etc. et ces autorités savent qu'elles ne parviendront pas à créer des comités de masse avec leurs hommes, elles savent que seuls nous pouvons réaliser cela. Cela explique à notre avis, pourquoi après avoir refusé de faire paraître « l'Humanité » ils ont consenti à laisser paraître « Ce Soir » dont nous allons nous efforcer de faire le centre de ralliement des comités populaires de solidarité et d'entraide en poursuivant une politique très ferme contre les responsables de la catastrophe et pour l'indépendance de la France. [...] 
Le Parti n'est pas directement engagé dans la parution de « Ce Soir » [...].
Naturellement Gregoire [Maurice Tréand] et Catelas ont depuis l'entrevue dont il question dans la première lettre [Lettre du 30 juin] cessé tout rapport avec les représentants des occupants chargés de la presse, c'est Foissin qui a reçu l'autorisation pour « Ce Soir » [...].
Comme il fallait quelqu'un pour « Ce Soir » et que nous n'avons pas beaucoup de monde sous la main, nous avons pris Dumont [...].
Les députés emprisonnés dont on nous avons dit qu'ils étaient à Angers n'y sont pas en réalité et d'après certaines informations ils auraient été amenés en Angleterre, tandis que d'après d'autres informations ils seraient à fond de calle dans un bateau se trouvant en Méditerrannée. Dans le premier numéro de Ce Soir nous posons la question au gouvernment Où sont les députés communistes."

(Lettre de Jacques Duclos du 6 juillet 1940 / Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes, Le PCF et l'Internationale, n° 52-53, 2e et 3e trimestre 1993, pp. 212-216)

Dans son rapport à l'IC du 6 juillet 1940, Jacques Duclos fait le point sur les négociations avec les autorités allemandes sur la base des compte rendus de Maurice Tréand.

Il indique que les Allemands ont accordé au journal Ce Soir l'autorisation de paraître. Dans les faits les communistes ont obtenu un accord de principe d'Abetz, mais le premier numéro de Ce Soir daté du 8 juillet 1940 qu'ils viennent de soumettre à la censure allemande n'a pas encore été validé.

Il décrit avec justesse leurs motivations : s'appuyer sur les communistes pour régler les problèmes auxquels la population est confrontée comme les difficultés de ravitaillement.

Enfin, il souligne - point important - que le Parti communiste n'est pas directement engagé dans ces négociations. Il justifie ce point avec les éléments suivants : Catelas et Tréand qui ont participé à la réunion du 26 juin ont cessé tout contact avec les Allemands, l'autorisation de faire paraître Ce Soir a été négociée par Foissin, avocat communiste, et enfin la direction du journal a été confiée à Dumont, militant communiste. Rappelons que la première négociation entre le PCF et les autorités allemandes avait été menées par une militante communiste : Denise Ginollin.

(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes, Le PCF et l'Internationale de la guerre à l'effondrement de la France, n° 52-53, 1993, pp. 215-216 (texte intégral).


7 juillet 1940

● Abetz transmet la morasse de Ce Soir aux autorités militaires accompagnée d'une note dans laquelle il recommande d'autoriser le journal communiste

"4° Autorisez un journal portant le titre de l'une des feuilles les plus connues du Front populaire Ce Soir pour éveiller d'emblée la confiance dans les masses imprégnées de marxisme.
Les journalistes désignées par le mouvement communiste pour la direction de la rédaction se sont déjà déclarés prêts à soumettre chaque projet d'article avant impression et à s'aligner au plus près pour le traitement des questions politiques les plus importantes sur le journal la France au Travail que nous rédigeons nous mêmes.
Le Parti communiste s'engagerait en outre à renoncer aux tirages illégaux de l'Humanité et des tracts les plus importants, en cas d'autorisation dudit journal ainsi qu'à prendre toutes les mesures qu'exigent l'exécution de cet engagement."

(Francis Crémieux, Jacques Estager, Sur le Parti 1939-1940, pp. 302-303)

Dans sa note du 7 juillet 1940, Abetz estime que le mouvement communiste est susceptible de se développer pour les raisons suivantes : chômage et difficultés de ravitaillement, organisation du PCF et enfin opposition des communistes à la guerre. Pour lutter contre ce danger il propose aux autorités militaires plusieurs mesures. La quatrième recommande d'autoriser la publication du journal Ce Soir. Il précise que les communistes souhaitent obtenir cette autorisation dans le but de transformer ce journal, "tout d'abord apparemment apolitique, orienté seulement dans un sens antiploutocratique et anglophobe", en tribune communiste. Il ajoute que le contrôle allemand permettra au contraire de diffuser progressivement l'idéologie du national-socialisme sous le couvert d'un quotidien communiste.

On notera que pour obtenir l'autorisation de publier Ce Soir les communistes ont accepté de soumettre les articles à la censure allemande comme lors de leur première négociation avec le lieutenant Weber. Toutefois, ils ont fait deux concessions supplémentaires : s'aligner politiquement sur La France au Travail et renoncer à la diffusion de l'Humanité clandestine et des tracts les plus importants.


Vers le 8 juillet 1940

● Instructions du PCF adressées à ses cadres

"L'impérialisme français vient de subir sa plus grande défaite de l'Histoire. [...]

La classe ouvrière française et mondiale doit retenir cet événement comme une victoire et comprendre qu'il faut voir là un ennemi de moins. Il importe donc de mettre tout en œuvre pour que la chute de l'impérialisme français soit définitive. Il ressort, à la constatation de cet état de chose, que la lutte du peuple français a eu le même objectif que la lutte de l'impérialisme allemand contre l'impérialisme français. Il est exact qu'en ce sens ce fut un allié occasionnel. 
(Lénine nous a appris qu'il nous faut pas hésiter, lorsque la situation le commande et lorsqu'il y va de l'intérêt du peuple, de s'allier - occasionnellement - même eu diable.) Se souvenir de la lettre de Lénine aux ouvriers américains (1918) et disant que quiconque ne comprend pas cela n'est pas révolutionnaire[...]

CE QUI EN RESULTE . — Le P.C. n'est plus tout à fait illégal. Il est semi-illégal.

Exemple : Des distributeurs de tracts, arrêtés par la police française, sont relâchés le lendemain après intervention de la Kommandantur. Les prisonniers politiques, dans les régions occupées, sauf toutefois tous les députés, sont libérés par les troupes allemandes en même temps que les membres de la cinquième colonne emprisonnés.

En Belgique, Hollande, Danemark et Norvège, le P. C. est légal. La voix du Peuple, organe belge du P.C. paraît. Les communistes se sont emparés de la direction de la ville de Liège et du bassin minier de Charleroi. D'autres communes sont sous la direction des communistes.

En France, nous devons déplorer des fautes politiques. La radio soviétique — le Komintern — avait donné aux militants parisiens le mot d'ordre suivant : Ne pas quitter Paris quoi qu'il arrive.

L'Humanité devait paraître, légalement, aussitôt l'entrée des troupes allemandes, qui se seraient trouvées devant le fait accompli. La copie était prête, mais le personnel faisait défaut.
Le Parti a, ensuite, eu des contacts avec la Kommandantur pour la parution de l'Humanité; la copie était approuvée — les journaux devant subir le visa des autorités d'occupation — mais on invita nos camarades à changer le titre du journal et à abandonner : organe central du P. C., ainsi que la faucille et le marteau, ce que nos camarades refusèrent en considérant comme impossible le fait de changer le titre, l'Humanité étant tout un programme. Les autorités allemandes répliquèrent qu'il leur était difficile d'autoriser l'Humanité sous sa forme légale, parce que Mussolini et Franco — qui ont du lutter contre le communisme — verraient cela d'un mauvais œil.
Alors se posa la question d'un organe du soir, qui fut parait-il accordé, et Ce soir doit paraître incessamment. Sa parution déjà annoncée doit rencontrer des difficultés de tous ordres.

EN RÉSUMÉ, l'objectif immédiat est la lutte pour la légalité, et cela ne sera que dans la mesure où nous serons l'imposer, par une liaison étroite avec la masse; dans la mesure où nous saurons nous organiser et organiser le peuple d'une façon pratique dans des formes appropriées à la situation.
C'est une lutte de vitesse et de finesse. [...]

Le 18 juin 1940, sur les instructions de l'IC, le Parti communiste s'engage dans des négociations avec les autorités allemandes pour obtenir la légalisation de ses activités qui étaient interdites depuis septembre 1939.

Cette tentative de collaboration débute avant même la signature de l'armistice franco-allemand s'achèvera le 27 août 1940 sur un échec.

Malgré cet échec le Parti communiste continuera de se mobiliser pour sa légalisation en appelant les masses à multiplier les démarches auprès de la puissance occupante pour qu'elle autorise ses activités.

Cette ligne légaliste reconnaissant les autorités allemandes comme des autorités légitimes sera formalisée pour la première fois dans ses Instructions de juillet 1940 (1).

Dans ce texte, le Parti communiste célèbre la défaite de la France comme une "victoire" pour "la classe ouvrière française et mondiale", reconnait que dans son combat contre "l'impérialisme français" l'Allemagne nazie a été un "allié occasionnel", fait état de la libération de militants communistes par les autorités allemandes, rend compte de ses négociations avec la puissance occupante et enfin définit sa ligne politique à court terme : "l'objectif immédiat est la lutte pour la légalité".

(1) Le texte fait référence à la publication reportée de Ce Soir dont le premier numéro soumis à la censure allemande était datée du 8 juillet 1940. On peut donc supposer que ces Instructions ont été diffusées dans la deuxième quinzaine de juillet.


10 juillet 1940

● A Vichy, l'Assemblée nationale, réunion de la Chambre des députés et du Sénat, vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain


11 juillet 1940

● Institution de l'Etat français

Le 11 juillet 1940, en vertu des pleins pouvoirs votés la veille, le Maréchal Pétain signe les Actes constitutionnels n° 1 et n° 2 aux termes desquels il est désigné "chef de l'Etat français" cumulant sur sa personne les pouvoir exécutif et législatif.

Sur un plan institutionnel, le régime de l'Etat français, communément appelé régime de Vichy, succède à la IIIe République.


12 juillet 1940

● Formation du premier Gouvernement de Vichy sous la direction de Pierre Laval

● Nouvelle rencontre entre Foissin et Abetz

Le 12 juillet, n'ayant obtenu aucune réponse de l'administration militaire allemande, Catelas et Tréand envoyent Foissin à l'ambassade d'Allemagne pour dire à Abetz qu'ils souhaitent le rencontrer. Le représentant d'Hitler en France accepte de les recevoir le lendemain.


13 juillet 1940

● Article "La fraternité franco-allemande"

"Les conversations amicales entre travailleurs parisiens et soldats allemands se multiplient.
Nous en sommes heureux. Apprenons à nous connaître, et quand on dit aux soldats allemands que les Députés communistes ont été jetés en prison pour avoir défendu la Paix, quand on leur dit qu'en 1923, les Communistes se dressèrent contre l'occupation de la Rhur, on travaille pour la fraternité franco-allemande."

(L'Humanité n° 61 du 13 juillet 1940)

Dans une France occupée par les armées du IIIe Reich, l'Humanité du 13 juillet 1940 célèbre "la fraternité franco-allemande".

En effet, le constat que "les conversations amicales entre travailleurs parisiens et soldats allemands se multiplient" est agrémenté de ce commentaire enthousiaste et approbateur du journal communiste : "Nous en sommes heureux".

On rappellera que dans son rapport à l'IC du 30 juin 1940, Jacques Duclos a fait le même constat et le même commentaire :

"En bref, la population parisienne n'aime pas les occupants, elles se sent profondément humiliée, mais cependant, et c'est très heureux, on voit se généraliser des attroupements d'ouvriers conversant avec des soldats allemands et les amenant "au bistrot du coin" pour parler plus à l'aise devant une tournée; les conversations de cet ordre roulent toujours sur le capitalisme, sur le socialisme, sur l'URSS pays du socialisme, sur les communistes et d'une manière générale les ouvriers parisiens ne sont pas à court d'arguments dans les discussions avec les soldats allemands".

Pour que ces conversations amicales soient le fondement de la fraternité franco-allemande, l'Humanité lance ce mot-d'ordre : "Apprenons à nous connaître".

Ainsi, pour susciter la sympathie des conquérants nazis, les prolétaires français devront simplement leur rappeler que "les Députés communistes ont été jetés en prison pour avoir défendu la Paix" et "qu'en 1923, les Communistes se dressèrent contre l'occupation de la Rhur".

Cette célébration des engagements pro-allemands du Parti communiste porte sur deux événements particuliers.

Le premier fait référence à la lettre des députés communistes du 1er octobre 1939 dans laquelle ils demandaient au président de la Chambre l'organisation d'une délibération du Parlement sur la Paix et pour laquelle ils furent condamnés en avril 1940 à des peines de prison.

Le second évoque la mobilisation des communistes contre l'occupation de Rhur par les armées françaises en 1923 consécutive au refus du gouvernement allemand de payer les indemnités de réparations fixées par le Traité de Versailles.

Dénoncer l'occupation de la Rhur par les armée françaises en 1923 alors que la France est occupée par les armées allemandes sera une constante de la propagande communiste jusqu'en juin 1941 et l'entrée des communistes dans la Résistance à la suite de l'invasion de leur patrie - l'URSS - par son ancien allié : l'Allemagne nazie.

Ainsi, le programme de gouvernement du Parti communiste de février 1941 intitulé "Pour le salut du peuple de France" proposera la mesure suivante :

"Etablissement de rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand en rappelant l'action menée par les communistes et par le peuple français contre le traité de Versailles, contre l'occupation du bassin de la Rhur, contre l'oppression d'un peuple contre un autre peuple".

Dans ses précédents appels à fraterniser, l'Humanité mettaient en évidence que les soldats allemands étaient avant tout des prolétaires avec lesquels il fallait s'unir contre l'ennemi commun : le capitalisme autrement dit les bourgeoisies française et allemande.

Dans ce texte, l'Humanité appelle toujours à l'union avec les ouvriers sous uniforme allemand. Toutefois, l'ennemi désigné dans le cas présent n'est le capitalisme mais l'impérialisme français responsable de la guerre de la guerre de 1939-1940 et de l'occupation de la Rhur en 1923.

En d'autres termes, les soldats allemands qui patrouillent dans la zone occupée ne sont pas des agents de la barbarie nazie mais des victimes de l'impérialisme français !!!

● Une délégation du Parti communiste est reçue à l'ambassade d'Allemagne

Le 13 juillet, une délégation du Parti communiste composée de Maurice Tréand, Jean Catelas et Robert Foissin est reçue à l'ambassade d'Allemagne pour une réunion à laquelle sont présents Otto Abetz et Maass de la Propaganda Staffel.

C'est à l'initiative de Tréand et de Catelas que se tient cette deuxième rencontre entre des dirigeants communistes et les autorités allemandes. La première a eu lieu le 26 juin.

La présence de Maass de la Propaganda Staffel répond à la demande des communistes d'avoir "une entrevue avec la personnalité compétente de l'Administration militaire" (lettre d'Abetz du 28 juin 1940). Cette demande peut désormais être satisfaite puisque les communistes ont accepté les conditions allemandes

Dernier élément, Foissin indique dans une note datée du 7 novembre 1944 qu'à cette conférence "la question du journal est de nouveau évoquée ainsi que l'attitude des autorités allemandes vis-à-vis du Parti communiste et les possibilités de propagande de ce dernier." (1)

(1) Francis Crémieux, Jacques Estager, Sur le Parti 1939-1940, p. 354.


14 juillet 1940

● Tract "14 juillet 1789 - 14 juillet 1940"

"La partie de l'Europe où l'incendie de la guerre pouvait éclater, c'était l'Est où sévissait l'intransigeance provocatrice du gouvernement polonais, intransigeance suscitée par l'Angleterre. Aussi, la signature du pacte germano-soviétique aurait-elle dû remplir de joie tous les amis sincères de la paix, mais les capitalistes franco-anglais, les Daladier, les Bonnet, les Chamberlain, et les Halifax, voulaient la guerre et ils la déclarèrent le 3 septembre.
En même temps que ces misérables déclaraient une guerre qu'ils étaient incapables de soutenir, soi-disant pour protéger la Pologne qu'ils n'aidèrent en rien, ce fut le déchaînements de la curée anti-communiste.
"L'Humanité", "Ce Soir", et tous les journaux communistes interdits, des milliers de communistes arrêtés, les députés communistes emprisonnés, déchus pour avoir demandé la paix, le socialiste Bathélémy demandant à la chambre le peloton d'exécution pour les communistes et le socialiste Sérol rédigeant le décret de la peine de mort, voilà ce que notre Parti communiste a connu, mais jamais, et c'est là notre titre de fierté aux yeux des travailleurs du monde entier, jamais nous ne nous sommes inclinés et jamais n'a cessé notre lutte pour la paix.
Aussi, quand de misérables individus comme Rebel, Bonnet, Xavier Vallat, Tixier Vignancourt et autres sénateurs et députés bavardent sur la paix qu'on aurait pu sauver, le peuple leur crie : Silence aux lâches, silence aux valets des fauteurs de guerre. Un seul Parti, avec courage, a lutté pour la paix, c'est le Parti communiste."

Tract conservé dans les archives de l'IC

Pour fêter le 14 juillet 1940, le Parti communiste publie un tract intitulé "14 juillet 1789 - 14 juillet 1940" / De la naissance de la liberté à la dictature des forbans" dans lequel il célèbre son pacifisme pendant la guerre de 1939-1940 pour justifier l'affirmation qu'il est le seul Parti légitime pour faire la Paix avec Hitler.

Dans l'extrait cité le Parti communiste réussit l'exploit de décrire le déclenchement de la guerre sans faire référence à l'Allemagne nazie !!!

Ainsi, on apprend que le conflit a débuté en Europe de l'Est en raison de "l'intransigeance provocatrice du gouvernement polonais". Doit-on en déduire que la Pologne a envahi l'un de ses voisins ? Une certitude : l'invasion de son territoire par les armées du IIIe Reich n'est pas mentionnée.

Que le Pacte germano-soviétique était un facteur de "paix". En d'autres termes, l'agression de la Pologne n'a pas été pas la conséquence directe de ce pacte qui garantissait aux nazis de ne faire la guerre que sur un seul front dans l'hypothèse d'un conflit avec l'Angleterre et la France.

Que les "capitalistes franco-anglais voulaient la guerre et ils la déclarèrent le 3 septembre". A qui ? On ne le sait pas. Une certitude : la France et l'Angleterre bellicistes étaient les agresseurs .

Il dénonce ensuite la répression de ses activités par le gouvernement de la République :

1) la suspension en août 1939 de l'Humanité et de Ce Soir en raison de leur soutien au Pacte germano-soviétique.

2) les arrestations de militants communistes consécutives à leurs actions en faveur de la Paix.

3) la condamnation des députés communistes en avril 1940 pour la lettre du 1er octobre 1939 dans laquelle ils demandaient au président de la Chambre l'organisation d'une délibération sur la Paix.

4) les propos prononcés à la séance du 21 janvier 1940 par le député socialiste Georges Barthélémy (1).

5) le décret-loi du 9 avril 1940 signé par le ministre de la Justice, le socialiste Albert Sérol, aux termes duquel la propagande défaitiste était assimilée à la trahison et donc passible de la peine de mort.

Il souligne l'inefficacité de cette répression en affirmant que "jamais n'a cessé notre lutte pour la paix."

Cette volonté inébranlable de combattre en faveur de la Paix avec l'Allemagne nazie est célébrée le 14 juillet 1940 en ces termes : "c'est là notre titre de fierté aux yeux des travailleurs du monde entier".

Pour terminer, le Parti communiste dénonce le pacifisme opportuniste des pétainistes pour mettre en évidence qu'il est le seul Parti légitime pour négocier la Paix avec Hitler au motif qu'il est le seul Parti à s'être opposé à la guerre.

On pourra attester de la diffusion du tract "14 juillet 1789 - 14 juillet 1940" / De la naissance de la liberté à la dictature des forbans" en s'appuyant sur des documents du PCF et de l'IC.

Ainsi, dans son rapport à l'IC du 18 juillet 1940, Jacques Duclos dresse la liste des tracts diffusés par le Parti communiste avant et après la signature de l'armistice franco-allemand :

"En plus de ces numéros de l'Huma nous avons tiré plusieurs tracts dont voici l'énumération. Il y a des comptes à régler. Après l'armistice. Les bourreurs de crane au pilori. La bande à Doriot. A bas la Constitution de Vichy. Contre l'équipe Laval. 14 juillet 1789-14 juillet 1940. De la naissance de la liberté à la dictature des forbans." (2)

Dans un document de l'IC en date du 13 septembre 1940 énumérant les documents reçus la veille de Paris, on peut lire sous le chapitre "Tracts" :

"« 14 juillet 1789, 14 juillet 1940 » De la naissance de la liberté à la dictature des forbans (la constitution de Vichy). Mots d'ordre : un gouvernement du peuple au service du peuple (les R.P du P.C) [Les Régions Parisiennes du Parti communiste]" (3)


(1) Conformément à la procédure prévue par la loi du 20 janvier 1940 sur la déchéance des élus communistes, la Chambre a voté le 20 février 1940 à la demande du gouvernement une résolution constatant la déchéance de 60 députés communistes.

Au cours des débats, le rapporteur, le député socialiste Georges Barthélémy a notamment déclaré :

"La commission fait confiance au Gouvernement, mais elle tient à lui dire néanmoins que les soixante députés, dont la déchéance sera prononcée parce qu'ils sont des agents de l'étranger, ne peuvent, après avoir été jetés hors de cette Assemblée, continuer à porter l'uniforme pour poursuivre leur propagande contre notre pays. (Applaudissements à gauche, au centre et à droite.)
Tous sont plus ou moins coupables, mais il y a des chefs, comme Thorez, Catelas et tant d'autres qui devraient être traduits immédiatement devant les tribunaux militaires pour, ensuite, non pas subir le feu d'un peloton d'exécution, ce serait leur faire trop d'honneur, mais être poussés sous le couperet de M. de Paris. (Mouvements divers)" (Journal officiel du 21 février 1940)

On notera qu'il ne recommande la peine de mort que pour les dirigeants communistes et qu'il met en avant un motif précis : la trahison.

(2) Cahiers d'histoire de l'I.R.M, n° 52-53, 1993, p. 217.
(3) Cahiers d'histoire de l'I.R.M, n° 40, 1990, p. 106.


18 juillet 1940

● Rapport de Jacques Duclos adressé à l'IC

"Dans notre dernière lettre [lettre du 6 juillet 1940] nous vous indiquions que l'autorisation avait été accordé de faire paraître « Ce Soir », mais au dernier moment, sous prétexte de divergences sur cette question dans les milieux allemands, la fameuse autorisation ne fût pas donnée; la question est toujours soi-disant à l'étude, mais nous savons à quoi nous tenir."


Dans son rapport à l'IC du 18 juillet 1940, Jacques Duclos corrige son précédent rapport en indiquant que l'autorisation de faire paraître Ce Soir n'a pas été accordée.

Ce constat ne s'appuie pas sur le rejet explicite de la requête communiste mais sur l'absence de réponse de l'administration militaire allemande. Signalons que dans cette lettre, il ne mentionne pas la rencontre du 13 juillet à laquelle ont participé Tréand et Catelas.


19 juillet 1940

● Discours de Hitler

"Au plein milieu de cette lutte titanesque, livrée pour la liberté et pour l'avenir de la nation allemande, je vous ai fait convoquer à cette séance. Les motifs de cette initiative résident dans la nécessité de permettre à notre peuple de se bien pénétrer de l'importance historique, véritable unique, des événements que nous avons vécus, mais en même temps de remercier les valeureux soldats allemands. Ils s'inspirent, en outre, de l'intention de nous efforcer d'adresser un nouvel et dernier appel à la raison universelle. [...]

[Campagne de France]
L'appréhension d'une invasion des soi-disant alliés en Hollande et en Belgique d'un moment à l'autre prit de plus en plus corps les 6 et 7 mai, notamment sur la foi de communications téléphoniques échangées entre Londres et Paris et qui étaient parvenus à notre connaissance. Le jour suivant - le 8 - je donnai en conséquence l'ordre d'attaquer immédiatement le 10 mai à 5 h 35 du matin. [...]
Ainsi nous avons réussi non seulement à envelopper dans son ensemble le front formidable de la résistance française, mais encore à le démembrer et à le contraindre à la capitulation que vous savez. [...]
Lorsque le maréchal Pétain offrit la capitulation de la France, il n'a pas seulement mis bas à ce qui lui restait d'armes, mais il a mis fin aussi à une situation que tout soldat devait regarder comme entièrement intenable. Seul le sanguinaire dilettantisme d'un monsieur Churchill est à même, soit de ne pas saisir cette vérité, soit de la camoufler délibérément par ses mensonges. [...]

[Relations germano-soviétiques]
Les politiciens anglais paraissent fonder leurs derniers espoirs - abstraction faite des nations alliées et associées se composant d'une lignée de Chefs d'Etat sans trône, d'hommes d'Etat sans peuples et de généraux sans armées [le Général de Gaulle] - sur de nouvelles complications qu'ils espèrent pouvoir créer grâce à leur habilité qui a si bien fait ses preuves jusqu'à présent. Parmi ces espoirs,  il y en a un qui est une véritable utopie juive, c'est l'idée que l'on pourrait de nouveau séparer la Russie de l'Allemagne.
Les relations germano-russes sont définitivement scellées. La raison de cette confirmation réside dans le fait que l'Angleterre et la France, soutenues par certains petits États, attribuaient constamment à l'Allemagne des projets de conquêtes dans des régions qui ne présentaient aucun intérêt pour elle. Tantôt on disait que l'Allemagne voulait occuper l'Ukraine, tantôt qu'elle voulait entrer en Finlande; une autre fois, on prétendit que la Roumanie était menacée, enfin on craignit même pour la Turquie.
Dans ces circonstances, je considérai comme juste d'entreprendre avant tout avec la Russie une nette démarcation de nos intérêts, afin de définir, une fois pour toutes, quelles sont les régions que l'Allemagne croit devoir considérer comme intéressantes pour son avenir et quelles sont celles au contraire que la Russie estime nécessaires à son existence. Et c'est sur la base de cette claire délimitation des sphères d'intérêts respectives de l'Allemagne et de la Russie qu'intervint le nouveau règlement des relations germano-russes. En raison de la conclusion de cet accord, il faut être naïf pour espérer une nouvelle tension entre les deux pays. Ni l'Allemagne, ni la Russie n'ont fait un seul pas en dehors de leurs sphères d'intérêts. Mais l'espoir de l'Angleterre de pouvoir arriver  à un allègement de sa propre situation en créant une crise européenne quelconque est un faux argument. Les homme d’État britannique comprennent tout un peu lentement, ils apprendront donc aussi peu à peu à se rendre compte de ce fait.

[Propositions de Paix du 6 octobre 1939]
Dans mon discours du 6 octobre, lorsque je prédit le développement futur de cette guerre, je ne me suis pas trompé.
Je vous assurais, Députés, que je ne pouvais à aucun moment douter de la victoire. Si ce n'est pas spécialement dans les défaites que l'on voit les signes et les garanties de la victoire finale, je crois alors que le développement des événements m'a donné raison, jusqu'à présent. Bien que je fusse persuadé de ce développement, j'avais alors tendu la main à la France et à l'Angleterre pour arriver à une entente. La réponse que je reçus est encore gravée dans votre mémoire. Tous mes arguments tendant à leur montrer la stupidité de continuer cette guerre, à leur prouver qu'elles avaient - même dans les circonstances les plus favorables - tout à y perdre et rien à y gagner que plaies et bosses, furent accueillis avec moquerie et traités avec dérision ou simplement passés sous silence. Je vous ai tout de suite assuré à ce moment-là que je craignais - en raison de ma proposition de paix - d'être même traité de couard qui ne veut plus combattre, parce que qu'il ne le peut plus. Et les choses se sont bien passées ainsi. Je crois toutefois que déjà aujourd'hui la France - certes moins les hommes d’État coupables que le peuple lui même - considère autrement cette date du 6 octobre. Quelles misères sans nom se sont abattues depuis lors sur ce grand pays et sur ce peuple ! Je ne veux même pas parler ici de tout ce que le soldat à dû souffrir pendant cette guerre. [...]
Tout cela, comme nous l'avons dit, n'aurait pas dû arriver. Car, encore mois d'octobre, je n'ai réclamé à la France et à l'Angleterre rien d'autre que la Paix.
Mais Messieurs les munitionnaires voulaient la continuation de la guerre à tout prix et cette guerre, ils l'ont eue.

[Propositions de Paix renouvelées]
Je suis trop soldat moi-même pour ne pas mesurer l'étendue du malheur engendré par de tels événements. Et voici que de Londres je ne perçois qu'un seul cri, qui n'est pas le cri des masses, mais des politiciens. On crie à la continuation de la guerre. [...]
Mister Churchil vient de déclarer une fois encore qu'il veut la guerre. Voilà six semaines qu'il a inauguré sa guerre aérienne dans laquelle il se croit apparemment de première force, notamment la guerre aérienne contre la population civile. Il est entendu qu'il fait cette guerre sous prétexte de s'en prendre aux installations d'importance militaire. Depuis Fribourg, ces installations sont des villes ouvertes, des bourgs, des villages, des habitations, des hôpitaux, des écoles des jardins d'enfants. Je n'ai guère permis jusqu'ici de donner la réplique. Mais cela ne veut pas dire que cela soit ou doive rester ma seule réponse.
Je sais fort bien que la réponse que nous donnerons un jour fera fondre des souffrances et des malheurs sans nom sur des être humains. Naturellement, pas sur Mister Churchill, car il se trouvera certainement alors au Canada, là où l'on a déjà transporté la fortune et les enfants des plus distingués des profiteurs de guerre. Mais pour des millions d'autres gens ce seront d'atroces souffrances. Et Mister Churchil devra m'en croire cette fois peut-être, par exception, lorsqu'en prophète je prévois qu'un grand empire mondial s'en trouvera détruit. Un empire mondial qu'il n' a jamais été dans mes intentions d'anéantir ou même de léser en quoi que ce soit. Seulement je ne me dissimule en aucune façon que la continuation de cette lutte ne pourra se terminer que par la destruction intégrale de l'un des deux adversaires. A Mister Churchill de croire que ce sera l'Allemagne qui sera détruite; je sais, moi, que ce sera l'Angleterre.
A cette heure je me sens tenu en conscience d'adresser une fois encore un appel à la raison, à celle de l'Angleterre. Je crois pouvoir le faire parce que je ne sollicite pas en vaincu mais je parle [avec] raison en vainqueur. Je ne vois aucun motif qui puisse contraindre à poursuivre cette lutte. [...]
Libre à Monsieur Churchill de dédaigner ma déclaration en criaillant qu'elle est le triste fruit de ma peur et de mon doute en la victoire finale. J'aurai alors, du moins, soulagé ma conscience en face des événements à venir."

(Discours de Hitler du 19 juillet 1940)

Le 19 juillet 1940, soit un mois après la signature de l'armistice franco-allemand, le Chancelier Hitler prononce un discours devant le Reichstag dans lequel il célèbre la victoire de l'Allemagne contre la France, fait l'éloge des relations germano-soviétiques et enfin appelle l'Angleterre à s'engager dans des négociations de Paix.

Il fait aussi référence au Général de Gaulle en dénonçant les "généraux sans armées" qui se sont alliés à l'Angleterre pour combattre l'Allemagne.

Outre son contenu, l'intérêt de ce discours réside dans le fait qu'il présente de nombreuses similitudes avec la propagande communiste diffusée sur la même période.

● Maass annonce à Tréand que Ce Soir est autorisé à paraître

Le 19 juillet 1940, c'est-à-dire le jour même où Hitler s'exprime devant le Reichstag pour célébrer la victoire allemande de juin 1940, Tréand se rend au domicile de Foissin pour rencontrer Maass de la Propaganda Staffel qui lui annonce les décisions des autorités allemandes concernant les demandes communistes.

Tout d'abord, Ce Soir est autorisé à paraître sous censure allemande. Ensuite, les prisonniers communistes encore détenus en zone occupée doivent être libérés. Rappelons que des centaines de communistes incarcérés ont déjà été bénéficié de cette mesure. De même, les prisonniers communistes détenus en zone non-occupée et condamnés pour leur soutien au Pacte germano-soviétique doivent être élargies. Enfin, les communistes doivent développer leurs Comités populaires d'usine afin d'accélérer la réouverture des entreprises et permettre ainsi le redémarrage de l'activité économique.

Le lendemain, Tréand rédige une lettre à l'attention de l'IC dans laquelle il détaille le contenu de cette 3ème rencontre avec les Allemands.

A Moscou, sur la base des rapports et documents envoyés par le PCF jusqu'à la date du 6 juillet, l'IC adopte une Directive. Elle est envoyée le lendemain dans un Télégramme signé par Dimitrov et Thorez


20 juillet 1940

● Instructions de l'IC signées par Dimitrov et Thorez

"Reçu vos matériaux jusqu'au six juillet. Considérons juste ligne générale.
Indispensable redoubler vigilance contre manœuvres des occupants. Etait juste entreprendre démarches pour obtenir presse légale, mais entrevue avec Abetz faute, car danger compromettre parti et dirigeants. [...] Organisation conversations amicales population civile, particulièrement femmes bien préparées, avec soldats occupation représente tâche capitale. Nécessaire corriger formule sur maintien armistice qui peut laisser croire que vous en approuvez les conditions. Préférable garder silence sur Degaule et de pas mettre l'accent contre Angleterre afin de ne pas faciliter politique Petain et ses protecteurs. Juste proposer entente avec URSS mais sans la présenter comme un complément pacte germano- soviétique et sans parler de pacification Europe. [....]
Juste utiliser toutes possibilités légales, mais en renforçant organisations illégales."

(Télégramme du 20 juillet 1940 de l'IC / B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 265)

Le 19 juillet, sur la base des rapports et documents envoyés par le PCF jusqu'à la date du 6 juillet et notamment les rapports de Duclos du 30 juin, du 3 juillet et 6 du juillet, l'IC adopte une Directive (1)

Cette directive est envoyée le lendemain à Paris dans un Télégramme signé par Georges Dimitrov, secrétaire général de l'IC, et Maurice Thorez, secrétaire général du PCF.

Ces premiers éléments permettent de faire les remarques suivantes.

Tout d'abord, il y a une liaion entre Paris et Moscou dans les deux sens permetant au PCF de rendre compte de son action et à l'IC d'envoyer des Instructions. Rappelons que la précédente Directive de l'IC date du 22 juin et qu'elle a été reçue début juillet à Paris. Ensuite, en signant les télégrammes de Georges Dimitrov, Maurice Thorez prouve non seulement qu'il a connaissance des Directives de l'IC mais en plus qu'il les approuve. Enfin, Jacques Duclos met en oeuve une ligne définit à Moscou. En conclusion, il est erroné d'affirmer que la direction du PCF était totalement isolée à l'été 1940 comme le font certains auteurs pour expliquer les négociations avec les Allemands et écarter toute responsabilité de l'IC et de Maurice Thorez.

On retiendra du Télégramme du 20 juillet 1940 les points suivants :

1) négociation avec les Allemands

Tout d'abord, l'IC adresse un satisfecit à Duclos pour les négociations avec les autorités allemandes (la première avec Weber et la seconde qui est toujours en cours). La seule critique ("faute") porte sur l'entrevue entre les dirigeants communistes et Abetz le 26 juin.

Illustration que la rencontre du 26 juin était pour l'IC une faute, le commentaire qu'a noté Maurice Thorez dans son carnet à la date du 12 juillet quand il a pris connaissance de l'événement : "Tentative collaborer avec le Parti. Le compromettre parce qu'il reste la seule force". (2)

On peut constater - comme pour le télégramme du 22 juin 1940 - qu'il y a un accord clair entre Jacques Duclos, Maurice Thorez et Georges Dimitrov pour que les communistes négocient avec les Allemands à la condition que le Parti ne soit pas directement engagé.

D'ailleurs l'IC réaffirme son soutien à cette ligne légaliste à la fin de son télégramme : "Juste utiliser toutes possibilités légales".

2) Fraternisation franco-allemande

L'IC prescrit au Parti communiste d'encourager les Français et surtout les Françaises à fraterniser avec les soldats allemands : "Organisation conversations amicales population civile, particulièrement femmes bien préparées, avec soldats occupation représente tâche capitale."

3) Programme de politique extérieure du PCF

L'IC corrige le programme de politique étrangère que Jacques Duclos a défini dans son rapport du 30 juin :

Politique Extérieure

Maintien de l'armistice et répression énergique de toute action tendant à entraîner à nouveau le peuple français dans la guerre.
Soutien des peuples coloniaux dans la lutte pour leurs revendications et leur indépendance.
Conclusion d'un pacte d'amitié avec l'URSS qui compléterait le pacte germano-soviétique et constituerait un important facteur de pacification européenne".

L'IC écarte la formule "maintien de l'armistice" qui laisse supposer que les communistes approuvent l'action du Maréchal Pétain.

Elle invite à garder le silence sur le Général de Gaulle et l'Angleterre pour que l'anglophobie et l'antigaullisme du Parti communiste ne servent ni les Allemands ni le Gouvernement Pétain qui a rompu le 4 juillet 1940 ses relations diplomatiques avec Londres à la suite de l'attaque d'une escadre anglaise contre la flotte française qui stationnait à Mers-el-Kébir, près d'Oran

C'est la première mention du Général de Gaulle dans un télégramme de l'IC.

Enfin - point important - Moscou rejette toute référence au pacte germano-soviétique et à la pacification de l'Europe dans la revendication d'un pacte d'amitié franco-soviétique.

Dans sa forme initiale cette revendication signifiait que la signature d'un pacte d'amitié entre la France et l'URSS serait non seulement conforme aux intérêts de l'Allemagne mais en plus inciterait l'Angleterre à faire la Paix.

Elle a été mentionnée dans plusieurs textes de juin et juillet 1940 (Voir le Complément).

(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes, Le PCF et l'Internationale de la guerre à l'effondrement de la France, n° 52-53, 1993, pp. 231-232.
(2) Stéphane Courtois, Le bolchévisme à la française, 2010 p. 161.

Complément

On citera plusieurs textes reprenant la revendication portant sur un Pacte d'amitié franco-soviétique complémentaire du Pacte germano-soviétique :

1) Appel au "Peuple de Paris" du 25 juin 1940 :

"Le gouvernement que le pays attend et que les événements imposent, c'est un gouvernement populaire, démocratique, [...] un gouvernement décidé à poursuivre avec l'URSS, pays du socialisme, une politique d'amitié qui compléterait heureusement le pacte germano-soviétique et contribuerait à créer les conditions d'une paix juste et durable."

2) Demande de parution de l'Humanité sous censure allemande du 26 juin 1940

"L'Humanité, publiée par nous, se fixerait pour tâche de poursuivre une politique de pacification européenne et de défendre la conclusion d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui serait le complément du pacte germano-soviétique et ainsi créerait les conditions d'une paix durable."

3) Article "Les revendications du peuple de France" (l'Humanité n° 58 du 1 juillet 1940) :

"7) Le maintien de la Paix et la conclusion d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique et qui permettrait la conclusion d'un accord commercial avec l'Union soviétique pour éviter la famine."

4) Tract "La bande à Doriot" de juillet 1940 :

"C'est vers ces hommes qui n'ont pas courbé la tête, que monte la confiance du peuple de notre pays qui veut en finir avec le capitalisme pour se sauver, qui sait qu'un pacte d'amitié franco-soviétique, complétant le pacte germano-soviétique ouvrirait une ère de Paix [...]."

5) Article "Le peuple de France veut la paix" (l'Humanité n° 59 du 4 juillet 1940) :

"Il demande la conclusion d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique et serait la garantie de la paix en Europe."

● Rapport de Maurice Tréand adressé à l'IC

"Comme je n'ai pu voir Jac. [Jacques Duclos] hier et qu'aujourd'hui ce seras impossible, je veux compléter votre lettre [lettre de Duclos du 18/7/40] avant le départ de notre ami. [...]
[...] Après la réunion avec les allemands hier (dont je vous parlerais après) nous avons hier soir décidé d'aller encore plus vite. [...].
Je veux immédiatement vous donner l'essentiel de notre 3ème entrevue avec les allemands car je dois donner cette lettre dans une heure.
Chez Foissin nous avons reçu le chef de la propagande du Parti Nazi de [en] France un certain Maès. Voici sa conversationn :
Pour le journal Ce Soir c'est d'accord pour sa reparution. Pour les affiches et les municipalités Abetz est parti à Berlin causé avec Hitler. Mardi soir nous vous donnerons la réponse.
Nous avons posé différentes questions, voici ces réponses :
1. Pour la libération des emprisonnés qui reste dans la zône occupé mais non condamné a cause du pacte germano-soviétique ils doivent être libérés, vous devez nous donner des faits précis et insiter auprès de autorités  allemandes pour leur libérations. Sont dans ces conditions : Sémard, Tournemaine, les conseillers de Paris en prison à Bourges, les mutiles député Roca ect. à l'Île de Ré, des femmes à la prison de Libonne ect, ect.
2. Les prisonniers l'autre côté condamné en ce qui concerne le pacte germano-soviétique doivent être libérés à vous de faire pression auprès de Noël [Délégué de Vichy à Paris] pour leur libération. [...]
4. Nous pensez que vous devez faire plus pour faire marcher les usines ! Formé des comité populaire, et si des patrons ne sont pas là faîte marché l'usine. Nous vous créerons aucune difficulté dans ce sens. Il faut faire vite. Le peuple crève de faim. [...]
8. Votre tract sur la lettre des députés au président de la Chambre na pas assez grand tirage, diffusez en plus ajoutez les passages d'Hitler sur son discours pour la paix d'aujourd'hui [discours du 19/7/40] et multipliez le.

Vous pensez bien qu'il n'y aura aucune suite."


Le 20 juillet 1940, Maurice Tréand transmet à l'Internationale communiste le rapport de Jacques Duclos du 18 juillet 1940, qu'il a d'ailleurs co-signé, accompagné d'une lettre non datée dans laquelle il relate sa "3ème entrevue avec les allemands" qui s'est tenue la veille au domicile de Foissin.

C'est en effet le 19 juillet 1940, c'est-à-dire le jour où Hitler s'exprime devant le Reichstag pour célébrer la Campagne de France victorieuse, que Maass, représentant de la Propaganda Staffel, annonce à Tréand les décisions des autorités allemandes concernant les demandes communistes.

Décision la plus importante : le journal Ce Soir est autorisé à paraître sous censure allemande. Par contre, les décisions concernant le rétablissement des municipalités communistes et la légalisation de la propagande communiste par voie d'affiche dépendront des résultats de la rencontre entre Abetz et Hitler. D'ailleurs, Tréand mentionne le départ de Abetz a quitté Paris pour Berlin le 20 juillet 1940.

Ensuite, les autorités allemandes acceptent de libérer les prisonniers communistes qui sont encore détenus en zone occupée. Les demandes de libération devront leur être impérativement soumises. Rappelons que des centaines de communistes condamnés pour défaitisme ont déjà bénéficié de cette mesure.

Parmi les communistes qui pourraient ainsi être libérés, Tréand cite les noms de Pierre Sémard et de Raymond Tournemaine, respectivement secrétaire général et trésorier général de la Fédération CGT des cheminots, qui ont été condamnés en avril 1940 à 3 ans de prison pour infraction au décret de dissolution du Parti communiste.

De même, les prisonniers communistes détenus en zone non-occupée et condamnés pour leur soutien au Pacte germano-soviétique doivent être élargies. Dans ce cas, les demandes de libération devront être présentées au délégué de Vichy à Paris, Léon Noël.

De plus, les autorités allemandes encouragent fortement les communistes à développer leurs Comités populaires d'usine afin d'accélérer la réouverture des entreprises et permettre ainsi le redémarrage de l'activité économique.

Enfin, Maass fait référence à la diffusion par le Parti communiste d'un tract reprenant la lettre au président Herriot du 1er octobre 1939 dans laquelle les députés communistes demandaient au président de la Chambre d'organiser une délibération du Parlement sur "les propositions de paix qui [allaient] être faites à la France" grâce "aux initiatives diplomatiques de l'URSS". Ces propositions ont été finalement formulées par Hitler dans son discours du 6 octobre 1939.

Maass approuve le contenu de ce tract diffusé clandestinement, regrette la faiblesse du tirage et suggère même de publier une nouvelle édition qui intégrerait des passages du discours prononcé par Hitler le 19 juillet 1940 dans lequel il rappelle ses propositions de Paix du 6 octobre 1939 et le refus du gouvernement français. Tréand indique en commentaire qu'il n'y aura pas de suite à cette suggestion.

● Abetz est convoqué à Berlin. Il sera absent pendant 3 semaines


27 juillet 1940

● Article "Une conversation avec un soldat allemand"

"Nous avons eu l'occasion d'entendre une conversation entre un travailleur parisien et un soldat allemand. L'ouvrier parisien disait : "Nous sommes les ennemis des capitalistes français et les amis de tous les peuples, allemand, italien, anglais etc... ainsi que des peuples coloniaux. Quand les impérialistes français occupèrent la Rhur, les travailleurs français, derrière le Parti Communiste combattirent l'occupation, car nous savions qu'un peuple qui en opprime un autre ne peut être libre. Les impérialistes français ont voulu la guerre, mais des milliers d'ouvriers ont lutté pour la paix et sont emprisonnés.
Cà, c'est la vraie France, France de la liberté et de l'indépendance des peuples."

(L'Humanité n° 65 du 27 juillet 1940)

L'Humanité du 27 juillet 1940 met en scène une conversation entre "un travailleur parisien et un soldat allemand" pour illustrer les thèmes suivants :

1) la fraternité des peuples et notamment la fraternité franco-allemande : les communistes sont "les amis de tous les peuples, allemand, italien, anglais etc... ainsi que des peuples coloniaux".
2) la condamnation du capitalisme français : les communistes sont "les ennemis des capitalistes français". Les capitalistes allemands ne sont pas nommés. Un oubli sûrement....
3) la condamnation de l'impérialisme français :
- "Quand les impérialistes français occupèrent la Rhur, les travailleurs français, derrière le Parti Communiste combattirent l'occupation". Par contre, le Parti communiste ne combat pas les impérialistes allemands quand ils occupent la France.
-  "Les impérialistes français ont voulu la guerre" autrement dit ils portent la responsabilité du conflit franco-allemand de 1939-1940.
4) la Paix avec l'Allemagne : "des milliers d'ouvriers ont lutté pour la paix et sont emprisonnés". Rappel que depuis septembre 1939 les militant communistes défendent la Paix avec l'Allemagne et que nombre d'entre eux ont été condamnés par les tribunaux de la République pour cet engagement. Ce rappel vise aussi à mettre en évidence l'opportunisme des pétainistes dont le pacifisme date de juin 1940.
5) le Parti communiste est le seul parti français : "Cà, c'est la vraie France". La vraie France du Parti communiste, autrement dit la France qui fraternise avec les allemands, s'oppose à celle du Maréchal Pétain et à celle du Général de Gaulle. La France du Maréchal Pétain est dénoncée par les communistes parce qu'elle est capitaliste. Quant à la France du Général de Gaulle elle est condamnée par les communistes parce qu'elle incarne le refus de l'armistice franco-allemand.


30 juillet 1940

● A Berlin, Abetz rédige un mémorandum à l'attention de Hitler dans lequel il recommande notamment d'autoriser le journal Ce soir 

"Il serait donc recommander : [...]
3. De publier un quotidien au titre accrocheur, bien connu du temps du Front populaire, tel que Ce Soir, et d'y commencer un travail d'éducation antimarxiste. Les travailleurs pourraient prendre une telle feuille pour un journal communiste et seraient plus accessible aux articles qui y seront publiés." 

(Francis Crémieux, Jacques Estager, Sur le Parti 1939-1940, 1983, p. 309

Le 30 juillet, à Berlin, Otto Abetz rédige à l'attention de Hitler un mémorandum ayant pour titre "Travail politique en France".

Dans ce texte, le diplomate allemand met en évidence "le danger du chauvinisme" qui pourrait conduire à la lutte armée en soulignant que le Parti communiste constitue une opposition naturelle au développement d'un tel mouvement. Toutefois, estimant qu'il n'est pas dans "l'intérêt de l'Allemagne d'avoir un voisin bolchévique à l'ouest" il propose des mesures pour lutter contre le communisme. C'est dans ce cadre qu'il propose à Hitler d'autoriser la reparution de Ce Soir dans le but de diffuser sous couvert d'un quotidien communiste une propagande pro-nazie.

La décision concernant la légalisation de la presse communiste sera donc prise par... Hitler.

Rappelons que la décission de négocier avec les Allemands a été prise à Moscou par Dimitrov, Chef de l'IC, et donc par Staline.


Fin juillet 1940

● Le Parti communiste lance un Appel au "Peuple de France !"

"Notre Pays connait maintenant les terribles conséquences de la politique criminelle suivie par des gouvernements indignes, responsables de la GUERRE, de la DÉFAITE, de L’OCCUPATION. [...]

Une Paix véritable
Le Peuple français qui paie si cher les crimes des fauteurs de guerre, veut de toutes ses forces la Paix dans l’indépendance complète et réelle de la France. Il n’y a de Paix véritable que dans l’indépendance des peuples et les Communistes qui revendiquent pour la France le droit à son indépendance, proclament aussi le droit à l’indépendance des peuples coloniaux asservis par les impérialistes. [...]
En défendant le pacte germano-soviétique, en Août 1939, nous avons opposé à la politique des fauteurs de guerre, la politique stalinienne de paix et aujourd’hui, nous avons conscience de servir la cause de la paix et de l’indépendance de notre pays, en demandant la conclusion d’un pacte d’amitié franco-soviétique. [...]

Un Gouvernement du Peuple
Pour relever la France, pour remettre la France au travail, pour assurer son indépendance dans la Paix, pour assurer la sauvegarde des droits du Peuple, pour libérer notre Pays des chaînes de l’exploitation capitaliste et de l’oppression il faut chasser le Gouvernement de traîtres et de valets dont le chef Pétain a dit cyniquement aux blessés, aux réfugiés, à ceux qui ont tout perdu :  « l’Etat ne pourra rien pour vous ». [...]
C’est un tout autre gouvernement qu’il faut à la France.
Un gouvernement que l’unité de la Nation rendra possible demain; un gouvernement qui sera le Gouvernement de la renaissance nationale composé d’hommes honnêtes et courageux, de travailleurs manuels et intellectuels n’ayant trempé en rien dans les crimes et combinaisons malpropres de la guerre; un gouvernement du Peuple, tirant sa force du Peuple, du Peuple seul et agissant  exclusivement dans l’intérêt du Peuple. [...]
Sous le signe de la lutte contre le régime capitaliste générateur de misère et de guerre, d’exploitation et de corruption, qui a déjà disparu sur un sixième du Globe en URSS, sous le signe de l’unité et de l’indépendance de la Nation; sous le signe de la fraternité des Peuples, nous serons les artisans de la renaissance de la France.

Appel au "Peuple de France !" de juillet 1940 (dit Appel du 10 juillet 1940)

A la fin de juillet 1940, soit un mois après la signature de l'armistice franco-allemand, le Parti communiste clandestin lance un Appel au "Peuple de France !".

Signé "Au nom du Comité Central du Parti Communiste Français" par Maurice Thorez et Jacques Duclos, secrétaire général et secrétaire du PCF, cet appel est un véritable plaidoyer pour la constitution... d'un Gouvernement de Paix communiste.

Pour justifier cette revendication et en même temps marquer la différence entre son projet pacifiste et celui du Maréchal Pétain, le Parti communiste affirme que seuls les communistes sont en mesure de négocier avec Hitler une "Paix dans l’indépendance complète et réelle de la France" ou encore "une paix véritable" car "seuls, les Communistes ont lutté contre la guerre".

Autres caractérisques marquantes du texte : la condamnation de "l'impérialisme britannique", la célébration du "Pacte germano-soviétique", l'éloge de la fraternité franco-allemande ("la fraternité des peuples que de toutes nos forces nous voulons") ou encore la revendication portant sur "la libération des défenseurs de la Paix".
 
Par son contenu, ce tract prouve que la défaite de la France en juin 1940 et l'occupation allemande qui en a été la conséquence n'ont provoqué aucun changement dans la ligne pacifiste, anglophobe et germanophile défendue par le PCF depuis le début du conflit européen.
 
Sur ce constat, on posera la question suivante : doit-on considérer l'appel du PCF de juillet 1940 comme un acte de Résistance ou un acte de Collaboration ?
 
Un dernier élément, cet appel est le tract le plus important diffusé par les communistes à l'été 1940.

● La Fédération des Jeunesses communistes de France lance un Appel à la "Jeunesse de France"

"Au milieu des désastres qui se sont abattus sur notre pays, au milieu des ruines et des deuils, la jeunesse de France se demande de quoi demain sera fait, elle se demande quelle est la voie à suivre pour sortir du chaos, du désordre, de la misère dont le monde capitaliste donne le répugnant spectacle. [...]

JEUNES GENS ET JEUNES FILLES peuvent voir que la guerre a été faite pour le profit de quelques parasites capitalistes dont Daladier (1), Reynaud (2), Mandel (3) et Cie ont été les fondés de pouvoir. [...]

JEUNES GENS ET JEUNES FILLES ne peuvent ignorer que seuls les communistes ont eu le courage de réclamer la paix.

JEUNES GENS ET JEUNES FILLES ne peuvent ignorer que pour avoir défendu la paix les communistes ont été emprisonnés par milliers, qu'ils ont été odieusement persécutés, et que le ministre Sérol porte devant l'Histoire la terrible responsabilité d'avoir pris contre les communistes le décret de la peine de mort (4)[...]

Assez de tous les vieux boniments ! Assez de tous ceux qui aujourd'hui rangés derrière PÉTAIN et son LAVAL, étaient hier derrière DALADIER. Silence aux lâches et aux chiens couchants. Seuls ont le droit de parler ceux qui, en pleine guerre, ont eut le courage de lever le drapeau de la paix. [...]

JEUNES GENS DE FRANCE UNISSEZ-VOUS POUR EXIGER :

LA LIBÉRATION DE TOUS CEUX QUI ONT ÉTÉ EMPRISONNÉS POUR AVOIR DÉFENDU LA PAIX.

LE CHÂTIMENT DES RESPONSABLES DE LA GUERRE ET DE LA DÉFAITE.
 
[...]
 
JEUNES DE FRANCE UNISSEZ-VOUS POUR EXIGER :

L'OUVERTURE DES STADES ET PISCINES POUR UN SPORT SAIN ET POPULAIRE.
[...]

JEUNES DE FRANCE UNISSEZ-VOUS POUR EXIGER :

LA CONCLUSION D'UN PACTE D’AMITIÉ ENTRE LA FRANCE ET L'UNION SOVIÉTIQUE.

LA CONSTITUTION D'UN GOUVERNEMENT DU PEUPLE AU SERVICE DU PEUPLE SEUL CAPABLE DE RELEVER LA FRANCE, ET D'ASSURER LA PAIX DANS LA LIBERTÉ ET L’INDÉPENDANCE DE NOTRE PAYS. 
[...]

( Appel à la "Jeunesse de France" de juillet 1940)

A la fin de juillet 1940, soit un mois après la signature de l'armistice franco-allemand, les Jeunesses communistes lancent un Appel à la "Jeunesse de France !".

Dans ce tract, suivant fidèlement la ligne du Parti communiste, elles appellent "les jeunes de France" à s'unir pour exiger notamment  :
 
"LA LIBÉRATION DE TOUS CEUX QUI ONT ÉTÉ EMPRISONNÉS POUR AVOIR DÉFENDU LA PAIX." et

"LA CONSTITUTION D'UN GOUVERNEMENT DU PEUPLE AU SERVICE DU PEUPLE, SEUL CAPABLE DE RELEVER LA FRANCE ET D'ASSURER LA PAIX DANS LA LIBERTÉ ET L’INDÉPENDANCE DE NOTRE PAYS."
 
Dans une France occupée par les nazis, les jeunes français sont aussi invités à se battre pour... "L'OUVERTURE DES STADES ET PISCINES POUR UN SPORT SAIN ET POPULAIRE."
 
La diffusion à l'été 1940 d'un texte appelant à la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste et à... l'ouverture des piscines constitue la preuve éclatante de la Résistance des militants des Jeunesses communistes à commencer par celle d'un dénommé... Guy Môquet.


## juillet 1940

Foissin rencontre le chargé d'affaires soviétique de passage à Paris

Dans la deuxième quinzaine de juillet, Foissin rencontre le chargé d'affaires soviétique de passage à Paris. Initiative personnelle, il l'informe du contenu des négociations avec les allemands. Ce dernier, selon Foissin, lui indique qu'il peut continuer à la condition de ne pas être "prisonnier moral des allemands" (1).

Evoquant des négociations politiques qui étaient hors du cadre fixé par l'IC, le compte rendu de Foissin suscitera la consternation à Moscou...

(1)  Le Mouvement social n°113 oct-dec 1980 p. 75.