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Janvier 1941

1er janvier 1941

● Le Parti communiste adresse ses vœux de bonne année aux masses laborieuses
1941
1941

LE PARTI COMMUNISTE
et son organe central
L'HUMANITE

présentent aux masses laborieuses de France leurs meilleurs vœux de nouvelle année et LEURS ENCOURAGEMENTS
A LA RESISTANCE à la politique d'oppression et de misère des capitalistes;
A LA LUTTE pour la libération sociale et nationale de notre pays.
A bas le gouvernement de Vichy au service des trusts.
Vive le gouvernement du peuple au service du peuple que préconise

LE PARTI COMMUNISTE FRANCAIS (SFIC).

(numéro spécial de décembre 1940)
Dans un numéro spécial de décembre 1940, l'Humanité clandestine célèbre le "XXe ANNIVERSAIRE DU Parti Communiste Français (SFIC)".

Ce numéro permet aussi au Parti communiste de présenter ses vœux aux masses laborieuses pour l'année 1941.

On notera que dans ce texte, le Parti communiste appelle à la "LA RESISTANCE" contre... "la politique d'oppression et de misère des capitalistes" autrement dit le gouvernement de Vichy. Aucune référence aux Allemands, un oubli sûrement...

Terminons en indiquant que la "libération nationale" ne fait aucunement référence à la lutte armée. Elle est associée dans le projet communiste à un traité de Paix négocié par un Gouvernement du Peuple.


10 janvier 1941

● Accord économique germano-soviétique

Prolongeant et amplifiant le programme économique prévu par l'accord-cadre du 11 février 1940, la convention du 10 janvier 1941, signée à Moscou par K. Schnurre, haut-fonctionnaire du ministère allemand des Affaires étrangères, et A. Mikoyan, Commissaire du peuple pour le commerce extérieur, fixe le volume des échanges entre l'URSS et l'Allemagne jusqu'à la date du 1er août 1942.

Le principe de ces échanges reste inchangé : l'URSS fournit à l'Allemagne des matières premières qui sont compensées par des livraisons allemandes de biens industriels. Les deux postes les importants de ces livraisons de matières premières sont le blé et le pétrole.

On citera un extrait d'un texte de Gabriel Péri intitulé "Au seuil de 1941" dans lequel le dirigeant communiste souligne notamment que la collaboration économique ente l'URSS et l'Allemagne répond "aux intérêts fondamentaux des deux Etats" : 

"L'URSS a signé avec l'Allemagne un Pacte de non-agression. Ce pacte a facilité la conclusion d'accords commerciaux entre les deux pays. Dans le cadre des relations pacifiques qui se sont établies entre l'URSS et l'Allemagne se sont déroulées à la mi-novembre les entretiens Molotov-Hitler à Berlin. Enfin le 10 janvier ont été signés entre l'Allemagne et l'URSS trois autres accords. L'un délimite les frontières soviéto-allemandes à la suite de l'adhésion des Etats Baltes à l'URSS. L'autre prévoit des échanges de population entre les les Etats soviétiques baltes et l'Allemagne. Le troisième règle les échanges commerciaux commerciaux entre l'URSS et l'Allemagne et prévoit l'accroissement de ces échanges. Ces conventions on le voit, correspondent à la conception souvent définie par Molotov des relations germano-soviétiques. Ces relations ne sont pas fondées — a expliqué le Président du Conseil des Commissaires du Peuple — sur des circonstances fortuites mais correspondent aux intérêts fondamentaux des deux Etats."


13 janvier 1941

● Article "Vichy en crise"

"Le peuple français ne marche pas pour une politique de collaboration qui signifie la domestication de la France. Il n'envisage qu'une collaboration celle qui l'unira au peuple allemand, aux soldats allemands, qui ont comme nous à conquérir le droit à une vie nouvelle en abattant à jamais le régime capitaliste."

(L'Humanité n° 97 du 13 janvier 1941)

Dans son numéro du 13 janvier 1941, l'Humanité montre clairement la différence entre la collaboration pétainiste "qui signifie la domestication de la France" et la collaboration communiste qui "unira [le peuple français] au peuple allemand".

Distincte de la collaboration pétainiste, la collaboration communiste a été définie dans un texte publié en décembre 1940 sous le titre "La politique de Montoire-sur-(le-)Loir".


## janvier 1941

● Brochure des JC intitulée "Jeunesse de France"

"Jeune homme de vingt ans, les communistes ne veulent pas te farder la vérité. C'est leur héroïque destin d'aller souvent contre le courant. Nous proclamons dès lors sans réticence que si nous avions dirigé les destinées de la France en juin 1940, comme les bolchéviks dirigeaient les destinées de la Russie en 1918, nous aurions mis fin à la guerre, nous aurions signé la paix comme les bolchéviks l'ont signée en en 1918.
La paix que signèrent les bolchéviks en 1918 était très dure. Mais elle était signée par un gouvernement du peuple qui s'attachait à la réorganisation socialiste du pays, qui expropriait les capitalistes et les propriétaires fonciers. Cette paix qui, pour un autre gouvernement, eût été un suicide, a été pour les Soviets le premier pas dans la voie de la reconstruction de la Russie.
L'armistice de Laval et de Pétain est un contrat de servitude et de peur. Il enchaîne la France au vainqueur. D'un jour à l'autre, il risque de faire, des Français, les soldats de l'Allemagne. La paix qu'eût signée un gouvernement français populaire, ami et allié de l'Union soviétique, eût été le signal du relèvement du pays dans l'indépendance. Elle eût été conforme à l'intérêt du peuple français, conforme à l'intérê peuple allemand, car un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple libre. Elle eût ouvert la voie à l'entente internationale exclusive de toute hégémonie, respectueuse de l'indépendance des Nations.
Cette paix - la vraie - alors que l'armistice Pétain n'est qu'un accord d'esclavage - nous eût permis de panser nos blessures."

(Brochure "Jeunesse de France" de janvier 1941 / Exemplaire)

En janvier 1941, la Fédération des Jeunesses Communistes de France diffuse à 20 000 exemplaires une brochure intitulée "Jeunesse de France.

Rédigée en octobre 1940 par Gabriel Péri, cette brochure d'une cinquantaine de pages montre que les Jeunesses communistes sont resté fidèles à leur histoire en s'engageant pour la Paix au cours du conflit franco-allemand de 1939-1940.

Brochure d'éducation, cette publication doit convaincre les jeunes Français d'adhérer aux Jeunesses communistes pour défendre le projet du Parti communiste : la Paix par la Révolution socialiste.

Dans l'extrait cité, s'adressant à leur lecteur ("Jeune homme de vingt ans") avec gravité ("les communistes ne veulent pas te farder la vérité") les Jeunesses Communistes affirment que si le Parti communiste avait pris le pouvoir en juin 1940 après la démission du Gouvernement Reynaud auquel a succédé le Gouvernement Pétain, il aurait mené sur le plan extérieur et intérieur une politique identique à celle des bolchéviks en 1918 : Paix avec l'Allemagne et Révolution socialiste.

Le jeune de vingt ans quelque peu étonné par cette vérité énoncée en pleine occupation allemande a surement dû être rassuré par ces deux précisions :

1) Le traité de Paix que le Parti communiste aurait négocié avec Hitler aurait été "conforme à l'intérêt du peuple français, conforme à l'intérêt du peuple allemand",
2) Cette Paix aurait permis d'inaugurer une nouvelle ère dans les relations franco-allemandes en posant les bases d'une "entente internationale" entre la France communiste et l'Allemagne nazie.

Dernier élément, l'hypothèse relative à la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste en juin 1940 est aussi évoquée dans la brochure "Le Parti communiste a vingt ans" de février 1941.

● Brochure du PCF initulée "Nous accusons"

"Et surtout, n'oubliez pas ceci qui est l'essentiel :
Les communistes en prison, c'est la France enchaînée ! [...]
Méditez hommes et femmes de France, sur le drame du mois de juin dernier. Le régime odieux qui avait entrainé la France dans la guerre et dans la défaite aurait dû, en bonne justice, être balayé. Par qui a-t-il été momentané sauvé ? Par l'armée d'occupation. L'occupant a été la planche de salut pour le système d'exploitation capitaliste. Entre ce naufragé rescapé et son sauveur, un contrat de gangsters est intervenu. Et ce contrat joue contre nous, contre le Peuple de France.
Hommes et femmes de France, vous payez tous les jours le tribut de ce contrat qui vous coûte 400 millions quotidiennement pour les frais de l'armée occupante; vous payer ce tribut lorsqu'on vous impose d'insupportables restrictions parce que l'occupant rafle une partie des produits de votre alimentation; vous payer ce tribut lorsque l'occupant et ses domestiques de Vichy organisent la désindustrialisation de la France et condamnent à l'inaction des millions de travailleurs; vous risquez de payer ce tribut plus chèrement encore demain, au prix de votre sang, si l'occupant fait de vous ou de vos fils des soldats de sa guerre contre l'Angleterre.
Or, les communistes vous montrent au milieu de tant d'angoisses et de malheur la voie du salut : la voie Salut, disent-ils, ce n'est point celle que vous indiquent les amis du général de Gaulle qui voudraient lier la France à la fortune chancelante du l'impérialisme britannique sur le déclin; la voie du salut ce n'est point non plus celle qui aboutirait à l'esclavage de ce pays condamné à travailler pour le profit de colonisateurs féroces.
Le salut est dans l'entente internationale des peuples, fondée sur leur libre collaboration. Il n'y a pas plus juste modèle de ce que doivent être les Etats-Unis d'Europe que celui que nous offre la communauté fédérative des peuples libres de l'Union Soviétique.
Le salut, c'est le renversement de l'ordre ancien, c'est l'expropriation des capitalistes; le salut c'est la Révolution ! le salut c'est le Socialisme. [...]
Hommes et femmes de France, vous êtes à la croisée des chemins. Le salut ne viendra ni de Londres, ni de Washington ni de Berlin. Il ne vous sera pas apporté par un miracle. Il est en vous. Il faut choisir, l'esclavage ou la Révolution socialiste et se souvenir qu'il n'y a qu'une manière d'être révolutionnaire, la manière communiste. Et il n'y a qu'un socialisme, celui dont les communistes sont les champions, celui qui a triomphé sur un sixième du globe, en URSS, dans le grand pays des Soviets de Lénine et Staline.
Hommes et femmes de France, ne laissez pas plus longtemps les meilleurs fils du peuple servir d'otages à ceux qui vous rançonnent, ne vous résignez pas ! Les temps sont durs certes, ne vous laissez pas abattre cependant par le découragement. Ne dites pas : « Il n'y a rien à faire ». Il y a tout à faire, au contraire.
Et, pour commencer, il faut forcer les portes des prisons et les barbelés des camps.
Il faut s'unir pour délivrer les communistes, c'est-à-dire commencer à conquérir la Paix, dans la Libération sociale, dans l'indépendance nationale, par la Révolution socialiste. A l'exemple de la Révolution d'octobre 1917 qui assura la victoire triomphante du socialisme sur un sixième du globe."

Brochure "Nous accusons" de janvier 1941 / Exemplaire)

En janvier 1941, le Parti communiste diffuse à 20 000 exemplaires une brochure de 48 pages intitulée "Nous accusons".

Rédigé en octobre 1940 par Gabriel Péri, ce texte est un véritable réquisitoire contre... le gouvernement français et son bellicisme pendant la guerre de 1939-1940. Il est aussi - à l'inverse - une célébration du Parti communiste et de son combat pour la Paix.

Les 9 dernières pages de cette publication sont consacrées à l'occupation allemande : "Occupation - La répression contre les communistes champions de l'indépendance française".

On fera remarquer que ces pages font de nombreuses références à "l'occupant" sans jamais mentionner ni sa nationalité, ni son idéologie, ni son chef. Des oublis sûrement...

Evoquant les premières semaines de l'occupation, la brochure célèbre dans un long développement l'Appel au "Peuple de France" de juillet 1940. Elle affirme que ce texte est un plaidoyer pour la Paix avec l'Allemagne nazie dans lequel sont soulignés les différences entre la paix communiste et la paix pétainiste  :  "Il [Le Parti communiste] déclare que la Paix doit être fondée sur la collaboration internationale, dans l'égalité des droits et non sur l'oppression, car un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple libre".

Pour les communistes la paix et la collaboration pétainistes sont fondées sur la soumission à l'impérialisme allemand. C'est pour cette raison qu'ils défendent leur projet pacifiste en mettant en avant ces deux éléments :

1) "l'égalité de droit". Les communistes s'engagent à négocier avec Hitler sur un pied d'égalité afin de conclure un traité de Paix qui soit conforme aux intérêts du peuple français et du peuple allemand.
2) "la collaboration internationale". Ce terme décrit la nature des relations qu’entretiendront à l'avenir la France communiste et l'Allemagne nazie. Le traité de Paix franco-allemand étant la première manifestation de ces nouvelles relations entre les deux pays.

La brochure "Nous accusons" présente la particularité d'être l'une des rares publications communistes dans laquelle il est fait référence aux négociations de l'été 1940 entre le PCF et les autorités allemandes.

Dans ce texte publié en janvier 1941, le Parti communiste regrette l'échec de ces négociations qui est attribué au refus des Allemands de satisfaire ses revendications :

"Et ce langage des communistes était le seul digne, et du peuple français, et du peuple allemand. 
Il n'a pas été entendu des Autorités occupantes."

Enfin, revenant sur les événements de l'automne, cette brochure dénonce avec virulence les arrestations massives de militants et d'élus communistes au début d'octobre 1940.

Cette dénonciation se termine sur un Appel - extrait cité - dans lequel elle incite les Français à se mobiliser pour obtenir la libération de tous les militants et élus communistes détenus dans les prisons et dans les camps.

Elle précise que la libération de ces détenus sera la première étape dans la mise en œuvre du projet du Parti communiste qui est ainsi défini : "la Paix [....] par la Révolution socialiste" autrement dit la constitution d'un Gouvernement communiste qui renversera le régime capitaliste et négociera la Paix avec Hitler.

Ce projet constitue "la voie du Salut" contrairement à celui défendu par "les amis du général de Gaulle qui voudraient lier la France à la fortune chancelante de l'impérialisme britannique sur le déclin".

Sa réalisation permettra d'inaugurer une nouvelle ère dans les relations franco-allemandes en posant les bases d'une "entente internationale des peuples, fondée sur leur libre collaboration"