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Brochure "Réponse aux chefs communistes" 9/10 - Discours de Daladier du 18 juillet 1946 - Annexes 5 à 7


ANNEXE 5


LETTRE DU DEPUTE COMMUNISTE BILLOUX 
A PETAIN


Le 19 décembre 1940 - deux mois après les entrevues de Montoire et la politique dite de collaboration - M. Billoux, député communiste déchu des Bouches-du-Rhône, adressait une lettre à Pétain afin de demander sa libération et celle de ses camarades incarcérés pour menées antinationales au début de la guerre. Voici les principaux arguments invoqués par M. Billoux.

« A Monsieur le Maréchal Pétain, chef de l'Etat français »

« Le 26 juin 1940, dans un manifeste, vous disiez, Monsieur le Maréchal : « Je hais les mensonges qui nous ont fait tant de mal  ». Il faudrait alors, pour dissiper un certain nombre de mensonges, que vous fassiez connaître à l'ensemble de la population de France :
1° La lettre du groupe ouvrier et paysan français adressée le 1er octobre 1939 au Président de la Chambre;
2° Les compte-rendus des débats de notre procès et la déclaration que j'ai lue, au nom de tous mes amis, au terme de ces débats.
« Dans cette déclaration nous disions par exemple : « Nous sommes poursuivis parce que nous nous sommes dressés et que nous nous dresserons avec la dernière énergie contre la guerre impérialiste qui sévit sur notre pays, parce que nous appelons le peuple à exiger qu'il y soit mis fin par la paix, parce que nous indiquons au peuple de France le moyen de rendre notre pays libre et heureux. « Les gouvernants français et les capitalistes au nom de qui ils agissent tentent de faire croire que les responsabilités de la guerre sont unilatérales, qu'eux-mêmes n'y sont pour rien, que le peuple de France se bat pour la Justice, la Liberté et l’Indépendance des peuples. Mensonges ! Les responsables de la guerre ? Nous nous refusons à nous faire les complices de cette énorme duperie qui consiste dans chaque pays à les rejeter sur les gouvernements ennemis. Il y en sa chez nous. En premier lieu, l'ex-gouvernement et son chef, M. Daladier, qui a dirigé l'Etat contre le peuple... »
...« Si vous voulez donc en finir avec les mensonges, Monsieur le Maréchal, il faut aussi libérer immédiatement les communistes, et les seuls députés qui se sont dressés contre la guerre...
...« Etant donné que rien n'a été publié sur les débats en huis clos de notre procès où nous avions dénoncé les véritables fauteurs de guerre, je demande à être entendu comme tous mes amis en qualité de témoin par la Cour suprême de Riom.
« Veuillez agréer, Monsieur le Maréchal, l'assurance de ma haute considération. »

François BILLOUX.



ANNEXE 6


UN DISCOURS DE MAURICE THOREZ
A BERLIN


Le 15 janvier 1933, à l'occasion du dixième anniversaire de l'occupation de la Ruhr par les forces françaises, M. Maurice Thorez prononçait à Berlin un « important discours » que l'Humanité du lendemain (n° 12.452 du 16 janvier 1933) publiait in extenso.
Voici le commentaire de l'Humanité et les principaux passages du discours de Maurice Thorez.

...« Double anniversaire hier à Berlin ! ... Anniversaire de l'occupation de la Ruhr par les forces de l'impérialisme français. Commémoration de la mort, de l'odieux assassinat par les sbires aux ordres de Noske, Scheidemann, de nos vaillants camarades Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg.
...« De même que Thaëlmann parlait il y a quelques semaines à Paris, notre camarade Thorez, devant des milliers de travailleurs berlinois, a prononcé cet important discours, qui doit encore contribuer au rapprochement du prolétariat français et allemand dans la lutte contre l'impérialisme.

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...« Il y a dix ans, en janvier 1923, nous nous sommes ensemble élevés avec une grande vigueur contre l'occupation de la Ruhr, décidée par le sinistre Poincaré, sous prétexte de manquements dans le paiement des réparations exigées du peuple allemand.
...« Nos deux partis frères, nos deux fédérations de la jeunesse communiste, déployèrent alors une activité considérable. De cette époque date la tradition antimilitariste des communistes français, diffusant parmi les troupes françaises des dizaines de milliers d'affiches et de journaux et pénétrant dans les camps et dans les casernes, organisant en commun avec les communistes d'Allemagne la fraternisation entre les soldats français et les prolétaires de la Ruhr. En France, fut menée une ardente campagne de meetings et de manifestations.
...« Nous, travailleurs de France, nous avons agi dans l'esprit de Karl Liebknecht, « l'ennemi est dans notre propre pays ».
...« Le système de Versailles pour la France, qui exploite 80 millions d'esclaves coloniaux, qui opprime 2 millions d'ouvriers et de paysans d'Alsace-Lorraine, c'est le droit d'écraser sous son joug exécrable le peuple allemand, sous le tribut des réparations, mutilé par des frontières arbitraires, tel l'impossible corridor et injustement frappé par l'article 231 du Traité de Versailles qui prétend établir la responsabilité unique de l'Allemagne dans le déclenchement de la guerre, voulue et préparée par tous les Gouvernements de tous les pays impérialistes et imposée à tous les peuples victimes. Le système de Versailles, c'est aussi la mise en bière par la France, des Etats vassaux de l'Europe Centrale et Orientale, Pologne, Yougoslavie, Roumanie, Tchécoslovaquie, dressées systématiquement contre les autres peuples et surtout contre l' Union soviétique.
...« Nous, communistes de France, nous luttons et nous appelons les travailleurs de notre pays à la lutte pour l'annulation du Traité du Versailles, pour la suppression définitive et sans condition des réparations; « pas un pfenning du peuple allemand », tel est notre mot d'ordre; pour l'évacuation immédiate de la Sarre; pour la libre disposition du peuple d'Alsace-Lorraine, jusques et y compris la séparation d'avec la France, pour le droit de tous les peuples de langue allemande de s'unir librement. Nous voulons briser les chaînes qui ligotent le peuple allemand et nous combattons pour l'indépendance absolue des peuples coloniaux.
...« La France du Traité de Versailles n'est qu'un vaste champ de manœuvres, un formidable camp retranché pour maintenir le système de Versailles, ébranlé profondément sous les coups de la crise économique mondiale.
«  La France impérialiste de Poincaré et de Boncour est toujours plus agressive et plus provocante. Le système de Versailles est en Europe le principal foyer de guerre. La France, gendarme de l`Europe, le pays le plus militariste des pays militaristes, est le coup de feu qui met le feu aux poudres.

Maurice THOREZ



ANNEXE 7


UN JUGEMENT DE M. LEON BLUM SUR
LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS


« Ici encore la preuve est faite : le rapprochement intime des démocraties anglo-saxonne et française avec la Russie soviétique, c'est-à-dire un « Front Populaire » international, aurait été le salut de la Paix.
« Mais précisément, Staline avait éludé ce rapprochement; c'est avec Hitler qu'il avait traité en fin de compte; c'est le marché passé par lui avec Hitler qui avait permis l'invasion de la Pologne et déterminé la guerre. L'indignation publique s'était alors justement déchaînée : Staline avait trahi la Paix, et le parti communiste, en lui restant obstinément fidèle, trahissait la France.
« Jusqu'à la veille du pacte germano-soviétique, il avait donné le ton et même le branle dans sa campagne contre le nazisme; dès le lendemain, il proclamait son inaltérable soumission à Staline, allié de Hitler contre la France.
« Ainsi, il était devenu patent que la direction du parti communiste français ne lui appartenait pas en propre, mais lui était imposée du dehors. Il obéissait aveuglément aux ordres dictés, non point par une organisation internationale, mais par une puissance, un Etat qui le transformait lui-même au gré de ses intérêts nationaux. Il n'était donc pas un parti internationaliste, mais bien un parti nationaliste étranger.
« Or, depuis août 1939, Staline avait décidé que l'intérêt de la République des Soviets était de s'allier avec Hitler, ennemi de la France. Il 'était donc inévitable que, durant la guerre et au lendemain de la défaite, la soumission communiste à Staline apparût comme une trahison envers le Pays. »

Extrait du livre A L'Echelle humaine.