Le 18 juin 1940 à Londres, opposé aux négociations d’armistice
engagées la veille par le Gouvernement Pétain, le Général de
Gaulle s'est exprimé sur les antennes de la BBC pour appeler les Français à poursuivre le combat contre
l’envahisseur allemand.
Initiative d'un officier supérieur refusant la défaite quand tous l'acceptaient, coup d'éclat motivé par son patriotisme, message d'espérance dans une France en pleine débâcle, l'Appel du 18 juin 1940 a été l'acte fondateur de la Résistance française : Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne
doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas".
Cet événement est
aujourd’hui enseigné, commémoré, célébré avec toutefois une
limite significative : il n'est jamais rappelé que
cet appel a été fermement condamné par... le Parti Communiste Français.
Cet oubli délibéré et systématique est une illustration du devoir d'amnésie qui s'applique à l'action du PCF entre 1939 et 1941.
Un exemple de la condamnation communiste, un article publié dans l'Humanité n° 59 du 4 juillet 1940 sous le titre "Le peuple de France veut la paix" :
"Il [Le peuple de France] demande d'énergiques mesures contre tous ceux, qui par ordre de
l'Angleterre impérialiste, voudraient entraîner à nouveau les Français
dans la guerre.
Il demande la conclusion d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui
compléterait le pacte germano-soviétique et serait la garantie de la
paix en Europe."
Trois remarques sur le texte. Tout d'abord, il contient un appel à prendre "d'énergiques mesures" contre le Général de Gaulle et ses partisans. A qui s'adresse cet appel ? Aux Allemands, à Pétain ou aux deux ?
Ensuite, on peut constater que l'antigaullisme du PCF est motivé par son pacifisme qui est la conséquence du Pacte germano-soviétique.
Enfin, élément tout aussi révélateur, l'Humanité plaide pour "un pacte d'amitié franco-soviétique" en précisant : 1) qu'il serait un complément du "pacte germano-soviétique" et donc conforme aux intérêts de l'Allemagne nazie, 2) qu'il serait "la garantie de la paix en Europe" autrement dit qu'il assurerait le succès d'une négociation de Paix entre un Gouvernement communiste et Hitler, et inciterait en outre l'Angleterre à mettre fin au conflit anglo-allemand.
Par son contenu, l'Humanité du 4 juillet 1940 est une parfaite illustration de la ligne pacifiste, antigaulliste, anglophobe et germanophile du PCF.
Au vu de ces éléments, on posera la question suivante : doit-on considérer ce numéro comme un acte de Résistance ou un acte de Collaboration ?
Au vu de ces éléments, on posera la question suivante : doit-on considérer ce numéro comme un acte de Résistance ou un acte de Collaboration ?
Composé de quatre parties, le présent texte portera sur l'action du PCF entre juin 1940 et juin 1941.
Après avoir montré que le PCF a approuvé
l'armistice franco-allemand du 22 juin 1940 (I), qu'il a condamné le Général
de Gaulle et son appel à poursuivre le combat contre l'envahisseur
allemand (II) et enfin qu'il s'est mobilisé entre juin 1940 (défaite de la
France) et juin 1941 (invasion de l’URSS par les armées allemandes) sur
une ligne pacifiste, antigaulliste, anglophobe, et germanophile (III), on reproduira pour chaque mois de
cette période des extraits de textes illustrant cette ligne (IV).
Cette petite contribution à la lutte contre le devoir d'amnésie aura
comme motivation le principe suivant : la vérité, vous pouvez la nier, la
censurer ou la falsifier, jamais vous ne l'effacerez.
Partie I
Gouvernement Pétain
Le 16 juin 1940, réfugié dans la ville de Bordeaux depuis deux jours, le
Gouvernement Reynaud démissionne à 22 heures au terme d'un Conseil des
ministres au cours duquel se sont une nouvelle fois affrontés opposants
et partisans de l'armistice.
A la tête de ceux qui veulent mettre fin au conflit avec l'Allemagne et qui défendent au sein du gouvernement la même position que le Commandant en chef des armées françaises, le Général Weygand : le Maréchal Pétain, vice-président du Conseil et ministre d'Etat. Ce dernier est aussitôt chargé par le Président de la République de former un nouveau gouvernement. Dans ce Gouvernement de Paix qui sera formé en moins d'une heure entreront deux représentants de l'Union Socialiste et Républicaine (USR), le parti de Marcel Déat, deux radicaux-socialistes (PRRRS), dont Camille Chautemps à la vice-présidence, et avec l'accord de Léon Blum deux socialistes (SFIO) qui étaient membres du cabinet démissionnaire : André Février et Albert Rivière. Unis avec le PCF dans une coalition appelée le Front Populaire, ces trois partis de gauche avaient remporté les élections législatives de 1936.
Parmi
ceux qui veulent continuer de se battre contre les Allemands : le
Général de Gaulle, sous-secrétaire d'Etat à la Défense nationale et à la
Guerre attaché à la présidence du Conseil. Après s'être illustré dans
les combats contre la Wehrmacht à la tête de la 4e Division
Cuirassée, ce dernier a rejoint le gouvernement le 5 juin 1940. N'ayant
pas une fonction ministérielle, il n'assiste jamais au Conseil des
ministres. En mission en Angleterre, il apprendra la démission du
gouvernement à son retour à Bordeaux dans la soirée. Après la
constitution dans la nuit d'un cabinet marquant la victoire du clan des
défaitistes, il décide le lendemain matin de repartir pour Londres. Il
s'embarquera dans l'avion ramenant en Angleterre l'envoyé spécial de
Churchill, le Général Spears. Les Anglais espéraient la venue d'un homme politique de premier plan
comme Paul Reynaud ou Georges Mandel pour poursuivre la guerre au nom de la France. Les circonstances leur imposeront
un colonel nommé au grade de général de brigade à titre temporaire (2
étoiles) en mai 1940, un éphémère sous-secrétaire d'Etat, un homme inconnu des
Français...
Demande d'armistice
Le 17 juin, en début d'après-midi, le nouveau président du Conseil prononce à la radio une courte allocution dans laquelle il déclare qu'il faut mettre fin au conflit avec l'Allemagne ("il faut cesser le combat") avant d’annoncer qu'il est entré en contact avec le gouvernement allemand pour négocier un armistice.
Illustration de l'alliance germano-soviétique, quelques heures après cette annonce, Viatcheslav Molotov, président du Conseil et commissaire du peuple aux Affaires étrangères, convoque l'ambassadeur allemand à Moscou, Friedrich Werner von der Schulenburg, pour lui exprimer "les plus chaleureuses félicitations du Gouvernement soviétique pour le magnifique succès des forces armées allemandes". (Télégramme n° 1167 du 17 juin 1940)
Le lendemain, à Londres, le Général de Gaulle s'exprime à la BBC pour condamner la demande d'armistice et appeler les Français à poursuivre le combat contre l'envahisseur allemand. Initiative d'un officier supérieur refusant la défaite quand tous l'acceptent, coup d'éclat motivé par son patriotisme, message d'espérance dans une France en pleine débâcle, l'Appel du 18 juin 1940 est l'acte fondateur de la Résistance française : Quoi qu'il arrive, la flamme de la résistance française ne
doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas".
A l'inverse de la position gaullienne, le Parti communiste, qui s'est engagé pour la Paix avec les nazis dès septembre 1939 en arguant que la guerre contre l'Allemagne d'Hitler était une guerre impérialiste, approuve la démarche du Gouvernement Pétain dans l'Humanité du mercredi 19 juin 1940 qui présente la particularité de reproduire un communiqué... de la Wehrmacht :
"Tous
les hommes qui constituent le gouvernement portent, à des titres
divers, la responsabilité de la politique qui a conduit la France à la
guerre, à la catastrophe. Le maréchal Pétain a dit qu'il faut tenter de
cesser le combat. Nous
prenons acte, mais le peuple prendra acte aussi du fait que si, en
septembre dernier les propositions des députés communistes avaient été
retenues, nous n'en serions pas où nous en sommes.
Les
députés communistes qui, en septembre proposaient une paix qui auraient
laissé intactes la puissance et l'économie française, en même temps
qu'elle aurait épargné bien des vies humaines et des destructions,
furent jetés en prison et aujourd'hui ceux qui ont fait cette criminelle
besogne sont acculés à la paix après la défaite."
Soumis aux autorités allemandes comme un numéro modèle de l'Humanité légale, ce numéro rappelle que les députés communistes ont été emprisonnés parce qu'ils avaient demandé l'organisation d'un vote du Parlement en faveur d'une "paix juste, loyale et durable que du fond de leur cœur souhaitent tous nos concitoyens" dans une lettre remise au président de la Chambre quelques jours après la victoire des armées allemandes et soviétiques en Pologne.
Armistice franco-allemand
Demandé le 17 juin 1940 par le Gouvernement Pétain, l'armistice franco-allemand est signé le 22 juin.
Dans l'attente des négociations portant sur un traité de Paix,
cet armistice impose au pays vaincu l'occupation d'une zone couvrant les
trois-cinquièmes de son
territoire et comprenant sa capitale, le maintien en captivité de 1,5
million prisonniers de
guerre, la démobilisation et le désarmement de ses forces armées,
et enfin le paiement d'une indemnité journalière dont le montant sera
fixé quelques semaines tard à 400 millions francs soit une somme
absolument délirante relevant plus des réparations de guerre que de
l'entretien d'une armée d'occupation.
Dans
une allocution prononcée le lendemain à la radio de Londres, le Général
de Gaulle déclare que cet armistice est une véritable "capitulation" et
que de ce fait le Gouvernement Pétain a perdu toute légitimité :
"L'armistice accepté par le gouvernement de Bordeaux est une capitulation.
Cette
capitulation a été signée avant que soient épuisés tous les moyens de
résistance. Cette capitulation livre à l'ennemi qui les emploiera contre
nos alliés nos armes, nos avions, nos navires, notre or. Cette
capitulation asservit complètement la France et place le gouvernement de
Bordeaux sous la dépendance immédiate et directe des Allemands et des
Italiens.
Il
n'existe donc plus sur le territoire de la France métropolitaine de
gouvernement indépendant susceptible de soutenir au dehors les intérêts
de la France et ceux des Français."
Pour connaître la réaction du PCF à la
défaite de la France et à l'occupation allemande qui en est la conséquence, il suffit de lire l'Humanité du 24 juin 1940 et son article leader intitulé... "Construire la paix" :
"L'armistice est signé.
Ah,
certes nous serrons les poings à la pensée qu'une autre paix eut pu
être conclue en Septembre-Octobre dernier comme la proposaient les
Communistes. Mais à cette époque Daladier jugeait que les ordres de la
Cité de Londres devaient être obéis.
Construire la Paix ! Voilà donc la tâche urgente.
Nous
savons bien, nous autres communistes, qu'il n'y aura de paix véritable
que lorsque auront été extirpées les racines profondes de la guerre. LA PAIX C'EST LE SOCIALISME.
Lutter
pour la paix, c'est coordonner l'action des prolétaires de tous les
pays dans la lutte pour la victoire du socialisme, de ce socialisme dont
l'URSS offre au monde le resplendissant exemple. Tel est notre but.
Préparer
cette paix implique que la France est un gouvernement capable de
comprendre et de traduire les aspirations populaires. La France de juin
1940 ne possède pas un [tel] gouvernement. [...]
Pour négocier la paix, il faut pouvoir parler au nom du peuple. On ne parle
pas au nom du peuple quand on tient en prison et dans les camps des
milliers de militants du peuple. Seul, sera digne de négocier une paix
équitable, le gouvernement qui rendra au prolétariat ses droits et sa
liberté. [...]
Que disparaissent les fauteurs de guerre, les responsables du désastre, les valets de la Cité de Londres : PLACE AU PEUPLE !".
Dans ce texte approuvant l'armistice franco-allemand, l'Humanité affirme que seul le Parti
communiste est en mesure de négocier avec Hitler "une paix véritable" ou encore une "paix équitable"
car il est le seul Parti à s'être opposé à la guerre et à pouvoir en outre bénéficier du soutien de l'URSS, alliée de l'Allemagne.
Ajoutons quatre remarques supplémentaires.
Tout d'abord, l'Humanité rappelle l'initiative pacifiste des députés communistes à la fin de la Campagne de Pologne et en attribue l'échec à la soumission du gouvernement français aux "ordres de la Cité de Londres".
Enfin, par son contenu, cet article est en totale conformité avec le projet défendu par les communistes depuis le début du conflit à savoir la Paix par la Révolution socialiste ("LA PAIX C'EST LE SOCIALISME").
Ajoutons quatre remarques supplémentaires.
Tout d'abord, l'Humanité rappelle l'initiative pacifiste des députés communistes à la fin de la Campagne de Pologne et en attribue l'échec à la soumission du gouvernement français aux "ordres de la Cité de Londres".
Ensuite, formulé dans le but de prouver que les communistes sont des
pacifistes de la première heure, ce rappel est aussi une dénonciation
implicite du Maréchal Pétain qui est accusé par la propagande communiste
de n'être qu'un belliciste au service du capitalisme français et anglais dont l'engagement tardif en faveur de la
Paix n'est qu'un opportunisme.
C'est d'ailleurs pour mettre en avant le bellicisme de ce dernier que le
texte décrit le président du Conseil ainsi que les membres de son
Gouvernement de Paix comme des "fauteurs de guerre" (impérialisme français) et des "valets de la Cité de Londres" (impérialisme anglais).
De plus, toujours dans le but de montrer que seul le projet pacifiste du Parti communiste est légitime, l'Humanité plaide pour une "paix équitable" ou encore une "paix véritable" par opposition à une paix inéquitable ou à une fausse paix négociée par le Maréchal Pétain.
Enfin, par son contenu, cet article est en totale conformité avec le projet défendu par les communistes depuis le début du conflit à savoir la Paix par la Révolution socialiste ("LA PAIX C'EST LE SOCIALISME").
Défaitisme révolutionnaire
Preuve que le pacifisme des communistes était en réalité synonyme de défaitisme révolutionnaire, les Instructions que le Parti communiste a envoyées à ses cadres en juillet 1940 pour guider leur action dans une France défaite et occupée par les nazis :
"L'impérialisme français vient de subir sa plus grande défaite de l'Histoire.
Résultat et suite logique de Munich : trahison et politique réactionnaire.
BILAN. - L'ennemi - qui est à l'intérieur dans toute guerre impérialiste - est par terre.
La
classe ouvrière française et mondiale doit retenir cet événement comme
une victoire et comprendre qu'il faut voir là un ennemi de moins. Il
importe donc de mettre tout en œuvre pour que la chute de l'impérialisme
français soit définitive. Il ressort, à la constatation de cet état de
chose, que la lutte du peuple français a eu le même objectif que la
lutte de l'impérialisme allemand contre l'impérialisme français. Il est
exact qu'en ce sens ce fut un allié occasionnel.
(Lénine
nous a appris qu'il nous faut pas hésiter, lorsque la situation le
commande et lorsqu'il y va de l'intérêt du peuple, de s'allier -
occasionnellement - même eu diable.) Se souvenir de la lettre de Lénine
aux ouvriers américains (1918) et disant que quiconque ne comprend pas
cela n'est pas révolutionnaire."
Dans cet extrait, le Parti communiste se félicite de la défaite de la France : "l'impérialisme français vient de subir sa plus grande défaite de l'Histoire".
Sur ce constat enthousiaste, il rend hommage à son engagement contre la guerre en rappelant que son ennemi dans le conflit franco-allemand n'était pas Hitler mais le gouvernement français et tous ses soutiens : "L'ennemi - qui est à l'intérieur dans toute guerre impérialiste - est par terre".
Sur ce constat enthousiaste, il rend hommage à son engagement contre la guerre en rappelant que son ennemi dans le conflit franco-allemand n'était pas Hitler mais le gouvernement français et tous ses soutiens : "L'ennemi - qui est à l'intérieur dans toute guerre impérialiste - est par terre".
Considérant que par sa mobilisation il a contribué à la défaite de la France, il affirme que "la classe ouvrière française et mondiale" doit célébrer cet événement comme "une victoire" et voir dans la chute de l'impérialisme français "un ennemi de moins".
Il va même jusqu'à reconnaître Hitler comme un "allié occasionnel" dans ce combat contre l'impérialisme français. A ceux qui pourraient être choqués par cette alliance, il répond que quiconque la désapprouve "n'est pas révolutionnaire".
Dernier élément, il indique qu'il importe de "mettre tout en œuvre pour que la chute de l'impérialisme
français soit définitive". Autrement dit même après la signature de l'armistice franco-allemand, l'ennemi est toujours l'impérialisme français.
Autre document dans lequel le Parti communiste se félicite de la défaite de la France : la "Lettre aux militants communistes" de novembre 1940. Dans ce tract rédigé au mois d'octobre, on peut notamment lire :
"Nous sommes au quatorzième mois de la deuxième guerre impérialiste en
Europe et nous avons sous les yeux le bilan suivant : un puissant
impérialisme a été abattu [La France]; ceux qui avaient l'habitude faire
la guerre par procuration sont obligés de se battre directement
[L'Angleterre]; ceux qui déclarèrent la guerre au dernier moment dans
l'espoir qu'elle durerait quinze jours, sont obligés de continuer la
lutte [L'Italie] et ceux qui comptaient sur de fulgurantes et décisives
victoires doivent tout recommencer au moment où ils croyaient avoir tout
fini [L'Allemagne]".
Partie II
Contre la Résistance
Preuve que l'appel du Général de Gaulle a été entendu en France, il est immédiatement condamné par deux partisans de la Paix avec Hitler : le Maréchal Pétain et le Parti Communiste Français.
Dans un communiqué de presse de son ministre de l'Intérieur en date du 19 juin 1940, le Gouvernement Pétain fait la déclaration suivante :
"Le
général de Gaulle, qui a pris la parole à la radio de Londres, ne fait
plus partie du gouvernement et n'a aucune qualité pour faire des
communications au public. Il a été rappelé de Londres et a reçu l'ordre
de rentrer en France et de se tenir aux ordres de ses chefs. Ses
déclarations doivent être regardées comme non avenues".
Quant au Parti communiste, il s'attaque pour la première fois au Général de Gaulle dans un Appel au "Peuple de Paris" diffusé le 25 juin 1940 :
"L'armistice est signé. Nos soldats ne se battent plus et, tandis qu'a
cessé le bruit du canon, nos pensées vont à tous ceux qui sont restés
sur les champs de bataille, aux mères, aux veuves, aux orphelins, aux
mutilés, à toutes les pitoyables victimes de la guerre.
C'est en vain que les agents de l'impérialisme britannique essayent
maintenant de persuader le peuple de France qu'il doit poursuivre
maintenant la guerre pour le compte des financiers de la Cité et, tandis
que ces messieurs tentent d'étendre le feu de la guerre aux colonies,
les communistes disent aux peuples coloniaux : "Mettez à profit les
difficultés de vos oppresseurs pour briser vos chaînes, pour vous
libérer, pour conquérir votre indépendance." [...]
Le gouvernement que le pays attend et que les événements imposent,
c'est un gouvernement populaire démocratique, s'appuyant sur le peuple,
lui inspirant la confiance, lui donnant des raisons de travailler et
d'espérer, un gouvernement de lutte contre la ploutocratie, composé
d'hommes courageux, honnêtes, ayant donné des preuves de leur dévouement
à la cause du peuple, un gouvernement décidé à maintenir la paix, un
gouvernement décidé à poursuivre avec l'URSS, pays du socialisme, une
politique d'amitié qui compléterait heureusement le Pacte
germano-soviétique et contribuerait à créer les conditions d'une paix
juste et durable."
Les deux caractéristiques marquantes de ce texte sont la condamnation
de la Résistance gaulliste et l'appel à former un gouvernement de Paix
communiste.
Deux remarques sur le premier point. Tout d'abord, pour dissuader les Français de s'engager dans la lutte contre les Allemands, le Parti communiste accuse le Général de Gaulle d'être un agent de "l'impérialisme anglais" et un défenseur des intérêts "des financiers de la Cité" autrement dit d'être un traître et un corrompu. En outre, pour empêcher l'implantation de la France Libre sur les territoires de l'Empire français, il appelle les peuples coloniaux à se battre pour leur indépendance.
Trois observations sur le second point. Tout d'abord, le Parti communiste affirme que la situation de la France exige le départ du Gouvernement Pétain, symbole du capitalisme et de la corruption, et son remplacement par un Gouvernement communiste : "Le gouvernement que le pays attend et que les événements imposent, c'est un gouvernement populaire démocratique, [...] un gouvernement de lutte contre la ploutocratie, composé d'hommes courageux, honnêtes, ayant donné des preuves de leur dévouement à la cause du peuple".
Ensuite, il indique clairement que ce gouvernement aura pour mission de conclure un traité de paix avec l'Allemagne d'Hitler : "un gouvernement décidé à maintenir la paix".
Enfin, il affirme que ces négociations seront un succès grâce au soutien de l'URSS, alliée de l'Allemagne : "un gouvernement décidé à poursuivre avec l'URSS, pays du socialisme, une politique d'amitié qui compléterait heureusement le Pacte germano-soviétique et contribuerait à créer les conditions d'une paix juste et durable."
Deux remarques sur le premier point. Tout d'abord, pour dissuader les Français de s'engager dans la lutte contre les Allemands, le Parti communiste accuse le Général de Gaulle d'être un agent de "l'impérialisme anglais" et un défenseur des intérêts "des financiers de la Cité" autrement dit d'être un traître et un corrompu. En outre, pour empêcher l'implantation de la France Libre sur les territoires de l'Empire français, il appelle les peuples coloniaux à se battre pour leur indépendance.
Trois observations sur le second point. Tout d'abord, le Parti communiste affirme que la situation de la France exige le départ du Gouvernement Pétain, symbole du capitalisme et de la corruption, et son remplacement par un Gouvernement communiste : "Le gouvernement que le pays attend et que les événements imposent, c'est un gouvernement populaire démocratique, [...] un gouvernement de lutte contre la ploutocratie, composé d'hommes courageux, honnêtes, ayant donné des preuves de leur dévouement à la cause du peuple".
Ensuite, il indique clairement que ce gouvernement aura pour mission de conclure un traité de paix avec l'Allemagne d'Hitler : "un gouvernement décidé à maintenir la paix".
Enfin, il affirme que ces négociations seront un succès grâce au soutien de l'URSS, alliée de l'Allemagne : "un gouvernement décidé à poursuivre avec l'URSS, pays du socialisme, une politique d'amitié qui compléterait heureusement le Pacte germano-soviétique et contribuerait à créer les conditions d'une paix juste et durable."
On notera que le Parti communiste plaide avec enthousiasme pour une alliance Thorez-Hitler-Staline en appelant à la signature d'un Pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait "heureusement" le Pacte germano-soviétique.
Par son contenu, cet appel reflète la ligne pacifiste, antigaulliste, anglophobe et germanophile du PCF.
L'Humanité Clandestine
La propagande antigaulliste du PCF sera constante, virulente et calomnieuse. Un exemple : l'Humanité clandestine.
L'organe central du PCF accusera le chef de la France Libre d'être un "agent de la finance anglaise" qui par vénalité veut "faire battre les Français pour la City" (l'Humanité du 1/07/40), d'être non seulement un belliciste qui veut "entraîner à nouveau les Français
dans la guerre" mais aussi un traitre qui agit sur "ordre de l'Angleterre impérialiste" (l'Humanité du 4/07/40), d'être un "ennemi du peuple" et de "vouloir la victoire de l'impérialisme anglais parce que c'est son intérêt" (l'Humanité du 14/02/41), d'avoir pour projet non seulement de "détruire à jamais les libertés publiques" mais aussi de préserver "l'horrible régime du sabre et du coffre-fort" autrement dit le régime capitaliste (l'Humanité du 5/03/41), d'être à la tête d'un mouvement "foncièrement réactionnaire
et antidémocratique" autrement dit fasciste et de vouloir en réalité "priver
notre de pays de toute liberté au cas d'une victoire anglaise." (l'Humanité n° spécial du 18/03/41), d'être un "assassin de la liberté" (l'Humanité n° spécial du 1/05/41), de faire couler "le sang français" (l'Humanité du 13/06/41) et enfin d'être comparable au Maréchal Pétain qui "fait tuer des enfants
de France pour l'Allemagne" en faisant "tuer d'autres Français pour l'Angleterre" (l'Humanité du 20/06/41).
Invasion de l'URSS
Le 22 juin 1941, l'Allemagne est en mesure d'envahir l'Union soviétique en raison de leur frontière commune issue de leur partage de la Pologne en septembre 1939. Cette attaque marque la fin de l'alliance germano-soviétique dont le fondement politique était le Pacte de non-agression du 23 août 1939 et le Traité de frontières et d'amitié du 28 septembre 1939.
Un commentaire : les communistes peuvent remercier Hitler car sans
cette attaque ils seraient encore les alliés des nazis aujourd'hui.
Pour sa défense l'URSS peut compter sur le soutien de l'Internationale communiste qui mobilise immédiatement ses membres.
La Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC) autrement dit le Parti Communiste Français (PCF) reçoit ses Instructions dans un télégramme du 25 juin 1941 co-signé par son secrétaire général, Maurice Thorez, qui s'est réfugié en Russie après sa désertion en octobre 1939 :
"Le moment est venu rechercher et organiser contacts directs avec mouvement gaulliste, dont partisans comprennent que lutte héroïque peuple soviétique contre agression hitlérienne répond intérêts peuple français et que libération France est liée à victoire Union soviétique. Collaboration doit s'établir sur la base suivante. Lutte commune pour libération nationale. Efforts communs contre ennemi commun, le fascisme allemand".
Dans ce télégramme, Moscou recommande aux communistes français de "rechercher et organiser contacts directs avec mouvement gaulliste" pour combattre ensemble un "ennemi commun : le fascisme allemand".
Résistance communiste
C'est sur la base des Instructions du 25 juin 1941 que le Parti communiste s'engagera dans la lutte contre l'occupant allemand.
Point important, les communistes se battront pour libérer... l'Union soviétique, leur véritable patrie.
Preuve que cet objectif sera bien celui des staliniens français, l'IC précise dans son télégramme que "libération France est liée à victoire Union soviétique" autrement dit la libération de la France sera la conséquence de celle de l'Union soviétique. La première sera donc subordonnée à la seconde.
L'entrée du PCF dans la Résistance changera radicalement le contenu de sa ligne politique. On pourra illustrer ce fait en mettant en avant les éléments suivants :
Tout d'abord, preuve de la souplesse de l'idéologie marxiste, la guerre contre l'Allemagne nazie ne sera plus analysée par les communistes comme une guerre impérialiste, elle sera désormais décrite comme une guerre de libération nationale. Ensuite, conséquence logique de sa nouvelle ligne politique, le Parti communiste abandonnera son programme de gouvernement de février 1941 dans lequel il plaidait pour la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste. Autre élément, au mois de juillet, pour la première fois
depuis le début du conflit, il s'attaquera à Hitler dans un tract intitulé "Qui est Hitler ?". Au vu des circonstances, on pourrait
interpréter ce titre comme un lapsus et l'aveu qu'après 22 mois de silence sur l'allié de Staline les communistes ont vraiment oublié qui était Hitler. Enfin, les staliniens français n'accuseront plus les gaullistes d'être des traîtres au service de l'impérialisme anglais mais les célébreront comme des frères d'armes dans la lutte contre les nazis.
Illustration du changement de la propagande communiste concernant le Général de Gaulle et preuve aussi de la volonté du PCF de prendre seule la direction de la Résistance : l'Humanité n° 122 du 29 juillet 1941.
Dans un texte intitulé "La Bataille des V" (référence au V des Résistants, symbole du mot victoire depuis le début de 1941, que les Allemands on tenté de combattre en lançant pour leurs troupes un V (victoria) symbolisant leurs succès militaires), l'organe central du PCF propose l'ajout de la faucille et du marteau au V pour marquer l'union des communistes et des gaullistes, et de fait l'abandon du V avec la croix de Lorraine :
"Les
allemands volent tout; ils ont même voulu voler le V. mais si notre V
signifie VICTOIRE, le leur signifie VERBRECHER (criminel) qualificatif
qui s'applique bien à Hitler.
Afin de différencier nos V des leurs, dessinons-les ainsi :

ainsi
s'affirme l'union des gaullistes, des communistes et de tous les
patriotes dans le Front National de l'Indépendance de la France."
Résistance française
Tous les faits précédemment exposés imposent de faire une claire distinction entre
Résistance française et Résistance communiste.
La création par le Parti communiste de structures non partisanes ayant pour objectif la libération du territoire national n'a été qu'une tactique visant à recruter des Français pour combattre les Allemands. L'objectif stratégique a toujours été le même.
Partie III
Ligne du PCF
entre juin 1940 et juin 1941
Entre juin 1940 (défaite de la France) et juin 1941 (invasion de l'URSS par les armées allemandes), dans une France occupée par les nazis, en totale conformité avec les Instructions de Moscou, le PCF s'est mobilisé sur une ligne pacifiste, antigaulliste, anglophobe, et germanophile.
Si l'on suit une période saisonnale, on peut dire que l'été 1940 a été marqué non seulement par les négociations que le Parti communiste a menées avec les autorités allemandes pour obtenir la légalisation de ses activités mais aussi par la diffusion d'un Appel au "Peuple de France" dans lequel il plaidait pour la constitution d'un Gouvernement de Paix dirigé par Maurice Thorez.
Tract le plus important de l'automne 1940, la "Lettre aux militants communistes" se félicitait de la défaite de la France ("un puissant impérialisme a été abattu") et illustrait un nouveau thème dans la propagande communiste : la dénonciation commune des agents de l'impérialisme anglais (De Gaulle) et des serviteurs de l'impérialisme allemand (Doriot à Paris et Pétain à Vichy) qui étaient tous accusés de vouloir engager une nouvelle fois la France dans une guerre impérialiste.
A l'hiver 1940-1941, le Parti communiste a publié sous le titre "Pour le salut du Peuple de France" un programme de gouvernement dans lequel il s'engageait à établir des relations pacifiques entre la France et l'Allemagne d'Hitler et à instaurer des rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand.
Enfin, le tract le plus important du printemps 1941 a été un appel intitulé "Pour la formation d'un Front national de lutte pour l'indépendance de la France" dans lequel il appelait les Français à se mobiliser pour maintenir la France hors du conflit anglo-allemand.
Tract le plus important de l'automne 1940, la "Lettre aux militants communistes" se félicitait de la défaite de la France ("un puissant impérialisme a été abattu") et illustrait un nouveau thème dans la propagande communiste : la dénonciation commune des agents de l'impérialisme anglais (De Gaulle) et des serviteurs de l'impérialisme allemand (Doriot à Paris et Pétain à Vichy) qui étaient tous accusés de vouloir engager une nouvelle fois la France dans une guerre impérialiste.
A l'hiver 1940-1941, le Parti communiste a publié sous le titre "Pour le salut du Peuple de France" un programme de gouvernement dans lequel il s'engageait à établir des relations pacifiques entre la France et l'Allemagne d'Hitler et à instaurer des rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand.
Enfin, le tract le plus important du printemps 1941 a été un appel intitulé "Pour la formation d'un Front national de lutte pour l'indépendance de la France" dans lequel il appelait les Français à se mobiliser pour maintenir la France hors du conflit anglo-allemand.
Partie IV
Pour étayer toutes les affirmations précédentes et prouver dans le même temps le mensonge des historiens qui affirment soit que le Parti communiste s'est engagé dans la Résistance dès juin 1940 soit qu'il a eu une attitude attentiste jusqu'en juin 1941, on reproduira ci-après des textes diffusés par le PCF entre juin 1940 et juin 1941 en faisant la distinction suivante :
- zone occupée : Nord et Pas-de-Calais (Martha Desrumeaux), Bretagne (Robert Ballanger), Normandie (André Pican), Picardie, Somme, Gironde et les 5 Régions composant la région parisienne : Paris-Ville, Paris-Est, Paris-Ouest, Paris-Sud, Paris-Nord.
- zone libre : Puy-du-Dôme, Corrèze, Charente, Cher, Bouches-du-Rhône.
La période comprend pour l'année 1940 les mois de Juin, Juillet, Août, Septembre, Octobre, Novembre et Décembre et pour l'année 1941 les mois de Janvier, Février, Mars, Avril, Mai et Juin.
Juin 1940
Trois directions communistes
En juin 1940, la direction du PCF présente la particularité d'être éclatée en trois lieux distincts.
Tout d'abord, Moscou où Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, s'est réfugié en novembre 1939 après sa désertion et un court séjour en Belgique.
Ensuite, Paris où Jacques Duclos, secrétaire du PCF, et Maurice Tréand, son adjoint, prennent la direction du Parti communiste clandestin à leur arrivée dans la capitale le 15 juin. La veille, ils ont quitté Bruxelles où ils avaient établi une direction communiste en octobre 1939. Dans la capitale belge, ils avaient bénéficié du soutien du Parti communiste belge et de la présence d'une antenne de l'IC dirigée par Eugen Fried.
Enfin, la zone non occupée où se trouve Benoit Frachon, secrétaire de la CGT et ancien membre du Bureau politique du PCF. Responsable du Parti communiste clandestin depuis octobre 1939, ce dernier a quitté Paris avec ses camarades avant l'arrivée des Allemands. Conformément à la décision prise au moment de ce départ, seuls deux dirigeants sont restés dans la capitale : Jean Catelas et Gabriel Péri. Benoît Frachon sera de retour à Paris à la mi-août.
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Le 18 juin 1940, quatre jours après l'entrée des armées hitlériennes dans Paris, le Parti communiste diffuse un tract
intitulé "Il y a des comptes à régler" dans lequel il appelle le Peuple de Paris à se mobiliser pour.... "châtier et faire payer les responsables des désastres de la France".
Ces responsables sont "tous
les politiciens qui ont jeté les députés communistes en prison et les
ont déchus de leur mandat parce que, dès le début de la guerre, ils
avaient eu le courage de réclamer la paix" ainsi que "les ploutocrates des 200 familles qui ont livré la France aux banquiers anglais".
Condamnation des impérialismes français et anglais, ce tract est aussi une célébration du pacifisme des communistes : "Unis-toi derrière ceux qui se sont battus pour la paix, derrière les communistes qui, hier, t'ont montré au risque de leur liberté et de leur vie, le chemin de la paix".
Ne contenant aucune attaque contre les Allemands, il sera même soumis à la censure de la Propaganda Staffel le 20 juin 1940 dans le but d'être publié dans le premier numéro de l'Humanité légale.
Tiré à 7 000 exemplaires, le tract "Il y a des comptes à régler" a été rédigé par Jacques Duclos, chef du Parti communiste clandestin.
Condamnation des impérialismes français et anglais, ce tract est aussi une célébration du pacifisme des communistes : "Unis-toi derrière ceux qui se sont battus pour la paix, derrière les communistes qui, hier, t'ont montré au risque de leur liberté et de leur vie, le chemin de la paix".
Ne contenant aucune attaque contre les Allemands, il sera même soumis à la censure de la Propaganda Staffel le 20 juin 1940 dans le but d'être publié dans le premier numéro de l'Humanité légale.
Tiré à 7 000 exemplaires, le tract "Il y a des comptes à régler" a été rédigé par Jacques Duclos, chef du Parti communiste clandestin.
S'adressant au Peuple de Paris, ce dernier a apposé la signature de "La Région Paris-Ville du Parti Communiste Français" sur le texte.
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Le 17 juin 1940, à Bordeaux, le Maréchal Pétain annonce à la radio qu'il est entré en contact avec le gouvernement allemand pour négocier un armistice.
Le lendemain, à Paris où les armées hitlériennes sont présentes depuis quatre jours, suivant des instructions de Moscou, le Parti communiste engage - lui aussi - une démarche auprès des Allemands et ce pour obtenir la légalisation de l'Humanité dont la publication a été suspendue en août 1939 en raison de son soutien... au Pacte germano-soviétique.
Invités à revenir le lendemain pour exposer à nouveau leur demande, les communistes décident de préparer un numéro modèle de l'Humanité légale : l'Humanité du mercredi 19 juin 1940.
Composé d'un "communiqué officiel allemand" et de six articles ("Vive Paris", "Il faut libérer les défenseurs de la paix", "Le nouveau gouvernement", "Négociations de paix", "Vive l'URSS", "Dans les communes de banlieue"), ce numéro zéro approuve la démarche du Maréchal Pétain de négocier un armistice avec Hitler ("Nous prenons acte"), dénonce les "banquiers de la Cité de Londres" dont la tutelle sur les dirigeants français explique l'entrée en guerre de la France, demande la libération des "défenseurs de la Paix et ennemis du capitalisme" autrement dit des communistes, célèbre l'URSS comme "le pays du socialisme et de la paix" et enfin définit clairement le projet du PCF : "Paix" avec l'Allemagne nazie (libération nationale), "fraternité des peuples" (fraternité franco-allemande) et "lutte contre le capitalisme" (libération sociale).
Composé d'un "communiqué officiel allemand" et de six articles ("Vive Paris", "Il faut libérer les défenseurs de la paix", "Le nouveau gouvernement", "Négociations de paix", "Vive l'URSS", "Dans les communes de banlieue"), ce numéro zéro approuve la démarche du Maréchal Pétain de négocier un armistice avec Hitler ("Nous prenons acte"), dénonce les "banquiers de la Cité de Londres" dont la tutelle sur les dirigeants français explique l'entrée en guerre de la France, demande la libération des "défenseurs de la Paix et ennemis du capitalisme" autrement dit des communistes, célèbre l'URSS comme "le pays du socialisme et de la paix" et enfin définit clairement le projet du PCF : "Paix" avec l'Allemagne nazie (libération nationale), "fraternité des peuples" (fraternité franco-allemande) et "lutte contre le capitalisme" (libération sociale).
En totale conformité avec la ligne défendue par le PCF depuis le début du conflit, l'Humanité du mercredi 19 juin 1940 plaide pour la paix avec Hitler, fait l'éloge de la fraternité franco-allemande et condamne l'Angleterre : autant d'engagements politiques qui ne devraient pas heurter la censure allemande.
Autre élément devant permettre aux communistes d'obtenir une réponse positive des Allemands : la publication dans ce numéro d'un communiqué de la Wehrmacht.
Cette publication doit prouver leur bonne foi en montrant qu'ils acceptent non seulement de se soumettre aux règles fixées par les Allemands en matière de presse mais aussi de faire de l'Humanité légale un relais de la propagande allemande.
Engagée avant même la signature de l'armistice et donc l'arrêt des combats, cette première négociation entre les communistes et les nazis prendra fin le 20 juin avec l'arrestation par la police française de quatre militants communistes liés à ces pourparlers dont Maurice Tréand, n° 2 du Parti communiste clandestin.
Ces militants seront libérés le 25 juin à la suite d'une intervention d'Otto Abetz qui aura été sollicitée par l'avocat communiste de Maurice Tréand, Robert Foissin. En contrepartie de cette intervention, le représentant d'Hitler en France manifestera son désir de rencontrer le dirigeant communiste pour discuter de la question de l'Humanité avec l'ambition d'engager de plus larges négociations. C'est dans ce contexte favorable à une reprise des pourparlers que le Parti communiste décide de diffuser clandestinement l'Humanité du mercredi 19 juin 1940 non sans susciter des critiques de certains militants.
Conservée dans le dossier d'instruction des militants communistes arrêtés les 20 et 21 juin 1940, pièce centrale de la première négociation entre le Parti communiste et les autorités allemandes, preuve de la compromission des communistes et de leur soumission aux exigences allemandes, l'Humanité du mercredi 19 juin 1940 a été portée à la connaissance du public dans un livre publié en 1975 par Raymond Tournoux sous le titre Journal secret.
Autre élément devant permettre aux communistes d'obtenir une réponse positive des Allemands : la publication dans ce numéro d'un communiqué de la Wehrmacht.
Cette publication doit prouver leur bonne foi en montrant qu'ils acceptent non seulement de se soumettre aux règles fixées par les Allemands en matière de presse mais aussi de faire de l'Humanité légale un relais de la propagande allemande.
Engagée avant même la signature de l'armistice et donc l'arrêt des combats, cette première négociation entre les communistes et les nazis prendra fin le 20 juin avec l'arrestation par la police française de quatre militants communistes liés à ces pourparlers dont Maurice Tréand, n° 2 du Parti communiste clandestin.
Ces militants seront libérés le 25 juin à la suite d'une intervention d'Otto Abetz qui aura été sollicitée par l'avocat communiste de Maurice Tréand, Robert Foissin. En contrepartie de cette intervention, le représentant d'Hitler en France manifestera son désir de rencontrer le dirigeant communiste pour discuter de la question de l'Humanité avec l'ambition d'engager de plus larges négociations. C'est dans ce contexte favorable à une reprise des pourparlers que le Parti communiste décide de diffuser clandestinement l'Humanité du mercredi 19 juin 1940 non sans susciter des critiques de certains militants.
Conservée dans le dossier d'instruction des militants communistes arrêtés les 20 et 21 juin 1940, pièce centrale de la première négociation entre le Parti communiste et les autorités allemandes, preuve de la compromission des communistes et de leur soumission aux exigences allemandes, l'Humanité du mercredi 19 juin 1940 a été portée à la connaissance du public dans un livre publié en 1975 par Raymond Tournoux sous le titre Journal secret.
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Dans l'extrait cité, l'Humanité appelle les autorités allemandes à libérer "les défenseurs de la Paix" autrement dit les élus et militants communistes qui été ont condamnés par les tribunaux de la République entre septembre 1939 et
juin 1940 pour leur engagement en faveur de la Paix avec
l'Allemagne nazie, ainsi que ceux qui pour le même motif ont été internés administrativement sur la base
du décret-loi du 18 novembre 1939
relatif aux mesures à prendre à l'égard des individus dangereux pour la
défense nationale.
Le texte fait d'ailleurs référence aux 44 députés communistes condamnés en avril 1940 à des peines de prison "pour avoir prôné la paix" dans une lettre remise au président de la Chambre le 2 octobre 1939.
A l'inverse, l'Humanité estime que "les fauteurs de guerre" qui soutenaient l'intervention contre l'Allemagne nazie doivent être incarcérés. Le journal communiste cite nommément Edouard Daladier, président du Conseil d'avril 1938 à mars 1940, Paul Reynaud, qui lui a succédé avant d'être remplacé par le Maréchal Pétain en juin 1940 et enfin Georges Mandel, ministre des colonies d'avril 1938 à mai 1940 puis de l'Intérieur jusqu'au 16 juin 1940 et la démission du Gouvernement Reynaud.
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Distincte de l'Humanité du mercredi 19 juin 1940, l'Humanité n° 56 du 19 juin 1940 fait partie de la série régulière des Humanités clandestines.
La manchette de ce numéro, comme celle de l'Humanité n° 55 du 17 juin 1940, appelle en français et en allemand à l'union des prolétaires : "Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! Proletarier aller Länder, vereinigt euch !".
Cet appel internationaliste s'adresse à la fois aux travailleurs français et... aux soldats allemands.
Pour le Parti communiste les nazis qui occupent Paris ne sont pas des envahisseurs mais des prolétaires avec lequel il faut s'unir contre l'ennemi commun : le capitalisme.
Composée de trois textes signés "Le Parti communiste français (SFIC)" et titrés "Les communistes accusent...", l'Humanité n° 56 du 19 juin 1940 constitue un véritable réquisitoire contre... les dirigeants politiques et les chefs militaires français qui sont accusés d'être les responsables de la guerre et de la défaite.
Dans la première déclaration, le Parti communiste fait une comparaison entre les généraux français dont l'incompétence est la cause de la défaite de la France et le commandement de l'Armée rouge dont l'excellence a permis les succès militaires de l'URSS en Finlande.
On notera le cynisme du PCF qui prétend désigné les responsables de la défaite alors qu'il s'est mobilisé dès septembre 1939 pour la Paix avec l'Allemagne d'Hitler. Quant au conflit russo-finlandais, on rappellera que l'URSS a envahi la Finlande le 30 novembre 1939 avec l'accord tacite de l'Allemagne puisque ce pays appartenait aux termes du Pacte germano-soviétique et de son protocole secret à sa zone d'influence. Ce conflit a pris fin le 12 mars 1940 avec la signature du Traité de Moscou qui a permis au pouvoir soviétique de présenter l'annexion d'une partie du territoire finlandais comme un succès alors que l'objectif premier était la soviétisation de la Finlande.
Les deux autres déclarations montrent que le déclenchement de la guerre a été la conséquence directe de deux échecs diplomatiques de la France.
La première - "En laissant égorger la République espagnole, BLUM-DALADIER-BONNET ont préparé l'invasion et la défaite de la France" - fait référence à la politique de non-intervention de Léon Blum pendant la guerre d'Espagne.
La seconde - "Les traitres de Munich ont ouvert la France à l'invasion" - renvoie à la signature des Accords de Munich en septembre 1938.
La virulence de ces deux textes est à la mesure de leur contenu mensonger. Ils illustrent la thèse communiste selon laquelle la guerre n'a pas été déclenché par la signature du Pacte germano-soviétique qui garantissait à l'Allemagne de ne faire la guerre que sur un seul front dans l'hypothèse d'un conflit avec la France et l'Angleterre. Pour les communistes cet accord était une contribution à la paix.
Dernier élément, l'Humanité n° 56 du 19 juin 1940 sera soumise à la censure allemande le 20 juin dans le but d'être publié dans l'Humanité légale.
La manchette de ce numéro, comme celle de l'Humanité n° 55 du 17 juin 1940, appelle en français et en allemand à l'union des prolétaires : "Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! Proletarier aller Länder, vereinigt euch !".
Cet appel internationaliste s'adresse à la fois aux travailleurs français et... aux soldats allemands.
Pour le Parti communiste les nazis qui occupent Paris ne sont pas des envahisseurs mais des prolétaires avec lequel il faut s'unir contre l'ennemi commun : le capitalisme.
Composée de trois textes signés "Le Parti communiste français (SFIC)" et titrés "Les communistes accusent...", l'Humanité n° 56 du 19 juin 1940 constitue un véritable réquisitoire contre... les dirigeants politiques et les chefs militaires français qui sont accusés d'être les responsables de la guerre et de la défaite.
Dans la première déclaration, le Parti communiste fait une comparaison entre les généraux français dont l'incompétence est la cause de la défaite de la France et le commandement de l'Armée rouge dont l'excellence a permis les succès militaires de l'URSS en Finlande.
On notera le cynisme du PCF qui prétend désigné les responsables de la défaite alors qu'il s'est mobilisé dès septembre 1939 pour la Paix avec l'Allemagne d'Hitler. Quant au conflit russo-finlandais, on rappellera que l'URSS a envahi la Finlande le 30 novembre 1939 avec l'accord tacite de l'Allemagne puisque ce pays appartenait aux termes du Pacte germano-soviétique et de son protocole secret à sa zone d'influence. Ce conflit a pris fin le 12 mars 1940 avec la signature du Traité de Moscou qui a permis au pouvoir soviétique de présenter l'annexion d'une partie du territoire finlandais comme un succès alors que l'objectif premier était la soviétisation de la Finlande.
Les deux autres déclarations montrent que le déclenchement de la guerre a été la conséquence directe de deux échecs diplomatiques de la France.
La première - "En laissant égorger la République espagnole, BLUM-DALADIER-BONNET ont préparé l'invasion et la défaite de la France" - fait référence à la politique de non-intervention de Léon Blum pendant la guerre d'Espagne.
La seconde - "Les traitres de Munich ont ouvert la France à l'invasion" - renvoie à la signature des Accords de Munich en septembre 1938.
La virulence de ces deux textes est à la mesure de leur contenu mensonger. Ils illustrent la thèse communiste selon laquelle la guerre n'a pas été déclenché par la signature du Pacte germano-soviétique qui garantissait à l'Allemagne de ne faire la guerre que sur un seul front dans l'hypothèse d'un conflit avec la France et l'Angleterre. Pour les communistes cet accord était une contribution à la paix.
Dernier élément, l'Humanité n° 56 du 19 juin 1940 sera soumise à la censure allemande le 20 juin dans le but d'être publié dans l'Humanité légale.
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Le 22 juin 1940, à Moscou, l'Internationale communiste adopte une Directive en relation avec sa section française autrement dit le Parti communiste français.
Signalons que le texte du télégramme présente quelques différences de rédaction avec le texte de la Directive.
Représentant
de l'IC auprès du PCF, Eugen Fried s'est installé à Bruxelles au mois
de septembre 1939. Sa mission : organiser une antenne de l'IC dans la
capitale belge en vue d'assurer le contrôle des tous les partis
communistes d'Europe occidentale. Il transmettra les Instuctions de Moscou à Jacques Duclos, secrétaire du PCF, qui assume à Paris la direction du Parti communiste clandestin.
Texte fondamental, la Directive du 22 juin 1940 définit l'action du Parti communiste dans une France défaite et occupée par les armées du IIIe Reich.
Cet Directive politique n'appelle pas le Parti communiste à combattre l'occupant allemand mais au contraire à tirer profit de sa présence pour reprendre une activité légale.
En effet, l'IC autorise explicitement le Parti communiste à négocier avec les Allemands sur les points suivants : reparution de sa presse et notamment de l'Humanité, libération de ses militants, reconnaissance de ses syndicats ainsi que de ses comités d'aide à la population et enfin rétablissement des municipalités communistes.
Elle vient ainsi confirmer les consignes orales qu'Eugen Fried a donné à Jacques Duclos le 15 juin 1940 concernant la légalisation de l'Humanité.
La pertinence de cette limite suppose de considérer qu'en elle-même une activité autorisée par les Allemands n'est pas un soutien aux envahisseurs.
Cette critique est d'autant plus légitime que La Pensée Libre de février 1941 posait le principe suivant : "Aujourd'hui, en France, littérature légale veut dire : littérature de trahison".
La Directive du 22 juin 1940 recommande aussi aux militants communistes de fraterniser avec les soldats allemands afin de leur expliquer que tout acte de violence serait "contraire [aux] véritables intérêts [du] peuple allemand".
Jacques Duclos approuvera le contenu des instructions de l'IC dans son rapport du 3 juillet 1940 : "Nous venons de recevoir vos indications avec lesquelles nous sommes entièrement d'accord". (2)
Au vu de ces éléments, on peut affirmer qu'il existe un accord clair entre Jacques Duclos (direction parisienne du PCF), Maurice Thorez (direction moscovite du PCF) et Georges Dimitrov (secrétaire générale de l'IC) pour que le PCF engage des négociations avec les autorités allemandes.
Signalons que dans le but de tempérer et de minimiser la compromission du Parti communiste de l'été 1940, l'historiographie officielle affirme, d'une part, que la direction parisienne du Parti communiste était isolée autrement dit qu'elle n'avait pas de liaison avec l'IC et, d'autre part, que Moscou était opposé à toute négociation avec les Allemands autrement dit le secrétaire général du PCF ne porte aucune responsabilité dans cet épisode.
Cette
Directive est envoyée le jour même à Eugen Fried dans un télégramme
signé par Georges Dimitrov, secrétaire général de l'IC, et Maurice
Thorez, secrétaire général du PCF.
Signalons que le texte du télégramme présente quelques différences de rédaction avec le texte de la Directive.
Texte fondamental, la Directive du 22 juin 1940 définit l'action du Parti communiste dans une France défaite et occupée par les armées du IIIe Reich.
Cet Directive politique n'appelle pas le Parti communiste à combattre l'occupant allemand mais au contraire à tirer profit de sa présence pour reprendre une activité légale.
En effet, l'IC autorise explicitement le Parti communiste à négocier avec les Allemands sur les points suivants : reparution de sa presse et notamment de l'Humanité, libération de ses militants, reconnaissance de ses syndicats ainsi que de ses comités d'aide à la population et enfin rétablissement des municipalités communistes.
Elle vient ainsi confirmer les consignes orales qu'Eugen Fried a donné à Jacques Duclos le 15 juin 1940 concernant la légalisation de l'Humanité.
Elle fixe une seule limite : ne pas "donner impression solidarité avec envahisseurs".
La pertinence de cette limite suppose de considérer qu'en elle-même une activité autorisée par les Allemands n'est pas un soutien aux envahisseurs.
Cette critique est d'autant plus légitime que La Pensée Libre de février 1941 posait le principe suivant : "Aujourd'hui, en France, littérature légale veut dire : littérature de trahison".
Peut-on déduire de cette règle édictée par les intellectuels communistes que toute activité légale est une activité de trahison ?
La Directive du 22 juin 1940 recommande aussi aux militants communistes de fraterniser avec les soldats allemands afin de leur expliquer que tout acte de violence serait "contraire [aux] véritables intérêts [du] peuple allemand".
Jacques Duclos approuvera le contenu des instructions de l'IC dans son rapport du 3 juillet 1940 : "Nous venons de recevoir vos indications avec lesquelles nous sommes entièrement d'accord". (2)
Signalons que dans le but de tempérer et de minimiser la compromission du Parti communiste de l'été 1940, l'historiographie officielle affirme, d'une part, que la direction parisienne du Parti communiste était isolée autrement dit qu'elle n'avait pas de liaison avec l'IC et, d'autre part, que Moscou était opposé à toute négociation avec les Allemands autrement dit le secrétaire général du PCF ne porte aucune responsabilité dans cet épisode.
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Signé le 22 juin 1940, l'armistice franco-allemand marque la défaite de la France. Dans l'attente des négociations portant sur un traité de Paix, cet armistice impose au pays vaincu l'occupation de la moitié de son territoire, le maintien en captivité de 1,5 million prisonniers de guerre, la démobilisation et le désarmement de ses forces armées, et enfin le paiement d'une indemnité journalière dont le montant sera fixé à 400 millions de francs.
L'Humanité clandestine du 24 juin 1940 donne la position du Parti communiste sur cet événement majeur dans un article intitulé... "Construire la paix"
Enfin, par son contenu, cet article est en totale conformité avec le projet défendu par les communistes depuis le début du conflit à savoir la Paix par la Révolution socialiste ("LA PAIX C'EST LE SOCIALISME").
L'Humanité clandestine du 24 juin 1940 donne la position du Parti communiste sur cet événement majeur dans un article intitulé... "Construire la paix"
Dans ce texte approuvant l'armistice franco-allemand, l'Humanité affirme que seul le Parti
communiste est en mesure de négocier avec Hitler "une paix véritable" ou encore une "paix équitable"
car il est le seul Parti à s'être opposé à la guerre et à pouvoir en
outre bénéficier du soutien de l'URSS, alliée de l'Allemagne.
Ajoutons quatre remarques supplémentaires.
Tout d'abord, l'Humanité rappelle que les députés communistes ont été emprisonnés parce qu'ils avaient demandé l'organisation d'un vote du Parlement en faveur d'une "paix juste, loyale et durable que du fond de leur cœur souhaitent tous nos concitoyens" dans une lettre remise au président de la Chambre quelques jours après la victoire des armées allemandes et soviétiques en Pologne.
Elle attribue l'échec de cette initiative pacifiste à la soumission du gouvernement français aux "ordres de la Cité de Londres".
De plus, toujours dans le but de montrer que seul le projet pacifiste du Parti communiste est légitime, l'Humanité plaide pour une "paix équitable" ou encore une "paix véritable" par opposition à une paix inéquitable ou à une fausse paix négociée par le Maréchal Pétain.
Ajoutons quatre remarques supplémentaires.
Tout d'abord, l'Humanité rappelle que les députés communistes ont été emprisonnés parce qu'ils avaient demandé l'organisation d'un vote du Parlement en faveur d'une "paix juste, loyale et durable que du fond de leur cœur souhaitent tous nos concitoyens" dans une lettre remise au président de la Chambre quelques jours après la victoire des armées allemandes et soviétiques en Pologne.
Elle attribue l'échec de cette initiative pacifiste à la soumission du gouvernement français aux "ordres de la Cité de Londres".
Ensuite, formulé dans le but de prouver que les communistes sont des
pacifistes de la première heure, ce rappel est aussi une dénonciation
implicite du Maréchal Pétain qui est accusé par la propagande communiste
de n'être qu'un belliciste dont l'engagement tardif en faveur de la
Paix n'est qu'un opportunisme.
C'est d'ailleurs pour mettre en avant le bellicisme de ce dernier que le
texte décrit le président du Conseil ainsi que les membres de son
Gouvernement de Paix comme des "fauteurs de guerre" (impérialisme français) et des "valets de la Cité de Londres" (impérialisme anglais).
Enfin, par son contenu, cet article est en totale conformité avec le projet défendu par les communistes depuis le début du conflit à savoir la Paix par la Révolution socialiste ("LA PAIX C'EST LE SOCIALISME").
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Le 25 juin 1940, le jour de l'entrée en vigueur de l'armistice
franco-allemand, le Parti communiste lance un Appel au "Peuple de Paris !".
Dans ce tract, il condamne le Général de Gaulle et son Appel à poursuivre le combat contre les envahisseurs allemands, célèbre l'action pacifiste des communistes pendant la guerre de 1939-1940 et enfin plaide pour la constitution d'un gouvernement communiste "décidé à maintenir la paix" avec l'Allemagne nazie.
Dans ce tract, il condamne le Général de Gaulle et son Appel à poursuivre le combat contre les envahisseurs allemands, célèbre l'action pacifiste des communistes pendant la guerre de 1939-1940 et enfin plaide pour la constitution d'un gouvernement communiste "décidé à maintenir la paix" avec l'Allemagne nazie.
Ce tract est le premier texte du Parti communiste faisant référence au Général de Gaulle et ce... pour le condamner.
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Le
27 juin 1940, soit cinq jours après la signature de l'armistice
franco-allemand, le Parti communiste remet aux autorités allemandes une
lettre dans laquelle il demande "l'autorisation de publier l'Humanité", la libération des "militants communistes emprisonnés ou internés dans des camps de concentration"
pour avoir défendu la Paix et enfin le retour dans leurs fonctions
électives des élus communistes déchus de leur mandat pour avoir, "envers et contre tous, défendu le pacte germano-soviétique".
Ayant pour objet principal la demande de reparution de l'Humanité,
cette lettre datée du 26 juin 1940 porte les signatures de deux membres
du Comité central du Parti communiste français : Maurice Tréand et Jean
Catelas.
Elle
a été rédigée dans l'après-midi du 26 à la suite d'une réunion qui
s'est tenue dans la matinée à l'ambassade d'Allemagne et au cours de
laquelle les deux dirigeants communistes ont rencontré Otto Abetz, le
représentant d'Hitler en France.
Cette rencontre surprenante a été la contrepartie communiste à l'intervention d'Otto Abetz en faveur de la libération de Maurice Tréand et de trois de ses camarades qui avaient été arrêtés par la police française pour leur implication dans les négociations des 18, 19 et 20 juin entre une militante communiste, Denise Ginollin, et un officier de la Propaganda Staffel Frankreich, le lieutenant Weber.
Elle
a marqué le début de la deuxième négociation entre le Parti communiste
et les nazis. Encore une preuve de... la Résistance communiste.
Le représentant du Parti communiste dans ces nouveaux pourparlers sera Robert Foissin, avocat de profession. En charge de la défense de ses camarades arrêtés par la police française les 20 et 21 juin, il avait sollicité l'intervention d'Otto Abetz. Ce fut un succès.
Le représentant du Parti communiste dans ces nouveaux pourparlers sera Robert Foissin, avocat de profession. En charge de la défense de ses camarades arrêtés par la police française les 20 et 21 juin, il avait sollicité l'intervention d'Otto Abetz. Ce fut un succès.
La
lettre d'Otto Abetz du 28 juin 1940 adressée à l'Etat-major allemand
rend compte de la démarche communiste et décrit avec justesse les
objectifs des deux parties :
"Je vous envoie ci-joint la copie d'une lettre arrivée hier, dans laquelle trois représentants du Bureau central du
parti communiste français exposent les motifs et le programme d'une
reparution de l'Humanité et plaident pour la libération des communistes
incarcérés par le gouvernement français ainsi que pour la réinstallation
des fonctionnaires communistes déposés au début de la guerre.
La lettre est de Maurice Tréand et Jean Catelas et a été apportée personnellement par Robert Foissin. [...]
Les trois personnes nommées ne m'ont pas donné l'impression que l'on pourrait les amener à s'écarter de leur doctrine.
Par contre elles paraissent susceptibles de nous rendre d'utiles services
dans le cadre d'un accord clair pour remettre en marche l'économie
française et rétablir une situation sociale plus saine. [...]
Foissin, Tréand et Catelas demandent une entrevue avec la personnalité compétente de l'Administration militaire." (1)
Dans sa demande de reparution de l'Humanité, le Parti communiste indique qu'en matière de politique étrangère la ligne éditoriale de l'Humanité sous censure allemande sera la suivante :
"L'Humanité,
publiée par nous, se fixerait pour tâche de dénoncer les agissements
des agents de l'impérialisme britannique qui veulent entraîner les
colonies françaises dans la guerre.
L'Humanité,
publiée par nous, se fixerait pour tâche de poursuivre une politique de
pacification européenne et de défendre la conclusion d'un pacte
d'amitié franco-soviétique qui serait le complément du pacte
germano-soviétique et ainsi créerait les conditions d'une paix durable".
Au vu de ce texte, l'Humanité légale
combattra le Général de Gaulle, dénoncera l'impérialisme britannique,
défendra la Paix avec l'Allemagne et enfin plaidera pour un magnifique
symbole de collaboration entre la France de Thorez, l'Allemagne d'Hitler
et la Russie de Staline : un pacte d'amité franco-soviétique qui sera
le parfait complément du pacte germano-soviétique pour garantir la Paix
sur le continent européen !!!
Identiques à ceux défendus dans l'Humanité clandestine, ces engagements politiques ne devraient pas heurter la censure allemande.
Sur le point particulier de l'Humanité, cette deuxième négociation prendra fin le 4 juillet sur un échec comme la première mais pour des motifs différents.
Dans le cas présent, les Allemands expliqueront aux communistes que pour des raisons politiques ils ne peuvent laisser paraître l'Humanité
et qu'un journal communiste ne sera autorisé que si deux conditions
sont remplies : une parution le soir et un changement de titre.
Déterminé à obtenir la légalisation de son organe central, le Parti communiste proposera de faire paraître l'Humanité le soir sous le titre l'Humanité du soir. Nouveau refus.
Au final, il cédera aussi à la seconde exigence allemande et demandera l'autorisation de reprendre la publication de Ce Soir, le second quotidien communiste.
(1) Francis Crémieux, Jacques Estager, Sur le Parti 1939-1940, 1983, pp. 287-288.
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En raison de l'invasion du territoire belge par les armées allemandes le 10 mai 1940, l'IC demande à Jacques Duclos et à Maurice Tréand, dans un télégramme du 15 mai 1940, de quitter la Belgique où ils étaient réfugiés depuis octobre 1939 et de rejoindre Paris : "Considérons opportun installation Jacques [Jacques Duclos] et Legros [surnom de Maurice Tréand] en Suisse. En cas impossibilité ils doivent tenter s'établir en France même" (2).
Pour des questions de sécurité, les deux dirigeants communistes ne sont en mesure de quitter Bruxelles que le 14 juin 1940. Il arrivent le lendemain à Paris qui est occupée depuis la veille par les armées allemandes.
Ils ont effectué ce trajet en compagnie d'Eugen Fried qui repart le lendemain pour Bruxelles où il dirige l'antenne de l'IC qui est chargée de contrôler les Partis communistes d'Europe occidentale.
Secrétaire du PCF, Jacques Duclos assure désormais la direction du Parti communiste clandestin puisque Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, s'est réfugié à Moscou après sa désertion en octobre 1939 et un court séjour en Belgique et que Benoît Frachon qui assumait provisoirement cette responsabilité a quitté la capitale le 12 juin 1940 pour s'installer temporairement en zone non occupée.
Le 30 juin 1940, Jacques Duclos rédige à l'attention de l'Internationale communiste un long et détaillé rapport, co-signé par Maurice Tréand, sur la situation de Paris ainsi que les activités légales et illégales du Parti communiste depuis sa prise de fonction le 15 juin 1940.
Pour des questions de sécurité, les deux dirigeants communistes ne sont en mesure de quitter Bruxelles que le 14 juin 1940. Il arrivent le lendemain à Paris qui est occupée depuis la veille par les armées allemandes.
Ils ont effectué ce trajet en compagnie d'Eugen Fried qui repart le lendemain pour Bruxelles où il dirige l'antenne de l'IC qui est chargée de contrôler les Partis communistes d'Europe occidentale.
Secrétaire du PCF, Jacques Duclos assure désormais la direction du Parti communiste clandestin puisque Maurice Thorez, secrétaire général du PCF, s'est réfugié à Moscou après sa désertion en octobre 1939 et un court séjour en Belgique et que Benoît Frachon qui assumait provisoirement cette responsabilité a quitté la capitale le 12 juin 1940 pour s'installer temporairement en zone non occupée.
Le 30 juin 1940, Jacques Duclos rédige à l'attention de l'Internationale communiste un long et détaillé rapport, co-signé par Maurice Tréand, sur la situation de Paris ainsi que les activités légales et illégales du Parti communiste depuis sa prise de fonction le 15 juin 1940.
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A la fin de juin 1940 ou début du mois suivant, sous la direction de
Charles Tillon, les communistes bordelais ont diffusé un "Appel au Peuple de France".
Réaction à l'armistice franco-allemand signé le 22 juin, cet appel,
comme les trois tracts précédemment diffusés au cours de ce même mois, plaidait pour la constitution... d'un Gouvernement de Paix communiste.
A la lecture de l'extrait cité, on peut se poser la question suivante : y a-t-il une contradiction entre l'engagement de négocier avec Hitler "une paix équitable" dans le cadre du Pacte germano-soviétique et celui de lutter contre le "fascisme hitlérien" ? La réponse est non. En effet, le "fascisme hitlérien" désigne... le Gouvernement Pétain et non l'envahisseur allemand. Une preuve pour les sceptiques : la brochure "Union du peuple pour libérer la France" d'août 1940. Dans cette publication, Charles Tillon décrit le Gouvernement Pétain en ces termes : "l'Ordre nouveau du gouvernement de la 5e colonne, c'est le fascisme hitlérien !" (2).
L'appel des communistes bordelais était en totale conformité avec la ligne fixée par la direction centrale du PCF.
Après la Libération le tract ronéoté "Appel au Peuple de France" a été falsifié pour tenter d'en faire un Appel à la Résistance sous le titre "Appel de Charles Tillon".
L'exemplaire unique de ce faux tract imprimé a ensuite été versé aux
archives du Centre Jean Moulin de Bordeaux sans aucun contrôle quant à
son authenticité.
(1) R. Bourderon, Le PCF à l'épreuve de la guerre, 1940-1943, 2012, p. 41.
(2) R. Bourderon, opus cit. p. 48.
Juillet 1940
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Sous le titre "LES REVENDICATIONS DU PEUPLE DE FRANCE" l'Humanité détaille les mesures qui forment le projet du Parti communiste.
En matière de politique extérieure, l'Humanité demande "le maintien de la Paix" et la conclusion d'un "pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique".
L'organe centrale du Parti communiste français défend une ligne clairement pro-allemande.
Sur le plan intérieur, l'Humanité demande la libération "de tous les défenseurs de la Paix" autrement dit des militants et élus communistes qui ont été condamnés ou internée pour défaitisme. Elle plaide ainsi pour le rétablissement dans leurs fonctions des élus communistes déchus de leurs mandats "pour avoir défendu la Paix" autrement dit l'abrogation de la loi du 20 janvier 1940.
En matière de politique extérieure, l'Humanité demande "le maintien de la Paix" et la conclusion d'un "pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique".
L'organe centrale du Parti communiste français défend une ligne clairement pro-allemande.
Sur le plan intérieur, l'Humanité demande la libération "de tous les défenseurs de la Paix" autrement dit des militants et élus communistes qui ont été condamnés ou internée pour défaitisme. Elle plaide ainsi pour le rétablissement dans leurs fonctions des élus communistes déchus de leurs mandats "pour avoir défendu la Paix" autrement dit l'abrogation de la loi du 20 janvier 1940.
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Dans son numéro du 1er juillet 1940, l'Humanité mentionne pour la première fois le Général de Gaulle.
Pour l'organe central du Parti communiste français, le chef de la France Libre n'est pas un patriote qui a créé en Angleterre une organisation ayant pour objectif de libérer la France par les armes mais un vulgaire "agent de la finance anglaise" qui par vénalité veut "faire battre les Français pour la City".
Cet argument justifiant la condamnation du mouvement gaulliste est résumé dans le titre du texte : "Pas pour l'Angleterre".
Quant aux Appels du Général de Gaulle, l'Humanité répond clairement et avec vulgarité par la négative en invoquant le "mot de Cambronne".
Dernier élément, le journal communiste plaide en faveur de "l'indépendance des peuples coloniaux" pour empêcher d'une part l'implantation de la France Libre dans les territoires de l'Empire français et d'autre part leur engagement dans la guerre contre l'Allemagne nazie
Acte de naissance de l'antigaullisme du Parti communiste français, l'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940 sera suivi d'autres numéros dans lesquels le Général de Gaulle et la Résistance seront insultés et calomniés.
Pour l'organe central du Parti communiste français, le chef de la France Libre n'est pas un patriote qui a créé en Angleterre une organisation ayant pour objectif de libérer la France par les armes mais un vulgaire "agent de la finance anglaise" qui par vénalité veut "faire battre les Français pour la City".
Cet argument justifiant la condamnation du mouvement gaulliste est résumé dans le titre du texte : "Pas pour l'Angleterre".
Quant aux Appels du Général de Gaulle, l'Humanité répond clairement et avec vulgarité par la négative en invoquant le "mot de Cambronne".
Dernier élément, le journal communiste plaide en faveur de "l'indépendance des peuples coloniaux" pour empêcher d'une part l'implantation de la France Libre dans les territoires de l'Empire français et d'autre part leur engagement dans la guerre contre l'Allemagne nazie
Acte de naissance de l'antigaullisme du Parti communiste français, l'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940 sera suivi d'autres numéros dans lesquels le Général de Gaulle et la Résistance seront insultés et calomniés.
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Diffusé à la même période que l'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940, le tract "La bande à Doriot" est une réaction à la publication le 29 juin 1940 du premier numéro de La Vie Nationale, hebdomadaire fondé par des partisans de Jacques Doriot.
Indigné que les doriotistes puissent s'exprimer dans un journal autorisé par les Allemands, ce tract dénonce avec virulence leur chef - Jacques Doriot - en rappelant qu'il a été un fervent belliciste pendant la guerre de 1939-1940.
Il affirme en outre que seuls les communistes devraient bénéficier d'une tribune légale en raison de leur attitude pendant le conflit franco-allemand qui s'est caractérisée par la dénonciation des "fauteurs de guerre capitalistes" autrement dit des impérialistes franco-anglais, le soutien au "pacte germano-soviétique" et enfin la défense de "la Paix".
Dernier intérêt de ce tract, il définit clairement le projet du PCF : la Révolution socialiste (libération sociale) et la Paix avec l'Allemagne nazie (libération nationale).
Pour convaincre les Français d'adhérer à son projet pacifiste, il affirme "qu'un pacte d'amitié franco-soviétique, complétant le pacte germano-soviétique ouvrirait une ère de Paix".
Le pacte d'amitié signé entre la France et l'URSS serait donc non seulement conforme aux intérêts de l'Allemagne mais en plus inciterait l'Angleterre à faire la Paix.
Au vu de sa signification, cette revendication, présente dans plusieurs textes de juin et juillet 1940, sera amendée par l'IC dans sa Directive du 19 juillet 1940 : "Juste proposer entente avec URSS mais sans la présenter comme un complément pacte germano- soviétique et sans parler de pacification Europe." (2)
Pour terminer on indiquera que la diffusion du tract "La bande à Doriot" est attestée par plusieurs rapports de Jacques Duclos. On citera celui du 2 juillet 1940 adressé à Eugen Fried :
"En tout cas nous continuons à éditer notre Huma ronéotypée à grand tirage et nous avons fait deux tracts un contre les bourreurs de crane (le Matin et Paris-Soir) et un contre la bande à Doriot qui vient de sortir une feuille hebdomadaire « La Vie nationale »." (3)
(1) Texte conservé dans les archives de l'IC / Tract conservé dans les archives de l'IC.
(2) Cahiers d'histoire de l'I.R.M, n° 52-53, 1993, p. 231.
(3) Cahiers d'histoire de l'I.R.M, n° 52-53, 1993, p. 205.
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Responsable de l'antenne de l'IC à Bruxelles, Eugen Fried est chargé de contrôler les Partis communistes d'Europe occidentale et notamment le plus important d'entre eux : le Parti communiste français.
C'est pour cette raison que Jacques Duclos lui adresse un rapport sur la situation parisienne et les activités du Parti communiste dans une lettre du 2 juillet 1940. Dans l'extrait tiré de ce rapport, le responsable du Parti communiste clandestin fait état des appels du Général de Gaulle, souligne qu'ils "restent sans échos" et donne l'explication de l'échec de l'initiative gaulliste : "tout le monde est content que la guerre soit finie".
Le constat que la population parisienne n'est pas sensible aux appels à la Résistance du Général de Gaulle explique le silence de la propagande communiste concernant le Chef de la France libre de juillet 1940 à la fin de septembre 1940 et les événements de Dakar.
(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes Le PCF et l'Internationale n° 52-53, 2e et 3e trimestre 1993, p. 205 (Lettre intégrale).
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Le 10 mai 1940, les armées allemandes envahissent la Belgique.
Suivant des Instructions de l'IC et de son représentant, Eugen Fried, les communistes français présents à Bruxelles vont progressivement quitter le territoire belge.
Membres de la direction communiste installée en Belgique depuis octobre 1939, Jacques Duclos et son adjoint Maurice Tréand partiront pour Paris le 14 juin.
Autre cas : Martha Desrumeaux, secrétaire de l'UD-CGT du Nord (1937-1939). Pour exercer ce mandat syndical elle avait dû abandonné ses fonctions au sein du secrétariat de la fédération du Nord (direction régionale) et du Comité central (direction nationale). L'une de ses missions pendant la guerre de 1939-1940 : assurer le passage de la frontière franco-belge aux hommes et au matériel de propagande et garantir ainsi une liaison entre les directions parisiennne et bruxelloise du PCF.
A la fin de mai 1940, Jacques Duclos lui confie la mission d'organiser l'action du PCF dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais avec deux tâches principales : recenser les militants disponibles et reprendre la publication de L'Enchaîné, l'organe régional.
Le 1er juin, les Allemands entrent dans Lille. C'est le lendemain ou le surlendemain que Martha Desrumaux arrive dans la capitale du Nord.
Le 6 ou le 7 juin, elle reçoit la visite de Maurice Tréand qui lui rappelle l'importance de faire paraître légalement L'Enchaîné et donc de solliciter les autorités allemandes... Ces négociations n'aboutiront pas.
Dans la première quizaine de juin, paraît clandestinement un premier numéro de L'Enchaîné avec la mention "Organe du Parti Communiste Français, Région du Nord". Dans ce numéro on peut notamment lire :
A leur arrivée à Paris le 15 juin, Jacques Duclos et son ajoint Maurice Tréand prennent la direction du Parti communiste clandestin.
La Région Nord-Pas-de-Calais sera la première Région avec laquelle ils établiront une liaison.
Dans une lettre du 3 juillet 1940, Jacques Duclos adresse à Martha Desrumeaux des Instructions inspirées en grande partie de la Directive de l'IC du du 22 juin 1940. ll lui prescrit notamment la tâche suivante : encourager les contacts entre les travailleurs français et les soldats allemands ("établir des liens fraternels").
Rappelons le contenu de la Directive de l'IC :
Au vu de ces éléments, on peut constater que la fraternisation avec les soldats allemands est évoquée à tous les échelons du mouvement communiste : IC, direction centrale du PCF, direction régionale du PCF.
(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes Le PCF et l'Internationale n° 52-53, 2e et 3e trimestre 1993, p. 208 (Lettre intégrale).
Suivant des Instructions de l'IC et de son représentant, Eugen Fried, les communistes français présents à Bruxelles vont progressivement quitter le territoire belge.
Membres de la direction communiste installée en Belgique depuis octobre 1939, Jacques Duclos et son adjoint Maurice Tréand partiront pour Paris le 14 juin.
Autre cas : Martha Desrumeaux, secrétaire de l'UD-CGT du Nord (1937-1939). Pour exercer ce mandat syndical elle avait dû abandonné ses fonctions au sein du secrétariat de la fédération du Nord (direction régionale) et du Comité central (direction nationale). L'une de ses missions pendant la guerre de 1939-1940 : assurer le passage de la frontière franco-belge aux hommes et au matériel de propagande et garantir ainsi une liaison entre les directions parisiennne et bruxelloise du PCF.
A la fin de mai 1940, Jacques Duclos lui confie la mission d'organiser l'action du PCF dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais avec deux tâches principales : recenser les militants disponibles et reprendre la publication de L'Enchaîné, l'organe régional.
Le 1er juin, les Allemands entrent dans Lille. C'est le lendemain ou le surlendemain que Martha Desrumaux arrive dans la capitale du Nord.
Le 6 ou le 7 juin, elle reçoit la visite de Maurice Tréand qui lui rappelle l'importance de faire paraître légalement L'Enchaîné et donc de solliciter les autorités allemandes... Ces négociations n'aboutiront pas.
Dans la première quizaine de juin, paraît clandestinement un premier numéro de L'Enchaîné avec la mention "Organe du Parti Communiste Français, Région du Nord". Dans ce numéro on peut notamment lire :
"Reynaud-Daladier, les laquais à la solde des Capitalistes de Londres crient "La patrie est en danger" donnez votre sang pour la sauver, mais les gros industriels sont partis, eux, en emportant leurs capitaux et vos dernières journées de travail restent impayées. Les Chefs socialistes et réformistes font aussi appel aux armes, ils s'adressent aux sentiments et à la bonne volonté des travailleurs pour les mener à se battre. A toutes leurs raisons ils osent mêler le socialisme qu'ils ont trahi et renié.
Nous connaissons le véritable caractère de cette guerre, son origine, ses buts. Nous ne nous sommes jamais trompé à ce sujet; c'est bien la ploutocratie (puissance de l'or composé des gros industriels banquiers...) qui porte la responsabilité de la guerre.
Seuls les Communistes ont eu raison en se dressant contre cette guerre.
Les travailleurs de France ont rien à gagner dans une telle guerre.
Le peuple de France n'a aucun intérêt à verser son sang pour remplir les coffres-forts des capitalistes.
LE PEUPLE DE FRANCE VEUT LA PAIX et la VIE MATERIELLE ASSURÉE
Le gouvernement des riches travaille pour les riches.
Un GOUVERNEMENT DU PEUPLE TRAVAILLANT POUR LE PEUPLE. Il serait un gouvernement de Paix. Il donnerait la sécurité aux masses laborieuses. Plus de deuil, ni de foyers détruits, plus de séparations cruelles, plus de Famine!
TRAVAILLEURS DE FRANCE EXIGEZ UN GOUVERNEMENT POPULAIRE.
A leur arrivée à Paris le 15 juin, Jacques Duclos et son ajoint Maurice Tréand prennent la direction du Parti communiste clandestin.
La Région Nord-Pas-de-Calais sera la première Région avec laquelle ils établiront une liaison.
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Dans une lettre du 3 juillet 1940, Jacques Duclos adresse à Martha Desrumeaux des Instructions inspirées en grande partie de la Directive de l'IC du du 22 juin 1940. ll lui prescrit notamment la tâche suivante : encourager les contacts entre les travailleurs français et les soldats allemands ("établir des liens fraternels").
Rappelons le contenu de la Directive de l'IC :
"Indispensable
organiser travail correspondant parmi armée occupation et utilisation
tout contact population civile avec soldats allemands pour les inciter à
renoncer commettre actes de violence et leur faire comprendre que
assujettissement peuple français est contraire véritables intérêts
peuple allemand."
Au vu de ces éléments, on peut constater que la fraternisation avec les soldats allemands est évoquée à tous les échelons du mouvement communiste : IC, direction centrale du PCF, direction régionale du PCF.
(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes Le PCF et l'Internationale n° 52-53, 2e et 3e trimestre 1993, p. 208 (Lettre intégrale).
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Dans son numéro du 4 juillet 1940, l'Humanité affirme que "le peuple de France veut la paix" avec l'Allemagne nazie et qu'en conséquence il exige "d'énergiques mesures" contre le Général de Gaulle qui est non seulement un belliciste puisqu'il veut "entraîner à nouveau les Français
dans la guerre" mais en plus un traître puisqu'il agit sur "ordre de l'Angleterre impérialiste".
En d'autres termes, l'organe central du PCF encourage les autorités allemandes et le Gouvernement Pétain à réprimer le mouvement gaulliste qui constitue en juillet 1940 l'embryon de la Résistance !!!
Outre la condamnation de la Résistance ce journal pro-allemand plaide pour la signature "d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique et serait la garantie de la paix en Europe".
En clair, la signature d'un Pacte d'amitié entre la France et l'URSS serait non seulement conforme aux intérêts de l'Allemagne mais en plus inciterait l'Angleterre à faire la Paix.
En d'autres termes, l'organe central du PCF encourage les autorités allemandes et le Gouvernement Pétain à réprimer le mouvement gaulliste qui constitue en juillet 1940 l'embryon de la Résistance !!!
Outre la condamnation de la Résistance ce journal pro-allemand plaide pour la signature "d'un pacte d'amitié franco-soviétique qui compléterait le pacte germano-soviétique et serait la garantie de la paix en Europe".
En clair, la signature d'un Pacte d'amitié entre la France et l'URSS serait non seulement conforme aux intérêts de l'Allemagne mais en plus inciterait l'Angleterre à faire la Paix.
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On rappellera les "énergiques mesures" prises par le Gouvernement Pétain puis le Régime de Vichy contre le Général de Gaulle en raison de son engagement à poursuivre le combat contre l'Allemagne nazie :
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Outre un plaidoyer en faveur de la Paix avec l'Allemagne nazie ("Le peuple de France veut la paix") l'Humanité du 4 juillet 1940 publie aussi un texte célébrant les contacts entre la population parisienne et la Wehrmacht sous le titre "Les travailleurs français et les soldats allemands".
Dans ce texte l'Humanité fait le constat que dans les rues ou dans les bistrots de Paris les travailleurs français s'entretiennent "amicalement avec les soldats allemands".
Elle résume d'un mot le sentiment que ces scènes de fraternisation entre l'occupant et l'occupé suscite au Parti communiste : "réconfortant".
Pour ce dernier les soldats allemands ne sont pas des envahisseurs mais des prolétaires avec lesquels il faut s'unir pour combattre l'ennemi commun : le capitalisme.
Illustration de cette lutte des classes, l'Humanité souligne que seuls "certains bourgeois aussi stupides que malfaisants" condamnent cet accueil chaleureux que le prolétariat parisien a réservé aux conquérants nazis.
Pour toutes ces raisons, l'Humanité non seulement félicite "les camarades" qui sympathisent avec les Allemands mais en plus les encourage à amplifier le mouvement pour réaliser cette espérance communiste : "la fraternité des peuples".
Le thème de la fraternité des peuples, qui signifie avant tout la fraternité franco-allemande, sera une constante de la propagande communiste jusqu'au... 22 juin 1941 et l'invasion de l'URSS par les armées allemandes. Pour comparaison, on citera la Une de l'Humanité du 24 août 1944 : "Pour en finir avec l'envahisseur exécré : A chaque Parisien son Boche !"
Dans ce texte l'Humanité fait le constat que dans les rues ou dans les bistrots de Paris les travailleurs français s'entretiennent "amicalement avec les soldats allemands".
Elle résume d'un mot le sentiment que ces scènes de fraternisation entre l'occupant et l'occupé suscite au Parti communiste : "réconfortant".
Pour ce dernier les soldats allemands ne sont pas des envahisseurs mais des prolétaires avec lesquels il faut s'unir pour combattre l'ennemi commun : le capitalisme.
Illustration de cette lutte des classes, l'Humanité souligne que seuls "certains bourgeois aussi stupides que malfaisants" condamnent cet accueil chaleureux que le prolétariat parisien a réservé aux conquérants nazis.
Pour toutes ces raisons, l'Humanité non seulement félicite "les camarades" qui sympathisent avec les Allemands mais en plus les encourage à amplifier le mouvement pour réaliser cette espérance communiste : "la fraternité des peuples".
Le thème de la fraternité des peuples, qui signifie avant tout la fraternité franco-allemande, sera une constante de la propagande communiste jusqu'au... 22 juin 1941 et l'invasion de l'URSS par les armées allemandes. Pour comparaison, on citera la Une de l'Humanité du 24 août 1944 : "Pour en finir avec l'envahisseur exécré : A chaque Parisien son Boche !"
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L'Humanité du 7 juillet 1940 publie un Appel au "Peuple de France !" signé par Maurice Thorez et Jacques Duclos. Ce texte porte la signature de Maurice Thorez bien qu'il ne soit pas présent sur le territoire français. En effet,
après sa désertion en octobre 1939, le secrétaire général du Parti communiste s'est installé en Belgique
avant de rejoindre... Moscou en novembre 1939. L'ajout de cette signature vise à convaincre les militants communistes
que c'est Maurice Thorez qui dans la clandestinité dirige le Parti.
Dans cet Appel au "Peuple de France !", le Parti communiste condamne le projet de modification constitutionnelle qui doit attribuer les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain en avançant deux arguments : 1) ce projet est soutenu par ceux, qui avant la signature de l'armistice franco-allemand, constituaient le "Parti de la guerre", 2) cette modification constitutionnelle ne profitera qu'aux "ploutocrates, aux profiteurs" autrement dit aux capitalistes. Il appelle ensuite le peuple de France à se rassembler dans un "FRONT DE LA LIBERTE, DU TRAVAIL ET DE L'INDEPENDANCE DE LA FRANCE" qui aura pour mission de soutenir la constitution d'un "GOUVERNEMENT DU PEUPLE" dirigé exclusivement par le Parti communiste, le "Parti de la Paix".
C'est donc au nom de la Paix que le Parti communiste s'oppose à l'attribution des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
Dans cet Appel au "Peuple de France !", le Parti communiste condamne le projet de modification constitutionnelle qui doit attribuer les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain en avançant deux arguments : 1) ce projet est soutenu par ceux, qui avant la signature de l'armistice franco-allemand, constituaient le "Parti de la guerre", 2) cette modification constitutionnelle ne profitera qu'aux "ploutocrates, aux profiteurs" autrement dit aux capitalistes. Il appelle ensuite le peuple de France à se rassembler dans un "FRONT DE LA LIBERTE, DU TRAVAIL ET DE L'INDEPENDANCE DE LA FRANCE" qui aura pour mission de soutenir la constitution d'un "GOUVERNEMENT DU PEUPLE" dirigé exclusivement par le Parti communiste, le "Parti de la Paix".
C'est donc au nom de la Paix que le Parti communiste s'oppose à l'attribution des pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
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Premier numéro de l'organe central des Jeunesses communistes publié après la défaite de la France, L'Avant-Garde n° 15 de juillet 1940 approuve l'armistice franco-allemand et plaide pour la constitution d'un gouvernement communiste qui garantira "l'institution d'une paix durable".
A l'opposé des Appels du Général de Gaulle exhortant les Français à s'engager dans la Résistance, les Jeunesses communistes appellent la Jeunesse de France à se mobiliser pour la Paix avec l'Allemagne nazie.
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Après deux mois d'inactivité due aux effets cumulés de la mobilisation, des arrestations et de l'offensive allemande de mai 1940, les Jeunesses communistes reprennent leur action clandestine en juillet 1940 à la demande du Parti communiste.
Cette action clandestine se manifeste avec la diffusion entre le 6 et le 20 juillet de deux numéros de leur organe central (L'Avant-Garde n° 15 de juillet 1940 et L'Avant-Garde n° 16 de juillet 1940) et la publication à la fin du mois d'un Appel à la "Jeunesse de France".
La résurgence de l'activité des Jeunesses communistes est décrite dans les rapports des 6, 18 et 20 juillet 1940 envoyés à l'Internationale communiste par la direction centrale du Parti communiste.
Dans le rapport du 6 juillet 1940, Jacques Duclos mentionne la reprise imminente de la publication de L'Avant Garde et évoque le projet d'un manifeste de la Jeunesse communiste (JC) devant montrer à la Jeunesse de France "le chemin du salut" :
"Nous avons demandé aux jeunesses de faire paraître l'AG [L'Avant-Garde] ce qui va être fait mais de plus au moment où on fait approuver par le maréchal Pétain de fantomatiques groupements de la jeunesse il va falloir que la JC parle et dise à la jeunesse de France quel est le chemin du salut; nous allons prendre des mesures pour que cela soit fait le plus rapidement possible" (1).
Dans celui du 18 juillet 1940, le responsable du Parti communiste clandestin indique que les manifestes du Parti communiste ("Peuple de France!") et des Jeunesses communistes ("Jeunesse de France !") ont été imprimés :
"Nous
avons édité le manifeste dont nous vous parlions dans notre précédente
lettre et nous avons édité aussi un manifeste de la Jeunesse dont nous
avons réorganisé la direction et que nous aidons de notre mieux." (2)
Enfin, dans le rapport du 20 juillet 1940, Maurice Tréand, alors n° 2 du Parti communiste clandestin, mentionne la diffusion de deux numéros de L'Avant-Garde et la publication d'un Appel à la Jeunesse de France ("manifeste") :
"Pour les Jeunesses nous avons mis Madeleine Georet que Jeannette connais bien, nous avons une direction mais avec bien plus de jeunes filles : 2 A.G. [L'Avant-Garde] sont sortis. Nous leur avons fait un manifeste, mais il ni [sic] y avait pas assez de revendications. Alors, ils l'ont tous ajouté [sic]". (3)
(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes, Le PCF et l'Internationale de la guerre à l'effondrement de la France, n° 52-53, 1993, p. 216.
(2) Ibid. p. 224.
(3) Ibid. p. 227.
"Pour les Jeunesses nous avons mis Madeleine Georet que Jeannette connais bien, nous avons une direction mais avec bien plus de jeunes filles : 2 A.G. [L'Avant-Garde] sont sortis. Nous leur avons fait un manifeste, mais il ni [sic] y avait pas assez de revendications. Alors, ils l'ont tous ajouté [sic]". (3)
(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes, Le PCF et l'Internationale de la guerre à l'effondrement de la France, n° 52-53, 1993, p. 216.
(2) Ibid. p. 224.
(3) Ibid. p. 227.
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Suivant l'exemple de l'Humanité, L'Avant-Garde n° 16 de juillet 1940 encourage les jeunes français à sympathiser avec les Allemands en avançant l'argument qu'un soldat de la Wehrmacht est avant tout un "ouvrier allemand".
Pour les communistes l'ennemi n'est pas le nazisme mais le capitalisme.
Pour diffuser cet appel à fraterniser avec l'ennemi les Jeunesses communistes peuvent compter sur leurs militants et notamment Guy Môquet.
On rappellera que les n° 15 et 16 de L'Avant-Garde ont été publiés entre les 6 et 20 juillet 1940.
Pour les communistes l'ennemi n'est pas le nazisme mais le capitalisme.
Pour diffuser cet appel à fraterniser avec l'ennemi les Jeunesses communistes peuvent compter sur leurs militants et notamment Guy Môquet.
On rappellera que les n° 15 et 16 de L'Avant-Garde ont été publiés entre les 6 et 20 juillet 1940.
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Le 18 juin 1940, soit quatre jours après l'entrée des armées hitlériennes dans Paris, sur des instructions de l'Internationale communiste, le Parti communiste s'engage dans des négociations avec les autorités
allemandes pour obtenir la légalisation de ses activités qui étaient interdites depuis septembre 1939.
Expression d'une volonté manifeste de collaborer avec l'envahisseur nazi, ces négociations débutent avant
même la signature de l'armistice franco-allemand et donc l'arrêt des combats.
Elle
prennent fin le 27 août 1940 avec la décision des communistes de ne pas
les poursuivre. Deux raisons expliquent cette décision. Tout d'abord,
l'absence de résultat, à l'exception de la libération des militants
communistes détenus dans la zone occupée. Ensuite une virulente critique
de l'IC motivée par le comportement des communistes français qui
étaient totalement sortis du cadre fixé en acceptant de discuter avec
Abetz d'un gouvernement révolutionnaire à Paris.
Malgré
cet échec le Parti communiste continuera de se mobiliser pour sa
légalisation en appelant les masses à multiplier les démarches auprès de
la puissance occupante pour qu'elle autorise ses activités.
De nombreux documents permettent de prouver la réalité de cette ligne légaliste reconnaissant les autorités allemandes comme des autorités légitimes : Instructions de l'IC, rapports de Jacques Duclos, l'Humanité du mercredi 19 juin 1940, demande de parution de l'Humanité sous censure allemande du 26 juin 1940, Ce Soir n° 1 du 8 juillet 1940, brochure Nous accusons de janvier 1941...).
De nombreux documents permettent de prouver la réalité de cette ligne légaliste reconnaissant les autorités allemandes comme des autorités légitimes : Instructions de l'IC, rapports de Jacques Duclos, l'Humanité du mercredi 19 juin 1940, demande de parution de l'Humanité sous censure allemande du 26 juin 1940, Ce Soir n° 1 du 8 juillet 1940, brochure Nous accusons de janvier 1941...).
On citera un autre document tout aussi révélateur : les Instructions du PCF de juillet 1940.
Texte
de la direction centrale envoyée dans la deuxième ou troisième semaine
de juillet aux responsables du parti avec lesquel une liaison avait pu
être établi dans la region parisienne et les départements limitrophes,
ces Instructions se composent de deux parties.
Dans la première titrée "La Situation", le Parti communiste célèbre la défaite de la France comme une "victoire" pour "la classe ouvrière française et mondiale", reconnait que dans son combat contre "l'impérialisme français" Hitler a été un "allié occasionnel", fait état de la libération de militants communistes par
les autorités allemandes, rend compte de ses négociations avec
la puissance occupante et enfin définit sa ligne politique à court terme : "l'objectif immédiat est la lutte pour la légalité".
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Dans une France occupée par les armées du IIIe Reich, l'Humanité du 13 juillet 1940 célèbre "la fraternité franco-allemande".
En effet, le constat que "les conversations amicales entre travailleurs parisiens et soldats allemands se multiplient" est agrémenté de ce commentaire enthousiaste et approbateur du journal communiste : "Nous en sommes heureux".
On rappellera que dans son rapport à l'IC du 30 juin 1940, Jacques Duclos a fait le même constat et le même commentaire :
Pour que ces conversations amicales soient le fondement de la fraternité franco-allemande, l'Humanité lance ce mot-d'ordre : "Apprenons à nous connaître".
Ainsi, pour susciter la sympathie des conquérants nazis, les prolétaires français devront simplement leur rappeler que "les Députés communistes ont été jetés en prison pour avoir défendu la Paix" et "qu'en 1923, les Communistes se dressèrent contre l'occupation de la Rhur".
Cette célébration des engagements pro-allemands du Parti communiste porte sur deux événements particuliers.
Le premier fait référence à la lettre des députés communistes du 1er octobre 1939 dans laquelle ils demandaient au président de la Chambre l'organisation d'une délibération du Parlement sur la Paix et pour laquelle ils furent condamnés en avril 1940 à des peines de prison.
Le second évoque la mobilisation des communistes contre l'occupation de Rhur par les armées françaises en 1923 consécutive au refus du gouvernement allemand de payer les indemnités de réparations fixées par le Traité de Versailles.
Dénoncer l'occupation de la Rhur par les armée françaises en 1923 alors que la France est occupée par les armées allemandes sera une constante de la propagande communiste jusqu'en juin 1941 et l'entrée des communistes dans la Résistance à la suite de l'invasion de leur patrie - l'URSS - par son ancien allié : l'Allemagne nazie.
Ainsi, le programme de gouvernement du Parti communiste de février 1941 intitulé "Pour le salut du peuple de France" proposera la mesure suivante :
Dans ses précédents appels à fraterniser, l'Humanité mettaient en évidence que les soldats allemands étaient avant tout des prolétaires avec lesquels il fallait s'unir contre l'ennemi commun : le capitalisme autrement dit les bourgeoisies française et allemande.
Dans ce texte, l'Humanité appelle toujours à l'union avec les ouvriers sous uniforme allemand. Toutefois, l'ennemi désigné dans le cas présent n'est le capitalisme mais l'impérialisme français responsable de la guerre de la guerre de 1939-1940 et de l'occupation de la Rhur en 1923.
En d'autres termes, les soldats allemands qui patrouillent dans la zone occupée ne sont pas des agents de la barbarie nazie mais des victimes de l'impérialisme français !!!
En effet, le constat que "les conversations amicales entre travailleurs parisiens et soldats allemands se multiplient" est agrémenté de ce commentaire enthousiaste et approbateur du journal communiste : "Nous en sommes heureux".
On rappellera que dans son rapport à l'IC du 30 juin 1940, Jacques Duclos a fait le même constat et le même commentaire :
"En bref, la population parisienne n'aime pas les occupants, elles se
sent profondément humiliée, mais cependant, et c'est très heureux, on
voit se généraliser des attroupements d'ouvriers conversant avec des
soldats allemands et les
amenant "au bistrot du coin" pour parler plus à l'aise devant une
tournée; les conversations de cet ordre roulent toujours sur le
capitalisme, sur le socialisme, sur l'URSS pays du socialisme, sur les
communistes et d'une manière générale les ouvriers parisiens ne sont
pas à court d'arguments dans les discussions avec les soldats
allemands".
Pour que ces conversations amicales soient le fondement de la fraternité franco-allemande, l'Humanité lance ce mot-d'ordre : "Apprenons à nous connaître".
Ainsi, pour susciter la sympathie des conquérants nazis, les prolétaires français devront simplement leur rappeler que "les Députés communistes ont été jetés en prison pour avoir défendu la Paix" et "qu'en 1923, les Communistes se dressèrent contre l'occupation de la Rhur".
Cette célébration des engagements pro-allemands du Parti communiste porte sur deux événements particuliers.
Le premier fait référence à la lettre des députés communistes du 1er octobre 1939 dans laquelle ils demandaient au président de la Chambre l'organisation d'une délibération du Parlement sur la Paix et pour laquelle ils furent condamnés en avril 1940 à des peines de prison.
Le second évoque la mobilisation des communistes contre l'occupation de Rhur par les armées françaises en 1923 consécutive au refus du gouvernement allemand de payer les indemnités de réparations fixées par le Traité de Versailles.
Dénoncer l'occupation de la Rhur par les armée françaises en 1923 alors que la France est occupée par les armées allemandes sera une constante de la propagande communiste jusqu'en juin 1941 et l'entrée des communistes dans la Résistance à la suite de l'invasion de leur patrie - l'URSS - par son ancien allié : l'Allemagne nazie.
Ainsi, le programme de gouvernement du Parti communiste de février 1941 intitulé "Pour le salut du peuple de France" proposera la mesure suivante :
"Etablissement de rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand en rappelant l'action menée par les communistes et par le peuple français contre le traité de Versailles, contre l'occupation du bassin de la Rhur, contre l'oppression d'un peuple contre un autre peuple".
Dans ses précédents appels à fraterniser, l'Humanité mettaient en évidence que les soldats allemands étaient avant tout des prolétaires avec lesquels il fallait s'unir contre l'ennemi commun : le capitalisme autrement dit les bourgeoisies française et allemande.
Dans ce texte, l'Humanité appelle toujours à l'union avec les ouvriers sous uniforme allemand. Toutefois, l'ennemi désigné dans le cas présent n'est le capitalisme mais l'impérialisme français responsable de la guerre de la guerre de 1939-1940 et de l'occupation de la Rhur en 1923.
En d'autres termes, les soldats allemands qui patrouillent dans la zone occupée ne sont pas des agents de la barbarie nazie mais des victimes de l'impérialisme français !!!
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Dans son rapport à l'IC du 18 juillet 1940, Jacques Duclos décrit les rapports des prisonniers de guerre avec les garde-mobiles français ("révolte"), les soldats allemands ("chics") et les nazis ("se méfier") avant de fixer l'objectif des organisations communistes dans ces camps de prisonniers : "développer systématiquement la fraternisation avec les soldats allemands".
(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes Le PCF et l'Internationale n° 52-53, 2e et 3e trimestre 1993, pp. 221-222.
(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes Le PCF et l'Internationale n° 52-53, 2e et 3e trimestre 1993, pp. 221-222.
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Le 19 juillet 1940, l'IC adopte une Directive sur le Parti communiste en s'appuyant notamment sur les rapports de Jacques Duclos des 30 juin, 3 juillet et 6 juillet 1940.
Cette directive est envoyée le lendemain à Paris dans un télégramme signé par Georges Dimitrov, secrétaire général de l'IC, et Maurice Thorez, secrétaire général du PCF.
Cette directive est envoyée le lendemain à Paris dans un télégramme signé par Georges Dimitrov, secrétaire général de l'IC, et Maurice Thorez, secrétaire général du PCF.
On retiendra de ce télégramme du 20 juillet 1940 les points suivants :
1) négociation avec les Allemands.
Tout d'abord, l'IC adresse un satisfecit à Duclos pour les négociations avec les autorités allemandes (la première avec Weber et la seconde qui est toujours en cours). La seule critique ("faute") porte sur l'entrevue entre les dirigeants communistes et Abetz.
Illustration que la rencontre du 26 juin était pour l'IC une faute, le commentaire qu'a noté Maurice Thorez dans son carnet à la date du 12 juillet quand il a pris connaissance de l'événement : "Tentative collaborer avec le Parti. Le compromettre parce qu'il reste la seule force". (2)
On peut constater - comme pour le télégramme du 22 juin 1940 - qu'il y a un accord clair entre Jacques Duclos, Maurice Thorez et Georges Dimitrov pour que les communistes négocient avec les Allemands à la condition que le Parti ne soit pas directement engagé.
D'ailleurs l'IC réaffirme son soutien à cette ligne légaliste à la fin de son télégramme : "Juste utiliser toutes possibilités légales".
2) Fraternisation franco-allemande.
L'IC prescrit au Parti communiste d'encourager les Français et surtout les Françaises à fraterniser avec les soldats allemands : "Organisation conversations amicales population civile, particulièrement femmes bien préparées, avec soldats occupation représente tâche capitale."
L'IC corrige le programme de politique étrangère que Jacques Duclos a défini dans son rapport du 30 juin :
Politique Extérieure
Maintien de l'armistice et répression énergique de toute action tendant à entraîner à nouveau le peuple français dans la guerre.
Soutien des peuples coloniaux dans la lutte pour leurs revendications et leur indépendance.
Conclusion d'un pacte d'amitié avec l'URSS qui compléterait le pacte germano-soviétique et constituerait un important facteur de pacification européenne".
L'IC écarte la formule "maintien de l'armistice" qui laisse supposer que la Paix communiste serait identique à la Paix pétainiste.
Elle invite à garder le silence sur le Général de Gaulle et l'Angleterre pour que l'anglophobie et l'antigaullisme du Parti communiste ne servent ni les Allemands ni le Gouvernement Pétain qui a rompu le 4 juillet 1940 ses relations diplomatiques avec Londres à la suite de l'attaque d'une escadre anglaise contre la flotte française qui stationnait à Mers-el-Kébir, près d'Oran
C'est la première mention du Général de Gaulle dans un télégramme de l'IC
Enfin - point important - Moscou rejette toute référence au pacte germano-soviétique et à la pacification de l'Europe dans la revendication d'un pacte d'amitié franco-soviétique.
Dans sa forme initiale cette revendication signifiait que la signature d'un pacte d'amitié entre la France et l'URSS serait non seulement conforme aux intérêts de l'Allemagne ;mais en plus inciterait l'Angleterre à faire la Paix.
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L'Humanité du 27 juillet 1940 met en scène une conversation entre "un travailleur
parisien et un soldat allemand" pour illustrer les thèmes suivants :
1) la fraternité des peuples et notamment la fraternité franco-allemande : les communistes sont "les amis de tous les peuples, allemand, italien, anglais etc... ainsi que des peuples coloniaux".
2) la condamnation du capitalisme français : les communistes sont "les ennemis des capitalistes français". Les capitalistes allemands ne sont pas nommés. Un oubli sûrement....
3) la condamnation de l'impérialisme français :
- "Quand les impérialistes français occupèrent la Rhur, les travailleurs français, derrière le Parti Communiste combattirent l'occupation". Par contre, le Parti communiste ne combat pas les impérialistes allemands quand ils occupent la France.
- "Les impérialistes français ont voulu la guerre" autrement dit ils portent la responsabilité du conflit franco-allemand de 1939-1940.
4) la Paix avec l'Allemagne : "des milliers d'ouvriers ont lutté pour la paix et sont emprisonnés". Rappel que depuis septembre 1939 les militant communistes défendent la Paix avec l'Allemagne et que nombre d'entre eux ont été condamnés par les tribunaux de la République pour cet engagement. Ce rappel vise aussi à mettre en évidence l'opportunisme des pétainistes dont le pacifisme date de juin 1940.
5) le Parti communiste est le seul parti français : "Cà, c'est la vraie France". La vraie France du Parti communiste, autrement dit la France qui fraternise avec les allemands, s'oppose à celle du Maréchal Pétain et à celle du Général de Gaulle. La France du Maréchal Pétain est dénoncée par les communistes parce qu'elle est capitaliste. Quant à la France du Général de Gaulle elle est condamnée par les communistes parce qu'elle incarne le refus de l'armistice franco-allemand.
1) la fraternité des peuples et notamment la fraternité franco-allemande : les communistes sont "les amis de tous les peuples, allemand, italien, anglais etc... ainsi que des peuples coloniaux".
2) la condamnation du capitalisme français : les communistes sont "les ennemis des capitalistes français". Les capitalistes allemands ne sont pas nommés. Un oubli sûrement....
3) la condamnation de l'impérialisme français :
- "Quand les impérialistes français occupèrent la Rhur, les travailleurs français, derrière le Parti Communiste combattirent l'occupation". Par contre, le Parti communiste ne combat pas les impérialistes allemands quand ils occupent la France.
- "Les impérialistes français ont voulu la guerre" autrement dit ils portent la responsabilité du conflit franco-allemand de 1939-1940.
4) la Paix avec l'Allemagne : "des milliers d'ouvriers ont lutté pour la paix et sont emprisonnés". Rappel que depuis septembre 1939 les militant communistes défendent la Paix avec l'Allemagne et que nombre d'entre eux ont été condamnés par les tribunaux de la République pour cet engagement. Ce rappel vise aussi à mettre en évidence l'opportunisme des pétainistes dont le pacifisme date de juin 1940.
5) le Parti communiste est le seul parti français : "Cà, c'est la vraie France". La vraie France du Parti communiste, autrement dit la France qui fraternise avec les allemands, s'oppose à celle du Maréchal Pétain et à celle du Général de Gaulle. La France du Maréchal Pétain est dénoncée par les communistes parce qu'elle est capitaliste. Quant à la France du Général de Gaulle elle est condamnée par les communistes parce qu'elle incarne le refus de l'armistice franco-allemand.
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Dans l'Enchaîné n° 11 de juillet 1940, preuve de son adhésion à la ligne fixée par la direction centrale, la Région Nord-Pas-de-Calais du PCF publie un manifeste intitulé "Nous continuons la lutte" (pour la Paix avec l'Allemagne nazie) dans lequel elle reprend les revendications formulées dans l'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940 :
- "maintien de la Paix".
- libération des élus et militants communistes condamnés pour défaitisme.
- rétablissement dans leur fonctions des élus communistes déchus de leurs mandats "pour avoir défendu la PAIX."
- signature d'un pacte d'amitié franco-soviétique.
- constitution d'un gouvernement dirigé par le PCF.
- libération des élus et militants communistes condamnés pour défaitisme.
- rétablissement dans leur fonctions des élus communistes déchus de leurs mandats "pour avoir défendu la PAIX."
- signature d'un pacte d'amitié franco-soviétique.
- constitution d'un gouvernement dirigé par le PCF.
Rappelons que la Région Nord-Pas-de-Calais dirigée par Martha Desrumeaux
est la première Région avec laquelle la direction centrale a pu
reconstituer une liaison. Cette dernière a pu ainsi lui adresser des instructions (lettre du 3 juillet 1940) et du matériel de propagande qui se compose de l'Humanité et des tracts les plus importants (un extrait de l'Appel au "Peuple de France" de juillet 1940 sera publié dans l'Enchaîné n° 13 de septembre 1940).
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A la fin de juillet 1940, soit un mois après la signature de l'armistice
franco-allemand, le Parti communiste lance un Appel au
"Peuple de France".
Signé "Au nom du Comité Central du Parti Communiste Français" par
Maurice Thorez et Jacques Duclos, secrétaire général et secrétaire du
PCF, cet appel est un véritable plaidoyer pour la constitution... d'un Gouvernement de Paix communiste.
Pour justifier cette revendication et en même temps marquer la
différence entre son projet pacifiste et celui du Maréchal Pétain, le
Parti communiste affirme que seuls les communistes sont en mesure de
négocier avec Hitler une "Paix dans l’indépendance complète et réelle de la France" ou encore "une paix véritable" car "seuls, les Communistes ont lutté contre la guerre".
Autres caractérisques marquantes du texte : la condamnation de "l'impérialisme britannique", la célébration du "Pacte germano-soviétique", l'éloge de la fraternité franco-allemande ("la fraternité des peuples que de toutes nos forces nous voulons") ou encore la revendication portant sur "la libération des défenseurs de la Paix".
Par
son contenu, ce tract prouve que la défaite de la France en juin 1940
et l'occupation allemande qui en a été la conséquence n'ont provoqué
aucun changement dans la ligne pacifiste, anglophobe et germanophile
défendue par le PCF depuis le début du conflit européen.
Sur
ce constat, on posera la question suivante : doit-on considérer l'appel
du PCF de juillet 1940 comme un acte de Résistance ou un acte de
Collaboration ?
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A la fin de juillet 1940, soit un mois après la signature de
l'armistice franco-allemand, les Jeunesses communistes lancent un Appel à
la "Jeunesse de France !".
Dans ce tract, suivant la ligne du Parti communiste, elles appellent "les jeunes de France" à s'unir pour exiger notamment :
"LA LIBÉRATION DE TOUS CEUX QUI ONT ÉTÉ EMPRISONNÉS POUR AVOIR DÉFENDU LA PAIX." et
"LA
CONSTITUTION D'UN GOUVERNEMENT DU PEUPLE AU SERVICE DU PEUPLE, SEUL
CAPABLE DE RELEVER LA FRANCE ET D'ASSURER LA PAIX DANS LA LIBERTÉ ET
L’INDÉPENDANCE DE NOTRE PAYS."
Dans une France occupée par les nazis, les jeunes français sont aussi invités à se battre pour... "L'OUVERTURE DES STADES ET PISCINES POUR UN SPORT SAIN ET POPULAIRE."
La
diffusion à l'été 1940 d'un texte appelant à la constitution d'un
Gouvernement de Paix communiste et à... l'ouverture des piscines
constitue la preuve éclatante de la Résistance des militants des
Jeunesses communistes à commencer par celle d'un dénommé... Guy Môquet.
Août 1940
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Dans L'Enchaîné n° 12 d'août 1940, en totale conformité avec la ligne fixée par la direction centrale, les communistes de la Région Nord-Pas-de-Calais appellent les Français à se mobiliser pour un Gouvernment de Paix communiste.
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Dans L'Enchaîné n° 12 d'août 1940, suivant la ligne légaliste fixée par la direction centrale, les communistes de la Région Nord-Pas de Calais appellent les autorités allemandes à légaliser la presse communiste et à libérer les élus communiste emprisonnés pour avoir défendu la Paix.
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En septembre 1940, le Parti communiste a diffusé dans la région de Bordeaux une brochure d'une vingtaine de pages intitulée "Union du peuple pour libérer la France".
Tirée à 300 exemplaires, cette brochure datée d'août 1940 a été rédigée par Charles Tillon. Membre du Comité central, ce dernier dirigeait l'action du Parti communiste dans tout le Sud-Ouest.
Sa diffusion visait deux objectifs : 1) faire connaître aux cadres locaux la position du Parti dans une France défaite et occupée par les armées allemandes, 2) leur permettre de diffuser sous forme de tract les textes composant cette publication.
En totale conformité avec la ligne fixée par la direction centrale, la brochure "Union du peuple pour libérer la France" accusait les gouvernements français des années 1930 d'avoir mené une politique étrangère prohitlérienne et antisoviétique, condamnait la guerre impérialiste de 1939-1940, célébrait l'action pacifiste des communistes pendant ce conflit, dénonçait le général de Gaulle et l'impérialisme anglais, plaidait pour un Gouvernement communiste qui négocierait la Paix avec l'Allemagne (libération nationale) et instaurerait un régime socialiste (libération sociale), et enfin témoignait de la fidélité des communistes français à l'IC et à l'URSS.
Autre thème significatif : la condamnation du Maréchal Pétain et de son régime. Un exemple, la brochure avait pour sous-titre "L'ordre nouveau c'est le fascisme".
On peut retenir des trois extraits cités les points suivants :
Tirée à 300 exemplaires, cette brochure datée d'août 1940 a été rédigée par Charles Tillon. Membre du Comité central, ce dernier dirigeait l'action du Parti communiste dans tout le Sud-Ouest.
Sa diffusion visait deux objectifs : 1) faire connaître aux cadres locaux la position du Parti dans une France défaite et occupée par les armées allemandes, 2) leur permettre de diffuser sous forme de tract les textes composant cette publication.
En totale conformité avec la ligne fixée par la direction centrale, la brochure "Union du peuple pour libérer la France" accusait les gouvernements français des années 1930 d'avoir mené une politique étrangère prohitlérienne et antisoviétique, condamnait la guerre impérialiste de 1939-1940, célébrait l'action pacifiste des communistes pendant ce conflit, dénonçait le général de Gaulle et l'impérialisme anglais, plaidait pour un Gouvernement communiste qui négocierait la Paix avec l'Allemagne (libération nationale) et instaurerait un régime socialiste (libération sociale), et enfin témoignait de la fidélité des communistes français à l'IC et à l'URSS.
Autre thème significatif : la condamnation du Maréchal Pétain et de son régime. Un exemple, la brochure avait pour sous-titre "L'ordre nouveau c'est le fascisme".
On peut retenir des trois extraits cités les points suivants :
- Dénonciation du caractère impérialiste de la guerre contre l'Allemagne nazie. (extrait n° 1)
- Condamnation de l'armistice pétainiste au motif qu'il ne mettra pas fin à la guerre impérialiste (extrait n° 1). Autrement dit seul un Gouvernement communiste est légitime pour signer un armistice ou un traité de paix avec l'Allemagne.
- Paix avec l'Allemagne nazie (libération nationale) (extraits n° 2 et 3).
- Révolutions socialiste (libération sociale) (extrait n° 3).
- Anglophobie (extrait n° 3).
- Condamnation de l'armistice pétainiste au motif qu'il ne mettra pas fin à la guerre impérialiste (extrait n° 1). Autrement dit seul un Gouvernement communiste est légitime pour signer un armistice ou un traité de paix avec l'Allemagne.
- Paix avec l'Allemagne nazie (libération nationale) (extraits n° 2 et 3).
- Révolutions socialiste (libération sociale) (extrait n° 3).
- Anglophobie (extrait n° 3).
Dans ses livres publiés livres publiés en 1977 (On chantait rouge) et 1991 (Les FTP, soldats sans uniforme), Charles Tillon a mis en avant cette brochure, rebaptisée "le manifeste de Bordeaux", comme l'une des preuves de... la Résistance communiste.
(1) R. Bourderon, Le PCF à l'épreuve de la guerre, 1940-1943, 2012, pp. 55-56.
(2) Ibid. p. 57.
(3) Ibid. p. 56.
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Dans son rapport à l'IC du 5 août 1940, Jacques Duclos consacre un passage aux étudiants parisiens centré sur leurs sentiments et les conditions de leur recrutement.
Sur le premier point, il décrit les sentiment des étudiants parisiens à l'égard de l'occupant ("anti-allemand"), de Vichy ("hostilité"), de l'Angleterre et du Général de Gaulle ("sympathie"), et enfin de l'URSS ("expectative").
Quant au second, il indique que le recrutement de militants parmi ces étudiants ne sera un succès qu'à la condition de leur montrer que le projet pacifiste du Parti communiste garantira "l'indépendance de la France" : ce sera la finalité de l'Appel aux "Etudiants !" de décembre 1940.
Ce passage permet aussi à Jacques Duclos de répondre favorablement au télégramme de l'IC du 20 juillet 1940 recommandant de "garder silence sur de Gaulle" en affirmant que la propagande communiste ne fait plus référence ni à "l'Angleterre", ni "à ce général" depuis des semaines. Effectivement, la dernière mention du Général de Gaulle dans l'Humanité date du 4 juillet 1940. La lettre de Jacques Duclos à Eugen Fried du 3 juillet 1940 nous donne la raison qui expliquera ce silence : "les appels du Général de Gaulle restent sans échos". Cette consigne sera respectée par la propagande communiste jusqu'à la fin de septembre 1940 et la bataille de Dakar.
(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes 1940 n° 42 3e trimestre 1990, p. 95 (Lettre intégrale).
Sur le premier point, il décrit les sentiment des étudiants parisiens à l'égard de l'occupant ("anti-allemand"), de Vichy ("hostilité"), de l'Angleterre et du Général de Gaulle ("sympathie"), et enfin de l'URSS ("expectative").
Quant au second, il indique que le recrutement de militants parmi ces étudiants ne sera un succès qu'à la condition de leur montrer que le projet pacifiste du Parti communiste garantira "l'indépendance de la France" : ce sera la finalité de l'Appel aux "Etudiants !" de décembre 1940.
Ce passage permet aussi à Jacques Duclos de répondre favorablement au télégramme de l'IC du 20 juillet 1940 recommandant de "garder silence sur de Gaulle" en affirmant que la propagande communiste ne fait plus référence ni à "l'Angleterre", ni "à ce général" depuis des semaines. Effectivement, la dernière mention du Général de Gaulle dans l'Humanité date du 4 juillet 1940. La lettre de Jacques Duclos à Eugen Fried du 3 juillet 1940 nous donne la raison qui expliquera ce silence : "les appels du Général de Gaulle restent sans échos". Cette consigne sera respectée par la propagande communiste jusqu'à la fin de septembre 1940 et la bataille de Dakar.
(1) Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes 1940 n° 42 3e trimestre 1990, p. 95 (Lettre intégrale).
Septembre 1940
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Publié dans l'Humanité du 26 septembre 1940, l'article "A bas la guerre impérialiste !", est une condamnation de toute participation de la France à la guerre impérialiste qui oppose désormais l'Angleterre à l'Allemagne. Le retour de ce thème dans l'organe central du Parti communiste fait suite à la bataille qui s'est déroulée au large de Dakar du 23
au 25 septembre 1940 entre des navires de
la flotte anglaise et de la France Libre et des bâtiments
de la marine de Vichy. La tentative du Général de Gaulle de rallier
Dakar et l'Afrique Occidentale Française (AOF) à la France Libre est un
échec. Pour les communistes cette bataille illustre l'engagement de Français au profit des deux belligérants.
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Dans un télégramme du 27 septembre 1940 adressé à l'IC, la direction du Parti communiste décrit notamment l'état de l'opinion publique. Elle fait état du mécontentement grandissant suscité par la présence allemande et du développement d'un courant d'opinion favorable aux "Anglais". Précisons que les Allemands sont parfois désignés dans les textes communistes comme... "les Messieurs" ou simplement "les M".
L'opposition à l'occupation allemande et le soutien à l'Angleterre sont des facteurs qui favorisent le recrutement de nouveaux combattants pour la France Libre du Général de Gaulle. C'est pour cette raison que le Parti communiste indique dans son télégramme qu'il va accentuer sa propagande en faveur de l'URSS dont les relations pacifiques avec l'Allemagne doivent servir de modèle aux relations franco-allemandes.
L'essor d'un courant favorable à l'Angleterre sera aussi mentionné dans le télégramme du 15 octobre 1940 avec cette fois plus d'inquiétude.
(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 323.
L'opposition à l'occupation allemande et le soutien à l'Angleterre sont des facteurs qui favorisent le recrutement de nouveaux combattants pour la France Libre du Général de Gaulle. C'est pour cette raison que le Parti communiste indique dans son télégramme qu'il va accentuer sa propagande en faveur de l'URSS dont les relations pacifiques avec l'Allemagne doivent servir de modèle aux relations franco-allemandes.
L'essor d'un courant favorable à l'Angleterre sera aussi mentionné dans le télégramme du 15 octobre 1940 avec cette fois plus d'inquiétude.
(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 323.
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L'Humanité édition marseillaise du 27 septembre 1940 montre par son contenu que la ligne fixée par le centre parisien est fidèlement suivie par les communistes en zone non occupée. Ainsi, l'extrait cité résume parfaitement le projet du Parti communiste :
Octobre 1940
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S'appuyant sur une information erronée de Radio-Paris - l'interdiction par le gouvernement anglais du Daily Worker, organe central du Parti communiste de Grande-Bretagne qui s'est mobilisé contre la guerre impérialiste dès septembre 1939 - l'Humanité du 7 octobre 1940 dénonce avec virulence les deux principaux dirigeants de l'Angleterre - le conservateur Winston Churchill et le travailliste Clement Attlee - en les qualifiant de "réactionnaire(s) et d'ennemis du peuple".
Le sort du Daily Worker permet en outre à l'Humanité de rappeler qu'elle a été interdite en août 1939 pour son soutien au Pacte germano-soviétique et que cette interdiction n'a toujours pas été levée par les autorités allemandes.
Pour terminer on mentionnera que le Daily Worker ainsi que The Week, bulletin d'information du journaliste communiste Claud Cockburn, ont été interdits par le gouvernement anglais le 21 janvier 1941 en raison de leur opposition à la guerre contre l'Allemagne nazie.
Cette décision a été condamnée par les communistes. Un exemple, le texte "L'impérialisme américain et la guerre mondiale" publié dans La Politique communiste n° 3 de mars 1941 :
"Au surplus, certaines coïncidences récentes sont dignes de retenir l'attention. C'est au moment où la presse et la radio de Londres célèbrent les décisions du Président Roosevelt que le cabinet Churchill interdit le quotidien communiste Daily Worker et l'hebdomadaire [The] Week, coupables aux yeux des Ministres de Sa Majesté de réclamer pour l'Angleterre un gouvernement populaire capable d'énoncer les buts d'une paix démocratique, équitable, exclusive de toute hégémonie et impliquant la libération de ces 300 millions d'Hindous en révolte ouverte contre la Métropole et dont le Pandit Nehru vient d'exprimer devant le Tribunal de Bombay les légitimes aspirations."
La Politique communiste explique que le gouvernement Churchill a interdit la presse communiste au motif que celle-ci défendait la constitution d'un "gouvernement populaire", autrement dit un gouvernement dirigé par le Parti communiste de Grande-Bretagne, qui établirait avec l'Allemagne nazie "une paix démocratique, équitable, exclusive de toute hégémonie" et qui en outre libérerait les peuples coloniaux de la tutelle anglaise.
L'interdiction de la presse communiste outre-Manche est donc une illustration du bellicisme de l'impérialisme anglais qui a d'ailleurs été renforcé, souligne la brochure communiste, par l'adoption récente par le Congrès américain de la Loi du Prêt-Bail qui permet aux Etats-Unis de fournir une aide massive à l'Angleterre.
Le sort du Daily Worker permet en outre à l'Humanité de rappeler qu'elle a été interdite en août 1939 pour son soutien au Pacte germano-soviétique et que cette interdiction n'a toujours pas été levée par les autorités allemandes.
Pour terminer on mentionnera que le Daily Worker ainsi que The Week, bulletin d'information du journaliste communiste Claud Cockburn, ont été interdits par le gouvernement anglais le 21 janvier 1941 en raison de leur opposition à la guerre contre l'Allemagne nazie.
Cette décision a été condamnée par les communistes. Un exemple, le texte "L'impérialisme américain et la guerre mondiale" publié dans La Politique communiste n° 3 de mars 1941 :
"Au surplus, certaines coïncidences récentes sont dignes de retenir l'attention. C'est au moment où la presse et la radio de Londres célèbrent les décisions du Président Roosevelt que le cabinet Churchill interdit le quotidien communiste Daily Worker et l'hebdomadaire [The] Week, coupables aux yeux des Ministres de Sa Majesté de réclamer pour l'Angleterre un gouvernement populaire capable d'énoncer les buts d'une paix démocratique, équitable, exclusive de toute hégémonie et impliquant la libération de ces 300 millions d'Hindous en révolte ouverte contre la Métropole et dont le Pandit Nehru vient d'exprimer devant le Tribunal de Bombay les légitimes aspirations."
La Politique communiste explique que le gouvernement Churchill a interdit la presse communiste au motif que celle-ci défendait la constitution d'un "gouvernement populaire", autrement dit un gouvernement dirigé par le Parti communiste de Grande-Bretagne, qui établirait avec l'Allemagne nazie "une paix démocratique, équitable, exclusive de toute hégémonie" et qui en outre libérerait les peuples coloniaux de la tutelle anglaise.
L'interdiction de la presse communiste outre-Manche est donc une illustration du bellicisme de l'impérialisme anglais qui a d'ailleurs été renforcé, souligne la brochure communiste, par l'adoption récente par le Congrès américain de la Loi du Prêt-Bail qui permet aux Etats-Unis de fournir une aide massive à l'Angleterre.
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L'Avant-Garde du 13 octobre 1940 appelle la "Jeunesse de France" à se mobiliser pour... "LA PAIX" avec l'Allemagne nazie.
C'est donc au nom de "la Paix dans l'indépendance" que l'organe central des Jeunesses communiste condamne et le Maréchal Pétain et le Général de Gaulle.
Le premier est accusé de vouloir entraîner de nouveau la France dans la guerre au profit cette fois de l'impérialisme allemand. Quant au second il est condamné pour son projet visant à libérer la France non seulement par les armes mais en comptant en plus sur le soutien de l'Angleterre impérialiste.
Pour les communistes, l'indépendance de la France ne sera préservée qu'à la condition de ne soutenir aucun des belligérants dans la guerre qui oppose les impérialismes anglais et allemand. Cette conception de l'indépendance sera caduque après le 22 juin 1941 et l'entrée des troupes allemandes... sur le terrtoire soviétique.
Pour terminer on mentionnera que ce numéro de l'Avant-Garde est daté du 13 octobre 1940, jour de l'arrestation de Guy Môquet par la police française pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 qui proscrit toute activité communiste.
C'est donc au nom de "la Paix dans l'indépendance" que l'organe central des Jeunesses communiste condamne et le Maréchal Pétain et le Général de Gaulle.
Le premier est accusé de vouloir entraîner de nouveau la France dans la guerre au profit cette fois de l'impérialisme allemand. Quant au second il est condamné pour son projet visant à libérer la France non seulement par les armes mais en comptant en plus sur le soutien de l'Angleterre impérialiste.
Pour les communistes, l'indépendance de la France ne sera préservée qu'à la condition de ne soutenir aucun des belligérants dans la guerre qui oppose les impérialismes anglais et allemand. Cette conception de l'indépendance sera caduque après le 22 juin 1941 et l'entrée des troupes allemandes... sur le terrtoire soviétique.
Pour terminer on mentionnera que ce numéro de l'Avant-Garde est daté du 13 octobre 1940, jour de l'arrestation de Guy Môquet par la police française pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 qui proscrit toute activité communiste.
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Dans un télégramme du 15 octobre 1940 adressé à l'IC, la direction du Parti communiste indique que le courant d'opinion favorable à l'Angleterre, dont elle a signalé le développement dans son télégramme du 27 septembre 1940, s'impose dans la population.
Comme dans son précédent message, elle indique que sa réaction à cette situation favorable à l'Angleterre et au Général de Gaulle sera d'accentuer sa propagande en faveur de l'URSS dont les relations pacifiques avec l'Allemagne doivent servir de modèle aux relations franco-allemandes.
Dans les faits, la propagande communiste célèbrera le modèle soviétique mais surtout reprendra ses attaques contre l'Angleterre et le Général de Gaulle présenté comme un agent de l'impérialisme britannique.
(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 333.
Comme dans son précédent message, elle indique que sa réaction à cette situation favorable à l'Angleterre et au Général de Gaulle sera d'accentuer sa propagande en faveur de l'URSS dont les relations pacifiques avec l'Allemagne doivent servir de modèle aux relations franco-allemandes.
Dans les faits, la propagande communiste célèbrera le modèle soviétique mais surtout reprendra ses attaques contre l'Angleterre et le Général de Gaulle présenté comme un agent de l'impérialisme britannique.
(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 333.
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A la suite de sa rencontre avec le Chancelier Hitler, le 24 octobre 1940, dans la ville de Montoire-sur-le-Loir, le Maréchal Pétain annonce dans un discours radiodiffusé le 30 octobre 1940 qu'il entre "dans la voie de la collaboration" sans en préciser le contenu et notamment le volet militaire.
L'Humanité du lendemain accuse le gouvernement Pétain-Laval dans un article intitulé "A bas la diplomatie secrète" de négocier secrètement avec l'Allemagne les conditions de la participation de la France à sa guerre contre l'Angleterre.
Fondé sur le pacifisme du PCF, la dénonciation de ce projet gouvernemental permet à l'Humanité de rappeler d'une part l'opposition des communistes à la guerre franco-allemande de 39-40 et d'autre leur refus de tout soutien à l'Angleterre.
L'Humanité du lendemain accuse le gouvernement Pétain-Laval dans un article intitulé "A bas la diplomatie secrète" de négocier secrètement avec l'Allemagne les conditions de la participation de la France à sa guerre contre l'Angleterre.
Fondé sur le pacifisme du PCF, la dénonciation de ce projet gouvernemental permet à l'Humanité de rappeler d'une part l'opposition des communistes à la guerre franco-allemande de 39-40 et d'autre leur refus de tout soutien à l'Angleterre.
Novembre 1940
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En novembre 1940, soit quatre mois après le début de l'occupation allemande, le Parti communiste s'adresse à ses membres dans une "Lettre aux militants communistes".
Rédigée au mois d'octobre ("Nous sommes au quatorzième mois de la deuxième guerre impérialiste"), cette lettre porte les signatures de Maurice Thorez et de Jacques Duclos, secrétaire général et secrétaire du PCF.
La signature de Maurice Thorez doit convaincre les militants que ce dernier est présent sur le territoire français et que c'est lui qui dirige le Parti dans la clandestinité. En réalité le secrétaire général du PCF s'est réfugié en Russie après sa désertion en octobre 1939 et un court séjour en Belgique.
Tirée à 200 000 (1) exemplaires, la "Lettre aux militants communistes" est le tract le plus important diffusé par les communistes à l'automne 1940. C'est pour cette raison qu'elle sera reproduite en mars 1941 dans les 20 000 (2) exemplaires des Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941.
Tract pacifiste, antigaulliste et anglophobe, cette lettre vise trois objectifs : rappeler aux militants communistes la ligne du Parti, célébrer leur engagement et enfin définir leurs tâches.
De ce texte, on retiendra deux points particuliers : la condamnation de la guerre impérialiste et les motifs de la persécution des communistes.
Sur le premier point, le tract se félicite de la défaite de la France ("un puissant impérialisme a été abattu") et illustre un nouveau thème dans la propagande communiste : la dénonciation commune des agents de l'impérialisme anglais (De Gaulle) et ceux de l'impérialisme allemand (Doriot à Paris et Pétain à Vichy) qui veulent engager une nouvelle fois la France dans une guerre impérialiste.
Sur le premier point, le tract se félicite de la défaite de la France ("un puissant impérialisme a été abattu") et illustre un nouveau thème dans la propagande communiste : la dénonciation commune des agents de l'impérialisme anglais (De Gaulle) et ceux de l'impérialisme allemand (Doriot à Paris et Pétain à Vichy) qui veulent engager une nouvelle fois la France dans une guerre impérialiste.
Sur le second, il indique que les communistes sont pourchassés par ce que le Parti communiste est le "le seul Parti français", qu'il défend "l'amitié avec l'URSS" et enfin qu'il est "le Parti de la lutte sans merci contre le capitalisme". Aucune référence à la lutte contre les Allemands !!!
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Format réduit permettant de grand tirage, le papillon est un support privilégié de la propagande communiste.
Signé "Le Parti Communiste Français", ce papillon de novembre 1940 plaide pour la constitution d"un Gouvernement de Paix communiste ("THOREZ au pouvoir !") en dénonçant l'illégitimité et du Maréchal du Pétain et du Général de Gaulle pour diriger la France ("La France aux Français").
1) "THOREZ au pouvoir !"
En septembre 1939 les communistes se sont engagés en faveur de la Paix avec l'Allemagne nazie en expliquant que la guerre était impérialiste et que sa cause n'était pas le nazisme mais le capitalisme.
Ils ont manifesté leur pacifisme en plaidant dans un premier temps pour "la Paix immédiate" avant de revendiquer par la suite la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste.
Cette revendication a été formulée pour la première fois dans un article de Maurice Thorez publié dans l'Humanité n° 40 du 25 avril 1940 sous le titre "Les "Pitt et Cobourg" de 1940" :
2) "La France aux Français"
Le mot d'ordre "La France aux Français" a été lancé par les communistes à l'automne 1940 avec un objectif précis : dénoncer le Maréchal Pétain et le Général de Gaulle comme des agents de l'étranger.
On rappellera que le Parti communiste qui prétend défendre les intérêts de la France est soumis à l'Internationale communiste laquelle est totalement contrôlée par l'URSS et Staline.
Ce papillon de novembre 1940 reprend ce mot d'ordre en le justifiant. En effet, le Général de Gaulle et le Maréchal Pétain sont accusés de servir respectivement "Londres" et "Berlin" et plus précisément "les Capitalistes fauteurs de guerre" anglais et allemands.
Ces accusations permettent de faire plusieurs remarques. Tout d'abord, la guerre entre l'Angleterre démocratique et l'Allemagne nazie est analysée comme l'affrontement de deux impérialismes.
Ensuite, la condamnation des capitalistes fauteurs de guerre définit implicitement le projet du Parti communiste : la Paix par la Révolution socialiste.
Enfin, le Maréchal Pétain n'est pas condamné parce qu'il défend la Paix avec l'Allemagne nazie mais parce qu'il incarne un régime capitaliste qui entraînera de nouveau la France dans la guerre au profit cette fois de l'impérialisme allemand.
Signé "Le Parti Communiste Français", ce papillon de novembre 1940 plaide pour la constitution d"un Gouvernement de Paix communiste ("THOREZ au pouvoir !") en dénonçant l'illégitimité et du Maréchal du Pétain et du Général de Gaulle pour diriger la France ("La France aux Français").
1) "THOREZ au pouvoir !"
En septembre 1939 les communistes se sont engagés en faveur de la Paix avec l'Allemagne nazie en expliquant que la guerre était impérialiste et que sa cause n'était pas le nazisme mais le capitalisme.
Ils ont manifesté leur pacifisme en plaidant dans un premier temps pour "la Paix immédiate" avant de revendiquer par la suite la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste.
Cette revendication a été formulée pour la première fois dans un article de Maurice Thorez publié dans l'Humanité n° 40 du 25 avril 1940 sous le titre "Les "Pitt et Cobourg" de 1940" :
"Le gouvernement que veut le pays n'est pas celui des "Pitt et Cobourg". C'est un gouvernement de paix, s'appuyant sur les masses populaires, donnant des garanties contre la réaction, assurant la collaboration avec l'Union Soviétique pour le rétablissement de la paix générale.
Seulement
un tel gouvernement assurera l'indépendance de notre pays en le
libérant de la tutelle des agents du capital français et anglais."
Après la défaite de juin 1940, le Parti communiste a maintenu sa revendication d'un Gouvernement de Paix avec des mots d'ordre comme "Thorez au pouvoir", "Vive le Gouvernement du Peuple" ou encore "Vive la République française des Soviets".
2) "La France aux Français"
Le mot d'ordre "La France aux Français" a été lancé par les communistes à l'automne 1940 avec un objectif précis : dénoncer le Maréchal Pétain et le Général de Gaulle comme des agents de l'étranger.
On rappellera que le Parti communiste qui prétend défendre les intérêts de la France est soumis à l'Internationale communiste laquelle est totalement contrôlée par l'URSS et Staline.
Ce papillon de novembre 1940 reprend ce mot d'ordre en le justifiant. En effet, le Général de Gaulle et le Maréchal Pétain sont accusés de servir respectivement "Londres" et "Berlin" et plus précisément "les Capitalistes fauteurs de guerre" anglais et allemands.
Ces accusations permettent de faire plusieurs remarques. Tout d'abord, la guerre entre l'Angleterre démocratique et l'Allemagne nazie est analysée comme l'affrontement de deux impérialismes.
Ensuite, la condamnation des capitalistes fauteurs de guerre définit implicitement le projet du Parti communiste : la Paix par la Révolution socialiste.
Enfin, le Maréchal Pétain n'est pas condamné parce qu'il défend la Paix avec l'Allemagne nazie mais parce qu'il incarne un régime capitaliste qui entraînera de nouveau la France dans la guerre au profit cette fois de l'impérialisme allemand.
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Décembre 1940
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En décembre 1940, le Parti communiste publie clandestinement le premier numéro de la brochure La Politique communiste. Ce numéro, consacré aux relations entre la France et l'Allemagne, est composé d'un seul texte intitulé "La politique de Montoire-sur-(le-)Loir".
Ce titre fait référence à l'engagement pris par le Maréchal Pétain
d'entrer dans la voie de la collaboration après à sa rencontre avec le
Chancelier Hitler le 24 octobre 1940 dans la ville de
Montoire-sur-le-Loir.
Dans la première partie du texte, le Parti communiste affirme que "la politique de Montoire" n'apportera pas "la Paix" mais la guerre au motif que cette politique n'est pas fondée sur "la collaboration" avec l'Allemagne mais sur la soumission à l'impérialisme allemand. C'est donc la collaboration pétainiste qui est condamnée et non le principe de la collaboration. D'ailleurs, la politique du Maréchal Pétain est dénoncée en ces termes : "c'est une tromperie que de représenter ce système comme une victoire de l'esprit de collaboration". Quant au mot collaboration, le texte précise que c'est un "mot séduisant" qui renvoie à l'idée de relations franco-allemandes équilibrées et que c'est pour ce motif qu'il ne peut être utilisé pour qualifier la politique du Maréchal Pétain.
La seconde partie du texte présente une alternative à la politique du Maréchal Pétain : "la politique communiste". En matière de politique extérieure, le PCF expose avec clarté son projet pour la France : "Les communistes sont les champions de l'Entente Internationale des
peuples. Ils sont les champions de la Paix". Il ajoute que le succès
de cette politique pacifiste sera garantie par une collaboration
communiste qui sera fondamentalement distincte de celle proposée par le
Maréchal Pétain : "La collaboration que conçoivent les communistes est fondée sur
l'égalité des droits et le respect de l'indépendance nationale".
D'ailleurs, pour bien souligner cette distinction entre collaboration
communiste et collaboration pétainiste, le PCF défend sa politique
pacifiste en ces termes : "C'est la politique des
communistes, c'est la politique de la collaboration vraie".
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En décembre 1940, le Parti communiste et les Jeunesses communistes signent un Appel aux "Etudiants" dans lequel ils s'adressent directement aux étudiants qui ont participé à la manifestation du 11 novembre 1940 pour les convaincre de soutenir leur projet de libération qui prévoit sur le plan intérieur la Révolution socialiste (libération sociale) et sur le plan extérieur la Paix avec l'Allemagne nazie
(libération nationale).
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Janvier 1941
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Dans un numéro spécial de l'Humanité diffusé en janvier 1941, le Parti communiste expose avec clarté sa ligne politique :
"Ni la guerre avec l'impérialisme allemand, ni la guerre avec
l'impérialisme anglo-saxon. Ce que veut le peuple de France, c'est la Paix en même temps que la liberté et l'indépendance de notre pays."
Après avoir manifesté son pacifisme et son opposition au Gouvernement de Vichy qu'il accuse d'être un gouvernement belliciste au service de l'impérialisme allemand, le Parti communiste affirme que seul un Gouvernement communiste pourra faire la Paix avec Hitler et compter pour cela sur le soutien de l'URSS, alliée de l'Allemagne :
"le seul gouvernement capable de sauver la France, capable de poursuivre une politique de paix, c'est le gouvernement du peuple,
expression de la volonté du peuple décidé à poursuivre une politique
d'amitié avec l'URSS en même temps qu'une politique de bons rapports
avec tous les peuples sous le signe de la liberté et d l'indépendance de
la France".
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En janvier 1941, le Parti communiste diffuse à 20 000 exemplaires une brochure de 48 pages intitulée "Nous accusons".
Rédigé en grande partie en octobre 1940, ce texte est un véritable réquisitoire contre... le gouvernement français et son bellicisme pendant la guerre de 1939-1940. Il est aussi - à l'inverse - une célébration du Parti communiste et de son combat pour la Paix.
Les 9 dernières pages de cette publication sont consacrées à l'occupation allemande : "Occupation - La répression contre les communistes champions de l'indépendance française".
On fera remarquer que ces pages font de nombreuses références à "l'occupant" sans jamais mentionner ni sa nationalité, ni son idéologie, ni le nom de son chef. Des oublis sûrement...
Evoquant les premières semaines de l'occupation, la brochure célèbre dans un long développement l'Appel au "Peuple de France" de juillet 1940 et son contenu pacifiste :
"Il [Le Parti communiste] déclare que la Paix doit être fondée sur la collaboration internationale, dans l'égalité des droits et non sur l'oppression, car un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple libre".
Condamnation implicite de la Paix pétainiste qui est dénoncée par les communistes comme un acte de soumission à l'impérialisme allemand, le texte indique que la Paix communiste est fondée sur "l'égalité des droits" et "la collaboration internationale" :
1) "l'égalité de droit". Les communistes s'engagent à négocier avec Hitler sur un pied d'égalité afin de conclure un traité de Paix qui soit conforme aux intérêts du peuple français et du peuple allemand.
2) "la collaboration internationale". Ce terme décrit la nature des relations qu’entretiendront à l'avenir la France communiste et l'Allemagne nazie. Le traité de Paix franco-allemand étant la première manifestation de ces nouvelles relations entre les deux pays.
La brochure "Nous accusons" présente la particularité d'être l'une des rares publications communistes dans laquelle il est fait référence aux négociations de l'été 1940 entre le PCF et les autorités allemandes.
Dans ce texte publié en janvier 1941, le Parti communiste regrette l'échec de ces négociations qui est attribué au refus des Allemands de satisfaire ses revendications :
Enfin, revenant sur les événements de l'automne, cette brochure dénonce avec virulence les arrestations massives de militants et d'élus communistes au début d'octobre 1940.
Cette dénonciation se termine sur un Appel - extrait cité - dans lequel elle incite les Français à se mobiliser pour obtenir la libération de tous les militants et élus communistes détenus dans les prisons et dans les camps.
Elle précise que la libération de ces détenus sera la première étape dans la mise en œuvre du projet du Parti communiste qui est ainsi défini : "la Paix [....] par la Révolution socialiste" autrement dit la constitution d'un Gouvernement communiste qui renversera le régime capitaliste et négociera la Paix avec Hitler.
Rédigé en grande partie en octobre 1940, ce texte est un véritable réquisitoire contre... le gouvernement français et son bellicisme pendant la guerre de 1939-1940. Il est aussi - à l'inverse - une célébration du Parti communiste et de son combat pour la Paix.
Les 9 dernières pages de cette publication sont consacrées à l'occupation allemande : "Occupation - La répression contre les communistes champions de l'indépendance française".
On fera remarquer que ces pages font de nombreuses références à "l'occupant" sans jamais mentionner ni sa nationalité, ni son idéologie, ni le nom de son chef. Des oublis sûrement...
Evoquant les premières semaines de l'occupation, la brochure célèbre dans un long développement l'Appel au "Peuple de France" de juillet 1940 et son contenu pacifiste :
"Il [Le Parti communiste] déclare que la Paix doit être fondée sur la collaboration internationale, dans l'égalité des droits et non sur l'oppression, car un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple libre".
Condamnation implicite de la Paix pétainiste qui est dénoncée par les communistes comme un acte de soumission à l'impérialisme allemand, le texte indique que la Paix communiste est fondée sur "l'égalité des droits" et "la collaboration internationale" :
1) "l'égalité de droit". Les communistes s'engagent à négocier avec Hitler sur un pied d'égalité afin de conclure un traité de Paix qui soit conforme aux intérêts du peuple français et du peuple allemand.
2) "la collaboration internationale". Ce terme décrit la nature des relations qu’entretiendront à l'avenir la France communiste et l'Allemagne nazie. Le traité de Paix franco-allemand étant la première manifestation de ces nouvelles relations entre les deux pays.
La brochure "Nous accusons" présente la particularité d'être l'une des rares publications communistes dans laquelle il est fait référence aux négociations de l'été 1940 entre le PCF et les autorités allemandes.
Dans ce texte publié en janvier 1941, le Parti communiste regrette l'échec de ces négociations qui est attribué au refus des Allemands de satisfaire ses revendications :
"Et ce langage des communistes était le seul digne, et du peuple français, et du peuple allemand.
Il n'a pas été entendu des Autorités occupantes."
Enfin, revenant sur les événements de l'automne, cette brochure dénonce avec virulence les arrestations massives de militants et d'élus communistes au début d'octobre 1940.
Cette dénonciation se termine sur un Appel - extrait cité - dans lequel elle incite les Français à se mobiliser pour obtenir la libération de tous les militants et élus communistes détenus dans les prisons et dans les camps.
Elle précise que la libération de ces détenus sera la première étape dans la mise en œuvre du projet du Parti communiste qui est ainsi défini : "la Paix [....] par la Révolution socialiste" autrement dit la constitution d'un Gouvernement communiste qui renversera le régime capitaliste et négociera la Paix avec Hitler.
Ce projet constitue "la voie du Salut" contrairement à celui défendu par "les amis du général de Gaulle qui voudraient lier la France à la fortune chancelante de l'impérialisme britannique sur le déclin".
Sa réalisation permettra d'inaugurer une nouvelle ère dans les relations franco-allemandes en posant les bases d'une "entente internationale des peuples, fondée sur leur libre collaboration"
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En janvier 1941, la Fédération des Jeunesses Communistes de France diffusent à 20 000 exemplaires une brochure intitulée "Jeunesse de France".
Rédigée en octobre 1940 par Gabriel Péri, cette brochure d'une cinquantaine de pages montre que les Jeunesses communistes sont restés fidèles à leur histoire en s'engageant pour la Paix au cours du conflit franco-allemand de 1939-1940.
Brochure d'éducation, cette publication doit convaincre les jeunes Français d'adhérer aux Jeunesses communistes pour défendre le projet du Parti communiste : la Paix par la Révolution socialiste.
Rédigée en octobre 1940 par Gabriel Péri, cette brochure d'une cinquantaine de pages montre que les Jeunesses communistes sont restés fidèles à leur histoire en s'engageant pour la Paix au cours du conflit franco-allemand de 1939-1940.
Brochure d'éducation, cette publication doit convaincre les jeunes Français d'adhérer aux Jeunesses communistes pour défendre le projet du Parti communiste : la Paix par la Révolution socialiste.
Dans l'extrait cité, s'adressant à leur lecteur ("Jeune homme de vingt ans") avec gravité ("les communistes ne veulent pas te farder la vérité"), les Jeunesses Communistes affirment que si le Parti communiste avait pris le pouvoir en juin 1940 après la démission du Gouvernement Reynaud auquel a succédé le Gouvernement Pétain, il aurait mené sur le plan extérieur et intérieur
une politique identique à celle des bolchéviks en 1918 : Paix avec l'Allemagne et Révolution socialiste.
Le jeune de vingt ans quelque peu étonné par cette vérité énoncée en pleine occupation allemande a surement dû être rassuré par ces deux précisions :
1) Le traité de Paix que le Parti communiste aurait négocié avec Hitler aurait été "conforme à l'intérêt du peuple français, conforme à l'intérêt du peuple allemand",
2) Cette Paix aurait permis d'inaugurer une nouvelle ère dans les relations franco-allemandes en posant les bases d'une "entente internationale" entre la France communiste et l'Allemagne nazie.
Dernier élément, l'hypothèse relative à la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste en juin 1940 est aussi évoquée dans la brochure "Le Parti communiste a vingt ans" de février 1941.
1) Le traité de Paix que le Parti communiste aurait négocié avec Hitler aurait été "conforme à l'intérêt du peuple français, conforme à l'intérêt du peuple allemand",
2) Cette Paix aurait permis d'inaugurer une nouvelle ère dans les relations franco-allemandes en posant les bases d'une "entente internationale" entre la France communiste et l'Allemagne nazie.
Dernier élément, l'hypothèse relative à la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste en juin 1940 est aussi évoquée dans la brochure "Le Parti communiste a vingt ans" de février 1941.
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Signés "La Région Paris-Nord du Parti communiste", ces trois papillons de janvier 1941 reprennent le mot d'ordre "THOREZ AU POUVOIR !" qui traduit le projet du Parti communiste de former un Gouvernement de Paix dirigé par son secrétaire général : Maurice Thorez.
Précisons que ce dernier n'est pas présent sur le territoire français ce que les militants d'ailleurs ignorent. En effet, après sa désertion en octobre 1939 il s'est installé provisoirement en Belgique avant de se réfugier à Moscou.
Cette revendication s'accompagne de la condamnation et du Maréchal Pétain et du Général de Gaulle : "Ni Pétain, ni de Gaulle".
Le premier parce que son régime représente les oligarchies capitalistes. Le second parce qu'il veut libérer la France par les armes.
On notera que dans le dernier papillon le Chef de la France Libre est asssimilé au "choléra".
(1) A. Rossi, La guerre des papillons, 1954, p. 357.
Précisons que ce dernier n'est pas présent sur le territoire français ce que les militants d'ailleurs ignorent. En effet, après sa désertion en octobre 1939 il s'est installé provisoirement en Belgique avant de se réfugier à Moscou.
Cette revendication s'accompagne de la condamnation et du Maréchal Pétain et du Général de Gaulle : "Ni Pétain, ni de Gaulle".
Le premier parce que son régime représente les oligarchies capitalistes. Le second parce qu'il veut libérer la France par les armes.
On notera que dans le dernier papillon le Chef de la France Libre est asssimilé au "choléra".
(1) A. Rossi, La guerre des papillons, 1954, p. 357.
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Dans son numéro du 13 janvier 1941, l'Humanité montre clairement la différence entre la collaboration pétainiste "qui signifie la domestication de la France"
et la collaboration communiste qui "unira [le peuple français] au peuple
allemand".
Distincte de la collaboration pétainiste, la collaboration communiste a été définie dans un texte publié en décembre 1940 sous le titre "La politique de Montoire-sur-(le-)Loir".
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Février 1941
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En février 1941, dans une France occupée par les nazis sur les trois-cinquièmes de son territoire depuis près de huit mois, se posant comme la seule véritable alternative au Maréchal Pétain et à sa politique de collaboration, le Parti communiste clandestin publie un programme de gouvernement dans un manifeste intitulé en toute modestie "Pour le salut du Peuple de France".
Le 22 juin 1941, Hitler met fin à son alliance avec Staline en attaquant l'URSS. A la suite de cette attaque le PCF abandonnera son projet de former un Gouvernement de paix pour s'engager dans la lutte contre l'occupant allemand avec l'objectif de libérer sa patrie : l'Union soviétique.
Expression d'une alternative communiste à la politique de collaboration du Maréchal Pétain, le programme "Pour le salut du Peuple de France" n'est pas dans les livres d'histoire. A sa lecture, on comprend pourquoi on a préféré le devoir d'amnésie au devoir de mémoire.
Signé par le "Comité Central du Parti Communiste Français (SFIC)", ce programme de "libération sociale et nationale" détaille les mesures de "politique intérieure et extérieure indispensables au salut du pays" que prendrait un "Gouvernement du Peuple".
En politique extérieure, pour mettre fin à l'occupation allemande, le Parti communiste propose non seulement d'établir des "relations PACIFIQUES" entre la France et l'Allemagne nazie mais aussi d'instaurer des "rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand" !!!
On notera d'une part que le PCF associe la libération nationale à la signature d'un traité de Paix avec Hitler et d'autre part qu'il partage en matière de politique étrangère le même objectif que le régime de Vichy.
Sur le plan intérieur, les communistes plaident pour l'instauration d'un régime socialiste avec comme modèle l'Union soviétique de Staline !!!
Pour atteindre cet objectif ils présentent un ensemble de mesures modifiant radicalement l'organisation économique et politique du pays. Un exemple saisissant à la fois par son contenu, le vocabulaire utilisé et les personnes visées :
Ils appellent aussi à la création d'une juridiction d'exception visant à l'élimination des principaux dirigeants de la IIIe République accusés d'être... les responsables de la guerre franco-allemande de 1939-1940.
Au vu de ces éléments, on peut constater que le PCF associe la libération sociale à l'abrogation du régime républicain synonyme de régime capitaliste au profit d'un régime de type soviétique.
Diffusé à 100 000 exemplaires, le programme du Parti communiste bénéficiera d'un second tirage identique le mois suivant. Document central de l'action politique du PCF, il sera reproduit en mars 1941 dans les 20 000 exemplaires des Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941.
La propagande communiste se mobilisera pour le faire connaître à l'ensemble de la population française. Un exemple, le numéro spécial de l'Humanité du 1er mai 1941 - tiré à 1 000 000 d'exemplaires - publiera un article intitulé "Pour le Salut du Peuple de France" dans lequel on pourra notamment lire :
En politique extérieure, pour mettre fin à l'occupation allemande, le Parti communiste propose non seulement d'établir des "relations PACIFIQUES" entre la France et l'Allemagne nazie mais aussi d'instaurer des "rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand" !!!
On notera d'une part que le PCF associe la libération nationale à la signature d'un traité de Paix avec Hitler et d'autre part qu'il partage en matière de politique étrangère le même objectif que le régime de Vichy.
Sur le plan intérieur, les communistes plaident pour l'instauration d'un régime socialiste avec comme modèle l'Union soviétique de Staline !!!
Pour atteindre cet objectif ils présentent un ensemble de mesures modifiant radicalement l'organisation économique et politique du pays. Un exemple saisissant à la fois par son contenu, le vocabulaire utilisé et les personnes visées :
"Nationalisation sans indemnité des banques, compagnies d'assurances, mines, chemins de fer et de l'ensemble des sociétés capitalistes aryennes et juives (électricité, produits chimiques, textiles, métallurgie, gaz, etc...). [...]
Recensement des fortunes et biens des gros capitalistes (aryens et juifs) en vue de prélèvement ou confiscation pour subvenir aux besoins immédiats des masses laborieuses."
Ils appellent aussi à la création d'une juridiction d'exception visant à l'élimination des principaux dirigeants de la IIIe République accusés d'être... les responsables de la guerre franco-allemande de 1939-1940.
Au vu de ces éléments, on peut constater que le PCF associe la libération sociale à l'abrogation du régime républicain synonyme de régime capitaliste au profit d'un régime de type soviétique.
Diffusé à 100 000 exemplaires, le programme du Parti communiste bénéficiera d'un second tirage identique le mois suivant. Document central de l'action politique du PCF, il sera reproduit en mars 1941 dans les 20 000 exemplaires des Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941.
La propagande communiste se mobilisera pour le faire connaître à l'ensemble de la population française. Un exemple, le numéro spécial de l'Humanité du 1er mai 1941 - tiré à 1 000 000 d'exemplaires - publiera un article intitulé "Pour le Salut du Peuple de France" dans lequel on pourra notamment lire :
"C'est sous ce titre que le Parti communiste a publié son programme de libération sociale et nationale de la France qu'il faut faire connaître à la masse des Français pour leur montrer le chemin de la délivrance."
Le 22 juin 1941, Hitler met fin à son alliance avec Staline en attaquant l'URSS. A la suite de cette attaque le PCF abandonnera son projet de former un Gouvernement de paix pour s'engager dans la lutte contre l'occupant allemand avec l'objectif de libérer sa patrie : l'Union soviétique.
Expression d'une alternative communiste à la politique de collaboration du Maréchal Pétain, le programme "Pour le salut du Peuple de France" n'est pas dans les livres d'histoire. A sa lecture, on comprend pourquoi on a préféré le devoir d'amnésie au devoir de mémoire.
Au final, s'il ne fallait retenir qu'un seul texte pour illustrer la ligne pacifiste, germanophile, anglophobe et antipatriotique qui a guidé l'action du PCF entre septembre 1939 et juin 1941, le choix se porterait sans aucune hésitation sur son programme de gouvernement de février 1941.
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En février 1941, pour célébrer son vingtième anniversaire (décembre 1920 - décembre 1940), le Parti communiste diffuse à 20 000 exemplaires une brochure intitulée "Le Parti communiste a vingt ans".
Rédigée en janvier 1941 par Gabriel Péri, cette brochure de 63 pages célèbre le Parti communiste et son combat... pour la Paix au cours des vingt dernières années en revenant sur tous les événements marquant de son
histoire : "Congrès de Tour", "La bataille contre la Rhur", "Le Parti communiste lutte contre les aventures coloniales", "La croisade pour l'Unité", "Le Front populaire", "L'avant-guerre et la guerre", "Pour l'indépendance du pays".
Dans l'extrait cité, le Parti communiste affirme que si le gouvernement de Paul Reynaud s'était installé en juin 1940 en Afrique du Nord pour poursuivre la guerre, il aurait formé sur le territoire métropolitain un nouveau gouvernement.
Quelle eût été l'action de ce premier gouvernement communiste de l'histoire de France ? En politique extérieure, "il eût signé la paix" avec Hitler. Cette "paix honorable et digne" entre la France communiste et l'Allemagne nazie aurait été non seulement "un acte de réconciliation entre le peuple français et le peuple allemand" mais aussi conforme aux "intérêts des peuples français et allemand". En politique intérieure, il aurait renversé "la dictature capitaliste".
Ce projet - la Paix par la Révolution socialiste - n'a pu être réalisé à cause des oligarchies capitalistes dont la sauvegarde des intérêts ne commandait pas le départ du
Gouvernement de Paul Reynaud - condition préalable à la formation d'un Gouvernement de Paix communiste - mais son remplacement par un partisan de l'armistice : le Maréchal Pétain.
C'est d'ailleurs ce point - la préservation des intérêts de la bourgeoisie - qui distingue l'armistice signé par le Maréchal Pétain de celui qui aurait été négocié par le Parti communiste : "l’armistice Pétain a assujetti le peuple français, il a servi les intérêts
d’un clan d’impérialistes forcenés qui ne conçoit la paix que dans l’asservissement
de l’univers."
Dernier élément, l'hypothèse relative à la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste en juin 1940 est aussi évoquée dans la brochure "Jeunesse de France" de janvier 1941.
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Publiée en février 1941, La Politique communiste n° 2 est composé d'un seul texte intitulé "Il y a 18 ans les Communistes Français luttaient contre l'occupation de la Rhur".
Dans cette brochure de 10 pages, le Parti communiste célèbre son combat contre l'occupation de... la Rhur par les armées françaises en 1923.
L'évocation de ces événements visent deux objectifs. Tout d'abord susciter la sympathie des Allemands en leur rappelant qu'ils ont été les victimes de l'impérialisme français contre lequel seuls les communistes ont lutté.
Ensuite, permettre aux communistes d'affirmer qu'ils sont les seuls légitimes pour faire la paix avec les nazis car ils sont les seuls à s'être mobilisés contre l'oppression du peuple allemand en 1923.
Ce point est un élément essentiel de la propagande communiste qui conteste au Maréchal Pétain toute légitimité pour faire la Paix avec l'Allemagne en expliquant notamment que seuls les communistes ont combattu la guerre de 1939-1940 et que de ce fait ils sont les seuls à pouvoir légitimement négocier la Paix avec Hitler.
Dernier élément, ce texte de février 1941 précise qu'un gouvernement de Paix communiste mettrait en œuvre une "vraie collaboration" entre la France et l'Allemagne nazie dans le cadre d'une "Entente internationale" des peuples français et allemand.
Se distinguant de la collaboration pétainiste qui est fondée sur la soumission à l'impérialisme allemand, la collaboration communiste - "la vraie collaboration" - illustrerait des relations franco-allemandes basées sur l'égalité des droits et des engagements.
Dans cette brochure de 10 pages, le Parti communiste célèbre son combat contre l'occupation de... la Rhur par les armées françaises en 1923.
L'évocation de ces événements visent deux objectifs. Tout d'abord susciter la sympathie des Allemands en leur rappelant qu'ils ont été les victimes de l'impérialisme français contre lequel seuls les communistes ont lutté.
Ensuite, permettre aux communistes d'affirmer qu'ils sont les seuls légitimes pour faire la paix avec les nazis car ils sont les seuls à s'être mobilisés contre l'oppression du peuple allemand en 1923.
Ce point est un élément essentiel de la propagande communiste qui conteste au Maréchal Pétain toute légitimité pour faire la Paix avec l'Allemagne en expliquant notamment que seuls les communistes ont combattu la guerre de 1939-1940 et que de ce fait ils sont les seuls à pouvoir légitimement négocier la Paix avec Hitler.
Dernier élément, ce texte de février 1941 précise qu'un gouvernement de Paix communiste mettrait en œuvre une "vraie collaboration" entre la France et l'Allemagne nazie dans le cadre d'une "Entente internationale" des peuples français et allemand.
Se distinguant de la collaboration pétainiste qui est fondée sur la soumission à l'impérialisme allemand, la collaboration communiste - "la vraie collaboration" - illustrerait des relations franco-allemandes basées sur l'égalité des droits et des engagements.
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En février 1941, trois intellectuels communistes, Jacques Decour,
professeur d'allemand, Jacques Solomon, physicien, et Georges Politzer,
philosophe, lancent une revue clandestine sous le titre La Pensée Libre.
Dans ce numéro d'une centaine de pages, il est précisé que cette publication sera mensuelle : "La Pensée Libre paraitra tous les mois". Dans les faits le numéro de février sera le seul de l'année 1941.
Sur le fond, La Pensée Libre reprend la thèse du Parti communiste selon laquelle la guerre est impérialiste.
Illustration de ce fait, dans son éditorial intitulé "Notre Combat", la revue communiste justifie son titre en expliquant que la pensée de ses
contributeurs est "libre" car ils n'ont aucun lien - "matériel" ou "idéologique" - avec les impérialismes français, anglais ou allemand qui sont tous responsables de la guerre :
"Cette
revue s'appelle la PENSEE LIBRE par ce qu'elle est rédigée par des
savants, des écrivains, des penseurs et des artistes libres de tout lien
matériel et idéologique avec les impérialismes qui ont jeté les
peuples, pour la seconde fois au XXe siècle, dans une guerre pour le
partage du monde."
En d'autres termes, la pensée n'est libre qu'à la condition d'être soumise à l'URSS et à Staline !!!
Autre exemple, la condamnation de l'Angleterre impérialiste dans l'extrait cité qui est tiré du texte "L'avenir de la science".
Autre exemple, la condamnation de l'Angleterre impérialiste dans l'extrait cité qui est tiré du texte "L'avenir de la science".
Dans ce texte anglophobe, La Pensée Libre élève au rang de "vérité scientifique"
la thèse du Parti communiste selon laquelle la guerre qui oppose l'Angleterre démocratique à l'Allemagne nazie est impérialiste. En outre, elle condamne "l'obscurantisme" de l'Angleterre soi-disant démocratique ("l'Angleterre « démocratique »") qui se manifeste à la fois dans ses "mensonges" visant à justifier sa guerre contre les nazis et dans sa répression des communistes qui par pour leur action s'attachent à "éclairer les masses populaires" sur la nature impérialiste de cette guerre.
La "vérité scientifique" selon laquelle "la guerre actuelle a un caractère impérialiste du côté de tous les belligérants" s'effondrera le 22 juin 1941 avec l'invasion de l'URSS par les armées allemandes.
Preuve supplémentaire que la "Pensée Libre" - malgré son titre et sa diffusion clandestine - n'est pas une publication de la Résistance, la revue communiste défend dans son éditorial "Notre Combat" le projet du Parti communiste à savoir la Paix avec l'Allemagne (libération nationale) et la Révolution socialiste (libération sociale) :
"Unis
avec le peuple de notre pays, unis avec tous ceux qui, dans l'Europe
opprimée et dans le monde entier, luttent contre les forces de
régression sociale et d'oppression nationale, nous entendons travailler
pour un avenir de liberté et pour cette paix qu'un nouveau Versailles,
quels que puissent être ses bénéficiaires, serait à nouveau incapable
d'assurer."
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En février 1941, le Parti communiste diffuse à 10 000 exemplaires (1) La Vie du Parti n° 2 du 1er trimestre 1941.
Dans un paragraphe titré "Ce qu'est la Collaboration", ce bulletin d'information destiné aux cadres et militants communistes analyse la politique de collaboration mis en œuvre par le Maréchal Pétain après sa rencontre avec le Chancelier Hitler le 24 octobre 1940 dans la ville de Montoire-sur-le-Loir
Tout d'abord, La Vie du Parti affirme que le mot "collaboration" est un terme "impropre" pour qualifier la politique du Maréchal Pétain au motif qu'elle se caractérise en réalité par "la soumission" de la France à l'impérialisme allemand. Pour appuyer cette analyse sémantique, elle rappelle l'exemple de la politique de "non-intervention" de Léon Blum pendant la guerre d'Espagne en expliquant que celle-ci signifiait en réalité "la tolérance et le soutien de l'intervention italo-allemande en Espagne".
La revue communiste recense ensuite les preuves de cette soumission : l'annexion de l'Alsace-Lorraine, le comportement féodal des officiers allemands, les difficultés du ravitaillement et enfin la répression de la manifestation étudiante du 11 novembre 1940 ainsi que l'exécution de Français comme celle de Jacques Bonsergent le 23 décembre 1940.
Face à tous ces faits qui pourraient inciter les français à rejoindre la Résistance, La Vie du Parti souligne que la tâche principale des militants communistes consistent à orienter les sentiments des masses populaires dans "le sens de la fraternité avec le peuple allemand".
Cette ligne politique pro-allemande est définie en ces termes dans le texte "la politique de Montoire-sur-(le-)Loir" de décembre 1940 : "c'est la politique des communistes, c'est la politique de la collaboration vraie".
(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 409.
Dans un paragraphe titré "Ce qu'est la Collaboration", ce bulletin d'information destiné aux cadres et militants communistes analyse la politique de collaboration mis en œuvre par le Maréchal Pétain après sa rencontre avec le Chancelier Hitler le 24 octobre 1940 dans la ville de Montoire-sur-le-Loir
Tout d'abord, La Vie du Parti affirme que le mot "collaboration" est un terme "impropre" pour qualifier la politique du Maréchal Pétain au motif qu'elle se caractérise en réalité par "la soumission" de la France à l'impérialisme allemand. Pour appuyer cette analyse sémantique, elle rappelle l'exemple de la politique de "non-intervention" de Léon Blum pendant la guerre d'Espagne en expliquant que celle-ci signifiait en réalité "la tolérance et le soutien de l'intervention italo-allemande en Espagne".
La revue communiste recense ensuite les preuves de cette soumission : l'annexion de l'Alsace-Lorraine, le comportement féodal des officiers allemands, les difficultés du ravitaillement et enfin la répression de la manifestation étudiante du 11 novembre 1940 ainsi que l'exécution de Français comme celle de Jacques Bonsergent le 23 décembre 1940.
Face à tous ces faits qui pourraient inciter les français à rejoindre la Résistance, La Vie du Parti souligne que la tâche principale des militants communistes consistent à orienter les sentiments des masses populaires dans "le sens de la fraternité avec le peuple allemand".
Cette ligne politique pro-allemande est définie en ces termes dans le texte "la politique de Montoire-sur-(le-)Loir" de décembre 1940 : "c'est la politique des communistes, c'est la politique de la collaboration vraie".
(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 409.
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L'Humanité - édition bordelaise - encourage ses lecteurs à écouter Radio-Moscou et à se méfier des "« informations » tendancieuses" diffusées par Radio-Londres qui est accusée de servir les intérêts "des capitalistes anglo-français".
Comme les communistes, le Régime de Vichy s'est attaqué à Radio-Londres en interdisant par la loi du 28 octobre 1940 la réception de ses émissions sur la voie publique ou dans les lieux ouverts au public. Toute infraction était punie d'une amende de 16 à 100 francs et d'un emprisonnement de 6 jours à 10 mois.
Comme les communistes, le Régime de Vichy s'est attaqué à Radio-Londres en interdisant par la loi du 28 octobre 1940 la réception de ses émissions sur la voie publique ou dans les lieux ouverts au public. Toute infraction était punie d'une amende de 16 à 100 francs et d'un emprisonnement de 6 jours à 10 mois.
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Dans son numéro du 14 février 1941, l'Humanité accuse le Général de Gaulle d'être un "ennemi du peuple" et de vouloir "la victoire de l'impérialisme anglais parce que
c'est son intérêt".
On rappellera que le conservateur Churchill et le travailliste Atllee, les deux dirigeants de l'Angleterre en guerre contre l'Allemagne, ont aussi été dénoncés comme des "ennemis du peuple" dans l'Humanité n° 82 du 7 octobre 1940.
On rappellera que le conservateur Churchill et le travailliste Atllee, les deux dirigeants de l'Angleterre en guerre contre l'Allemagne, ont aussi été dénoncés comme des "ennemis du peuple" dans l'Humanité n° 82 du 7 octobre 1940.
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Dans son numéro du 22 février 1941, l'Humanité mentionne pour la première fois le programme de gouvernement publié par le Parti communiste sous le titre "Pour le salut du peuple de France".
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Dans l'organisation communiste la région parisienne - formée par les
départements de la Seine et de la Seine-et-Oise - est divisée en cinq
"Régions communistes" : Paris-Ville, Paris-Ouest, Paris-Est, Paris-Sud,
Paris-Nord.
C'est à la fin de février 1941 que paraît clandestinement le premier numéro du journal En Avant qui est l'organe de la Région Paris-Nord du Parti communiste.
Expression de la position des communistes de la banlieue nord de Paris, ce numéro est en totale conformité avec la ligne pacifiste, anglophobe et antigaulliste définie par la direction centrale du Parti communiste.
On peut étayer cette affimation avec les deux extraits tirés de ce numéro.
Le premier est une Déclaration de la Région Paris-Nord du Parti communiste dans laquelle on retiendra deux points. Tout d'abord la condamnation des militants gaullistes accusés d'être les "représentants des Banquiers de la City". Ensuite l'affirmation selon laquelle la formation d'un Gouvernement de Paix communiste constituera "la véritable victoire du peuple" .
Le second est un Appel dans lequel les militants communistes sont encouragés à étudier et à diffuser le programme de gouvernement publié par le Parti sous le titre "Pour le salut du peuple de France".
C'est à la fin de février 1941 que paraît clandestinement le premier numéro du journal En Avant qui est l'organe de la Région Paris-Nord du Parti communiste.
Expression de la position des communistes de la banlieue nord de Paris, ce numéro est en totale conformité avec la ligne pacifiste, anglophobe et antigaulliste définie par la direction centrale du Parti communiste.
On peut étayer cette affimation avec les deux extraits tirés de ce numéro.
Le premier est une Déclaration de la Région Paris-Nord du Parti communiste dans laquelle on retiendra deux points. Tout d'abord la condamnation des militants gaullistes accusés d'être les "représentants des Banquiers de la City". Ensuite l'affirmation selon laquelle la formation d'un Gouvernement de Paix communiste constituera "la véritable victoire du peuple" .
Le second est un Appel dans lequel les militants communistes sont encouragés à étudier et à diffuser le programme de gouvernement publié par le Parti sous le titre "Pour le salut du peuple de France".
Mars 1941
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Diffusés en mars 1941 à 20 000 exemplaires, les Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941 publient un article de Gabriel Péri intitulé "Au seuil de 1941".
Dans ce texte rédigé en janvier 1941, le dirigeant communiste analyse l'évolution de la situation internationale depuis la défaite de France en juin 1940.
Il s'attache tout d'abord à montrer que la guerre sera
longue car ni l'impérialisme anglais ni l'impérialisme
allemand ne sont en mesure de remporter la victoire à court terme.
L'Angleterre impérialiste en
raison de l'effondrement de sa puissance, l'Allemagne impérialiste du
fait des
difficultés auxquelles elle est confrontée. Il précise, ensuite, la
nature
de ces difficultés : défaites militaires de son allié italien;
échec partiel de sa diplomatie dans l'Europe balkanique et danubienne
avec toutefois la réserve suivante : l'activité de l'Allemagne
dans cette partie de l'Europe ne remet pas en cause la solidité des
relations germano-soviétiques; et enfin hostilité des pays vaincus avec
un long développement consacré à la France. Pour terminer, il envisage
une entrée en guerre de l'Amérique impérialiste ("la dictature des soixante familles") ainsi qu'une extension
du conflit en extrême-orient.
Abordant la question française Gabriel Péri conteste toute légitimité à la lutte armée et donc à la Résistance en affirmant qu'une "POLITIQUE D'INDEPENDANCE NATIONALE", "SANS RECOURS AUX ARMES", "EST A LA FOIS POSSIBLE ET SOUHAITABLE".
C'est d'ailleurs pour réaliser ce projet que le dirigeant communiste plaide pour la constitution d'un "GOUVERNEMENT DU PEUPLE" autrement dit un gouvernement de Paix communiste
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Publié en mars 1941 dans les Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941, l'article "Le sort et l'avenir de la jeunesse française" rappelle clairement le rôle des Jeunesses Communistes : organiser la lutte de la jeunesse française "contre la guerre impérialiste" autrement dit défendre la Paix avec l'Allemagne nazie.
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Organe des communistes de la Somme, le Travailleur Picard publie dans son n° 5 de mars 1941 un article signé par Jean Catelas dans lequel le député d'Amiens qui est aussi un membre du Comité central appelle tous les Français à soutenir le programme pacifiste du Parti communiste intitulé "Pour le salut du peuple de France" : "Socialistes,
Syndicalistes, Républicains, dont les chefs ont trahi le peuple et les
intérêts de la France, faites vôtre notre Programme."
Rappelons qu'en sa qualité de membre du Comité central du Parti communiste français, Jean Catelas a signé avec Maurice Tréand la Demande de parution de l'Humanité sous censure allemande du 26 juin 1940.
Rappelons qu'en sa qualité de membre du Comité central du Parti communiste français, Jean Catelas a signé avec Maurice Tréand la Demande de parution de l'Humanité sous censure allemande du 26 juin 1940.
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Par son contenu, l'Humanité - édition normande - n° 30 peut être datée de mars 1941 :
discours de Pétain à St-Etienne, adhésion de la Bulgarie au Pacte
tripartite, mention que "depuis 8 mois ce gouvernement de gangsters..." et enfin référence au programme communiste qui "vient de paraître en tract".
En approuvant dans ces deux extraits le programme de gouvernement intitulé "Pour le salut du peuple de France", les communistes normands soutiennent sans aucune équivoque la ligne pacifiste définie par la direction centrale du Parti communiste.
En approuvant dans ces deux extraits le programme de gouvernement intitulé "Pour le salut du peuple de France", les communistes normands soutiennent sans aucune équivoque la ligne pacifiste définie par la direction centrale du Parti communiste.
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Dans son numéro du 5 mars 1941 l'Humanité s'attaque encore une fois au Général de Gaulle et à son projet de libérer la France par les armes.
Pour dissuader les Français de s'engager dans la Résistance, l'organe central du Parti communiste dénonce le Chef Libre comme l'un des "serviteurs" de l'Angleterre impérialiste et soutient qu'il a pour projet non seulement de "détruire à jamais les libertés publiques" mais aussi de préserver "l'horrible régime du sabre et du coffre-fort" autrement dit le régime capitaliste.
En d'autres termes le Général de Gaulle serait le défenseur d'un régime fasciste.
Pour dissuader les Français de s'engager dans la Résistance, l'organe central du Parti communiste dénonce le Chef Libre comme l'un des "serviteurs" de l'Angleterre impérialiste et soutient qu'il a pour projet non seulement de "détruire à jamais les libertés publiques" mais aussi de préserver "l'horrible régime du sabre et du coffre-fort" autrement dit le régime capitaliste.
En d'autres termes le Général de Gaulle serait le défenseur d'un régime fasciste.
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L'Humanité encourage les militants communistes a faire connaître aux Français le programme du Parti intitulé "Pour le salut du peuple de France".
Ce programme qui prévoit en politique intérieure la Révolution socialiste et en politique extérieure la Paix avec l'Allemagne est présenté comme "le programme de la libération sociale et nationale" de la France".
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Dans ce plaidoyer pour un "Gouvernement du Peuple" autrement dit un Gouvernement de Paix communiste, L'Avant-garde cite la première mesure du chapitre "POUR METTRE LES OLIGARCHIES CAPITALISTE HORS D'ETAT DE NUIRE" du programme pacifiste "Pour le salut du peuple de France".
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Dans ce numéro de l'Humanité, les
communistes de la région bordelaise approuvent la ligne fixée par la
direction centrale du Parti en appelant à la diffusion du programme
pacifiste "Pour le salut du peuple de France".
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Numéro spécial commémorant la Commune de Paris, l'Humanité du 18 mars 1941 publie un texte de Maurice Thorez et Jacques Duclos intitulé "De 1871 à 1941 / Les capitalistes d'aujourd'hui sont les dignes héritiers des Versaillais".
De ce texte signé par les secrétaire et secrétaire général du PCF, on retiendra les idées suivantes :
1) Maurice Thorez et Jacques Duclos affirment que le régime de Vichy réprime les communistes pour leur engagement "contre la guerre impérialiste" autrement dit pour leur pacifisme. Aucune mention d'une lutte armée contre l'occupant allemand.
2) Maurice Thorez et Jacques Duclos soutiennent que le Maréchal Pétain, qui "fut hier le soutien des responsables de la guerre" autrement dit un belliciste, refuse de les faire juger pour ne pas être mis en cause par les accusés. Aucune condamnation du pacifisme du Maréchal Pétain.
3) Maurice Thorez et Jacques Duclos accusent le Général de Gaulle d'être à la tête d'un mouvement "foncièrement réactionnaire et antidémocratique" autrement dit fasciste et de vouloir en réalité "priver notre de pays de toute liberté au cas d'une victoire anglaise". Aucune célébration de la Résistance ou de l'Angleterre.
4) Maurice Thorez et Jacques Duclos appellent les militants communistes à faire leur "devoir" en diffusant le programme pacicifiste du PCF intitulé "Pour le salut du peuple de France". Aucun Appel à la Résistance.
De ce texte signé par les secrétaire et secrétaire général du PCF, on retiendra les idées suivantes :
1) Maurice Thorez et Jacques Duclos affirment que le régime de Vichy réprime les communistes pour leur engagement "contre la guerre impérialiste" autrement dit pour leur pacifisme. Aucune mention d'une lutte armée contre l'occupant allemand.
2) Maurice Thorez et Jacques Duclos soutiennent que le Maréchal Pétain, qui "fut hier le soutien des responsables de la guerre" autrement dit un belliciste, refuse de les faire juger pour ne pas être mis en cause par les accusés. Aucune condamnation du pacifisme du Maréchal Pétain.
3) Maurice Thorez et Jacques Duclos accusent le Général de Gaulle d'être à la tête d'un mouvement "foncièrement réactionnaire et antidémocratique" autrement dit fasciste et de vouloir en réalité "priver notre de pays de toute liberté au cas d'une victoire anglaise". Aucune célébration de la Résistance ou de l'Angleterre.
4) Maurice Thorez et Jacques Duclos appellent les militants communistes à faire leur "devoir" en diffusant le programme pacicifiste du PCF intitulé "Pour le salut du peuple de France". Aucun Appel à la Résistance.
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Publié dans l'Humanité numéro spécial du 18 mars 1941, l'article « La collaboration / politique du "Serrez vous la ceinture" » présente la particularité d'être un plaidoyer pour la Paix avec l'Allemagne nazie qui s'appuie sur une virulente dénonciation de... l'occupation allemande.
En effet le texte dénonce le règne de la Gestapo dans la zone occupée, une économie française soumise aux exigences de la guerre allemande, le sort des chômeurs qui seront contraints d'aller travailler en Allemagne soit pour fuir la misère, soit parce qu'ils auront été déportés; et enfin le rationnement qui est imposé uniquement aux pauvres.
Pour l'Humanité tous ces maux n'ont qu'une seule cause : "l'oppression capitaliste" imposée par le Régime de Vichy. L'ennemi des communistes n'est donc pas le nazisme mais le capitalisme.
Pour un mettre un terme à cette situation, l'Humanité plaide pour un "Gouvernement du Peuple" qui renversera le régime capitaliste (libération sociale) et négociera un traité de Paix avec Hitler (libération nationale).
La France communiste et l'Allemagne nazie pourront même s'appuyer sur cette paix pour construire une nouvelle relation franco-allemande avec comme principe "l'Entente internationale" des peuples.
Dernier élément, l'Humanité affirme que les communistes défendent la "vraie" révolution, le "vrai" socialisme, la "vraie" paix pour se démarquer du Rassemblement National Populaire - parti collaborationniste majoritairement de gauche fondée en février 1941 par Marcel Déat - qui définit son projet pacifiste comme révolutionnaire et socialiste.
En effet le texte dénonce le règne de la Gestapo dans la zone occupée, une économie française soumise aux exigences de la guerre allemande, le sort des chômeurs qui seront contraints d'aller travailler en Allemagne soit pour fuir la misère, soit parce qu'ils auront été déportés; et enfin le rationnement qui est imposé uniquement aux pauvres.
Pour l'Humanité tous ces maux n'ont qu'une seule cause : "l'oppression capitaliste" imposée par le Régime de Vichy. L'ennemi des communistes n'est donc pas le nazisme mais le capitalisme.
Pour un mettre un terme à cette situation, l'Humanité plaide pour un "Gouvernement du Peuple" qui renversera le régime capitaliste (libération sociale) et négociera un traité de Paix avec Hitler (libération nationale).
La France communiste et l'Allemagne nazie pourront même s'appuyer sur cette paix pour construire une nouvelle relation franco-allemande avec comme principe "l'Entente internationale" des peuples.
Dernier élément, l'Humanité affirme que les communistes défendent la "vraie" révolution, le "vrai" socialisme, la "vraie" paix pour se démarquer du Rassemblement National Populaire - parti collaborationniste majoritairement de gauche fondée en février 1941 par Marcel Déat - qui définit son projet pacifiste comme révolutionnaire et socialiste.
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Avril 1941
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Organe des Régions Bretonnes du Parti communiste, La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime publie en avril 1941 son premier numéro imprimé qui présente la particularité d'être d'un format supérieur aux précédents numéros qui étaient ronotypés.
Comprenant cinq départements ou "régions communistes" (Finistère, Côtes-du-Nord, Ille-et-Vilaine, Morbihan et Loire-Inférieure), l'inter-région de Bretagne est alors dirigée par Robert Ballanger qui a succédé à Auguste Havez en décembre 1940.
Expression de la position des communistes bretons, ce premier numéro de La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime - comme les suivants - est en totale conformité avec la ligne pacifiste, anglophobe et antigaulliste définie par la direction centrale du Parti communiste.
Portant sur la guerre franco-allemande de 1939-1940, la guerre anglo-allemande qui se poursuit et enfin la Résistance française, les trois extraits cités illustrent la thèse de la guerre impérialiste défendue par les communistes depuis septembre 1939.
1) Guerre franco-allemande.
Dans le premier extrait, revenant sur la guerre franco-allemande de 1939-1940, La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime rappelle que cette guerre était "impérialiste" et que c'est pour cette raison que le Parti communiste s'est courageusement mobilisé pour la Paix dès septembre 1939.
Pacifistes, les communistes sont mêmes les pacifistes de la première heure puisque La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime affirment que seuls les parlementaires communistes ont voté contre la guerre. Cette revendication vise à dénoncer tous les autres pacifistes et notamment le Maréchal Pétain comme des opportunistes. Elle repose sur un mensonge puisque le 2 septembre 1939 les parlementaires communistes ont approuvé à la Chambre et au Sénat l'augmentation des crédits militaires demandée par le Gouvernement Daladier.
2) Guerre anglo-allemande.
Dans le deuxième extrait La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime dénonce la guerre qui se poursuit entre l'Angleterre démocratique et l'Allemagne nazie comme l'affrontement de "deux groupes impérialistes" en soulignant que la victoire de l'un ou de l'autre belligérant aurait les mêmes conséquences pour la France : la soumission à un impérialisme étranger (oppression nationale) et le maintien d'un régime capitaliste (oppression sociale).
Une victoire anglaise serait donc pour la France tout aussi catastrophique qu'une victoire allemande.
Pour La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime, la France ne connaîtra "le salut" qu'à la condition que le Parti communiste prenne le pouvoir en se fixant les mêmes objectifs que les bolcheviks en 1917 dans la Russie tsariste : renversement du régime capitaliste et signature d'un traité de Paix avec l'Allemagne.
Cette solution non-impérialiste - ni Angleterre ni Allemagne - peut se résumer ainsi : La Paix par la Révolution socialiste.
3) Résistance française.
Dans le troisième extrait, La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime condamne avec virulence le Général de Gaulle et son projet de libérer la France par les armes. Pour justifier cette condamnation elle accuse le Chef de la France Libre de "vouloir que les peuples s'entretuent pour le plus grand plaisir des Anglais" autrement dit de n'être qu'un agent de l'impérialisme britannique.
Après la guerre, l'historiographie officielle défendra la thèse que le Parti communiste s'est engagé dans la Résistance dès juin 1940 et non après le 22 juin 1940 et l'invasion de l'URSS par les armées allemandes. Cette thèse connaîtra deux versions en fonction du rôle accordée à la direction centrale du Parti communiste. Dans la première la Résistance communiste aura pour fondement l'Appel du 10 juillet 1940 signé par Jacques Duclos et Maurice Thorez. Dans la seconde la Résistance communiste correspondra à la somme des initiatives locales prises en dehors du cadre fixée par la direction centrale dont la ligne attentiste était déterminée par le Pacte germano-soviétique.
Dans les deux cas la Bretagne sera mise en avant comme l'une des régions où s'est manifestée cette Résistance communiste. Pour justifier cette affirmation l'historiographie officielle préférera s'appuyer sur des témoignages postérieurs à la guerre plutôt que sur des textes communistes diffusés à l'époque.
Un exemple : l'interview de Robert Ballanger publié dans le n° 5 de juillet-août 1980 de la Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne, et repris dans les Cahiers d'histoire de l'IRM du 3e trim 1985 :
"Bretagne Nouvelle : Le Parti t"avais donc chargé de venir en Bretagne pour organiser la Résistance ?
Rober Ballanger : Oui à cette époque, revenant de Dunkerque en passant par l'Angleterre, je gagnais Nantes ma ville natale. Le Parti m’avait donné la mission de réorganiser le PC, d’abord en Loire-Atlantique [anciennement Loire-Inférieure], mon département de résidence, et puis ensuite et jusqu’en mai 1942 dans tout l’ensemble de la Bretagne, dans les conditions nouvelles d’un pays occupé par une armée étrangère fasciste dont les baïonnettes appuyaient un gouvernement fasciste lui aussi naturellement, celui du maréchal Pétain. [...]
Bretagne Nouvelle : Quels furent, dans ces conditions difficiles, les premier contacts et les premières actions de Résistance ?
Rober Ballanger : Fin 1940, quand le Parti me confia la mission de réorganiser le PC dans toute la Bretagne, je succédai à Auguste Havez, et avec l’aide de Venise Gosnat. C’est alors que je pris contact avec les camarades qui tenaient en mains les responsabilités des organisations clandestines du PC dans nos départements et nos villes. [...]
Grâce à eux la Résistance s’organisa, non seulement dans les ports du littoral,
de guerre ou de pêche, mais aussi dans le centre de la Bretagne. Ainsi, je puis dire
qu’à la fin de 1940, le Parti dans son ensemble était réorganisé dans les cinq
départements bretons. [...]
En mars 1941 nous décidons la reparution clandestine de la Bretagne
Ouvrière, Paysanne et Maritime, hebdomadaire du Parti avant la
clandestinité pour le Finistère et le Morbihan. En dépit de la
répression féroce ce journal paraîtra tout au long de 1941. Son numéro
de mai 1941 appelle tous les Bretons et Bretonnes à s'unir dans le Front
National pour le salut et l'indépendance de la France dont le Parti
communiste français vient de prendre l'initiative."
Dans ce témoignage Robert Ballanger soutient qu'il s'est engagé dans la lutte contre l'occupant allemand dès l'été 1940 et que cet engagement répondait aux instructions de la direction centrale du Parti communiste.
Au nombre des actes témoignant de la Résistance bretonne, la reparution à partir de mars 1941 de La Bretagne Ouvrière, Paysanne et Maritime !!!
Signalons qu'il mentionne aussi la collecte d'armes à l'été 1940 comme preuve de la mobilisation des communistes contre l'occupant allemand. En réalité ces armes abandonnées par les soldats français et récupérées par les communistes était stockées. Elles pouvaient par exemple être utilisées pour assurer la protection des militants qui étaient chargés de distribuer les tracts... pacifistes du Parti communiste.
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En avril 1941 paraît clandestinement le premier numéro de l'Avenir normand, organe de la Région Normandie du Parti communiste. Le rédacteur de ce numéro imprimé est le dirigeant régional André Pican.
L'article "Pas de nouveau "sac au dos" pour les brigands impérialistes" reflète parfaitement la position définie par la direction centrale du Parti communiste :
1) dénonciation du caractère impérialiste de la guerre qui oppose l'Angleterre démocratique à l'Allemagne nazie.
2) condamnation du Général de Gaulle accusé de servir l'impérialisme anglais.
3) appel à former un Gouvernement du Peuple "qui établira des relations pacifiques et fraternelles avec tous les autres peuples" et notamment... le peuple allemand.
Les revendications associées au Gouvernement du Peuple sont tirées du chapitre Politique extérieure du programme "Pour le salut du peuple de France".
L'article "Pas de nouveau "sac au dos" pour les brigands impérialistes" reflète parfaitement la position définie par la direction centrale du Parti communiste :
1) dénonciation du caractère impérialiste de la guerre qui oppose l'Angleterre démocratique à l'Allemagne nazie.
2) condamnation du Général de Gaulle accusé de servir l'impérialisme anglais.
3) appel à former un Gouvernement du Peuple "qui établira des relations pacifiques et fraternelles avec tous les autres peuples" et notamment... le peuple allemand.
Les revendications associées au Gouvernement du Peuple sont tirées du chapitre Politique extérieure du programme "Pour le salut du peuple de France".
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L'Avenir normand mentionne le programme pacifiste Pour le salut du Peuple de France en rappelant qui est le véritable ennemi : "le capitalisme, voilà l'ennemi !".
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Dans son numéro du 20 avril 1941, l'Humanité condamne le Maréchal Pétain et le Général de Gaulle en soulignant implicitement les différences qui oppose leur projet respectif à celui du Parti communiste.
Les communistes combattent la politique du Maréchal Pétain parce qu'elle est soumise à l'impérialisme allemand et que de ce fait elle n'apportera pas la Paix mais conduira la France à s'engager de nouveau dans la guerre au profit cette fois de l'Allemagne.
A cette "collaboration-soumission", les communistes opposent "la collaboration vraie". Cette collaboration communiste qui garantira la Paix avec l'Allemagne a été définie dans un texte publié en décembre 1940 sous le titre "La politique de Montoire-sur-(le-)Loir".
Le Général de Gaulle est combattu par les communistes parce que le succès de son projet signifierait la victoire de
l'impérialisme anglais et le maintien en France d'un régime capitaliste.
A la "délivrance gaulliste", les communistes opposent la Révolution socialiste qui permettra de mettre un terme définitif à la guerre impérialiste en détruisant sa cause : le régime capitaliste.
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Dans un télégramme daté du 26 avril 1941 qui sera transmis à Jacques Duclos par l'intermédiaire
d'Eugène Fried, l'Internationale communiste recommande au Parti communiste de créer un "front national de lutte pour l'indépendance" dont l'objectif sera de "ne
pas permettre que le peuple, le territoire et les ressources de la
France soient utilisées dans la guerre entre l'Allemagne et l'Angleterre".
En d'autres termes les communistes devront se mobiliser pour maintenir la France à l'écart du conflit anglo-allemand et préserver ainsi son "indépendance".
L'IC précise que ce front exclu "les capitulards et traîtres" c'est-à-dire les pétainistes qui servent l'impérialisme allemand.
Quand aux gaullistes qui servent l'impérialisme anglais, l'IC fait une distinction entre les "partisans" du Général de Gaulle et le "mouvement de Gaulle" lui-même
-
pas d'hostilité envers ces partisans, ils
peuvent donc intégrer le front national de lutte pour l'indépendance de la France à la condition d'adhérer au projet pacifiste du Parti communiste,
- par contre, la propagande communiste devra dénoncer la France Libre du Général de Gaulle comme un mouvement qui défend des "positions réactionnaires et colonialistes" autrement dit fascistes !!!
Suivant les instructions de l'IC, le Parti communiste lancera en mai 1941 un Appel "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France".
(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 403.
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A la fin d'avril 1941 paraît le deuxième numéro imprimé de La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime dans lequel les communistes bretons renouvellent leur condamnation du Général de Gaulle.
Dans
ce numéro, le chef de la France Libre est accusé d'être non seulement un traître ("l'homme des financiers de la Cité") qui sert les intérêts de l'impérialisme britannique mais aussi d'être un futur dictateur sanguinaire qui - dans l'hypothèse où il succéderait au Maréchal Pétain à la suite d'une victoire de
l'Angleterre sur l'Allemagne - organiserait en Bretagne des massacres de masse identiques à ceux commis en Vendée pendant la Révolution française !!!
Tous ces éléments doivent convaincre les Bretons que leur engagement dans la Résistance serait en définitive "une grave erreur".
Membre du gouvernement de Paul Reynaud du 5 au 16 juin 1940, le Général de Gaulle est aussi dénoncé pour sa participation à un gouvernement qui réprimait les militants communistes.
On rappellera que les militants communistes ont été condamnés par les tribunaux de la République entre septembre 1939 et juin 1940 en
raison de leur engagement en faveur de la Paix avec l'Allemagne nazie.
Mai 1941
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Premier numéro d'une nouvelle série, Notre propagande
n° 1 de mai 1941 met à la disposition des militants communistes des
textes à diffuser sous forme de tract, papillon ou affichette.
Ce numéro contient aussi "quelques
mots d'ordre et inscriptions murales à tracer au goudron, minium,
peinture ou à la craie sur les murs, les portails d'usine, les
trottoirs, l'asphalte etc..."
Au
nombre de 28, ces mots d'ordre et inscriptions murales reflètent
parfaitement la ligne pacifiste du Parti communiste puisque aucun
d'entre eux n'appelle à la lutte armée ou à la défaite d'Hitler.
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Dans son numéro spécial imprimé du 1er mai 1941 - tiré à 1 000 000 d'exemplaires (1) - l'Humanité accuse le Général de Gaulle d'être un "assassin de la liberté" !!!!
(1) Chiffre donnée par la direction du PCF dans un télégramme du 6 mai 1941 envoyé à l'IC.
(1) Chiffre donnée par la direction du PCF dans un télégramme du 6 mai 1941 envoyé à l'IC.
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Dans son troisième numéro publié en mai 1941, La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime dénonce encore une fois le Général de
Gaulle et son projet de libérer la France par les armes.
L'organe des Régions bretonnes du Parti communiste reproduit en première page l'article de Maurice Thorez et de Jacques Duclos publié dans le numéro spécial de l'Humanité du 18 mars 1841 sous le titre "De 1871 à 1941 - Les capitalistes d'aujourd'hui sont les dignes héritiers des Versaillais". Dans ce texte, les deux dirigeants communistes condamne le mouvement gaulliste en l'accusant d'être "foncièrement réactionnaire et antidémocratique" et de vouloir "priver notre de pays de toute liberté au cas d'une victoire anglaise".
L'organe des Régions bretonnes du Parti communiste reproduit en première page l'article de Maurice Thorez et de Jacques Duclos publié dans le numéro spécial de l'Humanité du 18 mars 1841 sous le titre "De 1871 à 1941 - Les capitalistes d'aujourd'hui sont les dignes héritiers des Versaillais". Dans ce texte, les deux dirigeants communistes condamne le mouvement gaulliste en l'accusant d'être "foncièrement réactionnaire et antidémocratique" et de vouloir "priver notre de pays de toute liberté au cas d'une victoire anglaise".
En outre, dans un texte dénonçant en page 2 les crimes de la RAF sous le titre "Les bombardement de Brest, Lorient, St-Nazaire", les communistes bretons condamne le "misérable de Gaulle" en expliquant qu'il veut "faire massacrer les Français pour le compte de la bourgeoisie anglaise."
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Le 15 mai 1941, dans un pays occupé par les armées hitlériennes depuis près de 11 mois, le Parti communiste publie un tract intitulé "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France"
dans lequel il appelle les Français à se mobiliser pour
maintenir la France hors du conflit qui oppose l'Angleterre démocratique
à l'Allemagne nazie :
"IL NE FAUT PAS PERMETTRE QUE LE PEUPLE DE FRANCE, LES RESSOURCES DE
NOTRE PAYS ET NOTRE TERRITOIRE SOIENT UTILISES DANS LA GUERRE ENTRE
L'ALLEMAGNE ET L'ANGLETERRE".
Cette
initiative pacifiste répond à une Directive de
l'Internationale communiste du 26 avril 1941.
Pour convaincre les Français d'adhérer au Front National de lutte pour l'indépendance de la France, le Parti communiste affirme que "l'indépendance de la France", c'est-à-dire le maintien du pays "en dehors de la guerre de rapine que se livrent les impérialistes de l'axe et leurs rivaux anglo-saxons", est la condition préalable à la "libération nationale"
autrement dit à la fin de l'occupation allemande qui sera la
conséquence d'un traité de Paix négocié avec succès par un Gouvernement
communiste en raison de
la neutralité de la France.
Le Front National de lutte pour l'indépendance de la France
changera radicalement de nature après le 22 juin 1941 et l'invasion de l'URSS par les armées allemandes pour
devenir un mouvement de Résistance ayant pour objectif la défaite de Hitler.
Dès lors, le Front National de lutte pour l'Indépendance de la France sera
présenté par le Parti communiste puis l"historiographie comme un
mouvement de Résistance créé le 15 mai 1941 sur la base de citations
tronquées du texte original dans lesquelles on n'aura supprimé toute référence à la Paix avec l'Allemagne, à
l'impérialisme britannique et à la condamnation du Général de Gaulle.
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Juin 1941
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Le 8 juin 1941, l'Angleterre et la France Libre lancent une offensive en Syrie et au Liban qui sont des territoires contrôlés par Vichy.
Dans son numéro du 20 juin 1941, l'Humanité dénonce en manchette la guerre de Syrie en condamnant à la fois le Général de Gaulle et le Maréchal Pétain qui sont accusés de servir respectivement l'impérialisme anglais et l'impérialisme allemand :
"Les traitres de Vichy font tuer des français en Syrie pour l'Allemagne, tandis que de GAULLE et CATROUX en font tuer d'autres pour l'Angleterre !"
Tiré de l'article "Le Parti communiste vit, il lutte, il vaincra", l'extrait cité reprend cette condamnation.
L'Humanité du 20 juin 1941 atteste que le Général de Gaulle est toujours considéré par le Parti communiste comme un ennemi. Le 25 juin 1941, soit 5 jours après la parution de ce numéro, les communistes recevront de Moscou l'ordre de s'allier avec le mouvement gaulliste. Entre ces deux dates : l'invasion de l'URSS par les armées allemandes.
22 juin 1941 : Invasion de l'URSS |
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Le 22 juin 1941, l'Allemagne est en mesure d'envahir l'Union soviétique en raison de leur frontière commune issue de leur partage de la Pologne en septembre 1939. Cette attaque marque la fin de l'alliance germano-soviétique dont le fondement était le Pacte de non-agression du 23 août 1939 et le Traité de frontières et d'amitié du 28 septembre 1939.
Dans ce télégramme, Moscou recommande aux communistes français de "rechercher et organiser contacts directs avec mouvement gaulliste" pour combattre ensemble un "ennemi commun : le fascisme allemand".
Tous ces éléments imposent de faire une claire distinction entre Résistance française et Résistance communiste. La première fondée par le Général de Gaulle en juin 1940 avait pour objectif de libérer le territoire national. La seconde initiée par le PCF en juin 1941 était un soutien à l'effort de guerre soviétique.
La création par le Parti communiste de structures non partisanes ayant pour objectif la libération de la France ne sera qu'une tactique visant à recruter des Français pour combattre les Allemands. L'objectif stratégique sera toujours le même.
Enfin, l'entrée du Parti communiste dans la Résistance marque la fin de sa période pacifiste. Cette période (septembre 1939 - juin 1941) permet d'illustrer sa totale servitude à l'IC et donc aux intérêts de l'URSS.
(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, pp. 441-442.
On fera remarquer que sans cette initiative d'Hitler les communistes auraient été les alliés des nazis jusqu'en 1954 aux termes de l'article 6 du Pacte germano-soviétique :
"Le présent traité est conclu pour une durée de dix ans avec cette stipulation que, si l'un des deux contractants ne le dénonce pas une année avant l'expiration de ce délai, la durée de la validité de ce traité sera considérée comme prolongée automatiquement pour une période de cinq ans."
Pour sa défense l'URSS peut compter sur le soutien de l'Internationale communiste qui mobilise immédiatement ses membres.
La Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC) autrement dit le Parti Communiste Français (PCF) reçoit ses Instructions dans un télégramme du 25 juin 1941 co-signé par Maurice Thorez.
Dans ce télégramme, Moscou recommande aux communistes français de "rechercher et organiser contacts directs avec mouvement gaulliste" pour combattre ensemble un "ennemi commun : le fascisme allemand".
Appelé à lutter contre l'occupant allemand, le Parti communiste ne
qualifiera plus la guerre contre l'Allemagne nazie d'impérialiste. Elle
sera désormais analysée comme une guerre
anti-fasciste. Il abandonnera son projet de former un Gouvernement de
Paix. Son programme pacifiste intitulé "Pour le salut du Peuple de France" sera donc caduc et ce grâce à l'action... de Hitler. Enfin, il ne dénoncera plus les gaullistes comme des traîtres au service de
l'impérialisme anglais mais les célébrera comme des frères d'armes dans
la lutte contre les nazis.
Le Parti communiste s'engage dans la lutte contre l'occupant allemand dans le but de libérer sa patrie : l'Union soviétique.
Preuve que cet objectif est bien celui des communistes, l'IC précise que "libération France est liée à victoire Union soviétique" autrement dit la libération de la France sera la conséquence de celle de l'Union soviétique. La première est donc subordonnée à la seconde.
La création par le Parti communiste de structures non partisanes ayant pour objectif la libération de la France ne sera qu'une tactique visant à recruter des Français pour combattre les Allemands. L'objectif stratégique sera toujours le même.
Enfin, l'entrée du Parti communiste dans la Résistance marque la fin de sa période pacifiste. Cette période (septembre 1939 - juin 1941) permet d'illustrer sa totale servitude à l'IC et donc aux intérêts de l'URSS.
En effet, il a approuvé le Pacte germano-soviétique à la suite des Instructions de l'IC du 22 août 1939. Il a dénoncé la guerre impérialiste menée contre l'Allemagne nazie après avoir reçues celles du 9 septembre 1939. Enfin, c''est sur les ordres de Moscou du 25 juin 1941 qu'il s'engage dans la lutte contre l'occupant allemand.
(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, pp. 441-442.
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Pacifistes, les communistes se sont appropriés le principe pétainiste de la collaboration en plaidant pour la "collaboration vraie". Résistants, ils s'approprient le V gaulliste - signe de la
Victoire - en y associant la faucille et le marteau.
Pacifistes, les communistes ont lancé un Appel pour la Formation d'un Front National de lutte pour l'indépendance de la France dans lequel la France Libre du Général de Gaulle était dénoncée comme un mouvement "REACTIONNAIRE ET COLONIALISTE". Résistants, ils célèbrent le Front National de l'indépendance de la France comme le symbole de "l'union des gaullistes, des communistes et de tous les patriotes".
Pacifistes, les communistes ont qualifié de Gaulle, Churchill et Attlee "d'ennemis du peuple". Résistants, ils qualifient Hitler de... "criminel".
Pacifistes, les communistes ont lancé un Appel pour la Formation d'un Front National de lutte pour l'indépendance de la France dans lequel la France Libre du Général de Gaulle était dénoncée comme un mouvement "REACTIONNAIRE ET COLONIALISTE". Résistants, ils célèbrent le Front National de l'indépendance de la France comme le symbole de "l'union des gaullistes, des communistes et de tous les patriotes".
Pacifistes, les communistes ont qualifié de Gaulle, Churchill et Attlee "d'ennemis du peuple". Résistants, ils qualifient Hitler de... "criminel".
A l'attention de Robert Hue
RépondreSupprimerLes communistes furent les premiers à prendre les armes et c’est le Colonel Fabien qui tira sur l’officier allemand le 21 août 1941 et qui donna le signal de la lutte armée générale. Mais l’objet de cet article concerne la période qui se déroula de l’été 1940 à l’été 1941.
RépondreSupprimerhttps://progreshumain.wordpress.com/2013/06/22/la-resistance-communiste-avant-juin-1941/