Le 15 mai 1941, dans une France occupée par les armées allemandes depuis près de 11 mois, "Le Parti Communiste Français s'adresse à tous ceux qui pensent français et veulent agir en Français" dans un appel intitulé "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France" (Doc 1).
Dans ce tract, s'opposant aux pétainistes et aux gaullistes qui sont accusés de menacer l'indépendance de la France en servant l'impérialisme allemand pour les premiers et l'impérialisme anglais pour les seconds, le Parti communiste appelle les Français à se mobiliser pour maintenir la France hors du conflit qui oppose l'Angleterre à l'Allemagne nazie :
"IL NE FAUT PAS PERMETTRE QUE LE PEUPLE DE FRANCE, LES RESSOURCES DE
NOTRE PAYS ET NOTRE TERRITOIRE SOIENT UTILISES DANS LA GUERRE ENTRE
L'ALLEMAGNE ET L'ANGLETERRE. [...]
IL FAUT
CONSTITUER UN LARGE FRONT NATIONAL DE LUTTE POUR L'INDEPENDANCE DE LA
FRANCE. "
Initiative pacifiste, l'appel du 15 mai 1941 répond à des Instructions de l'IC contenues dans un télégramme du 26 avril 1941 portant les signatures de Georges Dimitrov,
secrétaire général de l'IC, Maurice Thorez,
secrétaire général du PCF, et André Marty, membre du Bureau politique du PCF et secrétaire de
l'IC. (Partie I)
Dans son appel, pour convaincre les Français d'adhérer au Front National de lutte pour l'indépendance de la France, le Parti communiste affirme que "l'indépendance de la France", c'est-à-dire le maintien du pays "en dehors de la guerre de rapine que se livrent les impérialistes de l'axe et leurs rivaux anglo-saxons", est la condition préalable à la "libération nationale"
autrement dit à la fin de l'occupation allemande qui sera la conséquence d'un traité de Paix négocié avec succès par un Gouvernement communiste en raison non seulement de la neutralité de la France et mais aussi du soutien de l'URSS qui est alliée à l'Allemagne. (Partie II)
Le Front National de lutte pour l'indépendance de la France
changera radicalement de nature après le 22 juin 1941 et l'invasion de l'URSS par les armées allemandes pour
devenir un mouvement de Résistance sur la base d'un appel du 1er juillet 1941 fixant un nouvel objectif : la défaite de Hitler. (Partie III)
Dès lors, il sera
présenté par le Parti communiste puis l'historiographie officielle comme un
mouvement de Résistance créé le 15 mai 1941 ou, nouvelle date, le 27 mai 1941 sur la base de citations
tronquées du texte original dans lesquelles on n'aura supprimé toute référence à la Paix avec l'Allemagne, au refus d'exprimer des paroles de haine contre le peuple allemand, à
l'impérialisme britannique et à la condamnation du Général de Gaulle. (Partie IV)
Partie I
Internationale Communiste
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Parti Communiste Français a connu deux changements majeurs dans sa ligne politique du fait de sa totale fidélité (ou soumission) à l'Internationale Communiste laquelle était un instrument de la politique étrangère de l'URSS.
Le premier changement a été consécutif aux Instructions de l'IC du 9 septembre 1939 demandant au PCF de renoncer à sa ligne favorable à la défense nationale pour s'engager dans la lutte contre la guerre impérialiste et sa cause : le capitalisme.
Cette ligne pacifiste n'a pas survécu à l'invasion de l'URSS par les armées allemandes le 22 juin 1941 et à la Directive de l'IC du 25 juin 1941 appelant les communistes français à combattre les Allemands.
Sur la base de ces éléments, on peut définir trois périodes distinctes dans l'attitude du PCF :
1) du 3 septembre 1939 (entrée en guerre de la France) au 20 septembre 1939 (application des Instructions de l'IC du 9 septembre), il a soutenu la défense nationale.
2) du 20 septembre 1939 au 22 juin 1941, il a plaidé en faveur de la Paix avec l'Allemagne.
3) du 22 juin 1941 au 8 mai 1945 (défaite de l'Allemagne), il s'est engagé dans la Résistance.
Centrée sur la création d'un "front national de lutte pour l'indépendance" de la France, la Directive de l'IC du 26 avril 1941 appartient à la deuxième de ces trois périodes.
C'est la période au cours de laquelle les communistes français se définissaient avec fierté comme... des "défenseurs de la Paix".
Sur la base de ces éléments, on peut définir trois périodes distinctes dans l'attitude du PCF :
1) du 3 septembre 1939 (entrée en guerre de la France) au 20 septembre 1939 (application des Instructions de l'IC du 9 septembre), il a soutenu la défense nationale.
2) du 20 septembre 1939 au 22 juin 1941, il a plaidé en faveur de la Paix avec l'Allemagne.
3) du 22 juin 1941 au 8 mai 1945 (défaite de l'Allemagne), il s'est engagé dans la Résistance.
Centrée sur la création d'un "front national de lutte pour l'indépendance" de la France, la Directive de l'IC du 26 avril 1941 appartient à la deuxième de ces trois périodes.
C'est la période au cours de laquelle les communistes français se définissaient avec fierté comme... des "défenseurs de la Paix".
Directive de l'IC du 26 avril 1941
Le
26 avril 1941, l'Internationale communiste transmet des instructions à Jacques
Duclos, secrétaire du PCF qui assume la direction du Parti communiste clandestin, par l'intermédiaire de son antenne installée à Bruxelles qui est dirigée par Eugen Fried et dont la mission est de contrôler
les partis communistes d'Europe occidentale.
Ces
instructions sont contenues dans un télégramme signé par Georges
Dimitrov,
secrétaire général de l'IC, Maurice Thorez,
secrétaire général du PCF, et André Marty, membre du Bureau politique du PCF et secrétaire de
l'IC. La signature commune de ces trois dirigeants communistes
souligne l'importance de ce télégramme.
Une précision : André Marty a rejoint Moscou en août 1939 avant le début du conflit. Quant à Maurice Thorez, il s'est réfugié dans la capitale russe après sa désertion en octobre 1939 et un séjour de quelques semaines en Belgique. Ce départ a été caché aux militants pour ne pas les démoraliser.
Une précision : André Marty a rejoint Moscou en août 1939 avant le début du conflit. Quant à Maurice Thorez, il s'est réfugié dans la capitale russe après sa désertion en octobre 1939 et un séjour de quelques semaines en Belgique. Ce départ a été caché aux militants pour ne pas les démoraliser.
Le télégramme du 26 avril 1941 prescrit au Parti communiste de créer un "front national de lutte pour l'indépendance" de la France.
Pour justifier cette recommandation, l'IC affirme que l'indépendance de la France autrement dit sa neutralité dans le conflit anglo-allemand est la condition préalable à la Paix avec l'Allemagne :
Pour justifier cette recommandation, l'IC affirme que l'indépendance de la France autrement dit sa neutralité dans le conflit anglo-allemand est la condition préalable à la Paix avec l'Allemagne :
"La tâche essentielle actuelle est la lutte pour la libération nationale. La lutte pour la paix est subordonnée à la lutte pour l'indépendance nationale. Une paix sans libération nationale signifie l'asservissement du peuple de France. Au moment actuel cette lutte doit viser surtout ne
pas permettre que le peuple, le territoire et les ressources de la
France soient utilisées dans la guerre entre l'Allemagne et l'Angleterre". (1)
Dans ce texte, l'IC rappelle aux communistes français que leur principal objectif est "la libération nationale" autrement dit la fin de l'occupation allemande. Autre rappel : cet objectif ne sera pas atteint par la lutte armée mais par "la lutte pour la paix" autrement dit la signature d'un traité de
Paix négocié par un Gouvernement communiste.
Ces premiers éléments permettent déjà de prouver que le télégramme du 26 avril 1941 ne marque aucune rupture avec la ligne pacifiste fixée par l'IC dans son télégramme du 9 septembre 1939. Ce télégramme est donc un parfait démenti aux historiens qui date du printemps 1941 (ou d'une date antérieure) l'entrée du PCF dans la Résistance.
La Paix étant aussi un objectif de Vichy, l'IC souligne la différence entre le projet pacifiste des communistes et celui du Maréchal Pétain en indiquant que la paix pétainiste ne mettra fin ni à la domination allemande ni à la présence des Allemands et qu'elle n'est donc qu'un acte de soumission à l'impérialisme allemand : "Une paix sans libération nationale signifie l'asservissement du peuple de France".
Point central de cette Directive du 26 avril 1941, le Komintern affirme que "la lutte pour la paix est subordonnée à la lutte pour l'indépendance nationale" autrement dit un Gouvernement communiste ne pourra engager des négociations de Paix qu'à la condition que la France ne soit pas partie prenante dans le conflit anglo-allemand.
A court terme, l'objectif fixé par Moscou est donc la lutte pour l'indépendance nationale qui est définie en ces termes : "ne pas permettre que le peuple, le territoire et les ressources de la France soient utilisées dans la guerre entre l'Allemagne et l'Angleterre".
Dans la suite du télégramme, il est affirmé que cet objectif sera atteint "en créant un front national de lutte pour l'indépendance". (2)
Ces premiers éléments permettent déjà de prouver que le télégramme du 26 avril 1941 ne marque aucune rupture avec la ligne pacifiste fixée par l'IC dans son télégramme du 9 septembre 1939. Ce télégramme est donc un parfait démenti aux historiens qui date du printemps 1941 (ou d'une date antérieure) l'entrée du PCF dans la Résistance.
La Paix étant aussi un objectif de Vichy, l'IC souligne la différence entre le projet pacifiste des communistes et celui du Maréchal Pétain en indiquant que la paix pétainiste ne mettra fin ni à la domination allemande ni à la présence des Allemands et qu'elle n'est donc qu'un acte de soumission à l'impérialisme allemand : "Une paix sans libération nationale signifie l'asservissement du peuple de France".
Point central de cette Directive du 26 avril 1941, le Komintern affirme que "la lutte pour la paix est subordonnée à la lutte pour l'indépendance nationale" autrement dit un Gouvernement communiste ne pourra engager des négociations de Paix qu'à la condition que la France ne soit pas partie prenante dans le conflit anglo-allemand.
A court terme, l'objectif fixé par Moscou est donc la lutte pour l'indépendance nationale qui est définie en ces termes : "ne pas permettre que le peuple, le territoire et les ressources de la France soient utilisées dans la guerre entre l'Allemagne et l'Angleterre".
Dans la suite du télégramme, il est affirmé que cet objectif sera atteint "en créant un front national de lutte pour l'indépendance". (2)
L'IC précise la composition de ce rassemblement en indiquant que "la force fondamentale de ce front national doit être classe ouvrière avec parti communiste à la tête." (3)
Elle ajoute que ce rassemblement, qui sera donc sous le contrôle exclusif du PCF, doit incarner "l'unité nationale" autrement dit être ouvert à tous les Français à l'exclusion de "tous traîtres et capitulards" c'est-à-dire les pétainistes qui servent l'impérialisme allemand. (4)
Quant aux gaullistes qui servent l'impérialisme anglais, l'IC indique que le parti "ne prend pas position hostile envers partisans du mouvement de Gaulle tout en critiquant avec mesure ses positions réactionnaires et colonialistes." (5)
Quant aux gaullistes qui servent l'impérialisme anglais, l'IC indique que le parti "ne prend pas position hostile envers partisans du mouvement de Gaulle tout en critiquant avec mesure ses positions réactionnaires et colonialistes." (5)
Il y a donc une distinction entre les "partisans" du Général de Gaulle et le "mouvement de Gaulle" lui-même :
- pas d'hostilité envers ces partisans qui pourront intégrer le Front national de lutte pour l'indépendance de la
France à la condition toutefois d'adhérer au projet pacifiste des communistes,
- par contre, la propagande communiste devra dénoncer la France Libre du Général de Gaulle comme un mouvement qui défend des "positions réactionnaires et colonialistes" !!! dans le but de fasciser la Résistance gaulliste dont le principal crime pour les communistes est d'appeler les Français à combattre les Allemands pour libérer la France.
Le Front National de lutte pour l'indépendance n'est conçu que dans la perspective d'un Gouvernement de Paix communiste : le succès du premier permettant la réussite du second.
C'est pour cette raison que l'IC associe à la création du Front national la constitution d'un Gouvernement du Peuple :
"En même temps expliquer continuellement aux masse que succès
lutte pour libération nationale exige [de] former [un] gouvernement
populaire qui, avec main de fer et s'appuyant sur le peuple, épure la
France de tous les éléments capitulards et crée conditions nécessaires
pour ce succès. Réduire revendications immédiates de la plate-forme aux points principaux suivants :
pain
(toutes les ressources au service du peuple, ravitaillement contrôlé
par comités populaires, logement des sans-abris, etc.); travail
(revendications ouvrières et paysannes); suppression ligne démarcation;
retour des prisonniers; suppression indemnité de guerre; les frais de la
guerre sur le dos des riches et des profiteurs; libertés démocratiques
(municipalités, syndicats, etc.)". (6)
Pour inciter les Français à se mobiliser pour la constitution d'un gouvernement communiste, l'IC prescrit au Parti communiste de formuler un ensemble de revendications répondant aux besoins immédiats de la population.
Ce programme d'action est centré sur des sujets précis. Volontairement réduit à l'essentiel, il ne reprend pas l'ensemble des thèmes évoqués dans la plateforme que le Parti communiste a publié clandestinement en février 1941 sous le titre "Pour le salut du peuple de France". Ce programme de gouvernement détaillait l'ensemble des mesures aussi bien structurelles que ponctuelles que prendrait un Gouvernement du Peuple dans tous les domaines c'est-à-dire : Politique étrangère, Economie, Education, Justice, Police, Agriculture, Protection sociale, Jeunesse, Culture. Dans ce document, fidèle au projet qu'il défendait depuis le début du conflit à savoir la Paix par la Révolution socialiste, le Parti communiste plaidait en politique étrangère pour l'établissement de "relations PACIFIQUES" avec l'Allemagne nazie (libération nationale) et en politique intérieure pour le renversement du régime capitaliste (libération sociale) avec comme modèle le gouvernement bolchévik de 1917.
Ce programme d'action est centré sur des sujets précis. Volontairement réduit à l'essentiel, il ne reprend pas l'ensemble des thèmes évoqués dans la plateforme que le Parti communiste a publié clandestinement en février 1941 sous le titre "Pour le salut du peuple de France". Ce programme de gouvernement détaillait l'ensemble des mesures aussi bien structurelles que ponctuelles que prendrait un Gouvernement du Peuple dans tous les domaines c'est-à-dire : Politique étrangère, Economie, Education, Justice, Police, Agriculture, Protection sociale, Jeunesse, Culture. Dans ce document, fidèle au projet qu'il défendait depuis le début du conflit à savoir la Paix par la Révolution socialiste, le Parti communiste plaidait en politique étrangère pour l'établissement de "relations PACIFIQUES" avec l'Allemagne nazie (libération nationale) et en politique intérieure pour le renversement du régime capitaliste (libération sociale) avec comme modèle le gouvernement bolchévik de 1917.
Dernier élément, les apologistes du PCF déguisés en historiens soutiennent que le télégramme de l'IC du 26 avril 1941 appelait les communistes à combattre les Allemands avec comme preuves la phrase suivante : "La tâche essentielle actuelle est la lutte pour la libération nationale", et l'affirmation que la libération nationale était synonyme de... lutte armée.
(1) - (6) B. Baleiner, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, pp. 402-404.
Moscou, Paris, Berlin,
télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941
Publié en 2003 par B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer et S. Wolikow sous la direction de D. Peschanski, le livre Moscou, Paris, Berlin, télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941 suit l'action de l'Internationale communiste au travers des télégrammes échangés au cours de cette période avec les Partis communistes d'Europe occidentale.
La quatrième de couverture apporte les éléments suivants sur les auteurs :
"BERNHARD BAYERLEIN est docteur en histoire, chargé de cours à l'université de Mannheim (Allemagne); MIKHAIL NARINSKI, professeur d'histoire contemporaine à l'institut politique des relations internationales de Moscou; BRIGITTE STUDER, professeur d'histoire à l'université de Berne (Suisse); SERGE WOLIKOW, professeur d'histoire contemporaine à l'université de Bourgogne. Tous figurent parmi les meilleurs spécialistes de l'Internationale communiste."
Reproduit aux pages 402, 403 et 404, le télégramme de l'IC du 26 avril 1941 adressé à Fried sous les signatures de Dimitrov, Thorez et Marty est précédé d'un court texte de présentation dans lequel on peut notamment lire :
"La signature commune de Dimitrov, Thorez et Marty souligne l'importance de ce télégramme pour qui veut suivre les méandres de la stratégie du Komintern. Les trois leaders en appellent en effet à un « front national de lutte pour la libération nationale ». La sentence est sans ambiguïté : « La tâche essentielle est la lutte pour la libération nationale ». En outre, non seulement le temps n'est plus à la critique de de Gaulle, mais, pour la première fois, on en appelle à l'union non plus seulement entre militants, mais aussi entre organisations. Duclos mettra rapidement en œuvre la nouvelle ligne : le 27 mai 1941, le PCF appellera à la création d'un Front national de l'indépendance de la France."
Suivant ce texte, dans son télégramme du 26 avril 1941, l'IC initie une nouvelle ligne en appelant les communistes français non seulement à combattre les Allemands mais aussi à s'allier à la Résistance gaulliste !!!
Sur le premier point, on fera remarquer que le texte invente un "front national de lutte pour la libération nationale" et associe la libération nationale à la lutte armée. Rappelons que le télégramme porte sur la création d'un "front national de lutte pour l'indépendance" et que la libération nationale renvoie à la signature d'un traité de paix négocié par un Gouvernement communiste ("la lutte pour la paix").
Sur le second point, la pensée magique atteint des sommets. En effet le texte parle d'union avec le Général de Gaulle alors que le télégramme condamne le mouvement gaulliste en l'accusant de défendre des "positions réactionnaires et colonialistes".
Au vu de ces éléments, on ne sera pas étonné de constater que la date retenue pour la création du Front national est le... 27 mai 1941.
Au final, cet ouvrage de... référence n'est qu'un livre de plus dans lequel les apologistes du PCF n'hésitent pas à réécrire l'histoire quand celle-ci ne leur convient pas.
Au vu de ces éléments, on ne sera pas étonné de constater que la date retenue pour la création du Front national est le... 27 mai 1941.
Au final, cet ouvrage de... référence n'est qu'un livre de plus dans lequel les apologistes du PCF n'hésitent pas à réécrire l'histoire quand celle-ci ne leur convient pas.
Partie II
Appel du 15 mai 1941
En mai 1941, onzième mois de l'occupation de la France par les armées hitlériennes, le Parti communiste lance un appel "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France".
Placé sous ce surtitre, le titre principal du texte indique : "Le Parti Communiste Français s'adresse à tous ceux qui pensent français et veulent agir en Français". Il est suivi d'une formule indiquant logiquement les destinataires du tract : "FRANÇAIS ! FRANÇAISE !".
La répétition du mot français à 5 reprises dans la partie titre du texte souligne l'importance de savoir qui sont les traîtres.
Les traîtres qui ne pensent pas français et ne veulent pas agir en Français sont les partisans du Maréchal Pétain et ceux du Général de Gaulle. Les communistes les accusent de servir l'impérialisme allemand pour les premiers, et l'impérialisme anglais pour les seconds. Rappelons que le Parti communiste qui se présente comme "le seul Parti français" est structurellement soumis à l'Internationale communiste laquelle est totalement contrôlée par l'URSS et Staline.
Tract le plus important diffusé au printemps 1941, l'appel "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France" incite les Français à se mobiliser pour maintenir la France à l'écart de la guerre qui se poursuit entre l'Angleterre et l'Allemagne, affirme que la création de ce Front national suscitera "des sympathies agissantes" au sein... du peuple allemand, défend la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste et enfin condamne le Général de Gaulle qui est dénoncé comme un agent de l'impérialisme anglais.
Par son contenu, cet appel est une parfaite illustration de la ligne pacifiste, antigaulliste, anglophobe et germanophile du Parti communiste.
Il sera par la suite publié dans les Cahiers du bolchévisme des 2e et 3e trimestres 1941 avec une différence notoire : l'ajout d'une date, le "15 mai 1941", à la fin du texte.
Par son contenu, cet appel est une parfaite illustration de la ligne pacifiste, antigaulliste, anglophobe et germanophile du Parti communiste.
Il sera par la suite publié dans les Cahiers du bolchévisme des 2e et 3e trimestres 1941 avec une différence notoire : l'ajout d'une date, le "15 mai 1941", à la fin du texte.
On pourra illustrer l'importance de ce texte en citant les manchettes de l'Humanité clandestine de mai et juin 1941 :
- l'Humanité n° spécial du 25 mai 1941 : "A bas la Guerre impérialiste ! Vive le front national de lutte pour l'indépendance de la France !".
- l'Humanité n° 114 du 26 mai 1941 : "Le Parti Communiste appelle tous les français, en dehors des capitulards et des traîtres, à s'unir en un front national de lutte pour l'indépendance de la France".
- l'Humanité n° 115 du 30 mai 1941 : "Contre l'oppression nationale pesant sur notre pays, les Français doivent former le front national de lutte pour l'indépendance du pays".
- l'Humanité n° 116 du 9 juin 1941 : "Formons le front national du pays !".
- l'Humanité n° 117 du 13 juin 1941 : "Vive le front national de l'indépendance du pays !".
Dans ce dernier numéro, on peut aussi lire la recommandation suivante :
« Travailleurs, travailleuses, qui lisez notre Humanité clandestine, diffusez le tract :
"POUR LA FORMATION D'UN FRONT NATIONAL DE L'INDEPENDANCE DE LA FRANCE. LE PARTI COMMUNISTE S'ADRESSE A TOUS CEUX QUI PENSENT FRANCAIS ET VEULENT AGIR EN FRANCAIS"
Faites circuler ce document capital et vous aiderez dans sa lutte libératrice le Parti de THOREZ, de DUCLOS, de MARTY, de CACHIN, de FRACHON, le parti de la lutte contre l'oppression nationale. »
L'appel du 15 mai 1941 est une initiative du PCF qui fait suite aux Instructions de l'IC du 26 avril 1941 auxquelles Jacques Duclos a d'ailleurs répondu dans un message adressé à Eugen Fried qui l'a ensuite transmis à Moscou dans un télégramme du 14 mai 1941 :
"Voici message Yves [Jacques Duclos] : Reçue (sic) communication concernant front national de lutte pour libération nationale. Etudierons action concrète à développer pour créer condition de ce rassemblement." (1)
Cet appel reprend l'ensemble des éléments mentionnés dans le télégramme du 26 avril 1941. A ces éléments vient s'ajouter une longue introduction dénonçant la rencontre du 11 mai 1941 entre le Chancelier Hitler et l'amiral Darlan au cours de laquelle a été évoquée la collaboration militaire de Vichy et ses contreparties. Jacques Duclos a d'ailleurs évoqué ce choix dans son message transmis à l'IC par Eugen Fried :
"Préparons déclaration publique Parti sur questions indiquées et possible que puissions prendre comme point de départ jours prochains nouvelles concessions faites par Vichy contre prétendus avantages accordés par envahisseur". (2)
(1) B. Baleiner, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 411 (Télégramme du 14 mai 1941).
(2) Ibid. p. 412 (Télégramme du 14 mai 1941).
Indépendance de la France
Avec le Parti communiste, le sens des mots n'est pas fixe. Leur signification évolue en fonctions des intérêts du Parti.
Un exemple : l'indépendance de la France. Que recouvrait cette notion pour le Parti communiste au mois de mai 1941 ?
On pourra répondre à cette question en reproduisant l'extrait suivant de son appel "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France" :
"Depuis
un an notre pays est occupé, humilié, pillé soumis à une dictature et
LA POPULATION FRANCAISE QUI ETOUFFE SOUS LE POIDS DE L'OPPRESSION
NATIONALE ASPIRE A SA LIBERATION. [...]
Victime,
aujourd'hui, d'une odieuse oppression nationale, le peuple de France ne
prononcera pas des paroles de haine à l'égard de la Nation allemande
qu'il ne confond pas avec ses maîtres du moment. [...]
Mais
l'envahisseur ne se contente pas de tout cela. Il veut entraîner la
France dans sa guerre; il veut se servir de la marine de guerre
française, des ports français, des colonies françaises ce qui attirerait
sur nos cités la rage des bombardements anglais, qui déjà, ravagent les
côtes de l'Atlantique et de la Manche parce qu'elles sont utilisées
pour la guerre.
Les traîtres à la solde de l'envahisseur parlent de paix, mais leur « PAIX » ne
signifie rien d'autre qu'une tentative criminelle de lancer à nouveau
notre pays dans la guerre en le maintenant sous la domination des
impérialistes allemands.
C'est
pourquoi la lutte pour la paix ne peut se séparer de la lutte contre
l'oppression nationale, pour l'indépendance de notre pays. Le peuple de
France ne veut pas la paix du cimetière et de la prison, la paix de la
servitude et de l'oppression, il veut la paix dans la liberté et
l'indépendance du pays et le premier objectif que nous devons, nous
Français, nous assigner dans cette lutte pour la Paix est le suivant :
IL NE FAUT PAS PERMETTRE QUE LE PEUPLE DE FRANCE, LES RESSOURCES DE
NOTRE PAYS ET NOTRE TERRITOIRE SOIENT UTILISES DANS LA GUERRE ENTRE
L'ALLEMAGNE ET L'ANGLETERRE.
Non, il ne faut pas que nos ouvriers et nos usines soient utilisées pour la guerre, alors que nos populations manquent de tout.
Non, il ne faut pas que nos matières premières, nos ressources alimentaires et autres soient utilisées pour la guerre, par nos oppresseurs impérialistes.
Non, il ne faut pas que notre territoire serve de champ de bataille aux impérialistes dont la cause et les intérêts ne sont pas et ne peuvent être ceux du peuple français.
Voilà
ce que pensent, ce que désirent des millions de Français, mais ils se
demandent si cela peut sortir du domaine des aspirations pour entrer
dans celui des réalités.
Oui, cela se peut, mais à deux conditions :
1°
IL FAUT L'UNITE DE LA NATION A L'EXCEPTION DES TRAITRES ET DES
CAPITULARDS FAISANT LA BESOGNE OU LE JEU DE L'ENVAHISSEUR; IL FAUT
CONSTITUER UN LARGE FRONT NATIONAL DE LUTTE POUR L'INDEPENDANCE DE LA
FRANCE;
2° CE FRONT NATIONAL DE L'INDEPENDANCE, POUR
POUVOIR REMPLIR SA MISSION LIBERATRICE, DOIT ETRE CONSTITUE AVEC, COMME
FORCE FONDAMENTALE, LA CLASSE OUVRIERE DE FRANCE, AVEC LE PARTI
COMMUNISTE A LA TETE. [...]
L'INDEPENDANCE ET LA PAIX, voilà ce que voulait hier et ce que veut aujourd'hui, POUR LA FRANCE, le Parti Communiste Français. Et maintenant que notre pays se trouve placé devant le double danger DE DEVENIR UNE SORTE DE COLONIE NAZIE ET D’ÊTRE ENTRAINE A NOUVEAU DANS LA GUERRE IMPÉRIALISTE, les communistes, les plus courageux et les meilleurs fils de France, qui, par dizaines de milliers, ont payé de leur liberté leur défense des intérêts supérieurs de ma Nation, APPELLENT TOUS LES FRANCAIS DE BONNE VOLONTE A L'UNION, A LA LUTTE COMMUNE."
Dans
ce texte, le Parti communiste dénonce avec virulence
l'occupation allemande ainsi que le risque d'un engagement militaire de
la France au profit de l'Allemagne.
Face à ce "double danger DE DEVENIR UNE SORTE DE COLONIE NAZIE ET D’ÊTRE ENTRAINE A NOUVEAU DANS LA GUERRE IMPÉRIALISTE", la "lutte pour la paix", explique-t-il, doit se placer sur deux plans distincts.
Tout d'abord il faut engager une lutte "pour l'indépendance nationale" autrement dit pour le maintien de la France "en dehors de la guerre de rapine que se livrent les impérialistes de l'axe et leurs rivaux anglo-saxons". La neutralité de la France dans le conflit anglo-allemand permettra ensuite d'engager une lutte "contre l'oppression nationale" autrement dit de mettre fin à l'occupation allemande en soutenant la constitution d'un Gouvernement communiste qui engagera des négociations de Paix avec Hitler avec la garantie d'aboutir à un accord grâce au soutien d'un fidèle allié de l'Allemagne : l'URSS.
Tout d'abord il faut engager une lutte "pour l'indépendance nationale" autrement dit pour le maintien de la France "en dehors de la guerre de rapine que se livrent les impérialistes de l'axe et leurs rivaux anglo-saxons". La neutralité de la France dans le conflit anglo-allemand permettra ensuite d'engager une lutte "contre l'oppression nationale" autrement dit de mettre fin à l'occupation allemande en soutenant la constitution d'un Gouvernement communiste qui engagera des négociations de Paix avec Hitler avec la garantie d'aboutir à un accord grâce au soutien d'un fidèle allié de l'Allemagne : l'URSS.
Le Parti communiste définit donc clairement ses deux objectifs - "L'INDEPENDANCE ET LA PAIX" - en soulignant que l'indépendance nationale est la condition
préalable à la libération nationale.
C'est pour cette raison qu'il considère comme une priorité de créer un Front national de lutte pour l'indépendance de la France auquel il attribue un objectif précis et conforme à ses analyses :
C'est pour cette raison qu'il considère comme une priorité de créer un Front national de lutte pour l'indépendance de la France auquel il attribue un objectif précis et conforme à ses analyses :
"IL NE FAUT PAS PERMETTRE QUE LE PEUPLE DE FRANCE, LES RESSOURCES DE
NOTRE PAYS ET NOTRE TERRITOIRE SOIENT UTILISES DANS LA GUERRE ENTRE
L'ALLEMAGNE ET L'ANGLETERRE".
Ce
rassemblement présente deux caractéristiques majeures : il est
ouvert à tous les Français à l'exception des pétainistes qui servent
l'impérialisme allemand, et il est placé sous le contrôle exclusif du Parti communiste. Citons le texte :
1° IL FAUT L'UNITE DE LA NATION A L'EXCEPTION DES TRAITRES ET DES CAPITULARDS FAISANT LA BESOGNE OU LE JEU DE L'ENVAHISSEUR; IL FAUT CONSTITUER UN LARGE FRONT NATIONAL DE LUTTE POUR L'INDEPENDANCE DE LA FRANCE;
2° CE FRONT NATIONAL DE L'INDEPENDANCE, POUR POUVOIR REMPLIR SA MISSION LIBERATRICE, DOIT ETRE CONSTITUE AVEC, COMME FORCE FONDAMENTALE, LA CLASSE OUVRIERE DE FRANCE, AVEC LE PARTI COMMUNISTE A LA TETE.
La stratégie du Parti communiste clandestin est donc claire :
1) Création d'un Front ouvert à tous les Français par opposition à une ligne classe contre classe.
2) Rassemblement par le bas par opposition à une union fondée sur des accords entre partis.
Né d'un accord entre les socialistes, les communistes et les radicaux-socialistes, le Front populaire fut la première expérience frontiste du PCF et un succès puisqu'il permit à cette coalition de gauche de remporter les élections législatives de 1936. Dès le début de l'occupation, les communistes s'étaient engagés sur une ligne frontiste. Ainsi, leur appel de juillet 1940 appelait les Français à se rassembler dans un "Front de la liberté, de l'indépendance et de la renaissance de la France" qui devait se mobiliser en faveur de la constitution d'un "Gouvernement du Peuple" autrement dit un Gouvernement de Paix communiste.
1) Création d'un Front ouvert à tous les Français par opposition à une ligne classe contre classe.
2) Rassemblement par le bas par opposition à une union fondée sur des accords entre partis.
Né d'un accord entre les socialistes, les communistes et les radicaux-socialistes, le Front populaire fut la première expérience frontiste du PCF et un succès puisqu'il permit à cette coalition de gauche de remporter les élections législatives de 1936. Dès le début de l'occupation, les communistes s'étaient engagés sur une ligne frontiste. Ainsi, leur appel de juillet 1940 appelait les Français à se rassembler dans un "Front de la liberté, de l'indépendance et de la renaissance de la France" qui devait se mobiliser en faveur de la constitution d'un "Gouvernement du Peuple" autrement dit un Gouvernement de Paix communiste.
Gouvernement de Paix communiste
Des deux objectifs du PCF ("L'INDEPENDANCE ET LA PAIX"), nous avons défini le contenu du premier. Explicitons maintenant le contenu du second.
Tout d'abord, dans son appel, le Parti communiste s'attache à montrer la différence entre son projet pacifiste ("la paix dans la liberté et l'indépendance du pays") et celui du Maréchal Pétain ("la paix de la servitude et de l'oppression").
Tout d'abord, dans son appel, le Parti communiste s'attache à montrer la différence entre son projet pacifiste ("la paix dans la liberté et l'indépendance du pays") et celui du Maréchal Pétain ("la paix de la servitude et de l'oppression").
Marqué par la soumission à l'impérialisme allemand, le projet pétainiste signifie le retour de la France dans la guerre ("servitude") et la pérennité de l'occupation allemande ("oppression"). A l'inverse le projet communiste permettra non seulement de maintenir la France à l'écart du conflit anglo-allemand ("indépendance") mais aussi de mettre fin à l'occupation allemande ("liberté").
On rappellera que la "lutte pour la paix" se place donc sur deux plans : la lutte "pour l'indépendance nationale" avec la création d'un Front national et la lutte "pour la libération nationale" (ou "contre l'oppression nationale") avec la formation d'un Gouvernement de Paix communiste.
Sur ce dernier point, citons l'appel du PCF :
On rappellera que la "lutte pour la paix" se place donc sur deux plans : la lutte "pour l'indépendance nationale" avec la création d'un Front national et la lutte "pour la libération nationale" (ou "contre l'oppression nationale") avec la formation d'un Gouvernement de Paix communiste.
Sur ce dernier point, citons l'appel du PCF :
"Indiscutablement, la lutte pour la libération nationale de la France exige afin d'être menée à bien, la formation d'un GOUVERNEMENT DU PEUPLE qui, avec une main de fer et s'appuyant sur les masses populaires serait capable d'épurer la France de tous les éléments traîtres et capitulards en même temps qu'il serait capable de créer les conditions indispensables au relèvement de la France dans la liberté et l'indépendance.
L'intérêt supérieur de la France exige la formation d'un tel GOUVERNEMENT POPULAIRE qui serait vraiment l'expression de la Nation unie dans une même volonté de libération contre l'envahisseur et contre les traîtres qui sont à son service. [...]
Dans son programme qu'il a publié clandestinement sous le titre « POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE », le Parti Communiste en préconisant la formation d'un « GOUVERNEMENT DU PEUPLE EXPRESSION DE LA VOLONTE NATIONALE » indique parmi les buts de la politique extérieure à atteindre : « LA LIBERATION DU TERRITOIRE NATIONAL ET DES PRISONNIERS DE GUERRE. » « LA CONCLUSION D'UN PACTE D'AMITIE ET D'UN TRAITE COMMERCIAL AVEC L'URSS. » « LA POURSUITE RESOLUE D'UNE POLITIQUE DE PAIX DESTINEE A TENIR LA FRANCE HORS DU CONFLIT. »"
Le texte fait référence au programme de gouvernement de février 1941 intitulé "Pour le salut du Peuple de France" dans lequel le Parti communiste définissait ainsi ses objectifs en politique extérieure :
"1° Libération du territoire national et des prisonniers de guerre. Pour mener cette tâche à bien, le Gouvernement du Peuple mettrait tout en œuvre pour établir des relations PACIFIQUES avec tous les peuples; il s'appuierait sur la puissance que lui conféreraient LA CONFIANCE DU PEUPLE FRANCAIS, LA SYMPATHIE DES AUTRES PEUPLES ET L'AMITIE DE L'UNION SOVIETIQUE.
2° Etablissement de rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand en rappelant l'action menée par les communistes et par le peuple français contre le traité de Versailles, contre l'occupation du bassin de la Rhur, contre l'oppression d'un peuple contre un autre peuple.
3° Conclusion d'un pacte d'amitié et d'un traité commercial avec l'URSS et poursuite résolue d'une politique de paix destinée à tenir la France en dehors du conflit impérialiste."
Dans l'hypothèse où ils réussiraient à prendre le pouvoir, les communistes se fixent comme première priorité : la "Libération du territoire national et des prisonniers de guerre".
Question fondamentale : par quel moyen ce Gouvernement communiste réussira-t-il à obtenir le départ des troupes allemandes et le retour des prisonniers de guerre ? Réponse : en établissant des "relations PACIFIQUES" avec l'Allemagne nazie !!! Et de préciser que ce Gouvernement communiste "mettrait tout en œuvre" pour atteindre cet objectif autrement dit il n'y aura pas de limite aux concessions envisagées d'autant que les communistes ont affirmé vouloir suivre le modèle du gouvernement bolchévik de 1917 qui avait signé le traité de Brest-Litvosk mettant fin à la guerre avec l'Allemagne et aux conditions allemandes.
Le texte indique "avec tous les pays". Au vu de la situation de la France, on peut considérer sans trop se tromper que le premier pays visé est l'Allemagne et non la Chine ou l'Argentine.
La pudeur des communistes de ne pas nommer l'Allemagne pourrait servir d'argument à leurs apologistes pour nier le contenu de ce premier engagement. On leur conseillera dans ce cas de ne pas lire la seconde priorité des communistes : l'instauration de "rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand" !!!
Troisième priorité des communistes : la signature d'une alliance avec... l'URSS et tout aussi significatif la "poursuite résolue d'une politique de paix destinée à tenir la France en dehors du conflit impérialiste" autrement dit aucun soutien à l'Angleterre.
Pour le Parti communiste, la libération nationale sera donc la conséquence d'un traité de Paix franco-allemand négocié avec le parrainage de l'URSS qui est alliée de l'Allemagne, et non le résultat d'une lutte armée.
Comment qualifier se positionnement politique : Résistance ou Collaboration ?
Programme d'action
L'appel du 15 mai 1941 propose un ensemble de mesures regroupées dans un "programme d'action" :
"C’EST POURQUOI L'UNION DE LA NATION FRANÇAISE PEUT ET DOIT SE FAIRE SUR UN PROGRAMME D’ACTION CORRESPONDANT AUX BESOINS PRESSANTS DE NOS POPULATIONS, A LEUR PROFOND DESIR DE JUSTICE ET DE LIBERTE AINSI QU’AUX INTERETS REELS DE LA FRANCE."
Trois raisons pour expliquer la présence de ce programme d'action. Tout d'abord, la lutte pour les revendications immédiates a été l'une des priorités du Parti communiste clandestin dès le début du conflit comme le montre la lettre de Maurice Thorez du 4 décembre 1939 envoyée depuis Moscou à la direction parisienne du Parti dans laquelle le secrétaire général fixe formellement la ligne du Parti et dont la quasi-totalité a été reproduite dans l'éditorial des Cahiers du bolchévisme de janvier 1940 sous le titre "Le Parti Communiste Français (SFIC) en lutte contre la guerre impérialiste" :
"La deuxième grande tâche du Parti communiste français en liaison avec sa lutte contre la guerre impérialiste, c'est la défense des revendications immédiates des masses laborieuses."
Ensuite, tout texte communiste visant à mobiliser les masses pour la lutte politique doit impérativement associer à cette lutte politique la lutte revendicative. La raison est explicitée par exemple dans cet extrait de La Vie du Parti du 1er trimestre 1941 évoquant le travail syndical des militants :
"De bons camarades n'attachent pas à l'action syndicale et à la lutte revendicative toute l'importance que cela mérite, en faisant le raisonnement suivant :
Est-ce bien le moment de s'occuper de la lutte revendicative ? N'est-ce pas dépenser des forces qui peuvent être plus utilement employées dans une période où de grands problèmes politiques se posent, où nous devons gagner les masses à l'idée de la nécessité de la révolution socialiste ?
A cela il faut répondre nettement : A aucun moment de l'action révolutionnaire le problème des revendications immédiates ne saurait être abandonné ou sous-estimé.
L'organisation de l'action pour les revendications immédiates des grandes masses rassemble ces masses autour de nous, les dresse contre la bourgeoisie. La lutte revendicative n'est pas un frein à la lutte politique, elle lui est indispensable. Plus encore dans la situation présente que dans des périodes plus calmes."
Enfin, la prescription de l'IC du 26 avril 1941 :
"Réduire revendications immédiates de la plate-forme aux points principaux suivants :
pain (toutes les ressources au service du peuple, ravitaillement contrôlé par comités populaires, logement des sans-abris, etc.); travail (revendications ouvrières et paysannes); suppression ligne démarcation; retour des prisonniers; suppression indemnité de guerre; les frais de la guerre sur le dos des riches et des profiteurs; libertés démocratiques (municipalités, syndicats, etc.)"
Répondant aux besoins immédiats de la population, ce programme d'action est centré sur des sujets précis. Volontairement réduit à l'essentiel, il ne reprend pas l'ensemble des thèmes évoqués dans la plateforme que le Parti communiste a publié clandestinement en février 1941 sous le titre "Pour le salut du peuple de France". Ce programme de gouvernement détaillait l'ensemble des mesures aussi bien structurelles que ponctuelles que prendrait un Gouvernement du Peuple dans tous les domaines c'est-à-dire : Politique étrangère, Economie, Education, Justice, Police, Agriculture, Protection sociale, Jeunesse, Culture. Dans ce document, fidèle au projet qu'il défendait depuis le début du conflit à savoir la Paix par la Révolution socialiste, le Parti communiste plaidait en politique étrangère pour l'établissement de "relations PACIFIQUES" avec l'Allemagne nazie (libération nationale) et en politique intérieure pour le renversement du régime capitaliste (libération sociale) avec comme modèle le gouvernement bolchévik de 1917.
Dans l'appel du 15 mai 1941, les revendications concernant les relations avec l'Allemagne nazies sont regroupées dans un paragraphe titré "Pour libérer la France et les Français" :
Dans l'appel du 15 mai 1941, les revendications concernant les relations avec l'Allemagne nazies sont regroupées dans un paragraphe titré "Pour libérer la France et les Français" :
"L’unité de la Nation peut et doit se faire. Le Front National de l’Indépendance de la France peut et doit se faire en vue de mener la lutte qui permettra d’exiger avec force et d’obtenir :
1. Pour libérer la France et les Français.
a) La suppression de la ligne de démarcation et l’évacuation du territoire.
b) Le retour de tous nos prisonniers de guerre honteusement détenus, un an après la signature de l’armistice.
c) La suppression de l’indemnité de guerre de 400 millions de francs par jour payée par la France à l’envahisseur depuis un an."
1. Pour libérer la France et les Français.
a) La suppression de la ligne de démarcation et l’évacuation du territoire.
b) Le retour de tous nos prisonniers de guerre honteusement détenus, un an après la signature de l’armistice.
c) La suppression de l’indemnité de guerre de 400 millions de francs par jour payée par la France à l’envahisseur depuis un an."
Quelle est la méthode proposée par les communistes pour réaliser ce programme qui doit "libérer la France et les Français" ? : "exiger avec force" !!!
En d'autres termes, attendons patiemment que les nazis donnent leur accord.
En d'autres termes, attendons patiemment que les nazis donnent leur accord.
Pas "de haine à l'égard de la Nation allemande"
Texte diffusé au printemps 1941, l'appel "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France" expose les sentiments des communistes à l'égard.... des Allemands.
Dans ce texte, le Parti
communiste affirme que la mobilisation des Français dans le Front national soulèvera des "sympathies agissantes" à l'intérieur du "peuple allemand" :
"C'est dans la masses du peuple que réside les forces de libération nationale du pays et plus le FRONT NATIONAL DE LUTTE POUR L'INDEPENDANCE DE LA FRANCE sera vaste, puissant, plus il soulèvera de sympathies agissantes parmi les peuples de tous les pays, Y COMPRIS DANS LES RANGS DU PEUPLE ALLEMAND."
En d'autres termes la volonté de Paix des Allemands sera déterminée par celle des Français.
Pour les mêmes raisons, il déclare aussi qu'il ne "ne prononcera pas des paroles de haine à l'égard de la Nation allemande".
Ces affirmations illustrent un des éléments fondamentaux du projet communiste : la fraternité franco-allemande.
Pour les mêmes raisons, il déclare aussi qu'il ne "ne prononcera pas des paroles de haine à l'égard de la Nation allemande".
Ces affirmations illustrent un des éléments fondamentaux du projet communiste : la fraternité franco-allemande.
Pour montrer la réalité de ce thème, son importance et sa récurrence dans la propagande communiste, on rappellera trois faits antérieurs au mois de mai 1941.
1) A l'été 1940, plusieurs numéros de l'Humanité ont appelé les Français à fraterniser avec les soldats allemands en expliquant que ces derniers n'étaient pas des envahisseurs mais des prolétaires avec lesquels il fallait s'unir pour combattre l'ennemi commun : le capitalisme. Autre argument délirant pour justifier ces appels à la fraternisation : les Allemands étaient comme les communistes des victimes de l'impérialisme français (Traité de Versailles, occupation de la Rhur).
Un exemple, un article titré "Travailleurs français et soldat allemands" publié dans l'Humanité n° 59 du 4 juillet 1940 :
1) A l'été 1940, plusieurs numéros de l'Humanité ont appelé les Français à fraterniser avec les soldats allemands en expliquant que ces derniers n'étaient pas des envahisseurs mais des prolétaires avec lesquels il fallait s'unir pour combattre l'ennemi commun : le capitalisme. Autre argument délirant pour justifier ces appels à la fraternisation : les Allemands étaient comme les communistes des victimes de l'impérialisme français (Traité de Versailles, occupation de la Rhur).
Un exemple, un article titré "Travailleurs français et soldat allemands" publié dans l'Humanité n° 59 du 4 juillet 1940 :
"Il est particulièrement réconfortant, en ces temps de malheurs, de voir de nombreux travailleurs parisiens s'entretenir amicalement avec des soldats allemands, soit sur la rue, soit au bistrot du coin.
Bravo, camarade, continuez, même si cela ne plait pas à certains bourgeois aussi stupides que malfaisants.
La fraternité des peuples ne sera pas toujours une espérance, elle deviendra une réalité vivante."
2) En février 1941, le Parti communiste a publié un programme de gouvernement dans lequel il plaidait en faveur de la fraternité franco-allemande pour garantir la pérennité de la Paix entre la France et l'Allemagne :
"Etablissement de rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand en rappelant l'action menée par les communistes et par le peuple français contre le traité de Versailles, contre l'occupation du bassin de la Rhur, contre l'oppression d'un peuple contre un autre peuple."
3) Bulletin de la direction centrale destiné à tous les membres du Parti, La Vie du Parti n° 2 du 1er trimestre 1941 diffusé au mois de mars soutenait que les soldats allemands seraient solidaires des communistes parce que ces derniers avaient combattu l'impérialisme français :
"A l'appel du Parti Communiste Français, les soldats français fraternisèrent dans la Rhur avec les travailleurs allemands. C'est avec fierté que nous pouvons, nous communistes, évoquer ces pages glorieuses de notre lutte contre l'impérialisme. Nombreux sont les soldats allemands qui n'ont pas oublié cette belle attitude des communistes français, pas plus qu'il n'ont oublié la politique haineuse des Laval, des Flandin, des Pétain, des Weygand qui tous, avec Poincaré, voulaient asservir le peuple allemand."
La célébration de la fraternité franco-allemande prendra fin... le 22 juin 1941 avec l'invasion de l'URSS par les armées allemandes.
Illustrons le nouveau sentiment des communistes avec deux textes. Tout d'abord, un extrait de l'article "La situation politique" publié dans La Vie du Parti du 4e trimestre 1941 :
Illustrons le nouveau sentiment des communistes avec deux textes. Tout d'abord, un extrait de l'article "La situation politique" publié dans La Vie du Parti du 4e trimestre 1941 :
"Dans toutes les couches de la population on hait l'Allemand. On le hait dans les milieux ouvriers qui voient que le nazisme équivaut à la plus sombre, à la plus brutale des réactions pour la masse des travailleurs. On le hait dans les milieux paysans si durement frappés par les réquisitions et par le système odieux d’inquisition importé d'outre-Rhin. On le hait dans les milieux des commerçants et des artisans qui voient dans le nazisme le régime de leur liquidation au bénéfice des trusts. On le hait dans les milieux intellectuels où l’on voit avec horreur les entreprises de germanisation de la France et de destruction de notre culture. On le hait dans les milieux catholiques, où seul un cardinal traître comme Baudrillart ose faire ouvertement l’éloge des nazis assassins et geôliers de prêtres. On le hait dans tous les milieux où l’on pense français et où l’on est décidé à agir en Français."
Ensuite, l'Humanité du 24 août 1944 : "Pour en finir avec l'envahisseur exécré : A chaque Parisien son Boche !"
Condamnation du Général de Gaulle et de l'Angleterre
A ceux qui au mois de mai 1941 pensent que la libération de la France ne peut être que la conséquence de la défaite militaire de l'Allemagne
nazie, le Parti communiste répond :
"Certains Français et certaines Françaises qui souffrent de voir
notre pays opprimé par l'envahisseur placent à tort leurs espérances
dans le mouvement de Gaulle. A ces compatriotes, nous disons que ce
n'est pas derrière un tel mouvement d'inspiration REACTIONNAIRE ET
COLONIALISTE, à l'image de l'impérialisme britannique, que peut se
réaliser l'unité de la Nation française pour la libération nationale".
Conformément aux instructions de l'IC, le Parti communiste accuse le Général de Gaulle d'être à la tête d'un mouvement "REACTIONNAIRE ET
COLONIALISTE" !!! dans le but de fasciser la Résistance gaulliste dont le principal crime pour les communistes est d'appeler les Français à combattre les Allemands pour libérer la France.
La même accusation vise la Grande-Bretagne. Seul pays en guerre contre Hitler, cette dernière est aussi dénoncée comme une puissance impérialiste.
Un mois après la diffusion de ce texte illustrant une nouvelle fois l'anglophobie des communistes, un événement particulier incitera le Parti communiste clandestin à célébrer les Anglais comme.... des alliés.
La même accusation vise la Grande-Bretagne. Seul pays en guerre contre Hitler, cette dernière est aussi dénoncée comme une puissance impérialiste.
Un mois après la diffusion de ce texte illustrant une nouvelle fois l'anglophobie des communistes, un événement particulier incitera le Parti communiste clandestin à célébrer les Anglais comme.... des alliés.
Histoire de la Résistance de Olivier Wieviorka
Dans son Histoire de la Résistance publiée en 2013, l'historien Olivier Wieviorka affirme que les Instructions du 26 avril 1941 marquent une inflexion fondamentale de l'IC et qu'en lançant en mai 1941 un appel Pour un Front national de lutte pour l'indépendance de la France, le Parti communiste "s’affirme désormais prêt à lutter contre l’occupant" !!! :
"Au début de 1941, la presse communiste, jusqu’alors d’une discrétion de violette, assortit ses attaques contre Vichy de piques contre l’Allemagne nazie, se contentant toutefois d’émettre « des vœux pieux plus que des décisions de lutte concrètes (92) ». Franchissant un pas supplémentaire, le Komintern enjoignit le 26 avril 1941 au PCF de former un « Front national large de lutte pour l’indépendance », précisant que « la tâche actuelle essentielle est la lutte pour la libération nationale. La lutte pour la paix est subordonnée à la lutte pour l’indépendance nationale. Une paix sans libération nationale signifierait l’asservissement du peuple en France. Au moment actuel, cette lutte doit viser surtout à ne pas permettre que le peuple, le territoire et les ressources de la France soient utilisés dans la guerre entre l’Allemagne et l’Angleterre (93) ». Mi-mai, la direction clandestine reprit cet appel, invitant à créer un Front national de l’indépendance de la France (FN). Inflexion fondamentale : « En mai 1941, le problème national est, cette fois, entièrement rapporté à la guerre, impérialiste certes, mais dont le seul côté exploré est celui de l’Allemagne nazie (94) » Le PCF, en d’autres termes, s’affirme désormais prêt à lutter contre l’occupant… à condition toutefois de jouer les premiers rôles !"
(92) Stéphane Courtois, Le PCF dans la guerre. De Gaulle, la Résistance, Staline…, Ramsay, 1980, p.162.
(93) Cité in Stéphane Courtois et Marc Lazar, Histoire du Parti communiste français, PUF, 2000 (1re éd. 1995), p. 183.
(94) Daniel Virieux, Le Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France. Un mouvement de Résistance. Période clandestine (mai 1941-août 1944), thèse dirigée par Claude Willard, Paris-VIII, 1995, p. 19.
(93) Cité in Stéphane Courtois et Marc Lazar, Histoire du Parti communiste français, PUF, 2000 (1re éd. 1995), p. 183.
(94) Daniel Virieux, Le Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France. Un mouvement de Résistance. Période clandestine (mai 1941-août 1944), thèse dirigée par Claude Willard, Paris-VIII, 1995, p. 19.
A la lecture de ce paragraphe, on peut constater que Olivier Wieviorka transforme un texte pacifiste en un texte anti-allemand. C'est un contre-sens... délibéré.
Pour le justifier, il reprend la thèse de Daniel Virieux en affirmant d'une part que l'appel du Parti communiste ne remettait pas en cause la notion de guerre impérialiste et d'autre part que ce texte était une exhortation à ne combattre que les seuls impérialistes allemands !!!
Dans le paragraphe suivant, il justifie sa formule "à condition toutefois de jouer les premiers rôles" en indiquant que l'appel précise que la force fondamentale du FN doit être la classe ouvrière avec à sa tête le Parti communiste. Il s'appuie sur ce constat pour introduire le passage de l'appel dénonçant le général de Gaulle et l'accusant d'être un agent de l'impérialisme britannique.
Cette double condamnation ne manifestait donc pas le refus du Parti communiste de combattre les Allemands et de soutenir l'Angleterre.
Au contraire, elle illustrait sa volonté "de jouer les premiers rôles" dans la lutte contre l'occupant !!! Le général de Gaulle n'était donc pas écarté parce qu'il incarnait cette lutte (hypothèse PCF pacifiste) mais parce qu'il était un concurrent (hypothèse PCF résistant).
Si le motif avancé par Olivier Wieviorka est le bon, pour quelle raison le Parti communiste a-t-il dès le mois suivant appelé les gaullistes à rejoindre le FN en utilisant l'argument qu'ils combattaient un même ennemi : le fascisme allemand ? Quel événement a bien pu justifier cette volonté d'alliance avec le général de Gaulle ?
Pour tempérer toutes ces analyses délirantes qui ne peuvent être étayées par aucun acte concret de la supposée Résistance communiste, l'historien termine avec un paragraphe expliquant que le changement n'est pas un changement :
Pour le justifier, il reprend la thèse de Daniel Virieux en affirmant d'une part que l'appel du Parti communiste ne remettait pas en cause la notion de guerre impérialiste et d'autre part que ce texte était une exhortation à ne combattre que les seuls impérialistes allemands !!!
Dans le paragraphe suivant, il justifie sa formule "à condition toutefois de jouer les premiers rôles" en indiquant que l'appel précise que la force fondamentale du FN doit être la classe ouvrière avec à sa tête le Parti communiste. Il s'appuie sur ce constat pour introduire le passage de l'appel dénonçant le général de Gaulle et l'accusant d'être un agent de l'impérialisme britannique.
Cette double condamnation ne manifestait donc pas le refus du Parti communiste de combattre les Allemands et de soutenir l'Angleterre.
Au contraire, elle illustrait sa volonté "de jouer les premiers rôles" dans la lutte contre l'occupant !!! Le général de Gaulle n'était donc pas écarté parce qu'il incarnait cette lutte (hypothèse PCF pacifiste) mais parce qu'il était un concurrent (hypothèse PCF résistant).
Si le motif avancé par Olivier Wieviorka est le bon, pour quelle raison le Parti communiste a-t-il dès le mois suivant appelé les gaullistes à rejoindre le FN en utilisant l'argument qu'ils combattaient un même ennemi : le fascisme allemand ? Quel événement a bien pu justifier cette volonté d'alliance avec le général de Gaulle ?
Pour tempérer toutes ces analyses délirantes qui ne peuvent être étayées par aucun acte concret de la supposée Résistance communiste, l'historien termine avec un paragraphe expliquant que le changement n'est pas un changement :
"Inflexion n'est pourtant pas rupture et le parti communiste continua de privilégier, jusqu’au déclenchement de l'opération Barbarossa du 22 juin 1941, la lutte syndicale sur le combat armé."
Notons qu'en trois paragraphes, on est passé de "inflexion fondamentale" à... "inflexion".
Partie III
Invasion de l'URSS
Le
22 juin 1941, l'Allemagne est en mesure d'envahir l'Union soviétique en
raison de leur frontière commune issue de leur partage de la Pologne en
septembre 1939. Cette attaque marque la fin de l'alliance
germano-soviétique dont le fondement politique était le Pacte de non-agression du 23 août 1939 et le Traité de frontières et d'amitié du 28 septembre 1939.
On fera remarquer que sans cette initiative d'Hitler les communistes auraient été les alliés des nazis jusqu'en 1954 au minimum et ce en application de l'article 6 du Pacte germano-soviétique :
"Le
présent traité est conclu pour une durée de dix ans avec cette
stipulation que, si l'un des deux contractants ne le dénonce pas une
année avant l'expiration de ce délai, la durée de la validité de ce
traité sera considérée comme prolongée automatiquement pour une période
de cinq ans."
Pour sa défense l'URSS peut compter sur le soutien de l'Internationale communiste qui mobilise immédiatement ses membres.
La Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC) autrement dit le Parti Communiste Français (PCF) reçoit ses Instructions dans un télégramme du 25 juin 1941 portant les signatures de Dimitrov et de Thorez :
La Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC) autrement dit le Parti Communiste Français (PCF) reçoit ses Instructions dans un télégramme du 25 juin 1941 portant les signatures de Dimitrov et de Thorez :
"Le
moment est venu rechercher et organiser contacts directs avec mouvement
gaulliste, dont partisans comprennent que lutte héroïque peuple
soviétique contre agression hitlérienne répond intérêts peuple français
et que libération France est liée à victoire Union soviétique.
Collaboration doit s'établir sur la base suivante. Lutte commune pour
libération nationale. Efforts communs contre ennemi commun, le fascisme
allemand". (1)
Dans ce télégramme, Moscou recommande aux communistes français de "rechercher et organiser contacts directs avec mouvement gaulliste" pour combattre ensemble un "ennemi commun : le fascisme allemand".
C'est sur la base de ces instructions que le Parti communiste s'engagera dans la lutte contre l'occupant allemand.
Cet engagement marquera un changement radical de sa ligne politique. On pourra illustrer ce fait en soulignant trois points fondamentaux. Tout d'abord, pour justifier son combat contre les Allemands, le Parti communiste définira la guerre contre l'Allemagne nazie comme une guerre antifasciste ou de libération nationale. Dans la période précédente son opposition à la guerre était fondée sur la dénonciation de son caractère impérialiste. Ensuite, il abandonnera son programme de gouvernement de février 1941 intitulé "Pour le salut du Peuple de France" dans lequel il plaidait pour la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste. Enfin, il n'accusera plus le Général de Gaulle d'être un traître au service de l'impérialisme anglais. Il le célébrera comme un patriote qui se bat pour libérer son pays de la barbarie nazie avec le soutien de l'héroïque Angleterre.
Cet engagement marquera un changement radical de sa ligne politique. On pourra illustrer ce fait en soulignant trois points fondamentaux. Tout d'abord, pour justifier son combat contre les Allemands, le Parti communiste définira la guerre contre l'Allemagne nazie comme une guerre antifasciste ou de libération nationale. Dans la période précédente son opposition à la guerre était fondée sur la dénonciation de son caractère impérialiste. Ensuite, il abandonnera son programme de gouvernement de février 1941 intitulé "Pour le salut du Peuple de France" dans lequel il plaidait pour la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste. Enfin, il n'accusera plus le Général de Gaulle d'être un traître au service de l'impérialisme anglais. Il le célébrera comme un patriote qui se bat pour libérer son pays de la barbarie nazie avec le soutien de l'héroïque Angleterre.
Les communistes se battront contre les Allemands dans le but de libérer leur patrie : l'Union soviétique.
Preuve que cet objectif sera bien celui des communistes, l'IC précise dans son télégramme que "libération France est liée à victoire Union soviétique"
autrement dit la libération de la France sera la conséquence de celle
de l'Union soviétique. La première sera donc subordonnée à la seconde.
Tous
ces éléments imposent de faire une claire distinction entre Résistance
française et Résistance communiste. La première fondée par le Général de
Gaulle en juin 1940 a pour objectif de libérer le territoire
national. La seconde initiée par le PCF en juin 1941 est un soutien à
l'effort de guerre soviétique.
La
création par les communistes de structures non partisanes ayant pour
objectif la libération de la France ne sera qu'une tactique visant à
recruter des Français pour combattre les Allemands. L'objectif
stratégique sera toujours le même.
Terminons par une remarque adressée aux apologistes du PCF : dans vos hommages à la Résistance communiste, n'oubliez jamais de remercier Hitler car sans sa décision d'envahir l''URSS et donc de mettre fin au Pacte germano-soviétique, vous seriez encore alliés des nazis aujourd'hui.
(1) B. Baleiner, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 441-442 (Télégramme du 25 juin 1941).
Terminons par une remarque adressée aux apologistes du PCF : dans vos hommages à la Résistance communiste, n'oubliez jamais de remercier Hitler car sans sa décision d'envahir l''URSS et donc de mettre fin au Pacte germano-soviétique, vous seriez encore alliés des nazis aujourd'hui.
(1) B. Baleiner, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 441-442 (Télégramme du 25 juin 1941).
Réaction du Général de Gaulle
Pour connaître la réaction du Général de Gaulle à l'attaque allemande du 22 juin 1941 contre les Soviets, on citera un extrait de ses Mémoires de guerre :
"Pendant que nous réduisions, pas à pas et non sans peine, la distance diplomatique qui séparait Washington de la France Libre, nous parvenions, d'un bond, à nouer avec Moscou des relations d'alliance. Il faut dire qu'à cet égard l'attaque déclenchée par Hitler, en mettant la Russie en péril de mort, simplifiait la procédure. D'autre part, les Soviets constataient l'absurdité de la politique par laquelle ils avaient, en 1917 et en 1939, traité avec l'Allemagne en tournant le dos à la France et à l'Angleterre. On vit les dirigeants du Kremlin, dans l'extrême désarroi où les plongeait l'invasion, retourner leur attitude immédiatement et sans réserve. Alors que la radio de Moscou n'avait pas cessé d'invectiver contre « les impérialistes anglais » et « leurs mercenaires gaullistes » jusqu'à l'instant même où les chars allemands franchissaient la frontière russe, on entendit les ondes de Moscou prodiguer les éloges à Churchill et à de Gaulle littéralement une heure après.
Dans tous les cas, pour la France écrasée, le fait que la Russie se trouvait jetée dans la guerre ouvrait les plus grandes espérances. A moins que le Reich ne réussit rapidement à liquider l'armée des Soviets, celle-ci ferait subir à l'adversaire une constante et terrible usure. Je ne doutais évidemment pas qu'une victoire à laquelle les Soviets auraient pris une part capitale pourrait, de leur fait, dresser ensuite d'autres périls devant le monde. On devrait en tenir compte, tout en luttant à leurs côtés. Mais je pensais qu'avant de philosopher il fallait vivre, c'est-à-dire vaincre. La Russie en offrait la possibilité. D'autre part, sa présence dans le camp des Alliés apportait à la France combattante, vis-à-vis des Anglo-Saxons, un élément d'équilibre dont je comptais bien me servir.
C'est à Damas, où je m'étais rendu après l'entrée de nos troupes dans la ville, que j'appris, le 23 juin 1941, l'ouverture des hostilités entre Russes et Allemands. Mon parti fut pris aussitôt. Dès le 24, je télégraphiai à la délégation de Londres les instructions que voici: « Sans accepter de discuter actuellement des vices et même des crimes du régime soviétique, nous devons proclamer — comme Churchill — que nous sommes très franchement avec les Russes, puisqu'ils combattent les Allemands... Ce ne sont pas les Russes qui écrasent la France, occupent Paris, Reims, Bordeaux, Strasbourg... Les avions, les chars, les soldats allemands que les Russes détruisent et détruiront ne seront plus là pour nous empêcher de libérer la France ». Tel est le ton que je prescrivais de donner à notre propagande. En même temps, j'invitais notre délégation à aller dire en mon nom à M. Maisky, Ambassadeur des Soviets à Londres: « Le peuple français est avec les Russes contre l'Allemagne. Nous souhaitons, en conséquence, organiser avec Moscou des relations militaires. »" (1)
(1) Charles de Gaulle, Mémoires de guerre - l'appel : 1940-1942 (Tome 1), 1954, p. 193-194.
Appel du 1er juillet 1941
Créé en mai 1941, le Front National de lutte pour l'indépendance de la France
changera radicalement de nature après le 22 juin 1941 et l'invasion de l'URSS par les armées allemandes pour
devenir un mouvement de Résistance ayant pour objectif la défaite de Hitler.
Pour
le Parti communiste la libération nationale sera désormais le résultat
d'une lutte armée. Il ne fera donc plus référence à la Paix avec
l'Allemagne. Quant à l'indépendance nationale, elle sera invoquée pour
justifier l'opposition des communistes à toute contribution française à
l'effort de guerre allemand. Le soutien à l'Angleterre ne sera donc plus
condamné.
On pourra apporter la preuve de ce changement radical en citant deux textes de référence publiés dans les Cahiers du bolchévisme des 2e et 3e trimestres 1941 dont la diffusion date au plus tôt de l'été 1941.
Consacré en partie aux textes les plus importants diffusés par le Parti communiste clandestin au cours de cette période, ce numéro imprimé de 135 pages présente la particularité de reproduire des textes antérieurs au 22 juin 1941 et donc pacifistes, et des textes postérieurs à cette date et donc résistants.
Illustration du premier cas : l'appel du 15 mai 1941 est reproduit sur deux colonnes de la page 21 à la page 27.
Les deux texte résistants concernant le Front national sont :
On pourra apporter la preuve de ce changement radical en citant deux textes de référence publiés dans les Cahiers du bolchévisme des 2e et 3e trimestres 1941 dont la diffusion date au plus tôt de l'été 1941.
Consacré en partie aux textes les plus importants diffusés par le Parti communiste clandestin au cours de cette période, ce numéro imprimé de 135 pages présente la particularité de reproduire des textes antérieurs au 22 juin 1941 et donc pacifistes, et des textes postérieurs à cette date et donc résistants.
Illustration du premier cas : l'appel du 15 mai 1941 est reproduit sur deux colonnes de la page 21 à la page 27.
Les deux texte résistants concernant le Front national sont :
1) un appel du 1er juillet 1941 signé par le "Le Parti Communiste Français (SFIC)" sous le titre "Français ! Françaises ! Vous devez savoir que Hitler veut asservir tous les peuples".
Ce texte de trois pages a d'abord été diffusé sous forme de tract dans un numéro spécial de l'Humanité.
Par son contenu, l'appel du 1er juillet 1941 est l'acte fondateur du Front national comme mouvement de résistance.
Ajoutons que cet appel est l'un des premiers textes dans lequel le Parti communiste s'attaque directement à Hitler. Nouveauté depuis... le début du conflit en septembre 1939.
Signalons deux autres documents présentant les mêmes caractéristiques.
Tout d'abord, un n° spécial de l'Humanité clandestine consacré à la publication d'un texte daté du 22 juin 1941 et titré : "Hitler a attaqué l'Union soviétique". Ce texte sera par ailleurs reproduit dans les Cahiers du bolchévisme des 2 et 3e trimestre 1941.
Ensuite, un tract de juillet 1940 titré "Qui est Hitler ?" et signé "Le Parti Communiste Français (SFIC). Titre involontairement ironique qui laisse supposer que les communistes ont vraiment oublié qui était Hitler et qu'ils ont donc jugé nécessaire de répondre à cette question après 23 mois de guerre et de silence sur... l'ancien allié de Staline.
Ce texte de trois pages a d'abord été diffusé sous forme de tract dans un numéro spécial de l'Humanité.
Par son contenu, l'appel du 1er juillet 1941 est l'acte fondateur du Front national comme mouvement de résistance.
Ajoutons que cet appel est l'un des premiers textes dans lequel le Parti communiste s'attaque directement à Hitler. Nouveauté depuis... le début du conflit en septembre 1939.
Signalons deux autres documents présentant les mêmes caractéristiques.
Tout d'abord, un n° spécial de l'Humanité clandestine consacré à la publication d'un texte daté du 22 juin 1941 et titré : "Hitler a attaqué l'Union soviétique". Ce texte sera par ailleurs reproduit dans les Cahiers du bolchévisme des 2 et 3e trimestre 1941.
Ensuite, un tract de juillet 1940 titré "Qui est Hitler ?" et signé "Le Parti Communiste Français (SFIC). Titre involontairement ironique qui laisse supposer que les communistes ont vraiment oublié qui était Hitler et qu'ils ont donc jugé nécessaire de répondre à cette question après 23 mois de guerre et de silence sur... l'ancien allié de Staline.
2)
un appel du "Comité d'organisation du Front national de lutte pour
l'indépendance de la France" de juillet 1941 intitulé
"Le Front National de lutte pour l'indépendance de la France est constitué".
Deux remarques. Tout d'abord, ce comité d'organisation est une structure totalement contrôlé par les communistes même si rien dans le texte rien ne permet de l'associer au PCF. Ensuite, cet appel a été diffusé dans un tract qui présente la particularité de reproduire sur la partie supérieure... un liséré tricolore. Il existe deux versions de ce tract : texte sur une page ou texte sur deux pages.
Ce dernier fait permet de rappeler quels sont les symboles que le PCF a mis en avant dans sa propagande au cours de la Seconde Guerre mondiale :
- avant le 22 juin 1941 : le drapeau rouge et l'Internationale.
- après le 22 juin 1941 : le drapeau tricolore et la Marseillaise.
Deux remarques. Tout d'abord, ce comité d'organisation est une structure totalement contrôlé par les communistes même si rien dans le texte rien ne permet de l'associer au PCF. Ensuite, cet appel a été diffusé dans un tract qui présente la particularité de reproduire sur la partie supérieure... un liséré tricolore. Il existe deux versions de ce tract : texte sur une page ou texte sur deux pages.
Ce dernier fait permet de rappeler quels sont les symboles que le PCF a mis en avant dans sa propagande au cours de la Seconde Guerre mondiale :
- avant le 22 juin 1941 : le drapeau rouge et l'Internationale.
- après le 22 juin 1941 : le drapeau tricolore et la Marseillaise.
Tract "Français ! Françaises !
Vous devez savoir que Hitler veut asservir tous les peuples"
Dans les jours qui suivent l'invasion de l'URSS, le Parti communiste clandestin diffuse un tract titré "Français ! Françaises ! Vous devez savoir que Hitler veut asservir tous les peuples" dans lequel il appelle clairement les Français à s'engager dans la lutte contre l'occupant allemand.
Avec des citations du texte, on répondra aux questions suivantes :
1) Pourquoi... maintenant et pas avant ?
Pour justifier leur appel, les communistes avancent deux motifs. Tout d'abord, la volonté de Hitler "d'assurer la domination de l'économie mondiale aux impérialistes allemands, Krupp von Bohlen, Siemens et Cie". Centré sur les intérêts de la France, ce motif est artificiel puisque le pillage du pays a commencé dès le début de l'occupation allemande au mois de juin 1940.
Evoquant la situation de l'URSS dans un paragraphe titré... "L'heure de l'action a sonné", le second motif est en réalité l'unique motivation de cet appel du 1er juillet 1941. Il stipule que les Français doivent être solidaires des combattant soviétiques :
1) Pourquoi... maintenant et pas avant ?
Pour justifier leur appel, les communistes avancent deux motifs. Tout d'abord, la volonté de Hitler "d'assurer la domination de l'économie mondiale aux impérialistes allemands, Krupp von Bohlen, Siemens et Cie". Centré sur les intérêts de la France, ce motif est artificiel puisque le pillage du pays a commencé dès le début de l'occupation allemande au mois de juin 1940.
Evoquant la situation de l'URSS dans un paragraphe titré... "L'heure de l'action a sonné", le second motif est en réalité l'unique motivation de cet appel du 1er juillet 1941. Il stipule que les Français doivent être solidaires des combattant soviétiques :
"Hitler, le félon, violant cyniquement un pacte de non-agression conclu avec l'U.R.S.S., s'est jeté comme un chacal sur le pays du socialisme, mais l’Armée Rouge résiste à l’agression et lui inflige de terribles pertes.
Tous les peuples de l’Union Soviétique sont dressés autour du gouvernement soviétique et de son chef Staline pour poursuivre la guerre nationale, qui leur a été imposée, jusqu’à l’écrasement des bandits fascistes.
Obligé qu’il est, maintenant, de soutenir la plus grande bataille de l'histoire, Hitler ne peut laisser autant de troupes qu'auparavant dans les pays opprimés. Les peuples asservis doivent donc en profiter pour intensifier la lutte, sacrée entre toutes, contre l’oppresseur, sans jamais perdre de vue que les combattants soviétiques sont nos frères, nos alliés. Ils luttent contre nos ennemis. Ils nous aident. Nous devons les aider."
Différence fondamentale avec l'appel du 15 mai 1941 : l'appel à combattre les Allemands. Aucune référence à la Paix avec l'Allemagne nazie que le Parti communiste a défendue depuis le début du conflit. Aucune dénonciation non plus de la guerre contre l'Allemagne nazie comme une guerre impérialiste. Non, désormais les Français doivent se mobiliser "jusqu’à l’écrasement des bandits fascistes" .
Ajoutons une autre différence qui est la conséquence logique de ce qui précède : la condamnation de Hitler. Dans le seul extrait cité, il est qualifié de "félon". Signalons que le même mot a été utilisé dans l'appel du 15 mai 1941 pour qualifier.... le chef du gouvernement français, l'amiral Darlan :
Ajoutons une autre différence qui est la conséquence logique de ce qui précède : la condamnation de Hitler. Dans le seul extrait cité, il est qualifié de "félon". Signalons que le même mot a été utilisé dans l'appel du 15 mai 1941 pour qualifier.... le chef du gouvernement français, l'amiral Darlan :
"M. Darlan qui a récolté ses étoiles d’amiral dans les bureaux de la rue Royale, sous la protection des politiciens les plus pourris de la IIIe République, a été reçu par Hitler, le 11 mai dernier, à Berchtesgaden. Cet amiral félon que l’opinion publique désigne sous l'appellation de « Laval en uniforme » s’est bien gardé de mettre le peuple de France au courant des détails de ce qui fut maquignonné au cours de cette entrevue".
2) Comment ?
En formant un "Front national de lutte pour l'indépendance de la France" comme l'indique le paragraphe "Le Front national de lutte pour l'indépendance de la France se constitue" :
En formant un "Front national de lutte pour l'indépendance de la France" comme l'indique le paragraphe "Le Front national de lutte pour l'indépendance de la France se constitue" :
"Neuf cent quatre-vingt dix-neuf français sur mille souhaitent et veulent la défaite de Hitler. Ainsi notre pays, jadis si divisé retrouve son unité dans une haine sacrée de l'oppresseur. [...]
Ainsi, le Front National de lutte pour l'Indépendance de la France se constitue dans l'unité de nos haines et de nos espoirs. Il doit maintenant s'organiser partout dans les usines, les villes et les villages.
Tous ensemble, nous devons lutter par tous les moyens :
1° Pour empêcher que les ressources de notre pays et les travailleurs français puissent être utilisés par la machine de guerre nazie;
2° Pour exiger la suppression de la ligne de démarcation et l'évacuation du territoire;
3° Le retour immédiat de tous nos prisonniers de guerre;
4° La suppression de l'indemnité de guerre versée aux occupants, au taux de 400 millions par jour, depuis plus d'un an."
Différence fondamentale avec l'appel du 15 mai 1941 : la haine des Allemands. Elle est célébrée à deux reprises dans ce seul extrait : "une haine sacrée de l'oppresseur" et le Front "se constitue dans l'unité de nos haines et de nos espoirs".
Dans l'appel du 15 mai 1941, le Parti affirmait qu'il ne prononcerait "pas des paroles de haine à l'égard de la Nation allemande". Tout aussi significatif, il soutenait que la création d'un Front national pour l'Indépendance de la France susciterait des "sympathies agissantes" à l'intérieur du "peuple allemand".
Une autre différence - la plus importante - porte sur l'objectif central du Front national : s'opposer à toute utilisation des ressources de la France par la machine de guerre nazie.
Dans l'appel du 15 mai 1941, l'indépendance de la France était définie comme le refus de tout soutien aussi bien à l'Angleterre qu'à l'Allemagne :
Dans l'appel du 15 mai 1941, le Parti affirmait qu'il ne prononcerait "pas des paroles de haine à l'égard de la Nation allemande". Tout aussi significatif, il soutenait que la création d'un Front national pour l'Indépendance de la France susciterait des "sympathies agissantes" à l'intérieur du "peuple allemand".
Une autre différence - la plus importante - porte sur l'objectif central du Front national : s'opposer à toute utilisation des ressources de la France par la machine de guerre nazie.
Dans l'appel du 15 mai 1941, l'indépendance de la France était définie comme le refus de tout soutien aussi bien à l'Angleterre qu'à l'Allemagne :
"IL NE FAUT PAS PERMETTRE QUE LE PEUPLE DE FRANCE, LES RESSOURCES DE NOTRE PAYS ET NOTRE TERRITOIRE SOIENT UTILISES DANS LA GUERRE ENTRE L'ALLEMAGNE ET L'ANGLETERRE".
3) Avec qui ?
En nouant une alliance avec les.... gaullistes :
En nouant une alliance avec les.... gaullistes :
"Au surplus, le Parti Communiste, guidé par le souci de réaliser l’unité de la Nation pour la cause sacrée de l’indépendance nationale, déclare qu’en vue d'aboutir à la création d’un large front de libération nationale, il est prêt à soutenir tout gouvernement français, toute organisation et tous hommes dont les efforts seront orientés dans le sens d’une lutte véritable contre l’oppression nationale subie par la France et contre les traîtres au service de l'envahisseur."
Différence fondamentale avec l'appel du 15 main 1941 : la main tendue au Général de Gaulle conformément aux Instructions de l'IC qui stipulaient notamment : "Efforts communs contre ennemi commun, le fascisme allemand".
L'appel du 15 mai 1941 décrivait le chef de la France Libre comme un fasciste en affirmant que son mouvement était "d'inspiration REACTIONNAIRE ET COLONIALISTE".
L'appel du 15 mai 1941 décrivait le chef de la France Libre comme un fasciste en affirmant que son mouvement était "d'inspiration REACTIONNAIRE ET COLONIALISTE".
Tract "Le FRONT NATIONAL de lutte
pour l'indépendance de la France est constitué"
pour l'indépendance de la France est constitué"
Si les appels des 15 mai et 1er juillet 1941 appelaient à la création d'un Front national du lutte pour l'Indépendance de la France avec des objectifs radicalement distincts, un tract de juillet 1941 titré "Le FRONT NATIONAL de lutte pour l'indépendance de la France est constitué" annonce sa création dans les faits.
Signé "Le Comité d'organisation du FRONT NATIONAL de lutte pour l'Indépendance de la France", le texte s'inscrit sans surprise dans la nouvelle ligne du PCF. On reproduira l'extrait suivant :
LE FRONT NATIONAL
de lutte pour l'indépendance
de la France est constitué
de la France est constitué
Français ! Françaises !
I. - Au début du mois de juillet (nous ne précisons pas la date pour ne donner aucun indice à la Gestapo), se sont réunis des Français et des Françaises de diverses opinions et croyances, mais tous animés de la volonté de lutter sans trêve ni relâche pour libérer la patrie de l'odieuse oppression hitlérienne. [...]
II. - Toutes les personnalités présentes à la réunion constitutive du Front National de l'indépendance de la France ont été unanimes à considérer que la guerre nationale menée par le peuple soviétique sous l'impulsion énergique de son gouvernement ainsi que la guerre menée par l'Angleterre intéressent l'humanité entière et en premier lieu notre pays qui ne peut se libérer que par la défaite hitlérienne.
Tous les Français dignes de ce nom doivent être aux côtés de l'URSS, de l'Angleterre et de tous les ennemis de l'hitlérisme qui combattent pour la libération de la patrie. [...]
III. - Le Comité d'organisation du Front National de l'Indépendance de la France, désormais constitué, a conscience de parler au nom de la France entière. [...]
IV. - Le Comité d'organisation du Front National de l'Indépendance de la France, fermement décidé à lutter contre toute tentative d'entraîner le peuple français dans la guerre aux cotés de l'Allemagne, proclame qu'il ne s'agit pas d'attendre seulement la libération du pays des victoires de la Russie ou de l'Angleterre. Oui, ces victoires assureront notre liberté, mais tout Français doit travailler à en hâter l'heure dans l'intérêt de la France.
Au nom des intérêts supérieurs de la Patrie,
Nous appelons tous les Français et Françaises à s'unir, à constituer des Comités du Front National dans les villes, dans les usines, dans les magasins, dans les bureaux, dans les administrations, dans les universités, à l'armée, dans les escadrilles d'aviation, sur les bateaux de guerre. [...]
Nous appelons tous les Français et Françaises à agir en commun, par tous les moyens :
1° pour empêcher que les ressources de la France servent la machine de guerre allemande; [...]
6° pour diffuser les écrits, appels et documents du Front National et dénoncer systématiquement les mensonges de l'ennemi; [...]
Français, Patriotes, debout, unissez-vous, luttez coude à coude. Par nos efforts joints aux efforts des soldats soviétiques et des aviateurs anglais, l'heure de la résurrection et de l'indépendance de la France sonnera bientôt.
Vive la France libre et indépendante !
(adopté à l'unanimité quelque part en zone occupée. Début juillet 1941)
Le Comité d'organisation
du FRONT NATIONAL
de lutte pour l'Indépendance de la France
Dans les faits, le Front national sera en mesure de s'implanter dans la zone occupée et dans la zone non occupée du fait de la présence du PCF sur l'ensemble du territoire.
Son développement se fera dans un premier temps grâce aux initiatives locales des militants communistes. A ces comités locaux viendront s'ajouter des comités représentant une catégorie socio-professionnelle particulière (avocats, médecins, universitaires, écrivains).
Le mouvement se structurera en zone sud à la fin de 1941 avec la création d'un comité directeur autour de Georges Maranne (communiste). Pour la zone nord - occupée par les Allemands - un comité directeur se formera à la fin de 1942. A sa tête Pierre Villon (communiste) qui sera ultérieurement le représentant du Front national au Conseil national de la résistance. Des liaisons régulières entre les deux comités directeurs garantiront l'unité du mouvement.
Au printemps 1942, les Franc-tireurs et Partisans, bras armé de la Résistance communiste, seront rattachés formellement au Front national sans aucun lien de subordination avec un seul objectif : faciliter le recrutement de Français dans l'organisation dirigée par Charles Tillon.
Dernier élément, conçu au départ avec l'objectif d'être la seule incarnation de la Résistance française, le Front national sera au final l'un des huit mouvements représentés au CNR.
Dernier élément, conçu au départ avec l'objectif d'être la seule incarnation de la Résistance française, le Front national sera au final l'un des huit mouvements représentés au CNR.
"La tâche des communistes : agir en patriotes"
Numéro qui suit celui du 2e trimestre 1941, La Vie du Parti du 4e trimestre 1941 affiche sur sa couverture même la nouvelle ligne du Parti :
|
Le Parti Communiste a donné son adhésion pleine et entière au FRONT NATIONALE DE LUTTE POUR L'INDEPENDANCE DE LA FRANCE |
Dans l'article "La Situation politique", la direction du Parti fixe les tâches des militants dans un paragraphe titré "La tâche des communistes : agir en patriotes" :
"Dans les circonstances actuelles, l’action des communistes ne se différencie en rien de celle de l’ensemble des patriotes. Nous ne revendiquons que l’honneur d’être parmi les plus ardents, les plus courageux et les plus dévoués des combattants pour la libération de la Patrie.
La constitution du Front National de lutte pour l’Indépendance de la France a permis le rassemblement de tous les patriotes, des gaullistes aux communistes ; des principes d’action ont été fixés, qui constituent pour tous les communistes la base de leur travail quotidien.
Le Front National de lutte pour l’Indépendance de la France appelle tous les Français à agir en commun et par tous les moyens pour :
1°. — Empêcher que les ressources de la France servent à la machine de guerre allemande.
2°. — Empêcher que les usines françaises travaillent pour Hitler en soutenant les luttes revendicatives des ouvriers qui, en défendant leur pain et celui de leurs enfants, servent la cause de la France.
3°. — Empêcher que nos chemins de fer transportent en Allemagne nos richesses nationales et les produits de notre industrie.
4°. — Organiser la résistance des paysans à la livraison de produits agricoles aux oppresseurs de la Patrie.
5°. — Organiser la lutte contre la répression hitléro-vichyssoise, chaque, militant du Front National, qu'il soit athée ou croyant, radical ou communiste devant bénéficier de la sollicitude de tous.
6°. — Diffuser les écrits, appels et documents du Front National et dénoncer systématiquement les mensonges de l’ennemi.
Ainsi sont résumés les devoirs de tous les patriotes français dans la période actuelle. Pour chacun d’eux, tout doit être dominé par le souci de combattre Hitler de toutes ses forces et par tous les moyens. Cela a pour conséquence directe de faire du sabotage, de la grève des ouvriers, et de la résistance des paysans aux réquisitions des actions hautement patriotiques que doivent approuver et soutenir tous les Français dignes de ce nom.
Ce sont les directives relatives à l’accomplissement de ces devoirs que nous avons concrétisées dans les divers chapitres de « la Vie du Parti » qui montrent à tous nos adhérents la voie a suivre pour lutter contre l’oppression nationale, pour rassembler le peuple de France et l'entraîner au combat libérateur."
On notera que dans ce texte, les communistes se définissent avant tout comme des "patriotes français". Rappelons que dans la période antérieure ils se flattaient d'être... des "défenseurs de la Paix".
Front National des Ecrivains Français
En réponse à l'appel du PCF, les intellectuels communistes se sont mobilisés pour créer un Front National des Ecrivains Français.
Les deux textes fondateurs de ce Front National on été publiés dans le numéro de février 1942 de La Pensée Libre :
- un appel du Front national des Ecrivain Français
- un manifeste des intellectuels de la zone non occupée.
Les deux textes fondateurs de ce Front National on été publiés dans le numéro de février 1942 de La Pensée Libre :
- un appel du Front national des Ecrivain Français
- un manifeste des intellectuels de la zone non occupée.
Engagé dans la lutte contre l'occupant allemand, ce numéro se distinguait radicalement du premier numéro de février 1941 qui dénonçait la guerre impérialiste.
La Pensée Libre de février 1941
Dans ce numéro d'une centaine de pages, il est précisé que cette publication sera mensuelle : "La Pensée Libre paraitra tous les mois". Dans les faits le numéro de février sera le seul de l'année 1941.
Sur le fond, La Pensée Libre reprend la thèse du Parti communiste selon laquelle la guerre est impérialiste.
Illustration de ce fait, dans son éditorial intitulé "Notre Combat", la revue communiste justifie son titre en expliquant que la pensée de ses
contributeurs est "libre" car ils n'ont aucun lien - "matériel" ou "idéologique" - avec les impérialismes français, anglais ou allemand qui sont tous responsables de la guerre :
"Cette
revue s'appelle la PENSEE LIBRE par ce qu'elle est rédigée par des
savants, des écrivains, des penseurs et des artistes libres de tout lien
matériel et idéologique avec les impérialismes qui ont jeté les
peuples, pour la seconde fois au XXe siècle, dans une guerre pour le
partage du monde."
En d'autres termes, la pensée n'est libre qu'à la condition d'être soumise à l'URSS et à Staline !!!
Autre exemple, la condamnation de l'Angleterre impérialiste dans l'article "L'avenir de la science" :
"Quand, par exemple, le gouvernement de l'Angleterre «
démocratique » persécute, lui aussi, ceux qui démontrent que la guerre
actuelle a un caractère impérialiste du côté de tous les belligérants et
qu'elle se poursuit, en dernière analyse, pour le profit capitaliste,
des deux côtés; il y a là un acte de persécution à l'égard de ceux, qui
pour éclairer les masses populaires, opposent au mensonge de la
propagande de guerre la vérité scientifique. Car l'affirmation
selon laquelle l'enjeu de cette guerre, ce sont les colonies,
l'hégémonie en Europe et dans le monde, et que les principaux
responsables ce sont les trusts de tous les pays, n'est pas une thèse
politique ordinaire; c'est la seule thèse politique conforme à la vérité
scientifique, c'est-à-dire aux faits et à leurs rapports effectifs.
Mais aucun des impérialismes belligérants ne peut supporter cette vérité objective, et c'est pourquoi ils font tous de l'obscurantisme."
Dans ce texte anglophobe, La Pensée Libre élève au rang de "vérité scientifique"
la thèse du Parti communiste selon laquelle la guerre opposant l'Angleterre démocratique à l'Allemagne nazie est une guerre impérialiste. En
outre, elle condamne "l'obscurantisme" de l'Angleterre soi-disant démocratique ("l'Angleterre « démocratique »") qui se manifeste à la fois dans ses "mensonges" visant à justifier sa guerre contre les nazis et dans sa répression des communistes qui par pour leur action s'attachent à "éclairer les masses populaires" sur la nature impérialiste de cette guerre.
La "vérité scientifique" selon laquelle "la guerre actuelle a un caractère impérialiste du côté de tous les belligérants" s'effondrera le 22 juin 1941 avec l'invasion de l'URSS par les armées allemandes.
La Pensée Libre de février 1942
Le premier rend compte de la mobilisation des intellectuels français. Le second est un appel du Front National des Ecrivains Français. Enfin, le troisième est un manifeste des intellectuels de la zone non occupée :
1) Déclaration de La Pensée Libre :
LES INTELLECTUELS FRANÇAIS
FORMENT LE FRONT NATIONAL
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Les tentatives multiples que l'Allemagne et ses agents ont déployé pour diviser les Français ont échoué. Tout le Peuple français a compris qu'à l'union des soldats alliés du front, devait répondre l'union des patriotes dans les pays opprimés.
Cette union a pris en France la forme d'un vaste rassemblement de tous les patriotes sans distinction de tendance sociale, politique et confessionnelle.
Au mois de juillet 1941, des personnalités appartenant aux diverses tendances : allant des gaullistes aux communistes, venant des milieux politiques et syndicaux, des membres du clergé, des personnalités intellectuelles, ont constitué un Comité d'organisation du Front National pour la Liberté et l'Indépendance de la France.
Le manifeste publié par le Comité d’Organisation appelle tous les Français à l'union pour la lutte contre l'ennemi barbare, pour le soutien des alliés du Peuple français : la Grande-Bretagne, l'U.R.S.S., les Etats-Unis et des nations groupées autour d'eux.
Cet appel eut dans le pays une répercussion immense. Partout se sont constitués des comités du Front National.
L'union pour défendre, contre l'ennemi barbare, le patrimoine français, devait être aussi la base du rassemblement des intellectuels. C'est ainsi que dans les deux zones se sont formés des Comités du Front National, groupant les écrivains, les artistes, les universitaires, et d'une manière générale tous les représentants de l'intelligence française.
Les divers documents que ces Comités ont diffusés, montrent la volonté des intellectuels français de prendre leur part à la grande lutte pour la libération nationale, au grand combat de la civilisation contre la barbarie.
Nous sommes heureux de publier les plus importants de ces documents.
|
Ce texte rend compte de la mobilisation des intellectuels français en soulignant qu'elle répond à l'appel du Comité d'organisation du Front national de juillet 1941.
2) Appel du Front National des Ecrivains Français :
« Nous sauverons l'honneur des Lettres françaises
proclament les écrivains de la zone occupée »
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Le Peuple Français ne s'incline pas.
L'immense mouvement de résistance aux oppresseurs allemands et à leurs agents français a trouvé son expression dans le Front National de lutte pour la Liberté et l'Indépendance de la France. Le Front National groupe tous les Français, à l'exception des traîtres et des capitulard qui font la besogne ou le jeu de l'envahisseur. Aux tentatives faites par l'adversaire pour diviser l`opinion française, les patriotes ont répondu par l'union dans le Front National, qui est dès maintenant une force décisive dans le combat pour la libération du pays.
Mais le plan hitlérien d'asservissement de la France est aussi un plan d'assassinat de l'intelligence française. Hitler et ses complices rêvent d`assigner à nos Lettres, à notre Science et à nos Arts une place de second plan dans une Europe livrée à la barbarie germanique.
La grandeur française les offusque : il faut la mettre sous le boisseau. Le régime qui nous est imposé, où toute liberté de pensée et d'expression est supprimée; où, seuls, ont le droit d'écrire ou de parler ceux qui chantent les louanges de l'ennemi, préfigure ce que serait dans « l'Ordre Nouveau » le sort de notre Culture.
Ecrivains français, nous devons jouer notre rôle dans la lutte historique engagée par le Front National. Les Lettres françaises sont attaquées. Nous les défendrons.
Représentants de toutes les tendances et de toutes les confessions : gaullistes, communistes, démocrates, catholiques, protestants, nous nous sommes unis pour constituer le Front National des Ecrivains Français.
Nous proclamons notre admiration pour la lutte que mènent contre la barbarie les peuples de Grande-Bretagne, d`Union Soviétique, des Etats-Unis et de Chine.
Nous proclamons notre admiration pour les victimes de la terreur organisée en France par Hitler et son valet, le gouvernement de Pétain. Nous saurons faire vivre dans la mémoire des Français les noms de ces héros.
Nous sauverons par nos écrits l'honneur des Lettres françaises. Nous fustigerons les traîtres vendus à l'ennemi. Nous rendrons l'air de notre France irrespirable à ces scribes de l'Allemagne.
Nous défendrons les valeurs qui ont fait la gloire de notre civilisation.
Nous appelons tous les écrivains français à s'unir dans le Front National pour la défense et l'illustration des Lettres françaises.
Février 1942
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Cet appel du Front national des écrivains a été rédigé par Jacques Decour qui avait reçu à l'été 1941 la mission créer un comité du Front national au niveau des écrivains.
Il devait paraître dans le premier numéro des Lettres Françaises qui est resté au stade de projet en raison de l'arrestation de Jacques Decour en février 1942.
Un premier numéro de l'organe du FNE paraîtra en septembre 1942 sous la direction de Claude Morgan, adjoint de Decour.
Ce premier numéro reproduira l'appel du FNE de février 1942 en y ajoutant ce passage :
Il devait paraître dans le premier numéro des Lettres Françaises qui est resté au stade de projet en raison de l'arrestation de Jacques Decour en février 1942.
Un premier numéro de l'organe du FNE paraîtra en septembre 1942 sous la direction de Claude Morgan, adjoint de Decour.
Ce premier numéro reproduira l'appel du FNE de février 1942 en y ajoutant ce passage :
"Aujourd'hui les signataires de cet appel créent ce journal, LES LETTRES FRANÇAISES, qui est l'expression même du FRONT NATIONAL.
LES LETTRES FRANÇAISES sera notre instrument de combat et par sa publication, nous entendons nous intégrer, à notre place d'écrivains, dans la lutte à mort engagée par la Nation française pour se délivrer de ses oppresseurs."
3) Manifeste des intellectuels de la zone non occupée :
« La cause de la France est celle de la civilisation... »
affirment les intellectuels de la zone non-occupée
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Au cours de l'été 1941, quelque part en zone libre, des intellectuels venus de tous les horizons de la Science, de la Pensée et de l'Art, se sont réunis sans égard à leurs divergences religieuses, philosophiques ou politiques.
Solidaires avec tous ceux qui, dans les deux zones, résistent dans leur cœur, par leur pensée, par leurs actions contre l`asservissement de la France, ils se déclarent prêts à défendre le trésor spirituel de leur pays, dans sa totalité, tel que le leur ont légué vingt siècles de Culture française. Ils affirment leur foi en la France que ne pourront détourner de sa haute mission ni la force brutale, ni la trahison.
C'est pourquoi ils déclarent que tout le sol de la France, sans en excepter une parcelle, doit être libéré; que doit être levée l'hypothèque de l'ennemi sur la vie française : que la France doit recouvrer sa pleine indépendance.
Pour cela, tous les Français, croyants ou libres penseurs chrétiens ou juifs, gaullistes ou communistes, républicains ou monarchistes, oublieux de tout ce qui n'est pas la France, doivent s'unir contre l'envahisseur et la poignée de traitres qui, de Düsseldorf à Vichy, complètent l'œuvre des panzerdivisionen.
Ils s'adressent particulièrement aux intellectuels de la zone occupée, dont ils sont abusivement séparés, et leur demandent de manifester avec eux que la cause de la France est celle de toute la civilisation, que c'est pour elle qu`ils luttent, et pour ce véritable esprit européen que défendent les patriotes de dix pays opprimés par les hommes de la croix gammée, et nos amis traditionnels, les grands peuples d'Angleterre et de Russie.
D'un commun accord, ils mettront à la disposition de leur patrie toutes les ressources de l'Esprit français; ils s'ingénieront à aider à la libération du territoire; ils refuseront toute aide à l'infâme entreprise de la collaboration et ne collaboreront qu'à l’œuvre de résistance.
Contre la barbarie ! La France, toute la France !
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Ce manifeste des intellectuels de la zone non occupée a été publié dans L'Université libre numéro spécial de septembre-octobre 1941.
Partie IV
Falsification
Après juin 1941 et son engagement dans le Résistance, le Parti communiste n'aura de cesse de nier son pacifisme de la période antérieure avec un procédé très efficace : la citation tronquée qui permet de falsifier le contenu réel d'un texte.
Ainsi, grâce à ce procédé, l'appel au "Peuple de France" de juillet 1940, dans lequel le Parti communiste revendiquait la constitution d'un gouvernement de Paix, deviendra après juin 1941 l'acte fondateur de... la Résistance communiste.
De même, le Front National de lutte pour l'Indépendance de la France sera célébré comme un mouvement de Résistance créé le 15 mai 1941 sur la base de citations tronquées du texte original dans lesquelles on n'aura supprimé toute référence à la Paix avec l'Allemagne, à l'impérialisme britannique et à la condamnation du Général de Gaulle. On pourra citer trois exemples de cette imposture :
1) Texte "Notre politique" de juillet 1941.
"Notre politique" est un texte de juillet 1941 publié dans les Cahiers du bolchévisme des 2e et 3e trimestres 1941. Il présente l'intérêt d'être le premier texte rédigé après le 22 juin 1941 dans lequel est reproduit un extrait de l'appel du 15 mai 1941 :
"Oui
notre peuple de France a conscience qu'il ne suffit pas d'attendre la
délivrance de la victoire de l'URSS et de l'Angleterre, mais que la
lutte doit être menée en France même contre l'oppresseur. Mais pour
lutter il faut s'unir, il faut rassembler toutes les forces nationales
en un bloc puissant, et c'est parce que notre Parti s'est fait le
champion du Front National de lutte pour l'indépendance de la France
qu'il voit monter vers lui des sympathies, chaque jour, plus nombreuses.
Notre
Parti, qui bien avant la guerre, tendit la main aux travailleurs
catholiques et fit appel à l'Union de tous les Français, n'a cessé de
faire entendre ses appels à l'Union de la Nation Française depuis que la
défaite, conséquence de tant de trahisons, s'est abattue sur notre
pays.
Dans l'appel
lancé, au nom du Comité central du Parti Communiste Français et publié
clandestinement, les camarades Maurice Thorez et Jacques Duclos,
disaient, en juillet 1940, aussitôt après la défaite : [...].
Au
mois d'août 1940, poursuivant sa politique d'union de tous les
Français, le Parti communiste publiait, clandestinement, un appel
intitulé « Vive l'Union de la Nation Française », un appel dans lequel on pouvait lire : [...].
En octobre 1940, dans une lettre adressée aux militants communistes, les camarades Maurice Thorez et Jacques Duclos écrivaient : [...].
Ainsi,
s'affirme la continuité de notre politique d'union de tous les
Français, sous le drapeau de la liberté et de l'indépendance de la
Patrie, politique que nous avons suivie même à un moment où le
gouvernement de Vichy n'apparaissait pas encore aux yeux de tous comme
un gouvernement au service de l'envahisseur, mais notre action en faveur
du rassemblement de tous les Français ne devait pas s'arrêter là.
Le
27 mai dernier le Parti communiste publiait clandestinement un appel à
la formation du Front National de lutte pour l'Indépendance de la France
dans lequel on peut lire : [...] ".
Telles ont été les étapes de l'action du Parti Communiste qui abouti à la publication d'une déclaration
annonçant la constitution du Front National de l'indépendance de la
France, déclaration qu'on trouvera plus loin dans ce numéro des «
Cahiers ».
Signalons que la mention du 27 mai 1941 comme date de publication de l'appel Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France est la raison pour laquelle l'appel du 15 mai 1941 est parfois désigné comme l'appel du 27 mai 1941.
2) Tract "L'activité nationale et le Parti communiste : Constance et Inflexibilité".
En octobre ou novembre 1943, le Parti communiste publie le tract "L'activité nationale et le Parti communiste : Constance et Inflexibilité" qui sera repris dans Les Cahiers du Communisme du 1er trimestre 1944. Ce tract vise à "rétablir la vérité" sur l'attitude du Parti communiste entre 1939 et 1941 en montrant que sa lutte contre Hitler est constante et inflexible
depuis... 1933, année de son arrivée au pouvoir.
Consacré à la période qui suit la défaite de la France, le chapitre "Le Parti communiste organisateur de l'union et de l'action contre l'envahisseur" exalte le patriotisme du Parti communiste en mettant notamment en avant son appel publié "le 15 mai 1941" :
"Alors
même que le pacte de non-agression germano-soviétique était toujours
parfaitement en vigueur, que personne en France n'en prévoyait la
rupture, en mai 1941 le Parti Communiste mettait en application l'idée
du Front National de lutte pour l'indépendance de la France; prenant
l'initiative de l'union de tous les patriotes, sans distinctions de
conditions philosophiques, de croyances religieuses ou d'opinions
politiques, pour la délivrance et le relèvement de la Patrie. C'est le
15 mai 1941 que paraissait la déclaration sur cette question :
« Guidé
par le souci exclusif de réaliser l'union de la Nation pour la cause
sacrée entre toutes de l'indépendance nationale, le Parti communiste,
mettant au-dessus de tout l'intérêt du pays déclare solennellement qu'en
vue d'aboutir à la création d'un large Front de la Libération
Nationale, il est prêt à soutenir tout gouvernement Français, toute
organisations de tous les hommes dont les efforts seront orientés dans
le sens d'une lutte véritable contre l'oppression nationale subie par la
France et contre les traîtres au service de l'envahisseur »."
3) Discours de Jacques Duclos du 12 novembre 1974.
En
réaction aux propos du ministre de l'Intérieur suggérant que le Parti
communiste n'a résisté qu'après le 22 juin 1941, le sénateur Jacques
Duclos, ancien responsable du Parti communiste clandestin, prend la
parole à la
séance du 12
novembre 1974 pour rappeler le comportement héroïque du Parti communiste
dès la défaite de la France :
(1) J.O du Sénat du 13 novembre 1974 pp. 1698-1699.
"Depuis,
vous avez aggravé votre cas en disant, à l'Assemblée nationale, que
vous rendiez hommage à l'action des communistes dans la Résistance à
partir du printemps 1941, ce qui sous-entend que notre parti n'aurait
rien fait avant. (Murmures ironiques au centre et et droite.)
Le 10 juillet 1940, j'ai lancé avec Maurice Thorez un appel
destiné à faire connaître aux communistes éparpillés à travers la
France que leur parti était toujours debout. Dénonçant les traîtres de
Vichy au service des occupants, nous appelions à la constitution du
Front de la liberté, de l'indépendance et de la renaissance de la
France. [...]
Ce
n'est pas tout encore. Le 15 mai 1941, nous avons lancé un appel à la
formation d'un Front national de lutte pour l'indépendance de la France.
Je peux d'autant mieux en parler que j'ai été l'un des rédacteurs de
cet appel. Nous partions du fait que le peuple de France, étouffant sous
le poids de l'oppression nationale, aspirait, de plus en plus, à sa
libération.
Il
s'agissait donc de réaliser une large union et de livrer un combat à la
fois national et social contre les envahisseurs et contre les traîtres
de Vichy qui rançonnaient le pays pour le compte des occupants
hitlériens." (1)
(1) J.O du Sénat du 13 novembre 1974 pp. 1698-1699.
Document 1 : Tract "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France" du 15 mai 1941 reproduit dans les Cahiers du bolchévisme des 2e et 3e trimestres 1941.
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