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"Pour le salut du peuple de France" (Programme de gouvernement du PCF de février 1941 appelant à la formation d'un Gouvernement de Paix communiste)

En février 1941, dans une France occupée par les nazis depuis près de huit mois, se posant comme la seule véritable alternative au Maréchal Pétain et à sa politique de collaboration, le Parti communiste clandestin publie un programme de gouvernement dans un manifeste intitulé en toute modestie "Pour le salut du Peuple de France". (Doc. 1)

Signé par le "Comité Central du Parti Communiste Français (SFIC)", ce programme de "libération sociale et nationale" détaille les mesures de "politique intérieure et extérieure indispensables au salut du pays" que prendrait un "Gouvernement du Peuple".

En politique extérieure, pour mettre fin à l'occupation allemande, le Parti communiste propose non seulement d'établir des "relations PACIFIQUES" entre la France et l'Allemagne nazie mais aussi d'instaurer des "rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand" !!!

On notera d'une part que le PCF associe la libération nationale à la signature d'un traité de Paix avec Hitler et nullement à la lutte armée, et d'autre part qu'il partage en matière de politique étrangère le même objectif que le régime de Vichy.

Sur le plan intérieur, les communistes plaident pour l'instauration d'un régime socialiste avec comme modèle l'Union soviétique de Staline !!!

Pour atteindre cet objectif ils présentent un ensemble de mesures modifiant radicalement l'organisation économique et politique du pays. Un exemple saisissant à la fois par son contenu, le vocabulaire utilisé et les personnes visées :

"Nationalisation sans indemnité des banques, compagnies d'assurances, mines, chemins de fer et de l'ensemble des sociétés capitalistes aryennes et juives (électricité, produits chimiques, textiles, métallurgie, gaz, etc...). [...]
Recensement des fortunes et biens des gros capitalistes (aryens et juifs) en vue de prélèvement ou confiscation pour subvenir aux besoins immédiats des masses laborieuses."

Ils appellent aussi à la création d'une juridiction d'exception visant à l'élimination des principaux dirigeants de la IIIe République qui sont nommément désignés dans le texte et qui sont accusés d'être... les responsables de la guerre franco-allemande de 1939-1940.

On fera remarquer d'une part que la libération sociale signifie l'abrogation du régime républicain synonyme de régime capitaliste et l'instauration d'un régime de type soviétique, et d'autre part que la suppression du régime républicain est aussi un point commun entre le PCF et le Maréchal Pétain.

Diffusé à 100 000 exemplaires, le programme du Parti communiste bénéficiera d'un second tirage identique le mois suivant. Document central de l'action politique du PCF, il sera reproduit en mars 1941 dans les 20 000 exemplaires des Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941.

La propagande communiste se mobilisera pour le faire connaître à l'ensemble de la population française. Un exemple, le numéro spécial de l'Humanité du 1er mai 1941 - tiré à 1 000 000 d'exemplaires - publiera un article intitulé "Pour le Salut du Peuple de France" dans lequel on pourra notamment lire :

"C'est sous ce titre que le Parti communiste a publié son programme de libération sociale et nationale de la France qu'il faut faire connaître à la masse des Français pour leur montrer le chemin de la délivrance."

Le 22 juin 1941, Hitler met fin à son alliance avec Staline en attaquant l'URSS. A la suite de cette attaque le PCF abandonnera son projet de former un Gouvernement de paix pour s'engager dans la lutte contre l'occupant allemand avec l'objectif de libérer sa patrie : l'Union soviétique.

Expression d'une alternative communiste à la politique de collaboration du Maréchal Pétain, le programme "Pour le salut du Peuple de France" n'est pas dans les livres d'histoire. A sa lecture, on comprend pourquoi on a préféré le devoir d'amnésie au devoir de mémoire : son contenu pacifiste, antigaulliste, anti-républicain, anglophobe et germanophile est un cruel démenti à tous ceux qui défendent la thèse que le Parti communiste était dans la Résistance à cette période de l'occupation allemande.

Au final s'il ne fallait retenir qu'un seul texte pour illustrer la ligne politique du PCF entre septembre 1939 et juin 1941, le choix se porterait sans aucune hésitation sur son programme de gouvernement de février 1941.

Le présent texte est composé de six parties. Les Parties I et II montreront que le Parti communiste a été constant dans son engagement en faveur de la Paix pendant toute la durée du conflit franco-allemand de 1939-1940 et dans les premiers mois de l'occupation allemande.
 
La Partie III analysera le contenu de son programme de gouvernement de février 1941. Dans la Partie IV, on soulignera l'importance de ce document avec des citations tirées de l'Humanité clandestine. Dans la Partie V, on montrera que c'est après l'invasion de l'URSS par les armées allemandes que le Parti communiste a abandonné son projet de faire la Paix avec les nazis.
 
Enfin, dans la Partie VI, on s'intéressera au traitement réservé au programme communiste dans le livre publié par Stéphane Courtois en 1980 sous le titre "Le PCF dans la guerre".


Partie I
Guerre de 1939-1940

"Paix immédiate"

Le 1er septembre 1939, Hitler attaque la Pologne avec comme motif le refus du gouvernement polonais de satisfaire des revendications territoriales qu'il juge légitimes et limitées. Alliées des Polonais, la France et l'Angleterre réagissent le 3 septembre en déclarant la guerre à l'Allemagne nazie.
Moins de trois semaines après le début des combats entre les armées françaises et la Wehrmacht, suivant des Instructions de l'Internationale communiste motivées par le Pacte germano-soviétique, le Parti communiste abandonne sa ligne favorable à la défense nationale pour s'engager en faveur de la Paix. Dissous le 26 septembre 1939, il poursuivra son action dans la clandestinité.

Sa position : la guerre est une guerre impérialiste et sa cause n'est pas le nazisme mais le capitalisme. Ses mots d'ordre : "A bas la guerre impérialiste", "Paix immédiate" et "L'ennemi est dans notre propre pays". Ses objectifs : la Paix et, pour en garantir la pérennité, la destruction du régime capitaliste. On peut les résumer d'une phrase : la Paix par la Révolution socialiste.

Ces deux objectifs ont été fixés par l'Internationale communiste qui justifiera sa positions dans un texte de son secrétaire général, Georges Dimitrov, diffusé en novembre 1939 sous le titre "La guerre et la classe ouvrière des pays capitalistes" :

"Les impérialistes des pays belligérants ont commencé la guerre pour un nouveau partage du monde, pour la domination universelle, en vouant à l'extermination des millions d'hommes. La classe ouvrière est appelée à en finir avec cette guerre à sa façon, dans son intérêt, dans l'intérêt de toute l'humanité travailleuse, et à supprimer, ainsi, à tout jamais, les causes essentielles qui engendrent les guerres impérialistes".


"Thorez au pouvoir"

Le 25 avril 1940, sur le constat qu'après huit mois de guerre le gouvernement français est toujours déterminé à combattre Hitler, le Parti communiste appelle les Français à se mobiliser pour la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste.

Désormais centrale dans son projet politique, cette revendication est formulée par Maurice Thorez, secrétaire général PCF, dans un article publié dans l'Humanité clandestine sous le titre "Les Pitt et Cobourg de 1940" :

LES "PITT ET COBOURG" DE 1940
Par MAURICE THOREZ
[...]
Ecoutez-les, ces représentants des 200 familles ! Ils défendent la France. Leur guerre, la guerre des capitalistes, c'est la guerre du droit, de la justice, de la civilisation, de l'indépendance.
Rien de neuf dans ces mensonges usés de 1914 à 1918. Mais leur cynisme ne connaît aucune borne. Tandis qu'ils s'enrichissent du sang et de la misère du peuple de France, ils se présentent comme les défenseurs de la Patrie.
Tout ce qui ne s'incline pas devant leur malfaisance, leurs vols et leurs crimes, est jugé ennemi de la Patrie, traître, agent de l'étranger.
Quels sont-ils ces vertueux personnages ? Comment conçoivent-ils l'indépendance de la France ? Tout simplement à la façon de leurs ancêtres, les aristocrates de 1792.
"Pitt et Cobourg" tel était le qualificatif que le peuple de France décernait aux contre-révolutionnaires qui complotaient avec les ennemis de la France et de la Révolution, avec l'Autriche, le roi de Prusse et l'Angleterre.
Les "Pitt et Cobourg" de 1940 ne sont pas émigrés, ils ne sont pas en prison, ils dirigent momentanément, et pour son malheur, les destinées de la France. [...]
Quant à ceux qui exécutent les ordres des impérialistes de Londres, ils sont également légion. Notre Président du Conseil se distingue parmi ceux-là. Ce qu'on dit de l'alliance franco-anglaise est particulièrement insultant pour notre pays : "La France est un dominion de l'Angleterre". Le malheur est que c'est vrai et que les responsables se présentent encore comme les défenseurs de l'indépendance de la France.
En 1792, les "Pitt et Cobourg" avaient leurs girondins. En 1940, les "Pitt et Cobourg" ont les leurs. Les "Brissotins" s'appellent aujourd'hui Léon Blum [dirigeant de la SFIO], Paul Faure [secrétaire général de la SFIO], Jouhaux [secrétaire général de la CGT], Déat [secrétaire général de l'Union socialiste Républicaine]. [...]
Peuple de France, il faut nous débarrasser des "Pitt et Cobourg" de 1940. Notre pays mérite un autre sort que celui d'être cité comme l'exemple de la réaction et comme dominion de l'Angleterre. [...]
Le gouvernement que veut le pays n'est pas celui des "Pitt et Cobourg". C'est un gouvernement de paix, s'appuyant sur les masses populaires, donnant des garanties contre la réaction, assurant la collaboration avec l'Union Soviétique pour le rétablissement de la paix générale.
Seulement un tel gouvernement assurera l'indépendance de notre pays en le libérant de la tutelle des agents du capital français et anglais.
Maurice THOREZ,
 secrétaire général du P.C.

Illustration de cette nouvelle orientation, le mot d'ordre "Thorez au pouvoir". Est-il un meilleur choix qu'un déserteur pour négocier la Paix avec Hitler ?
 
Rappelons que Maurice Thorez a déserté au mois d'octobre sur les ordres de Moscou. Après un court séjour en Belgique, le secrétaire général du PCF s'est réfugié en Russie. Ce départ a été caché aux militants pour ne pas les démobiliser. 

On fera quatre remarques supplémentaires sur l'article.

Tout d'abord, dans sa forme développée, la revendication communiste comprend quatre éléments distincts et significatifs :

1) un gouvernement "s'appuyant sur les masses populaires".
2) un gouvernement "de paix".
3) un gouvernement luttant "contre la réaction".
4) un gouvernement "s'entendant avec l'URSS pour le rétablissement de la paix générale".

Dans les mois précédents, les communistes ont occasionnellement plaidé pour un "gouvernement paysan et ouvrier". Thorez a écarté cette formulation car il l'a jugeait trop... bolchévique.

Ensuite, point central du projet pacifiste communiste, le texte indique qu'une alliance avec l'URSS garantira le succès d'une négociation de Paix franco-allemande. Cette proposition est un rappel explicite que Moscou et Berlin sont des alliés.

De plus, logique communiste, le silence sur les ennemis allemands est compensé par une ferme condamnation des alliés anglais.

Démonstration de l'anglophobie du Parti communiste, Maurice Thorez accuse le gouvernement français "d'exécuter les ordres des impérialistes de Londres", affirme que la France n'est qu'un "Dominion de l'Angleterre" et enfin appelle à libérer la France "de la tutelle des agents du capital français et anglais".
 
Enfin, sur le plan intérieur, le Gouvernement Thorez s'engage à libérer la France du capitalisme. On retrouve ainsi les deux objectifs fixés par l'IC : la Paix et la Révolution socialiste


Offensive allemande de mai 1940

Le 10 mai 1940, l'Allemagne prend l'initiative sur le front Ouest en envahissant la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Après avoir percé le front français dans le secteur de Sedan le 13 mai, les divisions blindées allemandes foncent en direction de la Manche pour prendre à revers les unités françaises et le contingent anglais qui sont entrés en Belgique pour repousser la Wehrmacht. Victorieuse, cette première phase de l'offensive allemande se termine le 4 juin. Les armées françaises qui ne se sont pas engagées en Belgique constituent dans l'intervalle une ligne de défense sur la Somme et l'Aisne. Le 5 juin, les Allemands déclenchent la seconde phase de leur plan en attaquant sur la Somme puis sur l'Aisne quelques jours après. La ligne de défense française est rapidement enfoncée permettant ainsi aux unités allemandes d'avancer à l'Ouest, à l'Est et sur Paris, déclarée ville ouverte la capitale tombe le 14, puis de se répandre sur tout le Sud. Le 17 juin, jugeant la situation militaire catastrophique, le Maréchal Pétain, nommé la veille à la présidence du Conseil, demande l'armistice qui est signé le 22 juin.

Les combats de mai et juin 1940 sur le territoire français n'ont provoqué aucun changement dans la ligne pacifiste du PCF comme l'attestent tous les numéros de l'Humanité qui ont été diffusés au cours de cette période.

Un exemple de l'attitude des communistes, l'appel publié dans l'Humanité n° 47 du 17 mai 1940 sous le titre "Pour sauver notre pays et notre peuple de la misère, de la ruine et de la mort" :

"Le Parti Communiste a dit et répété que cette guerre a été provoqué par les capitalistes. Pour avoir réclamé la paix, avant que les massacrent ne commencent, des milliers de ses membres ont été jetés en prison, dans les camps de concentration ou dans les bagnes africains. D'autres sont menacés de la peine de mort ! [...]
Aujourd'hui où l'angoisse étreint des millions d'hommes et de femmes de notre pays le Parti Communiste dit, comme toujours, ce qu'il considère être l'intérêt des travailleurs et du peuple de France.
Le rétablissement de la paix, la sécurité et l'indépendance du pays, la liberté et le progrès social exigent que soit impitoyablement chassé le gouvernement des 200 familles qui a entraîné notre pays dans l'aventure présente. [...]
PEUPLE DE FRANCE ! Pour la paix, le pain, la liberté, l'indépendance, SOIS UNIS !
Lutte pour :
Un gouvernement de paix, s'appuyant sur les masses populaires, prenant des mesures contre la réaction, un gouvernement qui s'entende sans délai avec l'Union Soviétique pour le rétablissement de la Paix générale dans le monde."


Partie II
Occupation allemande (été 1940)

Armistice franco-allemand

Signé le 22 juin 1940 par le Gouvernement Pétain, l'armistice franco-allemand marque la défaite de la France.
 
Dans l'attente des négociations portant sur un traité de Paix, cet armistice impose au pays vaincu l'occupation d'une zone couvrant les trois-cinquièmes de son territoire et comprenant sa capitale, le maintien en captivité de 1,5 million prisonniers de guerre, la démobilisation et le désarmement de ses forces armées, et enfin le paiement d'une indemnité journalière dont le montant sera fixé quelques semaines tard à 400 millions francs et représentera pour le budget français un prélèvement massif et abusif relevant plus des réparations de guerre que de l'entretien d'une armée d'occupation.

Pour connaître la réaction du PCF à la défaite de la France et à l'occupation allemande qui en est la conséquence, il suffit de lire l'Humanité du 24 juin 1940 et son article leader intitulé... "Construire la paix" :

"L'armistice est signé.
Ah, certes nous serrons les poings à la pensée qu'une autre paix eut pu être conclue en Septembre-Octobre dernier comme la proposaient les Communistes. Mais à cette époque Daladier jugeait que les ordres de la Cité de Londres devaient être obéis.
Construire la Paix ! Voilà donc la tâche urgente.
Nous savons bien, nous autres communistes, qu'il n'y aura de paix véritable que lorsque auront été extirpées les racines profondes de la guerre. LA PAIX C'EST LE SOCIALISME.
Lutter pour la paix, c'est coordonner l'action des prolétaires de tous les pays dans la lutte pour la victoire du socialisme, de ce socialisme dont l'URSS offre au monde le resplendissant exemple. Tel est notre but.
Préparer cette paix implique que la France est un gouvernement capable de comprendre et de traduire les aspirations populaires. La France de juin 1940 ne possède pas un [tel] gouvernement. [...]
Pour négocier la paix, il faut pouvoir parler au nom du peuple. On ne parle pas au nom du peuple quand on tient en prison et dans les camps des milliers de militants du peuple. Seul, sera digne de négocier une paix équitable, le gouvernement qui rendra au prolétariat ses droits et sa liberté. [...]
Que disparaissent les fauteurs de guerre, les responsables du désastre, les valets de la Cité de Londres : PLACE AU PEUPLE !".

Dans ce texte approuvant l'armistice franco-allemand, l'Humanité affirme que seul le Parti communiste est en mesure de négocier avec Hitler "une paix véritable" ou encore une "paix équitable" car il est le seul Parti à s'être opposé à la guerre et à pouvoir en outre bénéficier du soutien de l'URSS, alliée de l'Allemagne.

Ajoutons quatre remarques supplémentaires.

Tout d'abord, l'Humanité rappelle que les députés communistes ont été emprisonnés parce qu'ils avaient demandé l'organisation d'un vote du Parlement en faveur d'une "paix juste, loyale et durable que du fond de leur cœur souhaitent tous nos concitoyens" dans une lettre remise au président de la Chambre quelques jours après la victoire des armées allemandes et soviétiques en Pologne.

Elle attribue l'échec de cette initiative pacifiste à la soumission du gouvernement français aux "ordres de la Cité de Londres".

Ensuite, formulé dans le but de prouver que les communistes sont des pacifistes de la première heure, ce rappel est aussi une dénonciation implicite du Maréchal Pétain qui est accusé par la propagande communiste de n'être qu'un belliciste, autrement dit un agent du capitalisme français et anglais, dont l'engagement tardif en faveur de la Paix n'est qu'un opportunisme.

C'est d'ailleurs pour mettre en avant le bellicisme de ce dernier que le texte décrit le président du Conseil ainsi que les membres de son Gouvernement de Paix comme des "fauteurs de guerre" (impérialisme français) et des "valets de la Cité de Londres" (impérialisme anglais).

De plus, toujours dans le but de montrer que seul le projet pacifiste du Parti communiste est légitime, l'Humanité plaide pour une "paix équitable" ou encore une "paix véritable" par opposition à une paix inéquitable ou à une fausse paix négociée par le Maréchal Pétain.

Enfin, par son contenu, cet article est en totale conformité avec le projet défendu par les communistes depuis le début du conflit à savoir la Paix par la Révolution socialiste ("LA PAIX C'EST LE SOCIALISME").
 
 
Rapport de Duclos

Le 30 juin 1940, huit jours après la signature de l'armistice franco-allemand, Jacques Duclos rédige à l'attention de l'Internationale communiste un long et détaillé rapport sur son action à la tête du Parti communiste clandestin depuis sa prise de fonction à son arrivée à Paris le 15 juin 1940.

Dans ce rapport il expose sous la forme d'un programme revendicatif la position que défend le PCF dans une France défaite et occupée par les nazis :

"Pour ce qui est de notre programme revendicatif voici où nous en sommes.

Politique intérieure
Libération de tous les défenseurs de la paix, communistes et autres, jetés en prison ou internés dans les camps de concentration pour avoir combattu la guerre. [...]

Politique extérieure
Maintien de l'armistice et répression énergique de toute action tendant à entraîner à nouveau le peuple français dans la guerre.
Soutien des peuples coloniaux dans la lutte pour leurs revendications et leur indépendance
Conclusion d'un pacte d'amitié avec l'URSS qui compléterait le pacte germano-soviétique et constituerait un important facteur de pacification européenne". (1)

(1) Lettre de Jacques Duclos du 30 juin 1940 / Cahiers d'histoire de l'institut de recherches marxistes Le PCF et l'Internationale, n° 52-53, 2e et 3e trimestre 1993, pp. 187-201.


Appel du PCF

A la fin de juillet 1940, soit un mois après la signature de l'armistice franco-allemand, suivant des instructions de l'IC, le Parti communiste lance un Appel au "Peuple de France".

Signé "Au nom du Comité Central du Parti Communiste Français" par Maurice Thorez et Jacques Duclos, secrétaire général et secrétaire du PCF, cet appel est un véritable plaidoyer pour la constitution... d'un Gouvernement de Paix communiste.

Pour justifier cette revendication et en même temps marquer la différence entre son projet pacifiste et celui du Maréchal Pétain, le Parti communiste affirme que seuls les communistes sont en mesure de négocier avec Hitler une "Paix dans l’indépendance complète et réelle de la France" ou encore "une paix véritable" car "seuls, les Communistes ont lutté contre la guerre".

Autres caractéristiques marquantes du texte : la condamnation de "l'impérialisme britannique", la célébration du "Pacte germano-soviétique", l'éloge de la fraternité franco-allemande ("la fraternité des peuples que de toutes nos forces nous voulons") ou encore la revendication portant sur "la libération des défenseurs de la Paix".
 
Par son contenu, ce tract prouve que la défaite de la France en juin 1940 et l'occupation allemande qui en a été la conséquence n'ont provoqué aucun changement dans la ligne pacifiste, anglophobe et germanophile défendue par le PCF depuis le début du conflit européen

Dernier élément, l'appel de juillet 1940 est le tract le plus important diffusé par les communistes au cours de cet été.


Partie III
Programme du PCF

Manifeste-Programme
"Pour le salut du Peuple de France"

En février 1941, nouvelle étape dans l'engagement du Parti communiste en faveur de la Paix avec Hitler avec la publication d'un manifeste-programme intitulé en toute modestie "Pour le salut du peuple de France".

Signé par le "Comité Central du Parti Communiste Français (SFIC)", ce document est un manifeste st pour objet de justifier et de célébrer un programme de gouvernement dans lequel sont détaillées les mesures de "politique intérieure et extérieure indispensables au salut du pays" que prendrait un "Gouvernement du Peuple" pour assurer la "libération sociale et nationale" de la France.

Diffusé à 100 000 exemplaires, ce tract bénéficiera d'un second tirage identique le mois suivant (1). 
 
Document central de l'action politique du PCF, il sera reproduit en mars 1941 dans les 20 000 exemplaires des Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941 (2). D'une soixantaine de pages, ce numéro de l'organe théorique du PCF est consacré dans sa première partie aux documents les plus importants diffusés par le Parti entre novembre 1940 et mars 1941.

(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 409. (Télégramme du 6 mai 1941 d'Eugen Fried, représentant de l'IC auprès du PCF (Bruxelles), adressé à Georges Dimitrov, secrétaire général de l'IC (Moscou). Fried transmet à Dimitrov les statistiques qu'il a reçues de Duclos concernant les tirages des publications communistes entre novembre 1940 et mai 1941. Il indique pour le mois de février 1941 la publication à "100 (000)" exemplaires de la "Plate forme de masse du parti"  et pour le mois de mars 1941 une "Deuxième édition plate-forme".)
(2) Ibid. p. 409. [(Voir note 1). Le télégramme indique "Cahiers du Bolchévisme - 20 (000)"].


Manifeste

Projet

Le projet exposé dans le manifeste-programme "Pour le salut du Peuple de France" peut se résumer en une phrase : la Paix par la Révolution socialiste.

Le manifeste se compose de deux parties séparées par le programme de gouvernement proposé par les communistes.

Première partie

Le manifeste s'ouvre sur un extrait de l'Appel au "Peuple de France !" de juillet 1940 dénonçant la responsabilité de tous les partis politiques dans la guerre et la défaite de la France. Le Parti communiste s'appuie sur ce rappel pour affirmer qu'il est le seul parti légitime pour diriger la France au motif qu'il est le seul parti à s'être opposé à la guerre.

Dans les chapitres suivants, il décrit la situation de la France en dénonçant "Le bilan de l'équipe vichyssoise", "La grande misère du peuple de France" et enfin "Les deux clans de Vichy" que sont les pro-anglais et les pro-allemands. Ayant mis en évidence ces rivalités dans le gouvernement de Vichy, il condamne toute participation de la France à la guerre qui oppose l'Angleterre à l'Allemagne nazie ou pour le dire comme les communistes la ploutocratie anglaise à la ploutocratie allemande :

"Le peuple de France empli d'un profond mépris à l'égard de la tourbe des politiciens de Vichy et de Paris ne veut être ni le soldat de l'Angleterre, ni le soldat de l'Allemagne, ni le soldat de Churchill, ni le soldat de Hitler; il ne veut pas être le soldat de la ploutocratie sous quelque visage qu'elle se présente."

Ayant rejeté toute participation de la France à la guerre impérialiste, le Parti communiste soutient que "Le peuple de France veut la paix" et qu'en conséquence "il repousse du pied tous les appels de tous les bellicistes". Il ajoute avec certitude :

"Non, le peuple de France ne veut pas prendre part, à nouveau, à la guerre impérialiste. IL VEUT CREER DES RELATIONS PACIFIQUES AVEC TOUS LES PEUPLES, AVEC TOUS LES PAYS."

Le chapitre suivant montre que "La France doit être l'amie de l'URSS" notamment "parce que la politique de paix ferme et constante du pays des Soviets correspond au désir de paix du peuple français". Pour les communistes l'URSS est le modèle et la garantie de la Paix avec l'Allemagne.

Après avoir plaidé pour l'établissement de relations pacifiques avec l'Allemagne nazie dans le cadre du Pacte germano-soviétique, le Parti communiste désigne le véritable ennemi contre lequel le peuple de France doit se mobiliser : "Le capitalisme voilà l'ennemi !".

Le régime capitaliste étant un système économique fondé sur l'exploitation du prolétariat et la cause de toute guerre impérialiste, seule sa "destruction" permettra de relever la France et de garantir une paix durable :

"GUERRE CAPITALISTE ! DEFAITE CAPITALISTE ! ASSERVISSEMENT ET MENACE NOUVELLE DE GUERRE CAPITALISTE ! N'est-il pas clair, aux yeux de tous, après une telle succession d'événements, que c'est seulement par la destruction du régime capitaliste que la France connaîtra la paix et créera les conditions de son relèvement".

Comment le Peuple de France pourra-t-il s'émanciper de l'esclavage capitaliste ? Le Parti communiste répond en déclarant que "La voie à suivre" est celle "indiquée par MARX et ENGELS, la voie qu'ont suivie LENINE et STALINE, qui d'un pays ruiné et entouré de haine ont fait un pays prospère et puissant, à la tête du progrès humain, un pays entouré de l'affection de tous les peuples".

Avec un tel éloge de la Russie de Staline, on comprend pourquoi les communistes veulent que ce pays serve aussi de modèle à la France pour son organisation économique et politique.

Cette première partie se termine sur le constat que seul un "Gouvernement du Peuple", autrement dit un Gouvernement communiste, sera en mesure de "réaliser l’œuvre indispensable de salut national".

C'est dans ce cadre d'analyse que le Parti présente un programme de gouvernement dans lequel il plaide en politique extérieure pour la Paix avec l'Allemagne d'Hitler et en politique intérieure pour l'instauration d'un régime socialiste.
.
Seconde partie

De la seconde partie du manifeste on retiendra cet Appel dans lequel le PCF affirme que son programme pacifiste garantira "la liberté et l'indépendance de la France" :

"FRANÇAIS, FRANÇAISE, OUVRIERS, PAYSANS, INTELLECTUELS, PETITES GENS, RASSEMBLEZ-VOUS DERRIÈRE LE PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS,
Partout, faites connaître le programme du peuple français, le seul programme qui puisse assurer la liberté et l'indépendance de la France, le seule programme qui balayant les décombres du régime capitaliste pourri ouvrira devant notre peuple, toute larges les voies de l'avenir."

On mentionnera aussi ce passage qui justifiera trois remarques :

"Seul le Parti communiste est qualifié pour montrer au peuple de France le chemin du salut. Les militants communistes, qui en 1936 conduisirent le peuple de France à la victoire du Front populaire contre les 200 familles, sont persécutés aussi bien par les autorités occupantes que par Pétain, parce qu'ils luttent pour défendre le peuple de contre les oligarchies capitalistes, parce qu'ils mènent le bon combat pour la libération sociale et nationale de la France."

D'abord, le PCF fait une référence au Front populaire pour convaincre les français d'adhérer à son programme pacifiste. Ensuite, il affirme que les militants communistes sont persécutés parce qu'ils luttent "contre les oligarchies capitalistes" et non parce qu'ils combattent les Allemands. Enfin, il décrit son programme révolutionnaire et pacifiste comme le programme de "la libération sociale et nationale de la France".


Programme de gouvernement

Pour connaître précisément le projet que le Parti communiste proposait au peuple de France avant le 22 juin 1941 et l'invasion de l'URSS par les armées allemandes, on présentera l'intégralité de la politique extérieure ainsi que les têtes de chapitre de la politique intérieure de son programme de gouvernement intitulé Pour le salut du Peuple de France :

"Le Gouvernement du Peuple, expression de la volonté nationale et non d'une conjuration de profiteurs comme l'est la clique de Vichy, prendrait immédiatement les décisions de politique extérieure et intérieure indispensables au salut du pays. Ces mesures seraient dans leurs grandes lignes :

I. POLITIQUE EXTERIEURE

1° Libération du territoire national et des prisonniers de guerre. Pour mener cette tâche à bien, le Gouvernement du Peuple mettrait tout en œuvre pour établir des relations PACIFIQUES avec tous les peuples; il s'appuierait sur la puissance que lui conféreraient LA CONFIANCE DU PEUPLE FRANCAIS, LA SYMPATHIE DES AUTRES PEUPLES ET L'AMITIE DE L'UNION SOVIETIQUE.
2° Etablissement de rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand en rappelant l'action menée par les communistes et par le peuple français contre le traité de Versailles, contre l'occupation du bassin de la Rhur, contre l'oppression d'un peuple contre un autre peuple.
3° Conclusion d'un pacte d'amitié et d'un traité commercial avec l'URSS et poursuite résolue d'une politique de paix destinée à tenir la France en dehors du conflit impérialiste.
4° Proclamation du droit pour les minorités nationales et pour les peuples des colonies, des territoires sous mandat et des protectorats à l'indépendance et à la libre disposition d'eux-mêmes. Le Gouvernement du Peuple exalterait l'exemple donné par l'URSS au sein de laquelle des nations sont unies dans une indépendance complète et dans une égalité absolue de droits.
5° Le Gouvernement du Peuple répudierait tous les engagements publiés ou secrets souscrits avant lui et contraires aux principes de sa politique de paix et d'indépendance nationale.

II. POLITIQUE INTERIEURE

POUR METTRE LES OLIGARCHIES CAPITALISTES HORS D'ETAT DE NUIRE
POUR LES PAYSANS DE FRANCE
POUR LA DEFENSE DES COMMERÇANTS DETAILLANTS VICTIMES DES TRUSTS
POUR LA SANTE DU PEUPLE
POUR LA JEUNESSE
POUR LE JUGEMENT DES RESPONSABLES DE LA GUERRE
POUR LES SINSTRES DE LA GUERRE
POUR LES VICTIMES DE LA GUERRE
POUR LA DEFENSE DE L'INTELLIGENCE FRANÇAISE
POUR LE RETABLISSEMENT DES LIBERTES POPULAIRES.


Politique Extérieure

En matière de politique étrangère, le Parti communiste propose d'établir des "relations PACIFIQUES" entre la France et l'Allemagne d'Hitler.

Il précise même les trois facteurs qui permettront au Gouvernement du Peuple de négocier avec succès un traité de Paix franco-allemand : la "confiance du peuple français" qui a toujours fait défaut aux gouvernements bourgeois, "la sympathie" du peuple allemand que seul le PCF pourra susciter en lui rappelant ses positons pro-allemandes dans l'entre-deux-guerre et enfin le "soutien de l'URSS" dont les relations pacifiques avec l'Allemagne doivent servir de modèle aux relations franco-allemandes.

L'objectif du Parti communiste en politique étrangère est donc identique à celui du Maréchal Pétain et du Régime de Vichy : la Paix avec l'Allemagne nazie.

Pour garantir la pérennité de la Paix, le PCF plaide en outre pour l'établissement "de rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand". Il souligne que le rapprochement franco-allemand sera facilité par le rappel de ses engagements "contre le Traité de Versailles, contre l'occupation du bassin de la Rhur et contre l'oppression d'un peuple contre un autre peuple".

On fera remarquer que ce rappel qui devra susciter "la sympathie" de Hitler constitue un véritable réquisitoire contre le peuple français puisque le Parti communiste accuse la France, qui est occupée par les armées nazies depuis près de 8 mois, d'avoir humilié le peuple allemand avec le traité de Versailles de 1919 et l'occupation de la Rhur en 1923 !!!

La revendication suivante porte sur une alliance diplomatique et économique avec l'URSS. Cette revendication est assortie d'un engagement ferme de mener une "politique de paix destinée à tenir la France en dehors du conflit impérialiste".

Illustration de ce dernier point, le tract "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France" de mai 1941 dans lequel le Parti communiste appellera  les Français à se mobiliser pour maintenir la France hors du conflit anglo-allemand :

"IL NE FAUT PAS PERMETTRE QUE LE PEUPLE DE FRANCE, LES RESSOURCES DE NOTRE PAYS ET NOTRE TERRITOIRE SOIENT UTILISES DANS LA GUERRE ENTRE L'ALLEMAGNE ET L'ANGLETERRE.
[...] IL FAUT CONSTITUER UN LARGE FRONT NATIONAL DE LUTTE POUR L'INDEPENDANCE DE LA FRANCE."

Enfin, la proposition concernant "l'indépendance" des peuples coloniaux vise en réalité la France Libre du Général de Gaulle qui s'est installée dans les territoires de l'Empire français pour continuer la guerre contre l'Allemagne.

Pour souligner le lien entre l'indépendance des peuples coloniaux et la Paix avec l'Allemagne, on mentionnera l'article "Pas pour l'Angleterre" publié dans l'Humanité n° 58 du 1er juillet 1940 :

"Le Général de Gaulle et autres agents de la finance anglaise voudraient faire battre les Français pour la City et ils s'efforcent d'entraîner les peuples coloniaux dans la guerre.
Les Français répondent le mot de Cambronne à ces Messieurs; quant aux peuples coloniaux ils pourraient bien profiter des difficultés que connaissent leurs oppresseurs pour se libérer. VIVE L'INDEPENDANCE DES PEUPLES COLONIAUX."


Politique intérieure

En matière de politique intérieure, on retiendra deux mesures tirées du chapitre "POUR METTRE LES OLIGARCHIES CAPITALISTES HORS D'ETAT DE NUIRE" :

"Nationalisation sans indemnité des banques, compagnies d'assurances, mines, chemins de fer et de l'ensemble des sociétés capitalistes aryennes et juives (électricité, produits chimiques, textiles, métallurgie, gaz, etc...). [...]
Recensement des fortunes et biens des gros capitalistes (aryens et juifs) en vue de prélèvement ou confiscation pour subvenir aux besoins immédiats des masses laborieuses."

On notera que dans cet extrait le Comité Central du Parti Communiste Français utilise un vocabulaire emprunté aux nazis. En effet, il divise les capitalistes en capitalistes "aryens" et capitalistes "juifs" pour souligner que les nationalisations et les confiscations s'appliqueront aussi aux capitalistes "juifs" !!!

La dénonciation des capitalistes juifs était récurrente dans la propagande communiste comme l'illustre ces extraits tirés uniquement de l'Humanité :

- l'Humanité n° 67 du 5 août 1940 :

"Il n'y a pas de bons ou mauvais capitalistes. Qu'ils soient catholiques, juifs, protestants, libres penseurs ou francs-maçons, les capitalistes sont les exploiteurs du peuple".

- l'Humanité n° 68 du 14 août 1940 :

"Pendant que le peuple souffre et que des milliers de malheureux crèvent de faim, les ploutocrates, les rois de la finance, étalent de scandaleuses fortunes.
Neuf grandes banques : Le Crédit Lyonnais, le Comptoir d'Escompte, la Société générale, le Crédit industriel, la Banque de Paris, la Banque de l'Union parisienne, la banque nationale pour le commerce et l'industrie, le Crédit Commercial et le Crédit du Nord représentent un capital de....... 2 milliards 532 millions. [...]
Capitalistes catholiques, juifs, protestants et autres sont associés à la tête de ces banques. Il faut faire rendre gorge à ces messieurs pour donner du pain aux travailleurs. Il faut nationaliser ces banques. IL FAUT FAIRE PAYER LES RICHES !"

l'Humanité n° 85 du 25 octobre 1940 :

"Ne serait-il pas juste, alors que tant de gens souffrent, d'exproprier les grands capitalistes aryens et juifs pour donner du pain et du travail à tous ?
Le peuple pense que ce serait juste, et il sait que les communistes le feraient s'ils étaient au pouvoir."

- l'Humanité n° 102 du 5 mars 1941 :

"Les travailleurs qu'ils soient aryens ou juifs sont frères et ils ont pour ennemis les capitalistes qu'ils soient aryens ou juifs."

Autre élément d'intérêt du programme communiste en matière de politique intérieure, le chapitre "POUR LE JUGEMENT DES RESPONSABLES DE LA GUERRE" dans lequel le Parti communiste dresse une liste nominative d'hommes politiques de la IIIe République qui devront être jugés par une nouvelle juridiction - la "Cour suprême de justice populaire" - pour leur responsabilité dans la guerre franco-allemande de 1939-1940 !!!

Seront notamment visés par cette procédure digne des procès de Moscou les présidents de la République, de la Chambre des députés et du Sénat ainsi que deux anciens présidents du Conseil : Edouard Daladier, radical-socialiste, et Léon Blum, socialiste. 


Partie III
Propagande

L'Humanité

Dans la clandestinité, les organisation communistes - Parti, mouvement de jeunesse, syndicats, comités populaires - défendront à chaque échelon - central, régional, local - le programme pacifiste "Pour le salut du Peuple de France" en utilisant une variété de supports : journaux (Doc. 2), tracts, papillons, brochures.

Le vecteur le plus important de cette propagande sur le plan hiérarchique sera l'organe central du PCF : l'Humanité.

La première mention du Programme "Pour le salut du peuple de France" apparaît dans l'Humanité n° 101 du 22 février 1941 :

"C'est sous le titre Pour le salut du peuple de France qu'est publié le programme du Parti Communiste Français (SFIC). Militants ! Faites en sorte que chaque français, que chaque française puisse le lire."

Le numéro suivant - l'Humanité n° 102 du 5 mars 1941 - appelle aussi les militants communistes à diffuser le programme du Parti :

"DEMANDEZ, LISEZ, FAITES CONNAITRE le programme du Parti Communiste publié clandestinement sous le titre "POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE" Le programme de la libération sociale et nationale de notre pays".

Le numéro spécial de l'Humanité du 18 mars 1941 commémorant la Commune de Paris publie un article de Maurice Thorez et Jacques Duclos intitulé "De 1871 à 1941 - Les capitalistes d'aujourd'hui sont les dignes héritiers des versaillais" dans lequel il est écrit que les militants communistes ont le "devoir" de faire connaître aux masses le programme du Parti :

"Comme le recommande le programme du Parti que les communistes ont le devoir de faire connaître par la masse des Français, il est indispensable qu'ouvriers, paysans, petites gens, ménagères, mères de famille luttent pied à pied pour défendre leur pain et celui de leurs enfants; il est indispensable aussi que les travailleurs qui suivaient hier les chefs du Parti radical et du Parti socialiste s'unissent à leurs communistes pour former un véritable Front populaire de lutte qui demain fera flotter à nouveau sur note pays, et cette fois pour toujours, le grand drapeau du pain, de la liberté et de la paix, le drapeau de la France libre et indépendante."

Enfin, dans son numéro spécial du 1er mai 1941 - tiré à 1 000 000 d'exemplaires (1) - l'Humanité rend hommage au programme communiste, au Parti communiste et à la Jeunesse communiste dans un article titré "Pour le Salut du Peuple de France" :

"C'est sous ce titre que le Parti communiste a publié son programme de libération sociale et nationale de la France qu'il faut faire connaître à la masse des Français pour leur montrer le chemin de la délivrance.
Vive le Parti communistes français (SFIC) qui lutte sous la direction de son Comité central et de ses chefs aimés Thorez, Duclos, Marty, Cachin, Frachon, Ramette, Monmousseau, etc...
Vive la Jeunesse communiste qui, dirigée par Raymond Guyot, travaille à rassembler la jeunesse de France sous le drapeau du communisme."

On pourra aussi illustrer la propagande du Parti communiste avec un papillon - support de propagande de taille réduite permettant un grand tirage - et un tract.

Dans le papillon "Pour le salut du peuple de France" diffusé au printemps 1941 on peut notamment lire :

"C'est sous ce titre que le PARTI COMMUNISTE a publié clandestinement
LE PROGRAMME DE LA LIBERATION SOCIALE ET NATIONALE DE LA FRANCE"


"Français, Françaises, demandez, lisez l'Humanité (clandestine). Demandez, lisez, le programme du Parti Communiste "Pour le Salut du Peuple de France", le programme de la libération nationale de notre pays."

(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 409. [(Voir note précédente). Le télégramme indique : "Premier numéro de mai Humanité - un million"].


Partie IV


Invasion de l'URSS

Le 22 juin 1941, l'Allemagne est en mesure d'envahir l'Union soviétique en raison de leur frontière commune issue de leur partage de la Pologne en septembre 1939. Cette attaque marque la fin de l'alliance germano-soviétique dont le fondement était le Pacte de non-agression du 23 août 1939 et le Traité de frontières et d'amitié du 28 septembre 1939.

On fera remarquer que sans cette initiative d'Hitler les communistes auraient été les alliés des nazis jusqu'en 1954 aux termes de l'article 6 du Pacte germano-soviétique :

"Le présent traité est conclu pour une durée de dix ans avec cette stipulation que, si l'un des deux contractants ne le dénonce pas une année avant l'expiration de ce délai, la durée de la validité de ce traité sera considérée comme prolongée automatiquement pour une période de cinq ans."

Pour sa défense l'URSS peut compter sur le soutien de l'Internationale communiste qui mobilise immédiatement ses membres.

La Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC) autrement dit le Parti Communiste Français (PCF) reçoit ses Instructions dans un télégramme du 25 juin 1941 co-signé par son secrétaire général, Maurice Thorez, qui s'est réfugié en Russie après sa désertion en octobre 1939 :

"Le moment est venu rechercher et organiser contacts directs avec mouvement gaulliste, dont partisans comprennent que lutte héroïque peuple soviétique contre agression hitlérienne répond intérêts peuple français et que libération France est liée à victoire Union soviétique. Collaboration doit s'établir sur la base suivante. Lutte commune pour libération nationale. Efforts communs contre ennemi commun, le fascisme allemand". (1)

Dans ce télégramme, Moscou recommande aux communistes français de "rechercher et organiser contacts directs avec mouvement gaulliste" pour combattre ensemble un "ennemi commun : le fascisme allemand".

C'est sur la base de ces instructions que le Parti communiste s'engagera dans la lutte contre l'occupant allemand.

Cet engagement marquera un changement radical de sa ligne politique. On pourra illustrer ce fait en soulignant trois points fondamentaux. Tout d'abord, pour justifier son combat contre les Allemands, le Parti communiste définira la guerre contre l"Allemagne nazie comme une guerre antifasciste. Dans la période précédente son opposition à la guerre était fondée sur la dénonciation de son caractère impérialiste. Ensuite, il abandonnera son programme de gouvernement de février 1941 intitulé "Pour le salut du Peuple de France" dans lequel il plaidait pour la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste. Enfin, il n'accusera plus le Général de Gaulle d'être un traître au service de l'impérialisme anglais. Il le célébrera comme un patriote qui se bat pour libérer son pays de la barbarie nazie avec le soutien de l'héroïque Angleterre.

Les communistes se battront contre les Allemands dans le but de libérer leur patrie : l'Union soviétique.

Preuve que cet objectif sera bien celui des communistes, l'IC précise dans son télégramme que "libération France est liée à victoire Union soviétique" autrement dit la libération de la France sera la conséquence de celle de l'Union soviétique. La première sera donc subordonnée à la seconde.

Tous ces éléments imposent de faire une claire distinction entre Résistance française et Résistance communiste. La première fondée par le Général de Gaulle en juin 1940 a pour objectif de libérer la France. La seconde initiée par le PCF en juin 1941 est un soutien à l'effort de guerre soviétique.

La création par les communistes de structures non partisanes ayant pour objectif la libération de la France ne sera qu'une tactique visant à recruter des Français pour combattre les Allemands. L'objectif stratégique sera toujours le même.

(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, pp. 441-442.


Partie V
Programme censuré
Historiographie

En publiant en février 1941 son programme de gouvernement, le Parti communiste expose avec clarté son projet pour la France : former un Gouvernement du Peuple qui établira des "relations PACIFIQUES" entre la France et l'Allemagne et instaurera des "rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand" dans le cadre "d'une politique de paix destinée à tenir la France en dehors du conflit impérialiste".

Symbole et aboutissement de la politique pacifiste du PCF entre 1939 et 1941, le programme "Pour le salut du peuple de France" n'est jamais mentionné ni par les historiens communistes ni par les historiens officiels puisque ce texte contredit leur thèse. Les premiers soutiennent que le PCF s'est engagé dans la Résistance à la défaite de la France en juin 1940, les seconds qualifient d'attentiste la politique du PCF pour la période antérieure à son entrée dans la lutte armée en juin 1941.

D'ailleurs, dans les rares cas où les historiens font référence à ce texte, ils n'en retiennent aucunement la dimension pacifiste. On citera comme exemple un extrait de l'ouvrage "Le PCF dans la guerre" de l'historien Stéphane Courtois : 

"En févier 1941, un texte de fond, intitulé « Salut au peuple de France [sic]. Manifeste programme du comité central du PC (SFIC) », confirme l'infléchissement de décembre 1940. L'Humanité s'y réfère dès le 22 février 1941. La direction y fixe les objectifs à court terme d'un « gouvernement du peuple ». En politique extérieure, elle réclame la « libération du territoire national et des prisonniers de guerre ». Mais, si cet objectif répond aux intérêts nationaux de la France, le PCF n'indique aucun moyen d'y parvenir". (1)

L'historien considère que le manifeste-programme "Pour le salut du peuple de France" illustre la ligne patriotique du PCF au motif que ce texte "confirme l'infléchissement de décembre 1940". Cet infléchissement fait référence à la brochure La politique de Montoire-sur-(le-)Loir publiée en décembre 1940 que l'historien analyse comme une manifestation du patriotisme du PCF au motif que ce texte est une condamnation de la collaboration pétainiste.

En réalité, cette brochure reflète parfaitement dans ses deux parties le pacifisme du PCF. En effet, la première partie condamne la politique du Maréchal Pétain au motif que la collaboration pétainiste ne garantira pas la Paix avec l'Allemagne. Quant à la seconde, elle est consacrée au projet du Parti communiste qui prévoit notamment la constitution d'un gouvernement de Paix dirigé par son secrétaire général, Maurice Thorez. On fera remarquer que le motif pour lequel la politique du Maréchal est condamnée ainsi que le projet pacifiste des communistes ne sont pas mentionnés dans l'analyse de Stéphane Courtois.

L'historien indique ensuite que le Parti communiste fixe dans ce programme, qualifié de patriotique, un objectif qui "répond aux intérêts nationaux de la France" : "« libération du territoire national et des prisonniers de guerre »". Il ajoute que ce dernier n'indique, toutefois, "aucun moyen d'y parvenir".

Pourtant, le programme du PCF fixe clairement le moyen de parvenir à la "Libération du territoire national et des prisonniers de guerre" :

"Pour mener cette tâche à bien, le Gouvernement du Peuple mettrait tout en œuvre pour établir des relations PACIFIQUES avec tous les peuples; il s'appuierait sur la puissance que lui conféreraient LA CONFIANCE DU PEUPLE FRANCAIS, LA SYMPATHIE DES AUTRES PEUPLES ET L'AMITIE DE L'UNION SOVIETIQUE."

(1) S. Courtois, Le PCF dans la guerre, 1980, pp. 161-162.


Document 1 Tract de février 1941 intitulé "Pour le salut du Peuple de France" reproduit dans les Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941











Document 2 : Articles de la presse centrale, régionale et locale du Parti communiste mentionnant entre février et juin 1941 le programme de gouvernement "Pour le salut du peuple de France".


FEVRIER 1941


"C'est sous le titre Pour le salut du peuple de France qu'est publié le programme du Parti Communiste Français (SFIC). Militants ! Faites en sorte que chaque français, que chaque française puisse le lire."

(L'Humanité n° 101 du 22 février 1941- Organe central du PCF)
Première mention dans l'Humanité, organe central du Parti communiste français, du programme "Pour le salut du peuple de France".


MARS 1941


"Français, Françaises, Demandez, lisez,
faites circuler "l'Humanité" (clandestine)
Demandez, lisez, faites circuler le programme
du Parti Communiste Français
"Pour le salut du peuple de France",
le programme de la libération sociale et
nationale de notre pays"

(La Politique communiste n° 3 de mars 1941)


SOUS LE DRAPEAU DU COMMUNISME
Ouvriers et Paysans de la Somme, Unissez-vous

Les documents distribués à profusion dans le Département ont ouvert les yeux des plus crédules et montré combien le Parti Communiste Français avait eu raison de lutter avec courage contre la guerre impérialiste. [...]
La population picarde a souffert plus que partout ailleurs de cette guerre criminelle déclenchée par les bandits au pouvoir et leurs valets socialistes et réformistes. [...]
Mais la malédiction de tout un peuple trahi monte, vengeresse, vers ces hommes qui ont voulu la guerre et préparé la défaite.
Comme l'indique le Programme du Parti Communiste Français : "Oui, de toutes ses forces le Peuple veut que l'on fixe toutes les responsabilités et que l'on châtie tous les coupables [...]".
Guerre capitaliste - défaite capitaliste ! Asservissement et menaces nouvelles de guerres capitalistes !
"Oui, le peuple de France veut la Paix", dit le PROGRAMME :
"Non, le peuple de France ne veut pas prendre part, à nouveau, à la guerre impérialiste. Il veut créer des relations pacifiques avec tous les pays, avec tous les peuples. [...]"
TRAVAILLEURS de la terre et des usines; Intellectuels, Rassemblez vous sous le drapeau du Parti Communiste.
Socialistes, Syndicalistes, Républicains, dont les chefs ont trahi le peuple et les intérêts de la France, faites vôtre notre Programme.
Pour que vive la France; pour le bonheur de son peuple, TRAVAILLEURS PICARD UNISSEZ-VOUS

CATELAS Jean
Député d'Amiens, membre du Comité Central

(Le Travailleur Picard  n° 5 de mars 1941 - Organe régional du PCF - Région de la Somme)
Député de la Somme, Jean Catelas est passé dans la clandestinité en octobre 1939 après l'ouverture d'une procédure judiciaire contre le groupe parlementaire communiste auquel il était reproché d'avoir remis au président de la Chambre à la fin de la Campagne de Pologne une lettre dans laquelle il demandait l'organisation d'un vote du Parlement en faveur de la Paix avec l'Allemagne.

Il fait partie des 9 députés qui échappèrent à l'arrestation et qui pour ce motif furent poursuivis pour trahison dans une seconde procédure.

Jugé en avril 1940 pour la première affaire - la lettre au président Herriot du 1er octobre 1939 - Jean Catelas a été condamné à 5 ans de prison ferme.

En juin 1940, le Parti communiste a négocié avec les autorités allemandes la légalisation de ses activités et notamment de sa presse. 

Responsable des 5 Régions parisiennes du Parti communiste, Jean Catelas a été l'un des acteurs de ces négociations en signant notamment en tant que membre du Comité central la Demande de parution de l'Humanité sous censure allemande du 26 juin 1940.

Plaidoyer enthousiaste pour le programme pacifiste du Parti communiste intitulé "Pour le salut du peuple de France", son article publié en mars 1941 dans Le Travailleur Picard est encore un témoignage de son engagement en faveur de la Paix avec l'Allemagne nazie. 


Extrait n° 1 :

"LE PARTI COMMUNISTE TRAVAILLE AU SALUT DU PEUPLE DE FRANCE.
TRAVAILLEURS DEMANDEZ LE PROGRAMME DU SALUT DE NOTRE PEUPLE A NOS DIFFUSEURS, ETUDIEZ-LE, DIFFUSEZ-LE, AGISSEZ SELON SES DIRECTIVES POUR UNE FRANCE LIBRE, FORTE ET HEUREUSE."

-------------------------------

Extrait n° 2 :

"Mais, conscient de sa force, de ses responsabilités, de la confiance de tout un peuple qui souffre, notre Parti communiste indomptable agit. Son programme "pour le salut du Peuple de France" vient de paraître en tract. Pas un mot de démagogie dans ce programme; rien qui soit étranger aux besoins immédiats de nos ouvriers, de nos paysans, des commerçants, des jeunes, des femmes, des mères, des prisonniers, des intellectuels. Un souci permanent d'agir pour le peuple et par lui, sous son contrôle constant, avec sa participation active réalisée par la démocratie la plus large dans un renouveau de libertés non plus formelles mais garanties."

(L'Humanité - édition Normande - n° 30 publiée en mars 1941)
Par son contenu, ce numéro peut être daté de mars 1941 : discours de Pétain à St-Etienne, adhésion de la Bulgarie au Pacte tripartite, mention que "depuis 8 mois ce gouvernement de gangsters..." et enfin référence au programme communiste qui "vient de paraître en tract".


"DEMANDEZ, LISEZ, FAITES CONNAITRE le programme du Parti Communiste publié clandestinement sous le titre "POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE". Le programme de la libération sociale et nationale de notre pays"

(L'Humanité n° 102 du 5 mars 1941 - Organe central du PCF)


" « Nationalisation, sans indemnité, des banques, compagnies d'assurances, mines, chemins de fer et de l'ensemble des Sociétés capitalistes aryennes ou juives (électricité, produits chimiques, textile, métallurgie, gaz, etc.) ». C'est simple, net et conforme à l'intérêt de la Jeunesse Française. C'est le premier article de politique intérieure du GOUVERNEMENT DU PEUPLE pour lequel lutte le Grand Parti Communiste de Maurice THOREZ et Jacques DUCLOS."

(L'Avant-garde n° 38 du 7 mars 1941 - Organe central des Jeunesses communistes)
Dans ce plaidoyer pour un "Gouvernement du Peuple" autrement dit un Gouvernement de Paix communiste, L'Avant-garde cite la première mesure du chapitre "POUR METTRE LES OLIGARCHIES CAPITALISTE HORS D'ETAT DE NUIRE" du programme "Pour le salut du peuple de France".


" Dans le programme du Parti Communiste "Pour le Salut de la France" (sic), nous relevons : « Rétablissement du droit syndical pour tous les ouvriers de l'industrie, du commerce, et de l'agriculture, ainsi que pour les fonctionnaires »."

(La Vie ouvrière n° 27 du 8 mars 1941 - Organe de la CGT, tendance communiste)


Pour le salut du Peuple de France
tel est le titre du programme du [Parti] Communiste Français, Diffusez-le.

(L'Humanité - édition Bordelaise - n° 67 du 11 mars 1941)


"Le programme du Parti communiste édité clandestinement sous le titre « Pour le salut du peuple de France » associe les revendications des masses ouvrières et des masses paysannes".

(L'Humanité numéro spécial du 18 mars 1941 - Organe central du PCF)


"Demandez, lisez, faites circulez les journaux et tracts du Parti.
Lisez, étudiez et faites connaître le programme du Parti publié sous le titre :
              "POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE"
le programme de la libération sociale et nationale du pays."

(En Avant n° 1 de févier-mars 1941- Organe régional du PCF - Région Paris-Nord)


"Sous la signature du comité central du Parti communiste Français un tract vient de sortir. De ce tract-programme "Pour le salut du peuple de France", nous extrayons les passages suivants : " [...]".
Le peuple de France ne trouvera son salut, ni dans la clique Pétain-Darlan, ni dans celle de Laval, ni dans celle de de Gaulle, mais dans un gouvernement du peuple au service du peuple."

(L'Echo du canton de Boissy St-Léger n° 2 de mars 1941 - Organe de la Section communiste du Canton de Boissy Saint-léger)
Ce journal local reproduit l'intégralité du chapitre "Les deux clans de Vichy" du manifeste "Pour le salut du peuple de France".


"C'est avec confiance, que sous la direction de Maurice THOREZ, du Comité Central de notre Parti que nous envisageons l'avenir. "L'avenir appartient aux communistes" c'est vers lui que nous marchons et rien ne nous arrêtera.
Notre Parti n'a jamais été aussi fort, débarrassé des lâches et des traîtres, c'est avec confiance et fierté que nous accomplissons notre tâche.
Nous luttons "Pour le salut du Peuple de France".
Le Peuple de France veut la Paix, il veut que soient libérés le sol national et ses fils prisonniers de guerre.
Le Peuple de France considère qu'il est d'un intérêt vital pour lui d'établir de solides liens d'amitié avec le grand Pays des Soviets.
La France veut un Gouvernement qui soit l'émanation du peuple, un gouvernement qui, en s'appuyant sur le peuple, serait capable de réaliser à l’œuvre indispensable de salut national !
Le gouvernement du Peuple, expression de la volonté nationale et non d'une conjuration de profiteurs comme l'est la clique de Vichy prendrait immédiatement les décisions de politique extérieure et intérieure indispensables au salut du pays.
"Peuple de France, c'est entre tes mains qu'est l'arme de ta délivrance; c'est par l'union et par la lutte que tu sauras et que tu feras de notre pays, dans une Europe libérée de la domination capitaliste, une France libre, forte et heureuse."
Cette union nécessaire se réalise autour du Parti Communiste Français sous le glorieux drapeau de Marx-Engels-Lénine-Staline, lutte pour la libération sociale et nationale de la France."

(Lutter et vaincre numéro spécial de mars-juin 1941 - Organe régional du PCF - Région Paris-Sud)
Ce texte est composé en grande partie de citations tirées du manifeste "Pour le salut du peuple de France".


"Lisez, diffusez le programme du Parti Communiste Français "POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE"."

(Lutter et vaincre numéro spécial de mars-juin 1941 - Organe régional du PCF - Région Paris-Sud)


AVRIL 1941


Pour le Salut du Peuple de France

Travailleurs Berrichons, [avez] vous lu le programme du Gouvernement du Peuple
Demandez- le à nos Amis !
Lisez-le, faites-le circuler !

(L'Emancipateur d'avril 1941 - Organe régional du PCF - Région Cher)


PAS DE NOUVEAU "SAC AU DOS"
POUR LES BRIGANDS IMPERIALISTES.

Les groupes impérialistes rivaux poursuivent la plus féroce et la plus atroce des guerres. Les uns et les autres n'osent avouer les véritables mobiles qui les animent.
Churchill, aidé par Roosevelt, tue au nom de liberté et de la démocratie, mais les colonies anglaises sont sous le joug, le parti communiste anglais est frappé, sa presse interdite, cependant que les milliers de grévistes américains sont aux prises avec une police de gangsters au service des multimilliardaires marchands de canons.
Hitler mène "la guerre du sang contre l'or", "du travail contre la ploutocratie" mais les communistes et pacifistes allemands sont torturés, mais les communistes français, leur presse, leurs militants sont traqués.
La vérité est plus matérielle, plus cynique aussi. Il s'agit du deuxième partage du monde, de ses sources de matières premières, de ses marchés, que de se disputent les rivaux.
La France vaincue reste un enjeu important des deux clans qui agissent pour le plus grand mal de notre peuple, sans se soucier un instant de nos intérêts nationaux. Toutes les armes sont employées pour nous faire remettre "sac au dos". Le chantage à la famine des maîtres de De Gaulle n'a d'égal que la menace de la force des maîtres de Laval, Déat, Doriot. Les provocations se multiplient pour nous entraîner dans la mêlée, tel l'incident de Nemours.
Dans ces conditions, ne nous lassons jamais de répéter que les Français aiment leur pays; qu'ils le veulent libre, indépendant; qu'ils ont en horreur la guerre impérialiste. Ils ne se battront ni pour l'Allemagne, ni pour l'Angleterre, mais pour un gouvernement du Peuple qui libérera le territoire et les prisonniers de guerre, qui établira des relations pacifiques et fraternelles avec tous les autres peuples, qui se liera d'amitié avec le champion de la Paix qu'est l'URSS, qui fera la seule et vraie politique française, celle que veulent et que feront les communistes.

(L'Avenir normand n° 1 d'avril 1941 - Organe régional du PCF - Région Normandie)
En avril 1941 paraît clandestinement le premier numéro de l'Avenir normand, organe de la Région Normandie du Parti communiste. Le rédacteur de ce numéro imprimé est le dirigeant régional André Pican.

L'article "Pas de nouveau "sac au dos" pour les brigands impérialistes" reflète parfaitement la position définie par la direction centrale du Parti communiste :

1) dénonciation du caractère impérialiste de la guerre qui oppose l'Angleterre démocratique à l'Allemagne nazie.

2) condamnation du Général de Gaulle accusé de servir l'impérialisme anglais.

3) appel à former un Gouvernement du Peuple "qui établira des relations pacifiques et fraternelles avec tous les autres peuples" et notamment... le peuple allemand.

Les revendications associées au Gouvernement du Peuple sont tirées du chapitre Politique extérieure du programme "Pour le salut du peuple de France".


"Les Normands ont du bons sens et savent que le capitalisme, voilà l'ennemi ! Ils prennent la voie juste, comme en témoigne l'accueil qu'ils réservent au Programme de notre Parti : "Pour le Salut du peuple de France"."

(L'Avenir normand n° 1 d'avril 1941 - Organe régional du PCF - Région Normandie)


"La solution pour tous les maux dont nous souffrons se trouve dans le tract rédigé par le comité central du parti communiste, et intitulé "POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE"
PAYSANS... lisez ce programme et faites-le circulez."

(L'Enchaîné - édition Paysanne - n° 24 du 6 avril 1941 - Organe régional du PCF - Région Pas-de-Calais)


LE PROGRAMME [DU GOUVERNEME]NT DU PEUPLE

"Pour le Salut du peuple de France" c'est le programme du [gouverne]ment du Peuple, édité clandestinement par le Parti Communiste, où les droits de la Jeunesse ont une place de premier plan : Droit à l'instruction, droit au repos, droit à la joie, droit [au foyer] et avant tout :
DROIT AU TRAVAIL :
- Création d'un vaste réseau d'Ecoles d'apprentissage correspondant aux diverses branches de la production pour les jeunes gens et les jeunes filles.
- Droit à un métier pour chaque citoyen et chaque citoyenne.
- Droit pour le Jeune ouvrier doué, d'accéder à des Ecoles techniques supérieures pour devenir Ingénieur, en continuant à percevoir son salaire.
- Obligation pour la société de donner du travail à tous, ce qui est seulement possible avec la disparition du régime capitaliste.
JEUNES, à l'appel de la Jeunesse Communiste, luttez derrière le Parti Communiste, Parti de la libération sociale et nationale de notre pays, POUR LE GOUVERNEMENT DU PEUPLE !

(L'Avant-garde n° 44 du 16 avril 1941 - Organe central des Jeunesses communistes)


MAI 1941


Pour le Salut du Peuple de France

C'est sous ce titre que le Parti communiste a publié son programme de libération sociale et nationale de la France qu'il faut faire connaître à la masse des Français pour leur montrer le chemin de la délivrance.
Vive le Parti communiste (S.F.I.C) qui lutte sous la direction de son Comité central et de ses chefs aimés Thorez, Duclos, Marty, Cachin, Frachon, Ramette, Monmousseau, etc...
Vive la Jeunesse communiste qui, dirigée par Raymond Guyot, travaille à rassembler la jeunesse de France sous le drapeau du communisme.

(L'Humanité numéro spécial du 1er mai 1941 - Organe central du PCF)


CAMARADES...
Avez-vous lu le programme du
PARTI COMMUNISTE FRANCAIS
publié clandestinement sous le titre
"POUR LE SALUT DU PEUPLE FRANCAIS" (sic)

(Le Cheminot n° 1 de mai 1941 - Organe syndical)


"Dans son programme qu'il a publié clandestinement sous le titre « POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE », le Parti Communiste en préconisant la formation d'un GOUVERNEMENT DU PEUPLE, EXPRESSION DE LA VOLONTE NATIONALE » indique parmi les buts de politique extérieure à atteindre « LA LIBERATION DU TERRITOIRE NATIONALE ET DES PRISONNIERS DE GUERRE. » « LA CONCLUSION D'UN PACTE D'AMITIE ET D'UN TRAITE COMMERCIAL AVEC L'URSS. » « LA POURSUITE RESOLUE D'UNE POLITIQUE DE PAIX DESTINEE A TENIR LA FRANCE HORS DU CONFLIT. »"


Que dans tous les foyers Picards, le programme du PARTI COMMUNISTE FRANCAIS pénètre.
Aidez les vaillants diffuseurs de la littérature du Parti communiste.
Lisez et popularisez, le programme du PARTI COMMUNISTE FRANCAIS.
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La Région Picarde du Parti Communiste Français

(Le Travailleur Picard n° 18 publié en juin 1941 - Organe régional du PCF - Région Picardie)