Le 25 juin 1940 à Bordeaux, le Maréchal Pétain prononce un discours radiodiffusé dans lequel il expose les causes et les conditions de la défaite française, justifie la signature ainsi que les clauses de l'armistice franco-allemand et enfin fixe les conditions du relèvement de la France.
Dans cette allocution prononcée le jour de l'entrée en vigueur de l'armistice franco-allemand, le président du Conseil fait notamment une référence au Général de Gaulle et à ses appels à la Résistance des 18 et 22 juin 1940 :
La guerre était perdue dans la métropole, fallait-il la prolonger dans
les colonies ? Je ne serais pas digne de rester à votre tête si
j'avais accepté de répandre le sang français pour prolonger le rêve de
quelques Français mal instruits des conditions de la lutte. Je n'ai pas
voulu placer hors du sol de France ni ma personne, ni mon espoir.
Le lendemain à Londres, le Général de Gaulle prendra la parole sur les antennes de la BBC pour condamner ce discours qui marque la défaite de la France : "Monsieur le Maréchal, dans ces heures de honte et de colère pour la Patrie, il faut qu’une voix vous réponde. Ce soir, cette voix sera la mienne".
Condamné par le Général de Gaulle ce discours du Maréchal Pétain sera approuvé par les... communistes. En effet, dans une lettre du 19 décembre 1940 demandant la libération des 27 députés communistes détenus à la prison du Puy-en-Velay, François Billoux, qui est aussi membre du Bureau politique du PCF, écrit :
Le lendemain à Londres, le Général de Gaulle prendra la parole sur les antennes de la BBC pour condamner ce discours qui marque la défaite de la France : "Monsieur le Maréchal, dans ces heures de honte et de colère pour la Patrie, il faut qu’une voix vous réponde. Ce soir, cette voix sera la mienne".
Condamné par le Général de Gaulle ce discours du Maréchal Pétain sera approuvé par les... communistes. En effet, dans une lettre du 19 décembre 1940 demandant la libération des 27 députés communistes détenus à la prison du Puy-en-Velay, François Billoux, qui est aussi membre du Bureau politique du PCF, écrit :
"Le 26 juin 1940, dans un manifeste, vous disiez, monsieur le Maréchal : "Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal" [NdB : discours du 25 juin 1940]. Il
faudrait alors pour dissiper un certain nombre de mensonges que vous
fassiez connaitre à l'ensemble de la population de France :
1° La lettre du groupe ouvrier et paysan français adressée le 1er octobre 1939 au Président de la Chambre;
2° les comptes rendus des débats de notre procès et de la déclaration que j'ai lue au nom de tous mes amis au terme de ces débats. Dans cette déclaration [NdB : prononcée le 3 avril 1940] nous disions :
"Nous
sommes poursuivis parce que nous nous sommes dressés et que nous nous
dresserons avec la dernière énergie contre la guerre impérialiste qui
sévit sur notre pays, parce que nous appelons le peuple à exiger qu'il y
soit mis fin par la paix, parce que nous indiquons au peuple de France
le moyen de rendre notre pays libre et heureux."
Et, plus loin :
"Les
Gouvernants français et capitalistes au nom de qui ils agissent tentent
de faire croire que les responsabilités de la guerre impérialiste sont
unilatérales, qu'eux-mêmes n'y sont pour rien, que le peuple de France
se bat pour la justice, la liberté et l'indépendance des peuples.
Mensonges..."."
Document 1 :
Discours du Maréchal Pétain
du 25 juin 1940 |
Français !
Je
m'adresse aujourd'hui à vous, Français de la Métropole et Français
d'outre-mer, pour vous expliquer les motifs des deux armistices conclus,
le premier avec l'Allemagne il y a trois jours, le second avec
l'Italie.
Ce qu'il faut d'abord souligner, c'est l'illusion
profonde que la France et ses alliés se sont faite sur la véritable
force militaire et sur l'efficacité de l'arme économique : liberté des
mers, blocus, ressources dont ils pouvaient disposer.
Pas plus
aujourd'hui qu'hier on ne gagne une guerre uniquement avec de l'or et
des matières premières. La victoire dépend des effectifs, du matériel et
des conditions de leur emploi. Les événements ont prouvé que
l'Allemagne possédait, en mai 1940, dans ce domaine, une écrasante
supériorité à laquelle nous ne pouvions plus opposer, quand la bataille
s'est engagée, que des mots d'encouragement et d'espoir.
La
bataille des Flandres s'est terminée par la capitulation de l'armée
belge en rase campagne et l'encerclement des divisions anglaises et
françaises. Ces dernières se sont battues bravement. Elles formaient
l'élite de notre armée; malgré leur valeur, elles n'ont pu sauver une
partie de leurs effectifs qu'en abandonnant leur matériel.
Une
deuxième bataille s'est livrée sur l'Aisne et sur la Somme. Pour tenir
cette ligne soixante divisions françaises, sans fortifications, presque
sans chars, ont lutté contre 150 divisions d'infanterie et 11 divisions
cuirassées allemandes. L'ennemi, en quelques jours, a rompu notre
dispositif, divisé nos troupes en quatre tronçons et envahi la majeure
partie du sol français.
La guerre était déjà gagnée
virtuellement par l'Allemagne lorsque l'Italie est entrée en campagne,
créant contre la France un nouveau front en face duquel notre armée des
Alpes a résisté.
L'exode des réfugiés a pris, dès lors, des
proportions inouïes. Dix millions de Français, rejoignant un million et
demi de Belges, se sont précipités vers l'arrière de notre front dans
des conditions de désordre et de misère indescriptibles.
A partir du 15 juin, l'ennemi, franchissant la Loire, se répandait à son tour sur le reste de la France.
Devant
une telle épreuve, la résistance armée devait cesser. Le Gouvernement
était acculé à l'une de ces deux décisions : soit demeurer sur place, soit prendre la mer. Il en a délibéré et s'est résolu à rester en
France pour maintenir l'unité de notre peuple et le représenter en face
de l'adversaire. Il a estimé que, dans de telles circonstances, son devoir
était d'obtenir un armistice acceptable en faisant appel chez
l'adversaire au sens de l'honneur et de la raison.
L'armistice
est conclu, le combat a pris fin.
En ce jour de deuil national, ma
pensée va à tous les morts, à tous ceux que la guerre a meurtris dans
leur chair et dans leurs affections. Leur sacrifice a maintenu haut et
pur le drapeau de la France. Ils demeurent dans nos mémoires et dans
nos cœurs.
Les conditions auxquelles nous avons dû souscrire
sont sévères. Une grande partie de notre territoire va être
temporairement occupée. Dans tout le nord et dans l'ouest de notre pays,
depuis le lac de Genève jusqu'à Tours, puis le long de la côte, de
Tours aux Pyrénées, l'Allemagne tiendra garnison. Nos armées devront
être démobilisées, notre matériel remis à l'adversaire, nos
fortifications rasées, notre flotte désarmée dans nos ports. En
Méditerranée, des bases navales seront démilitarisées.
Du moins
l'honneur est-il sauf. Nul ne fera usage de nos avions et de notre
flotte. Nous gardons les unités terrestres et navales nécessaires au
maintien de l'ordre dans la métropole et dans nos colonies. Le
gouvernement reste libre, la France ne sera administrée que par des
Français.
Vous étiez prêts à continuer la lutte, je le savais.
La guerre était perdue dans la métropole. Fallait-il la prolonger dans
les colonies ? Je ne serais pas digne de rester à votre tête si
j'avais accepté de répandre le sang français pour prolonger le rêve de
quelques Français mal instruits des conditions de la lutte. Je n'ai pas
voulu placer hors du sol de France ni ma personne, ni mon espoir. Je
n'ai pas été moins soucieux de nos colonies que de la métropole.
L'armistice sauvegarde les liens qui l'unit à elles. La France a le
droit de compter sur leur loyauté.
C'est vers l'avenir que,
désormais, nous devons tourner nos efforts.
Vous serez bientôt rendus à vos foyers. Un ordre nouveau commence. Certains auront à le
reconstruire. Vous avez souffert. Vous souffrirez encore.
Beaucoup d'entre vous ne retrouveront pas leur métier ou leur maison.
Votre vie sera dure. Ce n'est pas moi qui vous bernerai par des paroles
trompeuses. Je hais les mensonges qui vous ont fait tant de mal. La
terre, elle, ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la
patrie elle-même. Un champ qui tombe en friche, c'est une portion de
France qui meurt. Une jachère de nouveau emblavée, c'est une portion de
France qui renaît. N'espérez
pas trop de l'Etat qui ne peut donner que ce qu'il reçoit. Comptez pour
le présent sur vous-mêmes et, pour l'avenir, sur les enfants que vous
aurez élevés dans le sentiment du devoir.
Nous
avons à restaurer la France, montrez-la au monde qui l'observe, à
l'adversaire qui l'occupe, dans tout son calme, tout son labeur et toute
sa dignité. Notre défaite est venue de nos relâchements. L'esprit de
jouissance détruit ce que l'esprit de sacrifice a édifié. C'est à un
redressement intellectuel et moral que, d'abord, je vous convie.
Français, vous l'accomplirez et vous verrez, je vous le jure, une France
neuve surgir de votre ferveur.
Le Maréchal Pétain,
Appels aux Français, Editions F. Sorlot, 1940. |