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Comment décrire en septembre 1940 dans une France occupée par les nazis la Campagne de Pologne de septembre 1939 sans faire référence aux Allemands ? Demandez aux communistes.

Entre juin 1940 (défaite de la France) et juin 1941 (invasion de l'URSS par les armées allemandes), dans une France occupée par les nazis sur les trois-cinquièmes de son territoire, en totale conformité avec les Instructions de Moscou, le Parti communiste français s'est mobilisé sur une ligne pacifiste, germanophile, anglophobe et anti-gaulliste.

La germanophilie du Parti communiste s'est manifesté dans ses appels à fraterniser avec les Allemands à l'été 1940, dans son programme de gouvernement de février 1941 intitulé "Pour le salut du Peuple de France" dans lequel il s'engageait à établir des relations fraternels entre le peuple français et le peuple allemand ou encore dans ses silences sur l'Allemagne en général et sur Hitler en particulier.

On pourra illustrer ce dernier point avec un article publié dans les Cahiers du bolchevisme du 3e trimestre 1940 sous le titre... "La politique de paix des communistes".

D'une cinquantaine de pages, ce numéro de l'organe théorique du PCF se compose de quatre parties. La première reprend les textes les plus importants diffusés par le Parti communiste au cours de l'été 1940. Le contenu des trois autres est défini par leur titre : "Doctrine et histoire", "Politique internationale", "Au pays du socialisme".
 
Rédigé en septembre 1940, l'article "La politique de paix des communistes" montre que le Parti communiste s'est toujours mobilisé en faveur de la Paix sur la période allant de la fin de la Première guerre mondiale à la défaite de la France en juin 1940 et qu'en conséquence il est le seul parti légitime pour diriger un Gouvernement de Paix.

Dans la partie 5 intitulée "Octobre 1939 : nouveaux efforts des communistes" pour la paix, l'auteur du texte réussit l'exploit de décrire la Campagne de Pologne de septembre 1939 sans faire référence... aux Allemands :

"La guerre est déclarée par la Grande-Bretagne d'abord, par la France ensuite. Elle se déroulera pendant 15 jours sur le territoire de la Pologne. Ceux qui la conduisent en Pologne, seront quelques mois après accusés de trahison par leurs « successeurs » réfugiés en territoire français. Intérieurement disloqué par sa politique d'oppression des minorités nationales, de répression des mouvements populaires, accablé par vingt années de politique zigzagante et sans principe, l'Etat polonais s'effondre au bout de quinze jours. Pendant ces quinze jours aucune aide ne lui est venue de ses garants de Londres et de Paris.

Mais si la diplomatie coupable de la France et de l'Angleterre a rendu cet incendie et cette dévastation inévitables, par contre le Pacte soviéto-allemand a provoqué deux résultats salutaires. Il a épargné à l’État soviétique l'épreuve de la guerre. Sur la base des nouvelles relations soviéto-allemandes, l'URSS a libéré le 17 septembre les populations d'Ukraine occidentale et de Biélorussie annexées contre leur gré à l’État polonais.

[...] Le Traité soviéto-allemand est confirmé le 28 septembre par un accord Molotov-Ribbentrop qui entre autres dispositions délimite la frontière du territoire de l'URSS et de la zone d'intérêts de l'Allemagne."

Pour comparaison, on décrira la Campagne de Pologne en mettant en gras les faits que le texte communiste a par inadvertance oubliés :

Le 1er septembre 1939, Hitler a attaqué la Pologne. Pour défendre leur allié polonais, la France et l'Angleterre ont déclaré la guerre à l'Allemagne nazie le 3 septembre. Sur les Instructions de Staline, l'Armée rouge est entrée sur le territoire polonais le 17 septembre pour combattre les Polonais et se conformer ainsi au Pacte germano-soviétique du 23 août 1939. Bourreaux du peuple polonais, les nazis et les soviétiques se sont partagé la Pologne en signant le 28 septembre 1939 un Traité de frontières et d'amitié.