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"Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre"

Le numéro du 11 novembre 1941 de l'Etudiant patriote, organe du Front National des étudiants, illustre  l'engagement du Parti communiste et de toutes ces composantes dans la Résistance à l'occupation de la France par les armées allemande.

Dans ce numéro on peut en effet lire, mis en exergue dans la manchette, des vers de Péguy célébrant le sacrifice patriotique :
"HEUREUX CEUX QUI SONT MORTS POUR QUATRE COINS DE TERRE
POURVU QUE CE SOIT DANS UNE JUSTE GUERRE";

un appel à manifester le 11 novembre 1941 :
"LE 11 NOVEMBRE PROCHAIN DANS UN ARDENT PELERINAGE, NOUS DEFILERONS A NOUVEAU SOUS L'ARC DE TRIOMPHE. AUX MORTS DE 14-18, AUX MORTS DE 39-40, NOUS ASSOCIERONS TOUS CEUX QUI SONT TOMBES POUR DELIVRER LA FRANCE DU JOUG DE L'ETRANGER";

des extraits du manifeste diffusé par le Front National de la Jeunesse française qui est une déclinaison du Front National de lutte pour l'indépendance de la France créé par le Parti communiste en mai 1941 :
"LES JEUNES FRANÇAIS REVENDIQUENT L'HONNEUR D'ETRE A LA POINTE DU COMBAT ET D'AIDER A LA DEFAITE D'HITLER";

ou encore un éloge de la France Libre du Général de Gaulle :
- "Au delà des mers et dans les airs, les jeunes des forces libres du général De Gaulle se battent et meurent au service de la France",
- Mais le général de Gaulle a du caractère. [...] Ceux qui, au péril de leur vie, ont rejoint l'armée de de Gaulle ont du caractère."


Pour souligner le changement radical que provoqua sur la ligne politique du Parti communiste l'invasion de l'URSS par les armées allemandes le 22 juin 1941, on rappellera les faits suivants :

- Le premier numéro de l'Humanité clandestine du 26 octobre 1939 préféra mettre en valeur dans sa manchette une citation de Anatole France pour appuyer sa condamnation de la guerre contre l'Allemagne nazie :
"On croit mourir pour la France
On meurt pour les banquiers et les industriels".

- La Relève, journal clandestin de l'Union des Etudiants et Lycéens Communistes de France, condamna dans son numéro de décembre 1940 la participation des étudiants et des lycéens à la manifestation du 11 novembre 1940 :
"Nous vous laissez pas aller à la provocation comme celle qui fut organisée le 11 Novembre pour trouver un prétexte à la répression. Ne vous laissez pas entrainer dans des manifestations de caractère politique."

- Le Front National de lutte pour l'indépendance de la France fut créé en mai 1941 par le Parti communiste avec un objectif clairement pacifiste :
"IL NE FAUT PAS PERMETTRE QUE LE PEUPLE DE FRANCE, LES RESSOURCES DE NOTRE PAYS ET NOTRE TERRITOIRE SOIENT UTILISES DANS LA GUERRE ENTRE L'ALLEMAGNE ET L'ANGLETERRE".

- Dans son n° 16 de juillet 1940, L'Avant-Garde, organe central des Jeunesses communistes, appelait ses militants, dont Guy Môquet, à fraterniser avec les soldats allemands :
"L'OUVRIER ALLEMAND SOUS L'UNIFORME N'EST PAS VOTRE ENNEMI, CAUSEZ AVEC LUI".

- La France Libre du Général de Gaulle fut régulièrement condamnée dans la presse communiste comme dans ce numéro spécial de l'Humanité du 1 mai 1941 :
"Les impérialistes rivaux sont animés du même souci d'assassiner la liberté et quand les propagandistes anglais présentent le mouvement gaulliste comme un mouvement démocratique, ils mentent effrontément. Ce général à particule veut non pas la liberté de notre pays, il veut le triomphe des intérêts impérialistes auxquels il a lié son sort."


Pour terminer on citera Charles Péguy, mort pour la France les armes à la main en 1914, et Louis Aragon, fervent stalinien, pour mettre en évidence que les gaullistes, fondateurs de la Résistance, et les communistes, engagés dans la lutte armée contre l'occupation allemande à partir de juin 1941, ne défendaient pas la même patrie :


Eve

Heureux ceux qui sont morts pour la terre charnelle,
Mais pourvu que ce fût dans une juste guerre.
Heureux ceux qui sont morts pour quatre coins de terre.
Heureux ceux qui sont morts d'une mort solennelle.

Charles Péguy (1913).


Aux enfants rouges

Les trois couleurs à la voirie !
Le drapeau rouge est le meilleur !
Leur France, Jeune Travailleur,
N'est aucunement ta patrie.

Louis Aragon (1932).