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La Collaboration oubliée des trotskystes (I) : leur condamnation du débarquement des Alliés du 6 juin 1944

Pire que les staliniens français : les trotskystes français.

Si les premiers ont abandonné le défaitisme révolutionnaire après l'invasion de l'URSS le 22 juin 1941. Les seconds sont restés fidèles à cette ligne jusqu'à la défaite de l'Allemagne nazie.

Ainsi, contrairement à leurs camarades du Parti communiste, les trotskystes ont condamné le débarquement des Alliés du 6 juin 1944 en Normandie.

Une preuve : un appel aux "Travailleurs !" publié dans La Vérité du 10 juin 1944.

Dans cet appel, les trotskystes dénonçaient l'intervention anglo-américaine comme une nouvelle forme d'oppression du peuple français :

"Les forteresses volantes et les tanks d’Eisenhower n’apporteront pas la libération des travailleurs de l'Europe. A la place de l'impérialisme allemand qui s'écroule, ils viennent imposer la domination du capital financier yankee et anglais".
Ne soyons pas dupes de la propagande chauvine de la bourgeoisie «Alliée» et de ses agents"

Ajoutons une preuve supplémentaire : un appel aux "Travailleurs de l'Europe !" de juin 1944.

Toujours dans le but de convaincre les Français que les anglo-américains devaient être traités comme des ennemis, les trotskystes exposaient les conséquences d'une victoire des Alliés en ces termes : "La victoire des « alliés », c'est l'asservissement de l'Europe".

Ces deux appels contenaient d'autre part une condamnation de la Résistance française et un appel à fraterniser avec les soldats allemands.

Tous les ans, la France commémore le débarquement des Alliés du 6 juin 1944. Tous les ans, on oublie de rappeler l'opposition fanatique des trotskystes...

Le présent texte est composé de trois parties. Dans la Partie I, on définira les mots staliniens, trotskystes et défaitisme révolutionnaire. La Partie II sera consacrée aux deux textes cités et à un troisième célébrant "Nos Alliés" c'est-à-dire... les soldats allemands. La Partie III caractérisera l'attitude des trotskystes pendant l'occupation allemande.


Partie I


Staliniens et trotskystes

Les staliniens étaient rassemblés dans le Parti Communiste Français qui était membre de la IIIe Internationale Communiste laquelle était contrôlée par l'URSS qui était dirigée de fait par Staline, secrétaire général du Parti communiste.

Rassemblés dans des organisations groupusculaires (POI, PCI) ou organisés en faction dans des partis concurrents (SFIO, PSOP), les trotskystes se réclamaient de Léon Trotsky et de la IVe Internationale Communiste qu'il avait fondée. Ancien dirigeant bolchévique condamné à l'exil, assassiné par un camarade stalinien en août 1940, Léon Trotsky était le principal opposant à Staline qu'il accusait d'avoir trahi Lénine et la révolution bolchévique d'octobre 1917.

Les partisans de Staline étaient désignés avec les termes communistes ou staliniens. Ceux de Trotsky avec les termes trotskystescommunistes internationalistes ou encore bolchéviks-léninistes

Illustration de leur différence idéologique. Les premiers défendaient le socialisme dans un seul pays (URSS). Les seconds appelaient à la révolution permanente autrement dit à la Révolution prolétarienne internationale.


Défaitisme révolutionnaire

Dès le début du conflit, les communistes ont dénoncé la guerre contre l'Allemagne nazie comme une guerre impérialiste qui ne servait que les intérêts de la bourgeoisie française.

Conséquence de cette analyse marxiste du conflit qui répondait par ailleurs aux exigences du Pacte germano-soviétique, ils ont appelé les prolétaires français à se mobiliser pour la révolution socialiste et la constitution d'un Gouvernement communiste qui négocierait la Paix avec l'Allemagne comme l'avait fait en 1918 la Russie des Soviets.

Avec la défaite de la France et l'occupation du pays par les Allemands, les communistes ont ajouté un élément supplémentaire à leur défaitisme révolutionnaire : l'union avec les soldats allemands.

Grande révélation des communistes éclairés par les lumières du marxisme : sous l'uniforme allemand se cachait... un prolétaire. Ce dernier était donc un frère d'armes dans la lutte contre l'ennemi commun : le capitalisme. Autre conséquence des délires de l'idéologie marxiste : le Général de Gaulle ou même un Jean Moulin étaient rangés dans la catégorie des bourgeois et donc des ennemis de classe qu'il fallait combattre.

Les trotskystes partageaient la même analyse et de la guerre et de l'occupation allemande.

Le 22 juin 1941, Hitler a rompu le Pacte germano-soviétique en attaquant l'URSS. Conséquence de cette attaque, le Parti communiste s'est engagé dans la lutte contre l'occupant allemand. La guerre contre l'Allemagne n'était plus une guerre impérialiste. Elle était désormais une guerre de libération nationale, une guerre de la liberté contre le fascisme.

Marxistes orthodoxes et fanatiques, les trotskystes sont restés fidèles à la notion de guerre impérialiste et donc au défaitisme révolutionnaire. Pour ces bolchéviks-léninistes, la seule guerre légitime était celle menée par l'Union soviétique. La raison : l'URSS n'était pas un pays capitaliste. 

Au final, le défaitisme révolutionnaire n'a été qu'une forme de Collaboration. La preuve : si les peuples opprimés par les nazis avaient suivi la ligne politique de ces idiots utiles, les hitlériens seraient toujours au pouvoir en Allemagne.


Partie II


Appel aux "Travailleurs !" du 10 juin 1944

Le 10 juin 1944, soit 4 jours après le débarquement des Alliés en Normandie, paraissait un numéro de La Vérité clandestine qui était l'organe du Parti Communiste Internationaliste.

Créé en févier 1944, le PCI avait permis le rassemblement des principaux groupuscules trotskystes. Il reflétait donc sans aucune équivoque l'opinion des trotskystes français. A noter qu'il était distinct du PCI d'avant-guerre.

Ce numéro publiait sur ses deux pages un appel aux "Travailleurs !" titré "La libération des travailleurs sera l'œuvre des travailleurs eux-mêmes".

Le titre nous renseigne déjà sur le contenu du tract. En termes marxistes, "la libération des travailleurs" signifie libérer les travailleurs du... capitalisme. L'ennemi n'est donc pas le soldat allemand mais le capitaliste français. Elle sera "l'œuvre des travailleurs eux-mêmes" autrement dit elle suppose l'union de tous les prolétaires qu'ils soient français ou allemand... avec un uniforme.

On citera trois extraits significatifs de cet appel du PCI. Dans le premier, les trotskystes dénonçaient l'intervention anglo-américaine comme une nouvelle forme d'oppression du peuple français :

"Les forteresses volantes et les tanks d’Eisenhower n’apporteront pas la libération des travailleurs de l'Europe. A la place de l'impérialisme allemand qui s'écroule, ils viennent imposer la domination du capital financier yankee et anglais".
Ne soyons pas dupes de la propagande chauvine de la bourgeoisie «Alliée» et de ses agents"

Dans le second, tout aussi délirant, ils appelaient les ouvriers à former des milices pour combattre la Résistance qui était accusée d'être le bras armée de la bourgeoisie :

Contre les bandes réactionnaires,
organisons nos milices ouvrières !

Contre les travailleurs, les réactionnaires organisent leurs forces armées : non seulement la milice de Darnand au service de Hitler et de la bourgeoisie collaborationniste, mais aussi les formations réactionnaires de la « résistance » comme l’O.C.M. (Organisation Civile et militaire.) et l’ARMEE SECRETE des officiers réactionnaires.
Toutes ces organisations réactionnaires de guerre civile s’apprêtent à nous tomber dessus dès que nous nous mettrons à nous libérer. Pour leur résister, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes.
Pour cela, il faut s'organiser en petits groupes, dans les usines souder les usines en un puissant Front Ouvrier. Il faut armer les travailleurs dans les entreprises. Il faut qu’ils s'organisent dans les formations de milice ouvrière, sans distinction d'organisation politique ou syndicale.

Dans ce dernier extrait, les trotskystes encourageaient les Français à fraterniser avec les soldats allemands et indiquaient notamment dans leurs justifications qu'il ne fallait pas commettre l'erreur malheureuse de les confondre avec les SS :

Fraternisons, main tendue aux soldats allemands ! [...]

Quiconque parle maintenant aux soldats allemands sait qu'ils sont prêts à rompre avec leur bourgeoisie et à retourner leurs armes contre les nazis, à condition qu'ils sentent que les ouvriers français sont leurs alliés contre leur ennemi commun : la bourgeoisie de tous les pays.
Les ouvriers ne tomberont pas dans le piège de la bourgeoisie internationale qui veut les dresser les uns contre les autres, par le chauvinisme. Ils fusilleront les S.S. (qui portent l'aigle sur la manche et le signe S.S.). Ils fusilleront les agents de la Gestapo et les officiers réactionnaires, mais ils tendront aux soldats de tous les pays et d'abord aux soldats allemands une main fraternelle. Ils les aideront à former leurs comités de soldats, voilà la seule voie de la paix véritable.


Appel aux "Travailleurs de l'Europe !" de juin 1944

En février 1944, une Conférence Européenne de la IVe Internationale était organisée clandestinement en France à Saint-Germain-la-Poterie près de Beauvais (Oise).

Les participants étaient moins d'une dizaine et étaient principalement Français et Belges.

Un article publié dans La Vérité du 29 avril 1944 soulignait l'importance de cet événement pour le mouvement trotskyste :

A la veille du tournant décisif de la deuxième guerre impérialiste,
une Conférence Européenne de la IVe Internationale vient de se réunir

La IVe Internationale vient de donner en pleine guerre impérialiste la preuve de sa vitalité. Pendant plusieurs jours s'est tenue, quelque part en Europe, une conférence de ses sections européennes. Le but de cette conférence était de tirer les leçons de la dernière époque — depuis septembre 1939 — de définir, à la veille du tournant décisif de la deuxième guerre impérialiste, d’une façon claire et précise la ligne politique générale des bolchéviks-léninistes, de donner à l'avant-garde révolutionnaire les armes politiques qui lui permettront d'accomplir sa mission dans les gigantesques combats de demain. [...]

AUJOURD’HUI, au moment où la monstrueuse boucherie impérialiste entre dans sa dernière phase, où les Etats-Majors des brigands dressent leurs plans contre-révolutionnaires, où les diplomates complotent en grand secret pour imposer aux masses de nouvelles chaînes et pour tenter d'étouffer la révolution prolétarienne qui monte en Europe et dans le monde, seule la IVe Internationale indique clairement à la classe ouvrière ses objectifs révolutionnaires :

« La IVe Internationale s'efforce partout, dès maintenant, autour de chaque revendication immédiate, et si humble soit-elle, de mobiliser et d’organiser la classe ouvrière, de surmonter son émiettement organisationnel, sa dispersion politique en vue des gigantesques combats de classes qui approchent. Elle met au premier plan de ses préoccupations immédiates de recréer le FRONT OUVRIER...
...Chaque jour, dans chaque pays, modifie le rapport de forces entre la bourgeoisie et le prolétariat, sape les fondements du pouvoir bourgeois...
...Dans la grande crise qui s'ouvre, le triomphe du prolétariat est certain : s'il sait peser froidement les forces de l'adversaire et les siennes, s'il a une conscience de classe aiguë, une organisation de combat solide et une audace à toute épreuve...
...Il doit opposer aux formations de la bourgeoisie ses propres formations, aux plans de l'impérialisme ses propres plans, à l'Etat-Major de la réaction son propre Etat-Major. Pour vaincre, le prolétariat mondial a besoin d'un parti mondial inébranlablement fidèle à ses intérêts de classe et à son programme, un parti qui n'a jamais pactisé, qui ne pactisera jamais avec son ennemi de classe... ». (Thèses de la Conférence Européenne).
LISEZ, DISCUTEZ ET FAITES CONNAITRE DANS LA CLASSE OUVRIERE LES DOCUMENTS DE LA CONFERENCE EUROPEENNE PUBLIES DANS « QUATRIEME INTERNATIONALE » Revue du Comité Exécutif Européen, N° 4-5 de Février-Mars 1944.

Toujours pour donner l'illusion d'un mouvement trotskyste à l'échelle européenne, les trotskystes français ont diffusé des textes au nom d'un supposé Comité exécutif européen de la IVe Internationale à commencer par une revue théorique clandestine titrée : Quatrième Internationale.

En réaction au débarquement du 6 juin 1944 en Normandie, ce Comité exécutif européen de la IVe Internationale a lancé en français et en allemand un appel aux "Travailleurs de l'Europe ! / Soldats allemands et « alliés »!"

Pour juger de son contenu, on reproduira l'extrait suivant :

Travailleurs de l'Europe !
Soldats allemands et « alliés » !


Les batailles qui décideront de la guerre en Europe sont commencées. La partie occidentale du continent est devenue de nouveau le théâtre de monstrueux massacres, de dévastations et de souffrances inouïes pour les populations. [...]

Les buts des « libérateurs » alliés

Ecarter l'Union Soviétique de l'Europe, briser la force expansive de l'impérialisme allemand, ouvrir dans l'Europe la voie à leurs capitaux et à leurs marchandises, en l'absence de tout autre concurrent mettre les populations du continent à la portion congrue pour qu'elles arrivent à payer, par leur travail forcené, les énormes dettes que les Etats capitalistes ont contractées pendant la guerre, ainsi que les sommes qu'elle doivent aux fabricants de canons et de bombes yankees et anglais, grâce auxquels elles doivent leur « libération », voilà les buts essentiels que les rois de la finance de New-York et de Londres cherchent à atteindre aujourd'hui en Europe. [...]

Travailleurs de l'Europe !

[...] L'ampleur que la terreur fasciste a prise pendant cette guerre n'a fait qu'esquisser la situation terrible qui attend les travailleurs s'ils n'arrivent pas à abattre le capitalisme générateur du fascisme et de la guerre. Mais le sort qui vous est réservé sous la domination des impérialistes américains et anglais ne sera pas meilleur.

La victoire des « alliés », c'est l'asservissement de l'Europe. [...]

Travailleurs de l'Europe !

Au moment où la guerre des impérialistes entre dans sa phase finale en Europe, les partis dits ouvriers, réformistes et staliniens ne trouvent rien de mieux à vous dire que de vous ranger derrière les drapeaux des brigands yankees et anglais, pour conquérir ainsi votre « libération ».
Pendant des années, les Partis Communistes s'étaient efforcés de conquérir votre confiance par leur attachement à la Révolution.
Mais aujourd'hui, au moment décisif où le pouvoir de la bourgeoisie en Europe, miné et rongé par 5 ans de guerre se décompose, les Partis Communistes entrent dans les gouvernements bourgeois des de Gaulle et des Bonomi, et mettent leur autorité au service des exploiteurs.
Vous avez d'autres tâches à accomplir que de jouer le rôle misérable que vous proposent les cyniques agents de la bourgeoisie et les méprisables bureaucrates staliniens.
Vous avez la tâche d'opposer à la solution impérialiste de la guerre votre solution : celle qui vous donnera la Paix, la Liberté, le Pain par le triomphe de la Révolution Socialiste et les Etats-Unis Socialistes d'Europe et du Monde.

Travailleurs de l'Europe !

Cette guerre qui a détruit des millions de vies humaines et des richesses matérielles immenses, qui a marqué l'apogée de la barbarie dans l'histoire humaine n'aurait jamais dû avoir lieu. Cependant, l'impuissance du mouvement ouvrier l'a permise. Si vous laissez cette fois encore le régime capitaliste debout, vous connaîtrez une courte période de « Paix » dans les crises économiques, le chômage, la misère, l'oppression fasciste, et très prochainement les horreurs de la troisième guerre mondiale impérialiste dont a déjà parlé le porte-parole patenté de l'impérialisme yankee Wallace.
Seule, le Révolution prolétarienne triomphante peut vous sortir de l'enfer capitaliste. [...]

Soldats « alliés » !

Les financiers de New-York et de Londres vous envoient, non pas pour « libérer » l'Europe meurtrie, ruinée, dévastée, mais pour la soumettre à leur exploitation.
Refusez de servir leur plans de pillage et d'asservissement des masses laborieuses de l'Europe !
Fraternisez avec elles dans toutes leurs luttes pour leur émancipation sociale !
Fraternisez avec les soldats allemands !

Travailleurs de l'Europe,
soldats allemands et « alliés » !


Assez de sang, de ruines et de deuils.
Il faut en finir avec la guerre des impérialismes, la lutte fratricide des travailleurs.
Dressez-vous ensemble dans un formidable Front de classe contre votre ennemi commun : le capitalisme !
Dans les usines, les quartiers, les villages, l'armée, formez vos Comités de représentants élus démocratiquement par la masse des ouvriers, des paysans, des soldats, opposez-les au pouvoir de la bourgeoisie !
Avec les mots de « libération », de « paix », de « démocratie » sur les lèvres, les malfaiteurs capitalistes vous désarment et s'efforce d'écraser à l'aide de leur machine militaire et leurs bandes prétoriennes la révolution du prolétariat européen.
La guerre des classes est inscrite par la bourgeoisie elle-même à l'ordre du jour.
Armez-vous, formez vos Milices Ouvrières, désarmez les forces réactionnaires, opposez arme contre, force contre force !

Les impérialistes engagent leurs derniers combats pour le pillage et l'asservissement de l'Europe et du Monde.

Les travailleurs engagent le combat :

Pour la Paix Immédiate !

Contre les sanctions, contre les annexions !

Pour la Révolution Socialiste !

Pour les Etats-Unis Socialistes d'Europe et du Monde !


JUIN 1944                          Le Comité Exécutif Européen de la IVe INTERNATIONALE.

(Source : https://www.cermtri.com/system/files/Adherents/Tract_Travailleurs_Europe_juin.pdf)

Par son contenu, ce tract était aussi ignoble que l'appel du 10 juin 1944 et contenait les trois mêmes idées abjectes.

Tout d'abord, les trotskystes dénonçaient le caractère impérialiste de l'intervention anglo-américaine en affirmant qu'elle ne servirait que les intérêts des "rois de la finance de New-York et de Londres".

Sur ce point et toujours dans le but de convaincre les Français que les anglo-américains devaient être traités comme des ennemis, ils exposaient les conséquences d'une victoire des Alliés en ces termes : "La victoire des « alliés », c'est l'asservissement de l'Europe". On notera que dans tout le texte le mot alliés est systématiquement mis entre guillemets pour bien signifier que les alliés ne sont pas des alliés.

Ensuite, ils appelaient les ouvriers à former des milices pour désarmer la Résistance qui était accusée d'être une "force réactionnaire" : "Armez-vous, formez vos Milices Ouvrières, désarmez les forces réactionnaires, opposez arme contre, force contre force !".

Enfin, dernière illustration des délires marxistes, les trotskystes appelaient les soldats américains et anglais à fraterniser avec les soldats allemands : "Soldats « alliés » ! [...] Fraternisez avec les soldats allemands !".

Qu'on se rassure les trotskystes ne sont pas allés distribuer leurs tracts infâmes sur les plages de Normandie. Ils ont dû juger que lieu était un petit peu dangereux.


Article "Nos alliés" du 22 juin 1944

On citera un troisième et dernier document pour illustrer la propagande trotskyste pro-allemande diffusée pendant la libération de la France par les Alliés : La Vérité du 22 juin 1944.

Outre un texte décrivant la situation de la France en ces termes : "Voici maintenant deux semaines que les troupes anglo-américaines ont débarqué en France", on retiendra de ce numéro un article célébrant "Nos Alliés" c'est-à-dire... les soldats allemands :

Nos Alliés

Tandis que Hitler, grâce à son infernal avion-robot, carbonise par dizaines de milliers les enfants et les femmes de Londres pour « venger » les dizaines de milliers de femmes et d'enfants carbonisés par la R.A.F. à Berlin et à Hambourg, les soldats comprennent de plus en plus que ces abominables massacres ne servent que leurs maîtres : la bourgeoisie de tous les pays.

Dans l’armée allemande, les soldats commencent à refuser la discipline, et désertent de plus en plus nombreux. L'autre semaine, à Nogent sur Ernissou [sic], près de Montargis, une unité allemande a refusé de monter en ligne. Ce fut la Milice de Darnand et les fascistes du crû, qui les obligèrent à monter dans le train.

Nous, travailleurs de ce pays, nous devons aider de toutes nos forces les travailleurs allemands en uniforme, aider ceux qui veulent déserter, leur fournir des papiers, des vêtements et un logement. Nous n'avons pas à les envoyer se battre dans le maquis pour Eisenhower [Note du Blog : et donc servir l'impérialisme américain]. Mais nous devons les associer à l’action de nos Milices Ouvrières, avec toute la prudence nécessaire [NdB : Humour trotskyste involontaire] pour ne pas tomber dans des provocations. Dès maintenant, nombre d'entre eux nous apportent des armes et leur expérience.

Parlons amicalement aux soldats allemands. Diffusons parmi eux les paroles de fraternisation ; répétons-les ; inscrivons-les sur les murs :

Unser Kampf ist der Fure [sic], bricht nicht unseren Streik ! (Notre lutte est la vôtre, ne brisez pas notre grève !)

Nieder mit dem Krieg ! (A bas la guerre !)

Es lebe die Arbeiter und Soldatenräte ! (Vivent les comités d'ouvriers et de soldats !)

Retenons simplement de ce texte du 22 juin 1944, le conseil que les trotskystes donnaient aux Français pour libérer la France : "Parlons amicalement aux soldats allemands".


Partie III


Résistance ou collaboration ?

A la lecture des documents précédemment cités, doit-on classer les trotskystes dans le camp de la Résistance ou dans celui de la Collaboration ?

Pour aider à la réflexion des plus indécis, on mentionnera trois textes supplémentaires.

Tout d'abord, une "Lettre ouverte au Parti Communiste Français et au Parti socialiste pour l'unité d'action ouvrière" publiée pendant la Libération de Paris dans La Vérité du 21 août 1944 et plus précisément un passage titré... "Pourquoi nous n'avons pas adhéré à la Résistance :

Pourquoi nous n'avons pas
adhéré à la Résistance

Nous savons que ce programme n'est pas le vôtre. Vous croyez devoir maintenir votre Union Sacrée avec les partis de la bourgeoisie et prendre à votre compte leurs buts de guerre. Nous croyons qu'une telle politique creuse le fossé entre les ouvriers français et allemands, qu'elle a, entre autres résultats, celui de souder les travailleurs allemands autour de leur propre bourgeoisie, de prolonger par là l’existence de Hitler, de paralyser la révolution en Allemagne et en Europe.
C’est pourquoi il ne pourrait être question pour notre Parti de se faire représenter dans les organismes communs qui vous lient à ces organisations bourgeoises, y compris les plus réactionnaires comme l'O.C.M. (que l’on dénonce comme « fasciste » dans les rangs du Parti Communiste Français).

Ensuite, un article publié dans La Vérité du 1er février 1941 sous le titre "L'Internationale renaitra" qui résumait d'une phrase la ligne politique qui fut celle des trotskystes français pendant toute l'occupation allemande :

"Et notre arme essentielle, pour libérer la France, sera la FRATERNISATION avec les soldats allemands en lutte contre leur propre impérialisme".

Signalons que ce travail allemand a été l'une des causes (voire la principale cause) d'arrestation de militants trotskystes. Ainsi, le cas du groupe brestois du Parti Ouvrier Internationaliste. Constitué en 1942, ce groupe s'est consacré à la diffusion de tracts et journaux révolutionnaires au sein de la Wehrmacht avec la coopération de soldats allemands sympathisants. En octobre 1943, un agent de la Gestapo infiltré a permis non seulement son démantèlement mais aussi l'arrestation à Paris de nombreux militants dont le chef du POI : Marcel Hic. Une précision : en février 1944, le POI a fusionné avec deux autres organisations trotskystes pour donner naissance au PCI.

Enfin, on pourra terminer avec le texte qui a été la base des délires trotskystes et qui a été rédigé par le maître, Léon Trotsky : "La guerre impérialiste et la révolution prolétarienne mondiale".

Ce texte a été adoptée au cours d'une Conférence extraordinaire de la IVe Internationale organisée aux Etats-Unis à la fin de mai 1940.

Il définissait la position de la IVe Internationale sur la guerre européenne qui était entré dans une nouvelle phase avec l'attaque allemande déclenchée le 10 mai sur le front Ouest (France, Belgique, Hollande, Luxembourg). 

L'extrait suivant détaille les missions du mouvement trotskyste dans le conflit européen :

"En même temps nous n'oublions pas un instant que cette guerre n'est pas notre guerre. Contrairement à la IIe et la IIIe Internationales, la IVe Internationale construit sa politique non sur les fortunes militaires des Etats capitalistes mais sur la transformation de la guerre impérialiste en une guerre d'ouvriers contre les capitalistes, pour le renversement des classes dirigeantes de tous les pays, la révolution socialiste mondiale. Les changements des lignes de front, la destruction des capitales nationales ne représentent de ce point de vue que des épisodes sur la route pour la construction de la société moderne.

Indépendamment du cours de la guerre, nous remplirons notre tâche fondamentale : nous expliquons aux ouvriers que leurs intérêts et ceux du capitalisme assoiffé de sang sont irréconciliables. Nous mobilisons les travailleurs contre l'impérialisme. Nous propageons l'unité des travailleurs dans tous les pays belligérants et neutres; nous appelons à la fraternisation des ouvriers et des soldats dans chaque pays, et des soldats avec les soldats de l'autre côté de la ligne du front. Nous mobilisons les femmes et les jeunes contre la guerre. Nous menons un travail constant, persistant, inlassable de préparation à la révolution ‑ dans les usines, les ateliers, dans les villages, dans les casernes, au front et dans la flotte.

Tel est notre programme. Prolétaires du monde, il n'y a pas d’autre issue que de vous unir sous le drapeau de la IVe Internationale !"

(Source : https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1940/05/lt19400523af.htm)


Devoir d'amnésie

Comme l'action du Parti communiste entre 1939 et 1941, l'attitude des trotskystes au cours de la Seconde Guerre mondiale bénéficie du devoir d'amnésie.

Ce privilège garantit aux trotskystes de ne pas être mis en cause pour leur passé pro-allemand. Mieux, il leur permet de se poser en toute impunité et sans aucune honte comme les héritiers de la Résistance dans leurs combats du présent avec en particulier l'élection présidentielle à laquelle participent à chaque fois un voire plusieurs candidats trotskystes.

Au final, le devoir d'amnésie constitue pour les trotskystes le meilleur moyen de pouvoir répéter le passé....


Document 1La Vérité du 10 juin 1944.