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"La guerre et la classe ouvrière des pays capitalistes", article de Georges Dimitrov de novembre 1939

En novembre 1939, Georges Dimitrov, secrétaire général de l'Internationale communiste, publie un article intitulé "La guerre et la classe ouvrière des pays capitalistes" (Document 1) dans lequel il définit la position de l'IC sur le conflit européen.

Dans ce texte de référence, Georges Dimitrov commence par montrer que la guerre est une guerre impérialiste et que sa cause n'est pas le nazisme mais le capitalisme avant d'appeller tous les Partis communistes à se mobiliser pour la Paix et la Révolution socialiste :

"Par son caractère et sa nature, la guerre actuelle est, des deux côtés, une guerre impérialiste injuste malgré des mots d'ordre trompeurs dont les classes gouvernantes des Etats capitalistes belligérants cherchent à couvrir leurs véritables buts aux yeux des masses populaires. [...]
Les impérialistes des pays belligérants ont commencé la guerre pour un nouveau partage du monde, pour la domination universelle, en vouant à l'extermination des millions d'hommes. La classe ouvrière est appelée à en finir avec cette guerre à sa façon, dans son intérêt, dans l'intérêt de toute l'humanité travailleuse, et à supprimer, ainsi, à tout jamais, les causes essentielles qui engendrent les guerres impérialistes."


Directive de l'IC 
du 9 septembre 1939

En août 1939, la Russie de Staline s'allie à l'Allemagne d'Hitler en signant un Pacte de non-agression et un Protocole secret dans lequel sont définis les zones d'intérêts soviétique et allemande en Pologne et dans les Etats baltes (Finlande, Estonie, Lettonie, Lituanie) ainsi que le statut d'une région de la Roumanie, la Bessarabie.

Pour l'URSS ce choix stratégique présente de nombreux avantages. Tout d'abord, des gains territoriaux importants dans toute l'Europe de l'est de la Baltique à la Roumanie. Ensuite, la garantie de rester à l'écart de toute guerre déclenchée par l'Allemagne. Enfin, la perspective d'exporter le communisme dans les pays européens ravagés par plusieurs années de guerre.

Le 1er septembre, ayant la certitude de ne faire la guerre que sur un seul front, l'Allemagne attaque la Pologne. Pour défendre leur allié polonais, la France et l'Angleterre entrent en guerre le 3 septembre.

Le 7 septembre, Staline reçoit au Kremlin Georges Dimitrov, secrétaire général de l'IC, pour lui imposer la ligne que devront suivre tous les Partis communistes :

"Les communistes des pays capitalistes doivent, de façon définitive, prendre position contre leurs gouvernements, contre la guerre. / Avant la guerre, il était totalement juste de contrer le fascisme avec les régimes démocratiques. / Au cours d'une guerre entre puissances impérialistes, cela ne l'est plus. / La séparation entre Etats capitalistes fascistes et démocratiques a perdu le sens qu'elle avait. / La guerre entraîne un changement radical. / Le Front populaire uni d'hier avait pour but de soulager la situation des esclaves du régime capitaliste / Mais dans les conditions d'une guerre impérialiste, c'est de l'anéantissement de l'esclavage dont il est question. (1)

Instrument au service de la politique extérieure de l'URSS, l'IC doit abandonner son combat contre le fascisme pour s'engager dans la lutte contre la guerre impérialiste.

Illustration de ce changement radical de ligne, le rapport sur "L'offensive du fascisme et les tâches de l'IC dans la lutte pour l'unité de la classe ouvrière et contre le fascisme" que Georges Dimitrov a présenté au VIIe congrès mondial de l'IC le 2 août 1935 :

"Le fascisme hitlérien, c'est un système gouvernemental de banditisme, un système de provocations et de tortures à l'égard de la classe ouvrière et des éléments révolutionnaires de la paysannerie, de la petite bourgeoisie et des intellectuels. C'est la barbarie médiévale et la sauvagerie. C'est une agression effrénée à l'égard des autres peuples et des autres pays." (2)

Le 9 septembre, l'IC adopte une Directive portant sur la nature du conflit européen et le rôle des partis communistes qui est en tout point conforme aux exigences de Staline.

Reflétant la nouvelle orientation de l'IC, cette Directive est envoyée le jour même au Parti communiste français dans un télégramme signé par Dimitrov :

"Guerre actuelle est une guerre impérialiste injuste provoquée par bourgeoisie de tous pays belligérants. Classe ouvrière, ni d'autant plus partis communistes, ne (doivent) pas soutenir cette guerre. [...] Prolétariat mondial ne doit pas défendre Pologne fasciste. [...] Guerre a changé a fond situation : ancienne distinction entre Etats fascistes et sociaux-démocrates ["Entre Etats fascistes et soi-disant démocratiques" (Note 1)] a perdu sens politique. Il est nécessaire changer tactique. Dans tous les pays belligérants, à l'étape actuelle de la guerre, communistes doivent se déclarer contre la guerre, démasquer son caractère impérialiste, voter contre les crédits militaires, dire aux masses que la guerre apportera misère et chaînes d'exploitation aggravée. [...] Partis communistes, surtout ceux de France, Angleterre, Etats-Unis, Belgique dont la ligne politique est en contradiction avec cette ligne doivent le plus vite possible redresser leur ligne." (3)

Dans ce télégramme, l'IC analyse le conflit européen comme une confrontation entre des pays capitalistes ayant des objectifs impérialistes et non plus comme le combat légitime des démocraties française et anglaise contre le fascisme allemand. En conséquence, elle recommande aux communistes français de dénoncer "le caractère impérialiste" de la guerre menée contre l'Allemagne nazie.

Preuve que ce changement radical ne supporte ni débat ni contestation, l'IC précise que le Parti communiste devra "le plus vite possible redresser" sa ligne autrement dit abandonner dans les plus brefs délais sa ligne favorable à la défense nationale et s'engager sans aucune hésitation dans le combat contre la guerre impérialiste.

La nouvelle position de l'IC sera aussi transmise à la mi-septembre par Raymond Guyot qui avant de quitter Moscou a rencontré Dimitrov. C'est d'ailleurs par cette voie que Maurice Thorez, mobilisé à Arras, en prendra connaissance.

C'est sur la base de la Directive du 9 septembre que le Parti communiste s'engagera pour la Paix en soutenant que la guerre contre l'Allemagne d'Hitler est une guerre impérialiste.

Le 21 septembre, son Comité central adoptera une Résolution intitulée "Il faut faire la Paix".


Article de Dimitrov
de novembre 1939

Le 28 septembre, l'URSS et l'Allemagne signent un Traité de frontières et d'amitié qui organise le partage de la Pologne entre ses deux agresseurs et fonde sur cette double annexion territoriale "le développement et le progrès des relations amicales entre leurs peuples".

Cet accord marque la fin de la Campagne de Pologne. Il est accompagné d'une Déclaration dans laquelle les gouvernements soviétique et allemand affirment que la question polonaise a été réglée par le traité du 28 septembre, s'engagent à faire "des efforts communs" pour "mettre fin à l'état de guerre qui existe entre l'Allemagne d'une part, la France et l'Angleterre d'autre part" et enfin soulignent qu'un échec de leur démarche ferait de la France et de l'Angleterre les "responsables de la continuation de la guerre".

La paix Staline-Hitler repose donc sur l'exigence que l'Angleterre et la France reconnaissent comme un fait accompli le partage de la Pologne entre la Russie soviétique et l'Allemagne nazie.

Formulées par le Chancelier Hitler dans son, discours du 6 octobre 1939, ces propositions de paix seront rejetées par le gouvernement français le 10 octobre et par le cabinet anglais le 12 octobre.

C'est dans ce contexte qu'à la fin du mois d'octobre, Georges Dimitrov rédige un article intitulé "La guerre et la classe ouvrière des pays capitalistes" dans lequel il définit la position de l'IC sur le conflit européen.

Fidèle à sa Directive du 9 septembre, le secrétaire général commence par montrer que la guerre est une guerre impérialiste et que sa cause n'est pas le nazisme mais le capitalisme.

Une nouveauté, toutefois, la France et l'Angleterre sont accusées d'être les responsables de la guerre au motif que les gouvernements français et anglais ont rejeté les propositions de paix allemandes !!!

Cette accusation est conforme à la Déclaration germano-soviétique du 28 septembre.

Sur la base de ces analyses, Dimitrov appelle tous les Partis communistes à se mobiliser pour la paix et la révolution socialiste.

Fondé sur la thèse que seule destruction du régime capitaliste pourra garantir une paix durable, le projet de l'IC peut être résumé ainsi : la Paix par la Révolution socialiste. 

Daté d'octobre, l''article de Dimitrov sera publié en novembre dans les publications de l'IC : Коммунистический Интернационал [L'Internationale Communiste] n° 8-9 (URSS), The Communist International n° 11 (Angleterre) ou Le Monde n° 9 (Belgique).

Il sera diffusé clandestinement en France à la même période dans une brochure portant un titre visant à en masque le contenu communiste - "La vérité sur la guerre. Comment la gagner" - et présentant en introduction le texte suivant : 

"L'article du Camarade Dimitrov qu'on trouvera ci-après donne à tous les travailleurs, à tous les partisans de la paix des explications et des arguments d'une portée considérable.
Le héros de Leipzig, secrétaire général de l'Internationale Communiste, analyse les conditions dans lesquelles les impérialistes jettent les peuples dans une nouvelle guerre et il montre que le devoir de tous les travailleurs est de lutter de toutes leurs forces, sans peur et sans répit, contre la guerre impérialiste.
Que tous les communistes lisent ce précieux document, qu'ils s'en inspirent dans leur action quotidienne en vue de préparer la victoire des travailleurs sur les puissances malfaisantes du capitalisme.
Ce document doit aller dans les usines, dans les villages, dans les foyers de travailleurs et à l'armée, où il ira exalter le courage et la confiance de tous les travailleurs qui voit dans l'Union soviétique de notre grand Staline l'espoir des opprimés du monde entier et dans l'International communiste l'instrument de la victoire du prolétariat international.
Chaque communiste n'aura rempli son devoir de militant que s'il fait lire ce document par 10, 20, 30, 40 personnes ou plus encore.
Chacun doit se mettre au travail, ne pas compter sur les autres mais compter sur son propre travail et de la somme des dévouements individuels sortira plus fort, plus influent notre grand Parti Communiste Français.
Pour le Parti Communiste Français.
Pour le communisme.
AU TRAVAIL."

Le texte de l'IC sera en outre reproduit dans deux publications communistes : 1) en novembre 1939 dans le numéro spécial de l'Humanité intitulé "L'internationale communiste vous parle...", 2) en janvier 1940 dans les Cahiers du bolchévisme du 2e semestre 1939, organe théorique du Parti communiste.

Le Parti communiste mettra en avant l'article de Dimitrov comme un argument d'autorité pour justifier auprès de ses militants son opposition à la guerre contre l'Allemagne d'Hitler.


(1) Georgi Dimitrov Journal 1933-1949. Dimitrov rapporte les propos tenus par Staline à la réunion du 7 septembre 1939.
(3) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, pp. 74-75.
Note 1 : 
L'ouvrage Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941 publie les télégrammes échangés entre le PCF et l'IC entre septembre 1939 et décembre 1941. 
Dans le télégramme du 9 septembre 1939 envoyé par Dimitrov, on peut lire la phrase suivante : "ancienne distinction entre Etats fascistes et sociaux-démocrates a perdu sens politique"Or, en annexe l'ouvrage reproduit en fac-similé le télégramme original rédigé en français par Dimitrov (il n'y a donc pas de problème de traduction) dans lequel on peut lire : "ancienne distinction entre Etats fascistes et soit-disant démocratiques a perdu sens politique". 
Erreur ou... biais politique des auteurs de l'ouvrage, la contestation de la nature démocratique de la France et de l'Angleterre a disparu. Ajoutons que cette contestation est d'autant plus scandaleuse qu'elle est formulée par un communiste qui sert les intérêts d'un régime totalitaire, l'URSS, et d'un tyran sanguinaire, Staline.


Document 1 :

LA GUERRE ET LA CLASSE OUVRIERE DES PAYS CAPITALISTES

GEORGES DIMITROV
Secrétaire général de l'Internationale Communiste


CHAPITRE I

Les communistes, durant les années qui suivirent la première guerre mondiale, forts de la doctrine de Lénine et Staline, ont expliqué inlassablement aux travailleurs que le capitalisme, par sa nature, engendre les guerres; que les antagonismes entre les pays impérialistes n'ont pas été supprimés par le traité de Versailles et les autres traités de paix impérialistes, mais au contraire, ces antagonismes se manifesteront, au bout de quelque temps, avec une vigueur encore plus grande. [...]

LE CAPITALISME ENGENDRE LES GUERRE IMPERIALISTES

Dans un entretien avec Roy Howard - 1er mars 1936 - Staline soulignait que la cause essentielle des guerres impérialistes réside dans le capitalisme, dans ses entreprises de conquêtes impérialistes.

 LA GUERRE ACTUELLE EST UNE GUERRE IMPERIALISTE

Par son caractère et sa nature, la guerre actuelle est, des deux côtés, une guerre impérialiste injuste malgré des mots d'ordre trompeurs dont les classes gouvernantes des Etats capitalistes belligérants cherchent à couvrir leurs véritables buts aux yeux des masses populaires. [...]
De même qu'en 1914, c'est la bourgeoisie impérialiste qui aujourd'hui même la guerre. Celle-ci elle le prolongement direct de la lutte entre les puissances impérialistes pour un nouveau partage du monde, pour la domination universelle.
Il n'y a que les aveugles pour ne pas voir, et que les fieffés charlatans et mystificateurs pour nier que la guerre actuelle entre l'Angleterre et la France, d'une part, et l'Allemagne, de l'autre, est faite pour les colonies, les sources de matières premières, la domination des routes maritimes, l'asservissement et l'exploitation des autres peuples. [...]
Voilà ce qu'est au fond la guerre actuelle. Le conflit guerrier entre les Etats belligérants se poursuit pour l'hégémonie en Europe, pour les possessions coloniales en Afrique et dans les autres parties du monde, pour le pétrole, le charbon, le fer, le caoutchouc, et non point pour la défense de la « démocratie », de la « liberté », du « droit international » et pour assurer l'indépendance des petits pays et peuples, ainsi que le proclame la presse bourgeoise et social-démocrates, mystificateurs de la classe ouvrière. [...]

CHAPITRE II

On peut distinguer nettement deux étapes dans le cours de la deuxième guerre impérialiste. A la première étape l'Italie, l'Allemagne et le Japon ont directement fait figure d'Etats agresseurs. [...] Aujourd'hui, les impérialistes de l'Angleterre et de la France ont engagé l'offensive; ils ont jetés leurs peuples dans une guerre contre l'Allemagne et s'appliquent par tous les moyens à attirer de leur coté certains autres Etats.
Si auparavant les dit Etats européens se divisaient en agresseurs et non-agresseurs, c'est-à-dire en fauteurs directs de la guerre et en Etats qui, jusqu'à un certain moment n'intervenaient pas ouvertement en qualité d'agresseurs, quoique favorisant dans les coulisses, l'agression contre d'autres pays, maintenant cette division ne correspond plus à la réalité. Cette différence a disparu. Mieux : ce sont finalement les impérialistes anglais et français qui font figure de partisans les plus zélés pour continuer et propager l'incendie de la guerre. [...]

LA LUTTE INTRANSIGEANTE ET COURAGEUSE
CONTRE LES RESPONSABLES DE LA GUERRE

La bourgeoisie française fait revivre aujourd'hui les temps les sombres de la terreur contre-révolutionnaire. Depuis l'époque de l'écrasement sanglant de la Commune de Paris, la France ignorait pareille campagne de la réaction contre la classe ouvrière. L'interdiction du Parti communiste français, l'arrestation des représentants révolutionnaires du prolétariat français au parlement - ces lutteurs les plus conséquents contre toute réaction - attestent avec éclat combien mensongères et hypocrites sont les déclarations émises sur le caractère démocratique et antifasciste de la guerre.
La bourgeoisie réactionnaire déchaîne sa fureur contre les communistes parce qu'elle craint plus que le feu  la vérité sur la guerre;  parce que le Parti Communiste est le seul parti capable d'organiser la lutte de la classe ouvrière et des travailleurs contre la guerre impérialiste.
La bourgeoisie met tout en œuvre afin d'obliger des millions d'hommes à se battre et à mourir pour une cause qui n'est pas la leur. Mais la classe ouvrière, les travailleurs n'ont rien à défendre dans cette guerre. Ce n'est point leur guerre à eux, mais celle de leurs exploiteurs. Elle leur apporte des souffrance, des privations, la ruine et la mort. En soutenant cette guerre, ils ne défendraient que les intérêts de leurs esclavagistes et de leurs oppresseurs; ils soutiendraient l'esclavage capitaliste.
Il n'est pour la classe ouvrière qu'une seule position juste, c'est la lutte intransigeante et courageuse contre la guerre impérialiste, la lutte contre les responsables et les fauteurs de cette guerre, en premier lieu; chacun dans son propre pays pour mettre fin à cette guerre de rapine. C'est la cause la plus juste, dictée par les intérêts vitaux du prolétariat et de tous les travailleurs.

CHAPITRE III
 
La guerre déchaînée dans les pays capitalistes a radicalement changé la situation internationale. [...]

DE NOUVELLES TACHES SE POSENT DEVANT LA CLASSE OUVRIERE

En cette situation modifiée les tâches de la classe ouvrière se posent d'une façon nouvelle. Si auparavant, il s'agissait de concentrer les forces dans la lutte pour conjurer la guerre impérialiste, pour mater ses incendiaires, aujourd'hui, la tâche principale de l'heure est de mobiliser les grandes masses pour la lutte contre la guerre en cours, pour y mettre fin.
Si auparavant, il s'agissait de barrer la route à l'offensive du capital et de la réaction fasciste, aujourd'hui la tâche se pose devant la classe ouvrière de lutter de façon la plus résolue contre le régime qui s'installe de réaction déchaînée, d'oppression et de spoliations des masses populaires, la tâche qui consiste à ne pas permettre aux classes gouvernantes de rejeter les charges de la guerre sur le dos des travailleurs.
Si auparavant les efforts de la classe ouvrière visaient en premier lieu à défendre les intérêts quotidiens des travailleurs et les protéger contre le pillage et l'arbitraire des exploiteurs capitalistes, et si, les conditions nécessaires faisant défaut, il était impossible d'inscrire à l'ordre du jour la suppression de l'esclavage capitaliste, aujourd'hui, à mesure que la crise provoquée par la guerre s'accentue, cette tâche se dressera avec plus d'acuité devant la classe ouvrière.
La situation modifiée et les nouvelles tâches de la classe ouvrière exigent que soit également modifiée en conséquence la tactique des partis communistes. [...]
La tactique du front unique prolétariat impliquait une action conjuguée des partis communistes avec les partis social-démocrates, « démocrates » et « radicaux » petits-bourgeois contre la réaction et la guerre. Mais aujourd'hui les dirigeants de ces partis sont passés ouvertement sur les positions de soutien actif de la guerre impérialiste. [...]

LES DIRIGEANTS SOCIALISTES AUX AVANTS-POSTES
DANS LE CAMP IMPERIALISTE

Les dirigeants des partis social-démocrates et des syndicats réformistes se sont cyniquement installés, dès le premier jour de la guerre, aux avants-postes dans le camp des impérialistes. [...]
Les milieux dirigeants de la Deuxième Internationale joue le rôle le plus sordide et le plus criminel dans le hachoir sanglant de la guerre. Ils trompent les masses en prêchant le caractère antifasciste de la guerre et aident la bourgeoisie à pousser les peuples à l'abattoir. [...]

LES RESPONSABILITES DE LA DEUXIEME INTERNATIONALE

La conduite des milieux dirigeants de la Deuxième Internationale et leur position social-chauvine en cette guerre projettent une lumière crue sur toute leur politique antérieure, politique de sabotage opiniâtre de l'unité  des rangs de la classe ouvrière et de sa lutte pour conjurer la guerre impérialiste. [...]
Aujourd'hui, il devient évident, pour tous ceux qui ne veulent pas fermer les yeux en présence des faits indéniables, que ce sont précisément les leaders social-démocrates, tous ces Blum et Paul Faure, Citrine, Attlee et Greenwood, de Brouckère, qui sont directement responsables d'avoir donné à la bourgeoisie, en sabotant l'action commune du prolétariat international qui aurait pu empêcher la guerre, la possibilité de vouer à l'extermination des millions d'hommes, au nom de ses intérêts égoïstes. [...]

CEUX QUI POIGNARDENT DANS LE DOS LA CLASSE OUVRIERE

Ce sont eux qui, avec Jouhaux, enfoncent maintenant le poignard dans le dos du prolétariat français, en divisant ses syndicats unifiés et mettant au service de la guerre. Ce sont Blum et ses confrères qui poussent aujourd'hui les ouvriers et les paysans à verser leur sang et à mourir pour le maintien de la domination coloniale exercée par les impérialistes anglais et français sur les peuples des indes, du Maroc, de l'Indo-Chine. [...]
De tout ce qui précède, il ressort que les communistes ne veulent faire aucun front unique avec ceux qui font front commun avec les impérialistes et soutiennent la criminelle guerre anti-populaire.
La classe ouvrière et les travailleurs suivent un autre chemin que les politiciens social-démocrates, « démocrates » et « radicaux », qui trahissent les intérêts vitaux des masses populaires. Entre les masses populaires et ses serviteurs de l'impérialisme, s'interpose l'abîme de la guerre sanglante.
Mais la nécessité de l'unité de la classe ouvrière et du rassemblement des grandes masses de travailleurs autour d'elle, s'impose encore plus impérieusement qu'autrefois, en ces conditions de la guerre et de la crise engendrée par elle. [...]

UNITE PAR LE BAS
CONTRE LES FAUTEURS DE GUERRE ET LEURS VALETS « SOCIALISTES »

Cependant, le problème de la réalisation de l'unité de la classe ouvrière et de la création du front unique populaire se pose d'une manière nouvelle. [...]
Dans la période précédente, les communistes recherchaient la création du front unique populaire par des ententes avec les partis social-démocrates et autres partis petits-bourgeois « démocrates » et « radicaux », en la personne de leurs dirigeants, sur une plate-forme commune de lutte contre le fascisme et la guerre. Mais, depuis que les dirigeants de ces partis sont passés avec armes et bagages dans le camp des impérialistes et que certains, comme les radicaux français, ont à charge la direction immédiate de la guerre, il ne peut même plus être question de pareilles ententes. Aujourd'hui, le rassemblement de la classe ouvrière, des masses paysannes essentielles, des travailleurs de la ville et des intellectuels avancés, peut et doit être réalisé dans un front unique populaire, formé d'en bas, nonobstant et contre les dirigeants de ces partis, sur la base d'une lutte contre la guerre impérialiste et la réaction.
Ce front unique de combat des masses ne peut être réalisé sans la lutte la plus résolue contre les serviteurs social-démocrates, « démocrates » et « radicaux » de l'impérialisme, pour faire disparaître l'influence de ces agents de la bourgeoisie dans le mouvement ouvrier et pour les isoler des masses laborieuses.

CHAPITRE IV

Des tâches d'une portée immense sont posées maintenant par l'Histoire devant la classe ouvrière des pays capitalistes. Celle-ci se doit de tirer du gouffre de la guerre des millions d'homme, de sauver ses pays et ses peuples de la ruine. Seule la classe ouvrière, à la tête des masses fondamentales de la paysannerie et des travailleurs des villes, est capable de tenir tête résolument à la bourgeoisie et à l'impérialisme, de mettre un terme à leur besogne criminelle et sanglante et de supprimer à jamais les causes qui engendrent les guerres impérialistes. [...]

EXPLIQUER TOUJOURS PLUS !

Le rôle historique de l'avant-garde communiste de la classe ouvrière consiste, à l'heure présente, à organiser la lutte et à la guider. Pour que les communistes puissent s'acquitter avec succès de ce rôle qui leur incombe, ils doivent montrer l'exemple, montrer qu'ils comprennent bien ce qu'est la guerre actuelle, et démolir la légende sur son prétendu caractère antifasciste de guerre juste, légende que les leaders social-démocrates s'appliquent à répandre avec tant de zèle. Expliquer, expliquer encore, expliquer toujours aux masses la situation vraie. Là est aujourd'hui la condition essentielle pour mobiliser les masses autour de la lutte contre la guerre impérialiste et la réaction capitaliste. [...]
 La situation présente, extrêmement grave, exige des communistes que, sans fléchir devant aucune répression et persécution, ils s'élèvent résolument et courageusement contre la guerre, contre la bourgeoisie de leur propre pays; qu'ils agissent comme l'a enseigné Lénine, comme l'enseigne le chef éclairé des travailleurs, Staline.

POUR SUPPRIMER LES CAUSES
QUI ENGENDRENT LES GUERRES IMPERIALISTES

[...]
Les partis communistes et la classe ouvrière des pays capitalistes s'inspireront de l'héroïque exemple des Bolchéviks russes, de l'exemple du glorieux parti de Lénine et de Staline, qui a montré au prolétariat, de 1914 à 1918, la voie à suivre pour sortir du de la guerre, et assuré ensuite la victoire du socialisme sur un sixième du globe. 
Tenant haut le drapeau de l'internationalisme prolétarien, consolidant les liens de la solidarité fraternelle de la classe ouvrière de tous les pays, les communistes aideront par là tous les travailleurs à remplir leur mission historique.
Les impérialistes des pays belligérants ont commencé la guerre pour un nouveau partage du monde, pour la domination universelle, en vouant à l'extermination des millions d'hommes. La classe ouvrière est appelée à en finir avec cette guerre à sa façon, dans son intérêt, dans l'intérêt de toute l'humanité travailleuse, et à supprimer, ainsi, à tout jamais, les causes essentielles qui engendrent les guerres impérialistes. [...]

OCTOBRE 1939