Le 24 juin 1940, après ses interventions des 18, 22 et 23 juin, le Général de Gaulle s'exprime à nouveau sur les ondes de la BBC pour appeler les Français à "rejoindre ceux qui veulent combattre encore" en avançant cet argument : "Il faut qu'il y ait un idéal. Il faut qu'il y ait une
espérance. Il faut que, quelque part, brille et brûle la flamme de la
résistance française."
Document 1 :
DISCOURS
PRONONCE A LA RADIO DE LONDRES le 24 juin 1940
Ce soir, je dirai simplement, parce qu'il faut que quelqu'un le dise, quelle honte, quelle révolte, se lèvent dans le cœur des bons Français.
Inutile d'épiloguer sur les diverses conditions des armistices franco-allemand et franco-italien. Elles se résument à ceci : la France et les Français sont, pieds et poings liés, livrés à l'ennemi.
Mais si cette capitulation est écrite sur le papier, innombrables sont chez nous les hommes, les femmes, les jeunes gens, les enfants, qui ne s'y résignent pas, qui ne l'admettent pas, qui n'en veulent pas.
La France est comme un boxeur qu'un coup terrible a terrassé. Elle gît à terre. Mais elle sait, elle sent, qu'elle vit toujours d'une vie profonde et forte. Elle sait, elle sent, que l'affaire n'est pas finie, que la cause n'est pas entendue.
Elle sait, elle sent, qu'elle vaut beaucoup mieux que la servitude acceptée par le Gouvernement de Bordeaux.
Elle sait, elle sent que, dans son Empire, des forces puissantes de résistance sont debout pour sauver son honneur. Déjà, en beaucoup de points des terres françaises d'outre-mer, s'est affirmée la volonté de poursuivre la guerre.
Elle sait, elle sent, que ses Alliés sont plus résolus que jamais à combattre et à vaincre.
Elle perçoit dans le nouveau monde mille forces immenses matérielles et morales qui, peut-être, se lèveront un jour pour écraser les ennemis de la liberté.
Il faut qu'il y ait un idéal. Il faut qu'il y ait une espérance. Il faut que, quelque part, brille et brûle la flamme de la résistance française.
Officiers français, soldats français, marins français, aviateurs français, ingénieurs français, où que vous soyez, efforcez-vous de rejoindre ceux qui veulent combattre encore. Un jour, je vous le promets, nous ferons ensemble, l'armée française de l'élite, l'armée mécanique terrestre, navale, aérienne, qui, en commun avec nos alliés, rendra la liberté au monde et la grandeur à la Patrie.
Charles de Gaulle,
Discours aux Français,
Tome 1 1940-1941, 1944, pp. 15-16.
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