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Le PCF condamne le Général de Gaulle et son Appel du 18 juin 1940 (Partie IV : Printemps 1941)


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Textes de la direction centrale du PCF : tracts, brochures, papillons, l'Humanité.

          
Textes (tracts, journaux, éditions locales de l'Humanité, papillons) des Régions du PCF (une Région couvre un ou plusieurs départements) :
- zone occupée : Nord et Pas-de-Calais (Martha Desrumeaux), Bretagne (Robert Ballanger), Normandie (André Pican), Picardie, Somme, Gironde et les 5 Régions composant la région parisienne : Paris-Ville, Paris-Est, Paris-Ouest, Paris-Sud, Paris-Nord.
- zone libre : Puy-du-Dôme, Corrèze, Charente, Cher, Bouches-du-Rhône.

          
Communications entre le PCF et l'Internationale communiste, entre le PCF et l'antenne de l'IC installée à Bruxelles sous la direction d'Eugen Fried, et enfin entre le PCF et ses Régions.

          
Textes de la Fédération des Jeunesses communistes (tracts, brochures, l'Avant-garde).

La Partie IV comprend les mois d'Avril, Mai et Juin.



AVRIL 1941



"Les travailleurs de Bretagne seront heureux de constater que leur journal (« La Bretagne » ouvrière, paysanne et maritime), que nous n'avions pu éditer, jusqu'à présent, que ronéotypé, grandit et pourra, dans l'avenir, leur apporter davantage. Certes, nous n'avons pas pu, à l'instar de « L'Heure Bretonne », faire appel aux capitaux bourgeois de toute nationalité, pour une rotative, mais le dévouement des Communistes y a suppléé et maintenant nous avons, comme « L'Humanité », notre imprimerie « quelque part en France ».
Notre Parti a été bassement injurié, calomnié par tout un tas de traîtres et de lâches, mais la vérité se fait jour sur l'action courageuse menée par les Communistes contre la guerre impérialiste dans laquelle des gouvernements indignes précipitèrent la France avec l'assentiment d'un Parlement unanime, à l'exception des Communistes."
LA VOIE DU SALUT DANS LA VICTOIRE

Faire croire au Français que le salut de la France vaincue réside dans la victoire de l'un des deux groupes impérialistes en lutte est un mensonge criminel. Dans une Europe « réorganisée » par l'impérialisme vainqueur, quel qu'il soit, une France capitaliste ne serait qu'un pays vassal, condamné à la régression économique, sociale et politique, réduit à la misère par la double exploitation du capital français et étranger. Or c'est une à une telle « réorganisation » impérialiste qu'aboutirait la victoire de l'Allemagne comme celle de l'Angleterre. La voie du salut, pour la France, c'est celle que montre le Parti Communiste Français, c'est la voie suivie par l'UNION SOVIETIQUE : le renversement du Capitalisme et la construction du Socialisme.
Être Degaulliste...

C'est avoir les pieds bien au chaud, le ventre plein et planter des petits drapeaux marquant les points de débarquement des Anglais en France.
C'est aussi pousser de jeunes gars à embarquer sur de mauvaises barques, les faire s'engager dans les rangs anglais pour se faire tuer.
C'est encore pousser de pauvres folles à déchirer les affiches allemandes, de non moins pauvre gars à couper un câble électrique pour se faire fusiller après par les Allemands. 
C'est surtout vouloir que les peuples s'entretuent pour le plus grand plaisir des Anglais et revenir au beau temps de MM. Daladier-Reynaud.
(La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime n° 1 (avril 1941) - Organe des Régions Bretonnes du PCF)

Organe des Régions Bretonnes du Parti communiste, La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime publie en avril 1941 son premier numéro imprimé qui présente la particularité d'être d'un format supérieur aux précédents numéros qui étaient ronéotypés.

Comprenant cinq départements ou "régions communistes" (Finistère, Côtes-du-Nord, Ille-et-Vilaine, Morbihan et Loire-Inférieure), l'inter-région de Bretagne est alors dirigée par Robert Ballanger qui a succédé à Auguste Havez en décembre 1940.

Expression de la position des communistes bretons, ce premier numéro de La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime - comme les suivants - est en totale conformité avec la ligne pacifiste, anglophobe et antigaulliste définie par la direction centrale du Parti communiste.

Portant sur la guerre franco-allemande de 1939-1940, la guerre anglo-allemande qui se poursuit et enfin la Résistance française, les trois extraits cités illustrent la thèse de la guerre impérialiste défendue par les communistes depuis septembre 1939.

1) Guerre franco-allemande.

Dans le premier extrait, revenant sur la guerre franco-allemande de 1939-1940, La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime rappelle que cette guerre était "impérialiste" et que c'est pour cette raison que le Parti communiste s'est courageusement mobilisé pour la Paix dès septembre 1939.

Pacifistes, les communistes sont mêmes les pacifistes de la première heure puisque La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime affirment que seuls les parlementaires communistes ont voté contre la guerre. Cette revendication vise à dénoncer tous les autres pacifistes et notamment le Maréchal Pétain comme des opportunistes. Elle repose sur un mensonge puisque le 2 septembre 1939 les parlementaires communistes ont approuvé à la Chambre et au Sénat l'augmentation des crédits militaires demandée par le Gouvernement Daladier.

2) Guerre anglo-allemande.

Dans le deuxième extrait La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime dénonce la guerre qui se poursuit entre l'Angleterre démocratique et l'Allemagne nazie comme l'affrontement de "deux groupes impérialistes" en soulignant que la victoire de l'un ou de l'autre belligérant aurait les mêmes conséquences pour la France : la soumission à un impérialisme étranger (oppression nationale) et le maintien d'un régime capitaliste (oppression sociale).

Une victoire anglaise serait donc pour la France tout aussi catastrophique qu'une victoire allemande.

Pour La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime, la France ne connaîtra "le salut" qu'à la condition que le Parti communiste prenne le pouvoir en se fixant les mêmes objectifs que les bolcheviks en 1917 dans la Russie tsariste : renversement du régime capitaliste et signature d'un traité de Paix avec l'Allemagne.

Cette solution non-impérialiste - ni Angleterre ni Allemagne - peut se résumer ainsi : La Paix par la Révolution socialiste.

3) Résistance française.

Dans le troisième extrait, La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime condamne avec virulence le Général de Gaulle et son projet de libérer la France par les armes. Pour justifier cette condamnation elle accuse le Chef de la France Libre de "vouloir que les peuples s'entretuent pour le plus grand plaisir des Anglais" autrement dit de n'être qu'un agent de l'impérialisme britannique.


Après la guerre, l'historiographie officielle défendra la thèse que le Parti communiste s'est engagé dans la Résistance dès juin 1940 et non après le 22 juin 1940 et l'invasion de l'URSS par les armées allemandes.

Cette thèse connaîtra deux versions en fonction du rôle accordée à la direction centrale du Parti communiste. Dans la première la Résistance communiste aura pour fondement l'Appel du 10 juillet 1940 signé par Jacques Duclos et Maurice Thorez. Dans la seconde la Résistance communiste correspondra à la somme des initiatives locales prises en dehors du cadre fixée par la direction centrale dont la ligne attentiste était déterminée par le Pacte germano-soviétique.

Dans les deux cas la Bretagne sera mise en avant comme l'une des régions où s'est manifestée cette Résistance communiste. Pour justifier cette affirmation l'historiographie officielle préférera s'appuyer sur des témoignages postérieurs à la guerre plutôt que sur des textes communistes diffusés à l'époque.

Un exemple : l'interview de Robert Ballanger publié dans le n° 5 de juillet-août 1980 de la Bretagne Nouvelle, hebdomadaire des fédérations du PCF de Bretagne, et repris dans les Cahiers d'histoire de l'IRM du 3e trim 1985 :

"Bretagne Nouvelle : Le Parti t"avais donc chargé de venir en Bretagne pour organiser la Résistance ?
Rober Ballanger : Oui à cette époque, revenant de Dunkerque en passant par l'Angleterre, je gagnais Nantes ma ville nataleLe Parti m’avait donné la mission de réorganiser le PC, d’abord en Loire-Atlantique [anciennement Loire-Inférieure], mon département de résidence, et puis ensuite et jusqu’en mai 1942 dans tout l’ensemble de la Bretagne, dans les conditions nouvelles d’un pays occupé par une armée étrangère fasciste dont les baïonnettes appuyaient un gouvernement fasciste lui aussi naturellement, celui du maréchal Pétain. [...]

Bretagne Nouvelle : Quels furent, dans ces conditions difficiles, les premier contacts et les premières actions de Résistance ?
Rober Ballanger : Fin 1940, quand le Parti me confia la mission de réorganiser le PC dans toute la Bretagne, je succédai à Auguste Havez, et avec l’aide de Venise Gosnat. C’est alors que je pris contact avec les camarades qui tenaient en mains les responsabilités des organisations clandestines du PC dans nos départements et nos villes. [...]
Grâce à eux la Résistance s’organisa, non seulement dans les ports du littoral, de guerre ou de pêche, mais aussi dans le centre de la Bretagne. Ainsi, je puis dire qu’à la fin de 1940, le Parti dans son ensemble était réorganisé dans les cinq départements bretons. [...]
En mars 1941 nous décidons la reparution clandestine de la Bretagne Ouvrière, Paysanne et Maritime, hebdomadaire du Parti avant la clandestinité pour le Finistère et le Morbihan. En dépit de la répression féroce ce journal paraîtra tout au long de 1941. Son numéro de mai 1941 appelle tous les Bretons et Bretonnes à s'unir dans le Front National pour le salut et l'indépendance de la France dont le Parti communiste français vient de prendre l'initiative."

Dans ce témoignage Robert Ballanger soutient qu'il s'est engagé dans la lutte contre l'occupant allemand dès l'été 1940 et que cet engagement répondait aux instructions de la direction centrale du Parti communiste.

Au nombre des actes témoignant de la Résistance bretonne, la reparution à partir de mars 1941 de La Bretagne Ouvrière, Paysanne et Maritime !!!

Signalons qu'il mentionne aussi la collecte d'armes à l'été 1940 comme preuve de la mobilisation des communistes contre l'occupant allemand. En réalité ces armes abandonnées par les soldats français et récupérées par les communistes était stockées. Elles pouvaient par exemple être utilisées pour assurer la protection des militants qui étaient chargés de distribuer les tracts... pacifistes du Parti communiste.


Pour une France libre !

[...]
Que les Français qui ont cru un moment que leur intérêt était de suivre l'Angleterre reviennent à la réalité des choses.
Le peuple Français ne peut se sauver ni en se soumettant à l'Ordre Nouveau Hitlérien, ni à la City de Londres et à son mercenaire de Gaule (sic).
Son salut est dans l'indépendance de la France.
"Producteurs" sauvez-nous, nous-mêmes !
Le Parti Communiste Français vous montre la voie à suivre pour la Libération et le Redressement de notre beau pays de France.
Adhérez au Parti Communiste Français !
Pour le Salut du Peuple de France

Travailleurs Berrichons, [avez] vous lu le programme du Gouvernement du Peuple
Demandez- le à nos Amis !
Lisez-le, faites-le circuler !
(L'Emancipateur d'avril 1941 - Organe de la Région Cher du PCF)


PAS DE NOUVEAU "SAC AU DOS"
POUR LES BRIGANDS IMPERIALISTES.

Les groupes impérialistes rivaux poursuivent la plus féroce et la plus atroce des guerres. Les uns et les autres n'osent avouer les véritables mobiles qui les animent.
Churchill, aidé par Roosevelt, tue au nom de liberté et de la démocratie, mais les colonies anglaises sont sous le joug, le parti communiste anglais est frappé, sa presse interdite, cependant que les milliers de grévistes américains sont aux prises avec une police de gangsters au service des multimilliardaires marchands de canons.
Hitler mène "la guerre du sang contre l'or", "du travail contre la ploutocratie" mais les communistes et pacifistes allemands sont torturés, mais les communistes français, leur presse, leurs militants sont traqués.
La vérité est plus matérielle, plus cynique aussi. Il s'agit du deuxième partage du monde, de ses sources de matières premières, de ses marchés, que de se disputent les rivaux.
La France vaincue reste un enjeu important des deux clans qui agissent pour le plus grand mal de notre peuple, sans se soucier un instant de nos intérêts nationaux. Toutes les armes sont employées pour nous faire remettre "sac au dos". Le chantage à la famine des maîtres de De Gaulle n'a d'égal que la menace de la force des maîtres de Laval, Déat, Doriot. Les provocations se multiplient pour nous entraîner dans la mêlée, tel l'incident de Nemours.
Dans ces conditions, ne nous lassons jamais de répéter que les Français aiment leur pays; qu'ils le veulent libre, indépendant; qu'ils ont en horreur la guerre impérialiste. Ils ne se battront ni pour l'Allemagne, ni pour l'Angleterre, mais pour un gouvernement du Peuple qui libérera le territoire et les prisonniers de guerre, qui établira des relations pacifiques et fraternelles avec tous les autres peuples, qui se liera d'amitié avec le champion de la Paix qu'est l'URSS, qui fera la seule et vraie politique française, celle que veulent et que feront les communistes.

(L'Avenir normand n° 1 d'avril 1941 - Organe de la Région Normandie du PCF)

En avril 1941 paraît clandestinement le premier numéro de l'Avenir normand, organe de la Région Normandie du Parti communiste. Le rédacteur de ce numéro imprimé est le dirigeant régional André Pican.

L'article "Pas de nouveau "sac au dos" pour les brigands impérialistes" reflète parfaitement la position définie par la direction centrale du Parti communiste :

1) dénonciation du caractère impérialiste de la guerre qui oppose l'Angleterre démocratique à l'Allemagne nazie.

2) condamnation du Général de Gaulle accusé de servir l'impérialisme anglais.

3) appel à former un Gouvernement du Peuple "qui établira des relations pacifiques et fraternelles avec tous les autres peuples" et notamment... le peuple allemand.

Les revendications associées au Gouvernement du Peuple sont tirées du chapitre Politique extérieure du programme "Pour le salut du peuple de France".


"Les Normands ont du bons sens et savent que le capitalisme, voilà l'ennemi ! Ils prennent la voie juste, comme en témoigne l'accueil qu'ils réservent au Programme de notre Parti : "Pour le Salut du peuple de France".

(L'Avenir normand n° 1 d'avril 1941 - Organe de la Région Normandie du PCF)

L'Avenir normand mentionne le programme pacifiste Pour le salut du Peuple de France en rappelant qui est le véritable ennemi : "le capitalisme, voilà l'ennemi !".


"Ni soldats de l'Angleterre avec DE GAULLE ! Ni soldats de l'Allemagne avec PETAIN !
VIVE LA FRANCE LIBRE, INDEPENDANTE ET HEUREUSE QUE VEULENT ET QUE FERONT LES COMMUNISTE AVEC THOREZ AU POUVOIR."

(L'Humanité - édition zone non occupée - n° 101 du 4 avril 1941)


"La solution pour tous les maux dont nous souffrons se trouve dans le tract rédigé par le comité central du parti communiste, et intitulé "POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE"
PAYSANS... lisez ce programme et faites-le circulez."

(L'Enchaîné, Edition Paysane, n° 24 du 6 avril 1941 - Organe de la Région Pas-de-Calais du PCF)


"La jeunesse ne veut pas devenir une génération rachitique et tuberculeuse ! Elle en a assez du blocus imposé à notre population par l'impérialisme anglais et ses valets de GAULLE et LARMINAT."

(L'Avant-Garde n° 43 du 9 avril 1941 - Organe central des Jeunesses communistes)


LE PROGRAMME [DU GOUVERNEME]NT DU PEUPLE

"Pour le Salut du peuple de France" c'est le programme du [gouverne]ment du Peuple, édité clandestinement par le Parti Communiste, où les droits de la Jeunesse ont une place de premier plan : Droit à l'instruction, droit au repos, droit à la joie, droit [au foyer] et avant tout :
DROIT AU TRAVAIL :
- Création d'un vaste réseau d'Ecoles d'apprentissage correspondant aux diverses branches de la production pour les jeunes gens et les jeunes filles.
- Droit à un métier pour chaque citoyen et chaque citoyenne.
- Droit pour le Jeune ouvrier doué, d'accéder à des Ecoles techniques supérieures pour devenir Ingénieur, en continuant à percevoir son salaire.
- Obligation pour la société de donner du travail à tous, ce qui est seulement possible avec la disparition du régime capitaliste.
JEUNES, à l'appel de la Jeunesse Communiste, luttez derrière le Parti Communiste, Parti de la libération sociale et nationale de notre pays, POUR LE GOUVERNEMENT DU PEUPLE !

(L'Avant-garde n° 44 du 16 avril 1941 - Organe central des Jeunesses communistes)


"A nous, communistes, de montrer à notre peuple que ce n'est ni dans la "collaboration-soumission" à l'impérialisme allemand, ni dans l'attente d'une soi-disant délivrance gaulliste que ses espérances doivent être placées."

(L'Humanité n° 110 du 20 avril 1941 - Organe central du PCF)

Dans son numéro du 20 avril 1941, l'Humanité condamne le Maréchal Pétain et le Général de Gaulle en soulignant implicitement les différences qui oppose leur projet respectif à celui du Parti communiste.

Les communistes combattent la politique du Maréchal Pétain parce qu'elle est soumise à l'impérialisme allemand et que de ce fait elle n'apportera pas la Paix mais conduira la France à s'engager de nouveau dans la guerre au profit cette fois de l'Allemagne.

A cette "collaboration-soumission", les communistes opposent "la collaboration vraie". Cette collaboration communiste qui garantira la Paix avec l'Allemagne a été définie dans un texte publié en décembre 1940 sous le titre "La politique de Montoire-sur-(le-)Loir". 

Le Général de Gaulle est combattu par les communistes parce que le succès de son projet signifierait la victoire de l'impérialisme anglais et le maintien en France d'un régime capitaliste.

A la "délivrance gaulliste", les communistes opposent la Révolution socialiste qui permettra de mettre un terme définitif à la guerre impérialiste en détruisant sa cause : le régime capitaliste.


[Instructions de l'IC]

"Partant de ce point de vue, il [le parti] ne prend pas position hostile envers partisans du mouvement de Gaulle tout en critiquant avec mesure ses positions réactionnaires et colonialistes."

(Télégramme du 26 avril 1941 signé par Georges Dimitrov, Maurice Thorez et André Marty, (Moscou) (1).

Dans un télégramme daté du 26 avril 1941 qui sera transmis à Jacques Duclos par l'intermédiaire d'Eugène Fried, l'Internationale communiste recommande au Parti communiste de créer un "front national de lutte pour l'indépendance" dont l'objectif sera de "ne pas permettre que le peuple, le territoire et les ressources de la France soient utilisées dans la guerre entre l'Allemagne et l'Angleterre".

En d'autres termes les communistes devront se mobiliser pour maintenir la France à l'écart du conflit anglo-allemand et préserver ainsi son "indépendance".

L'IC précise que ce front exclu "les capitulards et traîtres" c'est-à-dire les pétainistes qui servent l'impérialisme allemand.

Quand aux gaullistes qui servent l'impérialisme anglais, l'IC fait une distinction entre les "partisans" du Général de Gaulle et le "mouvement de Gaulle" lui-même
- pas d'hostilité envers ces partisans, ils peuvent donc intégrer le front national de lutte pour l'indépendance de la France à la condition d'adhérer au projet pacifiste du Parti communiste,
- par contre, la propagande communiste devra dénoncer la France Libre du Général de Gaulle comme un mouvement qui défend des "positions réactionnaires et colonialistes" autrement dit fascistes !!!

Suivant les instructions de l'IC, le Parti communiste lancera en mai 1941 un Appel "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France".

(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 403.


UNE GRAVE ERREUR

C'est de croire que le De Gaullisme libèrera notre pays.
De Gaulle, c'est l'homme des financiers de la Cité.
De Gaulle était au Gouvernement quand, déjà, on jetait par milliers nos camarades en prison et dans les camps de concentration.
De Gaulle, c'est l'homme qui ferait, le cas échéant, de la Bretagne une nouvelle Vendée.
Ni De Gaulle, ni Vichy, ni Paris.
Ni tutelle allemande, ni tutelle anglaise.
Une France libre et indépendante, voilà ce que veulent et que feront les communistes.

(La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime n° 2 (avril 1941) - Organe des Régions Bretonnes du PCF)

A la fin d'avril 1941 paraît le deuxième numéro imprimé de La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime dans lequel les communistes bretons renouvellent leur condamnation du Général de Gaulle.

Dans ce numéro, le chef de la France Libre est accusé d'être non seulement un traître ("l'homme des financiers de la Cité") qui sert les intérêts de l'impérialisme britannique mais aussi d'être un futur dictateur sanguinaire qui - dans l'hypothèse où il succéderait au Maréchal Pétain à la suite d'une victoire de l'Angleterre sur l'Allemagne - organiserait en Bretagne des massacres de masse identiques à ceux commis en Vendée pendant la Révolution française !!!

Tous ces éléments doivent convaincre les Bretons que leur engagement dans la Résistance serait en définitive "une grave erreur".

Membre du gouvernement de Paul Reynaud du 5 au 16 juin 1940, le Général de Gaulle est aussi dénoncé pour sa participation à un gouvernement qui réprimait les militants communistes. 

On rappellera que les militants communistes ont été condamnés par les tribunaux de la République entre septembre 1939 et juin 1940 en raison de leur engagement en faveur de la Paix avec l'Allemagne nazie.



MAI 1941



"Les peuples ne veulent plus de la guerre impérialiste, pas plus qu'ils ne veulent d'une paix impérialiste qui ferait d'eux des véritables esclaves; ce qu'ils veulent c'est une paix populaire qui n'assujettirait aucun peuple, qui assurerait à chaque pays sa liberté et son indépendance nationales et qui créerait les conditions d'une collaboration fraternelle entre les peuples"



"Ni Hitler, ni de Gaulle, la France libre, indépendante"; "Ni Londres, ni Berlin, la France indépendante", "Le Socialisme c'est la paix, le bien être, la liberté".


Premier numéro d'une nouvelle série, Notre propagande n° 1 de mai 1941 met à la disposition des militants communistes des textes à diffuser sous forme de tract, papillon ou affichette.

Ce numéro contient aussi "quelques mots d'ordre et inscriptions murales à tracer au goudron, minium, peinture ou à la craie sur les murs, les portails d'usine, les trottoirs, l'asphalte etc..."

Au nombre de 28, ces mots d'ordre et inscriptions murales reflètent parfaitement la ligne pacifiste du Parti communiste puisque aucun d'entre eux n'appelle à la lutte armée ou à la défaite d'Hitler.


Les assassins de la liberté

En France, les autorités d'occupation protègent le gouvernement Pétain-Darlan-Belin qui interdit l'augmentation des salaires. Les mitrailleuses allemandes sont prêtes à taper dans le tas pour défendre les coffres-forts. Aux Etats-Unis, les ploutocrates menacent de la chaise électrique les ouvriers luttant pour leurs revendications et, en Angleterre, la presse communiste est interdite comme elle l'est par Pétain et Abetz dans notre pays.
Les impérialistes rivaux sont animés du même souci d'assassiner la liberté et quand les propagandistes anglais présentent le mouvement gaulliste comme un mouvement démocratique, ils mentent effrontément. Ce général à particule veut non pas la liberté de notre pays, il veut le triomphe des intérêts impérialistes auxquels il a lié son sort.
Ouvriers, paysans, ce n'est pas vers les de Gaulle, de Larminat et autres réactionnaires de même acabit qu'il faut tourner vos regards, et ce n'est pas des V qu'il faut écrire sur les murs, mais c'est l'emblème de la faucille et du marteau qu'il faut dessiner partout.
Pour le Salut du Peuple de France 

C'est sous ce titre que le Parti communiste a publié son programme de libération sociale et nationale de la France qu'il faut faire connaître à la masse des Français pour leur montrer le chemin de la délivrance.
Vive le Parti communiste (S.F.I.C) qui lutte sous la direction de son Comité central et de ses chefs aimés Thorez, Duclos, Marty, Cachin, Frachon, Ramette, Monmousseau, etc...
Vive la Jeunesse communiste qui, dirigée par Raymond Guyot, travaille à rassembler la jeunesse de France sous le drapeau du communisme.

Pour célébrer la fête du travail, le Parti communiste diffuse un numéro spécial imprimé de l'Humanité clandestine.

Le tirage cumulé de ce numéro s'élève à... 1 000 000 d'exemplaires (1).

Les circonstances, le mode d'impression et le tirage soulignent l'importance de l'Humanité clandestine du 1er mai 1941 dans la propagande communiste.

On pourra constater que ce numéro accuse le Général de Gaulle d'être un "assassin de la liberté" !!!! et qu'il fait l'apologie du Programme de gouvernement du PCF dans lequel il propose non seulement d'établir des "relations PACIFIQUES" entre la France et l'Allemagne nazie mais aussi d'instaurer des "rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand" !!!

(1) Chiffre donné par la direction du PCF dans un télégramme du 6 mai 1941 envoyé à l'IC.


Radio-Paris MENT, Radio-Vichy MENT et Radio-Londres également.
Ecoutez Radio-MOSCOU sur 25, 31, 32 et 49 mètres.

(La Voix du Quartier latin du 1er mai 1941 - Organe de la Section communiste des 5° et 6° arrondissements de Paris)


"Si l'occupation de la France par l'Allemagne suffit à fournir la preuve que le « nouvel ordre européen » de M. Hitler signifierait pour la France un scandaleux asservissement, il n'est pas moins certain que le mouvement des DE GAULLE et DE LARMINAT, foncièrement réactionnaire et antidémocratique, ne vise à rien d'autre, lui aussi, qu'à priver notre de pays de toute liberté au cas d'une victoire anglaise."
"Nous disons, Non ! aux misérables de Brinon, Pétain, Darlan, Déat et consort, qui, sous prétexte de « collaboration », veulent faire de nous les soldats, les marins d'Hitler.
Nous disons, Non ! au misérable de Gaulle et ses amis qui veulent faire massacrer les Français pour le compte de la bourgeoisie anglaise.
Nous ne voulons plus servir de champ clos aux querelles sanglantes (pour les peuples) des capitalistes.
Nos villes de Brest, Lorient, St-Nazaire, sont bombardées plusieurs fois la semaine par le R.A.F et, à chaque fois, c'est par dizaines que se comptent les malheureuses et innocentes victimes des banquiers de la cité et des ploutocrates de Berlin.
Oui ! Assez  ! La France aux Français ! A bas la guerre impérialiste !
Sachez que seul un Gouvernement du Peuple, s'appuyant sur l'Union Soviétique, peut mettre fin à cette guerre dans notre pays."
(La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime n° 3 (mai 1941) - Organe des Régions Bretonnes du PCF)

Dans son troisième numéro publié en mai 1941, La Bretagne ouvrière, paysanne et maritime dénonce encore une fois le Général de Gaulle et son projet de libérer la France par les armes.

L'organe des Régions bretonnes du Parti communiste reproduit en première page l'article de Maurice Thorez et de Jacques Duclos publié dans le numéro spécial de l'Humanité du 18 mars 1841 sous le titre "De 1871 à 1941 - Les capitalistes d'aujourd'hui sont les dignes héritiers des Versaillais". Dans ce texte, les deux dirigeants communistes condamne le mouvement gaulliste en l'accusant d'être "foncièrement réactionnaire et antidémocratique" et de vouloir "priver notre de pays de toute liberté au cas d'une victoire anglaise".

En outre, dans un texte dénonçant en page 2 les crimes de la RAF sous le titre "Les bombardement de Brest, Lorient, St-Nazaire", les communistes bretons condamne le "misérable de Gaulle" en expliquant qu'il veut "faire massacrer les Français pour le compte de la bourgeoisie anglaise."


1ER MAI 1941

Tandis que sa Nullité Pétain 1er bafouillait en chevrotant quelques lieux communs sur la "collaboration des masses" à la radio, les ouvriers ont fêté la Journée Internationale du Travail.
Malgré l'interdiction des manifestations et des cortèges, ils ont fait connaître leurs revendications. Leurs inscriptions sur les murs du Havre : "A BAS PETAIN", "VIVE LE 1er MAI ROUGE", "THOREZ AU POUVOIR", "VIVE L'URSS" ont donné bien du mal à la police. En ce jour de solidarité internationale du prolétariat, leurs inscriptions "ROT FRONT" s'adressaient aux ouvriers allemands en uniforme vert-gris.
Leurs affiches faisaient connaître leurs revendications : L'augmentation des salaires etc...
VIVE LE 1er MAI
PRECISIONS ...

La Radio de Vichy affirme que les "communistes gorgés d'or anglais font de la propagande gaulliste".
Tout le monde sait que les communistes qui veulent la liberté et l'indépendance de la France sont les ennemis du général à particule, agent de l'impérialisme britannique, comme ils sont les ennemis des traitres de Vichy, qui sous le nom de "collaboration" voudraient faire de la France une colonie allemande. 
Ni Dominion britannique, Ni Colonie Allemande, LA FRANCE AUX FRANCAIS.
Ni De Gaulle, Ni Pétain, UN GOUVERNEMENT DU PEUPLE.


Pour la formation d'un Front National
de lutte pour l'Indépendance de la France

"Les traîtres à la solde de l'envahisseur parlent de paix, mais leur « PAIX » ne signifie rien d'autre qu'une tentative criminelle de lancer à nouveau notre pays dans la guerre en le maintenant sous la domination des impérialistes allemands.

C'est pourquoi la lutte pour la paix ne peut se séparer de la lutte contre l'oppression nationale, pour l'indépendance de notre pays. Le peuple de France ne veut pas la paix du cimetière et de la prison, la paix de la servitude et de l'oppression, il veut la paix dans la liberté et l'indépendance du pays et le premier objectif que nous devons, nous Français, nous assigner dans cette lutte pour la paix est le suivant :

IL NE FAUT PAS PERMETTRE QUE LE PEUPLE DE FRANCE, LES RESSOURCES DE NOTRE PAYS ET NOTRE TERRITOIRE SOIENT UTILISES DANS LA GUERRE ENTRE L'ALLEMAGNE ET L'ANGLETERRE. [...]

Voilà ce que pensent, ce que désirent des millions de Français, mais ils se demandent si cela peut sortir du domaine des aspirations pour entrer dans celui des réalités.
Oui, cela se peut, mais à deux conditions :

1° IL FAUT L'UNITE DE LA NATION A L'EXCEPTION DES TRAITRES ET DES CAPITULARDS FAISANT LA BESOGNE OU LE JEU DE L'ENVAHISSEUR; IL FAUT CONSTITUER UN LARGE FRONT NATIONAL DE LUTTE POUR L'INDEPENDANCE DE LA FRANCE;

2° CE FRONT NATIONAL DE L'INDEPENDANCE, POUR POUVOIR REMPLIR SA MISSION LIBERATRICE, DOIT ETRE CONSTITUE AVEC, COMME FORCE FONDAMENTALE, LA CLASSE OUVRIERE DE FRANCE, AVEC LE PARTI COMMUNISTE A LA TETE" [...]

Certains Français et certaines Françaises qui souffrent de voir notre pays opprimé par l'envahisseur placent à tort leurs espérances dans le mouvement de Gaulle. A ces compatriotes, nous disons que ce n'est pas derrière un tel mouvement d'inspiration REACTIONNAIRE ET COLONIALISTE, à l'image de l'impérialisme britannique, que peut se réaliser l'unité de la Nation française pour la libération nationale. "


Le 15 mai 1941, dans un pays occupé par les armées hitlériennes depuis près de 11 mois, le Parti communiste publie un tract intitulé "Pour la formation d'un Front National de lutte pour l'Indépendance de la France"  dans lequel il appelle les Français à se mobiliser pour maintenir la France hors du conflit qui oppose l'Angleterre démocratique à l'Allemagne nazie :

"IL NE FAUT PAS PERMETTRE QUE LE PEUPLE DE FRANCE, LES RESSOURCES DE NOTRE PAYS ET NOTRE TERRITOIRE SOIENT UTILISES DANS LA GUERRE ENTRE L'ALLEMAGNE ET L'ANGLETERRE".

Cette initiative pacifiste répond à une Directive de l'Internationale communiste du 26 avril 1941.

Pour convaincre les Français d'adhérer au Front National de lutte pour l'indépendance de la Francele Parti communiste affirme que "l'indépendance de la France", c'est-à-dire le maintien du pays "en dehors de la guerre de rapine que se livrent les impérialistes de l'axe et leurs rivaux anglo-saxons", est la condition préalable à la "libération nationale" autrement dit à la fin de l'occupation allemande qui sera la conséquence d'un traité de Paix négocié avec succès par un Gouvernement communiste en raison de la neutralité de la France.

Le Front National de lutte pour l'indépendance de la France changera radicalement de nature après le 22 juin 1941 et l'invasion de l'URSS par les armées allemandes pour devenir un mouvement de Résistance ayant pour objectif la défaite de Hitler.

Dès lors, le Front National de lutte pour l'Indépendance de la France sera présenté par le Parti communiste puis l"historiographie comme un mouvement de Résistance créé le 15 mai 1941 sur la base de citations tronquées du texte original dans lesquelles on n'aura supprimé toute référence à la Paix avec l'Allemagne, à l'impérialisme britannique et à la condamnation du Général de Gaulle.


Que dans tous les foyers Picards, le programme du PARTI COMMUNISTE FRANCAIS pénètre.
Aidez les vaillants diffuseurs de la littérature du Parti communiste.
Lisez et popularisez, le programme du PARTI COMMUNISTE FRANCAIS.
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La Région Picarde du Parti Communiste Français

(Le Travailleur Picard n° 18 publié en juin 1941 - Organe de la Région Picardie du PCF)




JUIN 1940



"La France doit rester en dehors de la guerre impérialiste ! Et cela est possible en instaurant un GOUVERNEMENT DU PEUPLE. Un tel Gouvernement fort parce qu'issue du peuple pourrait maintenir la Paix parce qu'il s'appuierait sur la sympathie de tous les peuples et parce qu'il jouirait de l'amitié de la grande Union Soviétique."

(L'Avant-garde n° 50 du 1er juin 1941 - Organe central des Jeunesses communistes)


"Depuis le 8 juin dernier, date de l'entrée des troupes anglaises et des soldats de de Gaulle en Syrie et au Liban, le sang français coule."

(L'Humanité n° 117 du 13 juin 1941 - Organe central du PCF)


"Quel hommage nous rend ainsi le vieux Maréchal traître et profiteur de la défaite, mais ce vieux criminel aux mains rouges de sang n'a pas dit un mot de la Syrie, de cette guerre dans laquelle il fait tuer des enfants de France pour l'Allemagne, de même que de Gaulle et Catroux font tuer d'autres français pour l'Angleterre".

(L'Humanité n° 118 du 20 juin 1941 - Organe central du PCF)

Le 8 juin 1941, l'Angleterre et la France Libre lancent une offensive en Syrie et au Liban qui sont des territoires contrôlés par Vichy.

Dans son numéro du 20 juin 1941, l'Humanité dénonce en manchette la guerre de Syrie en condamnant à la fois le Général de Gaulle et le Maréchal Pétain qui sont accusés de servir respectivement l'impérialisme anglais et l'impérialisme allemand :

"Les traitres de Vichy font tuer des français en Syrie pour l'Allemagne, tandis que de GAULLE et CATROUX en font tuer d'autres pour l'Angleterre !"

Tiré de l'article "Le Parti communiste vit, il lutte, il vaincra", l'extrait cité reprend cette condamnation.

L'Humanité du 20 juin 1941 atteste que le Général de Gaulle est toujours considéré par le Parti communiste comme un ennemi. Le 25 juin 1941, soit 5 jours après la parution de ce numéro, les communistes recevront de Moscou l'ordre de s'allier avec le mouvement gaulliste. Entre ces deux dates : l'invasion de l'URSS par les armées allemandes.



22 JUIN 1941
L'ALLEMAGNE ATTAQUE L'URSS



[Instructions de l'IC]

"Le moment est venu rechercher et organiser contacts directs avec mouvement gaulliste, dont partisans comprennent que lutte héroïque peuple soviétique contre agression hitlérienne répond intérêts peuple français et que libération France est liée à victoire Union soviétique. Collaboration doit s'établir sur la base suivante. Lutte commune pour libération nationale. Efforts communs contre ennemi commun, le fascisme allemand". (1)

(Télégramme du 25 juin 1941 signé par Maurice Thorez et André Marty (Moscou) (1).

Le 22 juin 1941, l'Allemagne est en mesure d'envahir l'Union soviétique en raison de leur frontière commune issue de leur partage de la Pologne en septembre 1939. Cette attaque marque la fin de l'alliance germano-soviétique dont le fondement était le Pacte de non-agression du 23 août 1939 et le Traité de frontières et d'amitié du 28 septembre 1939.

On fera remarquer que sans cette initiative d'Hitler les communistes auraient été les alliés des nazis jusqu'en 1954 aux termes de l'article 6 du Pacte germano-soviétique :

"Le présent traité est conclu pour une durée de dix ans avec cette stipulation que, si l'un des deux contractants ne le dénonce pas une année avant l'expiration de ce délai, la durée de la validité de ce traité sera considérée comme prolongée automatiquement pour une période de cinq ans."

Pour sa défense l'URSS peut compter sur le soutien de l'Internationale communiste qui mobilise immédiatement ses membres.

La Section Française de l'Internationale Communiste (SFIC) autrement dit le Parti Communiste Français (PCF) reçoit ses Instructions dans un télégramme du 25 juin 1941 co-signé par Maurice Thorez. 

Dans ce télégramme, Moscou recommande aux communistes français de "rechercher et organiser contacts directs avec mouvement gaulliste" pour combattre ensemble un "ennemi commun : le fascisme allemand".

Appelé à lutter contre l'occupant allemand, le Parti communiste ne qualifiera plus la guerre contre l'Allemagne nazie d'impérialiste. Elle sera désormais analysée comme une guerre anti-fasciste. Il abandonnera son projet de former un Gouvernement de Paix. Son programme pacifiste intitulé "Pour le salut du Peuple de France" sera donc caduc et ce grâce à l'action... de Hitler. Enfin,  il ne dénoncera plus les gaullistes comme des traîtres au service de l'impérialisme anglais mais les célébrera comme des frères d'armes dans la lutte contre les nazis.

Le Parti communiste s'engage dans la lutte contre l'occupant allemand dans le but de libérer sa patrie : l'Union soviétique.

Preuve que cet objectif est bien celui des communistes, l'IC précise que "libération France est liée à victoire Union soviétique" autrement dit la libération de la France sera la conséquence de celle de l'Union soviétique. La première est donc subordonnée à la seconde.

Tous ces éléments imposent de faire une claire distinction entre Résistance française et Résistance communiste. La première fondée par le Général de Gaulle en juin 1940 avait pour objectif de libérer le territoire national. La seconde initiée par le PCF en juin 1941 était un soutien à l'effort de guerre soviétique.

La création par le Parti communiste de structures non partisanes ayant pour objectif la libération de la France ne sera qu'une tactique visant à recruter des Français pour combattre les Allemands. L'objectif stratégique sera toujours le même.

Enfin, l'entrée du Parti communiste dans la Résistance marque la fin de sa période pacifiste. Cette période (septembre 1939 - juin 1941) permet d'illustrer sa totale servitude à l'IC et donc aux intérêts de l'URSS.

En effet, il a approuvé le Pacte germano-soviétique à la suite des Instructions de l'IC du 22 août 1939. Il a dénoncé la guerre impérialiste menée contre l'Allemagne nazie après avoir reçues celles du 9 septembre 1939. Enfin, c''est sur les ordres de Moscou du 25 juin 1941 qu'il s'engage dans la lutte contre l'occupant allemand.

(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, pp. 441-442.


LA BATAILLE DES V. 
Les allemands volent tout; ils ont même voulu voler le V. mais si notre V signifie VICTOIRE, le leur signifie VERBRECHER (criminel) qualificatif qui s'applique bien à Hitler. Afin de différencier nos V des leurs, dessinons-les ainsi :
 
ainsi s'affirme l'union des gaullistes, des communistes et de tous les patriotes dans le Front National de l'Indépendance de la France.

(L'Humanité n° 122 du 29 juillet 1941 - Organe central du PCF)

Pacifistes, les communistes se sont appropriés le principe pétainiste de la collaboration en plaidant pour la "collaboration vraie". Résistants, ils s'approprient le V gaulliste - signe de la Victoire - en y associant la faucille et le marteau.

Pacifistes, les communistes ont lancé un Appel pour la Formation d'un Front National de lutte pour l'indépendance de la France dans lequel la France Libre du Général de Gaulle était dénoncée comme un mouvement "REACTIONNAIRE ET COLONIALISTE". Résistants, ils célèbrent le Front National de l'indépendance de la France comme le symbole de "l'union des gaullistes, des communistes et de tous les patriotes".

Pacifistes, les communistes ont qualifié de Gaulle, Churchill et Attlee "d'ennemis du peuple". Résistants, ils qualifient Hitler de... "criminel".

Le PCF condamne le Général de Gaulle et son Appel du 18 juin 1940 (Partie III : Hiver 1940/41)


CODE COULEUR

          
Textes de la direction centrale du PCF : tracts, brochures, papillons, l'Humanité .

          
Textes (tracts, journaux, éditions locales de l'Humanité, papillons) des Régions du PCF (une Région couvre un ou plusieurs départements) :
- zone occupée : Nord et Pas-de-Calais (Martha Desrumeaux), Bretagne (Robert Ballanger), Normandie (André Pican), Picardie, Somme, Gironde et les 5 Régions composant la région parisienne : Paris-Ville, Paris-Est, Paris-Ouest, Paris-Sud, Paris-Nord.
- zone libre : Puy-du-Dôme, Corrèze, Charente, Cher, Bouches-du-Rhône.

          
Communications entre le PCF et l'Internationale communiste, entre le PCF et l'antenne de l'IC installée à Bruxelles sous la direction d'Eugen Fried, et enfin entre le PCF et ses Régions.

          
Textes de la Fédération des Jeunesses communistes (tracts, brochures, l'Avant-garde).

La Partie III comprend les mois de Janvier, Février et Mars.



JANVIER 1941




L'équipe de Vichy nous conduit à la guerre.

Depuis le 14 décembre, Laval a été chassé du gouvernement de Vichy par Pétain.
Laval avait accepté la cession de la marine de guerre et des ports de la Méditerrannée aux occupants, afin de faciliter leurs opérations anti-britanniques dans le bassin méditerrannéen.
Les occupants n'ont pas accepté la mesure prise par Pétain qui pendant tout le mois de décembre et début janvier a subi une double pression : la pression des Allemands qui veulent que Laval redeviennent ministre et la pression anglo-américaine encourageant à la résistance aux exigences allemandes.
Ces pressions témoignent de la volonté des impérialistes allemands et des impérialistes anglo-américains d'entrainer la France à nouveau dans la guerre.
Les premiers veulents se servir de l'Afrique du Nord comme base d'opérations contre l'Angleterre et les seconds veulent se servir de cette même Afrique du Nord pour pousser leurs avantages contre l'Italie et partant contre le bloc des puissances de l'axe.
De toutes façons les deux solutions que les impérialistes offrent à la France, c'est la guerre, la guerre sous le signe de la collaboration ou la guerre sous le signe d'une prétendue résistance à l'oppression.
Nous nous élevons contre de telles éventualités, décidés que nous sommes à lutter de toutes nos forces contre la guerre impérialiste.
Ni la guerre avec l'impérialisme allemand, ni la guerre avec l'impérialisme anglo-saxon. Ce que veut le peuple de France, c'est la Paix en même temps que la liberté et l'indépendance de notre pays.
La preuve est faite que les traîtres de Vichy ne peuvent être que les agents d'un impérialiste étranger, et le seul gouvernement capable de sauver la France, capable de poursuivre une politique de paix, c'est le gouvernement  du peuple, expression de la volonté du peuple décidé à poursuivre une politique d'amitié avec l'URSS en même temps qu'une politique de bons rapports avec tous les peuples sous le signe de la liberté et d l'indépendance de la France.
A bas les traîtres de Vichy !
Vive le gouvernement du peuple


Dans un numéro spécial de l'Humanité diffusé en janvier 1941, le Parti communiste expose avec clarté sa ligne politique :

"Ni la guerre avec l'impérialisme allemand, ni la guerre avec l'impérialisme anglo-saxon. Ce que veut le peuple de France, c'est la Paix en même temps que la liberté et l'indépendance de notre pays."

Après avoir manifesté son pacifisme et son opposition au Gouvernement de Vichy qu'il accuse d'être un gouvernement belliciste au service de l'impérialisme allemand, le Parti communiste affirme que seul un Gouvernement communiste pourra faire la Paix avec Hitler et compter pour cela sur le soutien de l'URSS, alliée de l'Allemagne :

"le seul gouvernement capable de sauver la France, capable de poursuivre une politique de paix, c'est le gouvernement du peuple, expression de la volonté du peuple décidé à poursuivre une politique d'amitié avec l'URSS en même temps qu'une politique de bons rapports avec tous les peuples sous le signe de la liberté et d l'indépendance de la France".


"Et surtout, n'oubliez pas ceci qui est l'essentiel :
Les communistes en prison, c'est la France enchaînée ! [...]
Méditez, hommes et femmes de France, sur le drame du mois de juin dernier. Le régime odieux qui avait entraîné la France dans la guerre et dans la défaite aurait dû, en bonne justice, être balayé. Par qui a-t-il été momentané sauvé ? Par l'armée d'occupation. L'occupant a été la planche de salut pour le système d'exploitation capitaliste. Entre ce naufragé rescapé et son sauveur, un contrat de gangsters est intervenu. Et ce contrat joue contre nous, contre le Peuple de France.
Hommes et femmes de France, vous payez tous les jours le tribut de ce contrat qui vous coûte 400 millions quotidiennement pour les frais de l'armée occupante; vous payer ce tribut lorsqu'on vous impose d'insupportables restrictions parce que l'occupant rafle une partie des produits de votre alimentation; vous payer ce tribut lorsque l'occupant et ses domestiques de Vichy organisent la désindustrialisation de la France et condamnent à l'inaction des millions de travailleurs; vous risquez de payer ce tribut plus chèrement encore demain, au prix de votre sang, si l'occupant fait de vous ou de vos fils des soldats de sa guerre contre l'Angleterre.
Or, les communistes vous montrent au milieu de tant d'angoisses et de malheur la voie du salut : la voie du Salut, disent-ils, ce n'est point celle que vous indiquent les amis du général de Gaulle qui voudraient lier la France à la fortune chancelante du l'impérialisme britannique sur le déclin; la voie du salut ce n'est point non plus celle qui aboutirait à l'esclavage de ce pays condamné à travailler pour le profit de colonisateurs féroces.
Le salut est dans l'entente internationale des peuples, fondée sur leur libre collaboration. Il n'y a pas plus juste modèle de ce que doivent être les Etats-Unis d'Europe que celui que nous offre la communauté fédérative des peuples libres de l'Union Soviétique.
Le salut, c'est le renversement de l'ordre ancien, c'est l'expropriation des capitalistes; le salut c'est la Révolution ! le salut c'est le Socialisme. [...]
Hommes et femmes de France, vous êtes à la croisée des chemins. Le salut ne viendra ni de Londres, ni de Washington ni de Berlin. Il ne vous sera pas apporté par un miracle. Il est en vous. Il faut choisir, l'esclavage ou la Révolution socialiste et se souvenir qu'il n'y a qu'une manière d'être révolutionnaire, la manière communiste. Et il n'y a qu'un socialisme, celui dont les communistes sont les champions, celui qui a triomphé sur un sixième du globe, en URSS, dans le grand pays des Soviets de Lénine et Staline.
Hommes et femmes de France, ne laissez pas plus longtemps les meilleurs fils du peuple servir d'otages à ceux qui vous rançonnent, ne vous résignez pas ! Les temps sont durs certes, ne vous laissez pas abattre cependant par le découragement. Ne dites pas : « Il n'y a rien à faire ». Il y a tout à faire, au contraire.
Et, pour commencer, il faut forcer les portes des prisons et les barbelés des camps.
Il faut s'unir pour délivrer les communistes, c'est-à-dire commencer à conquérir la Paix, dans la Libération sociale, dans l'indépendance nationale, par la Révolution socialiste. A l'exemple de la Révolution d'octobre 1917 qui assura la victoire triomphante du socialisme sur un sixième du globe."


En janvier 1941, le Parti communiste diffuse à 20 000 exemplaires une brochure de 48 pages intitulée "Nous accusons".

Rédigé en grande partie en octobre 1940, ce texte est un véritable réquisitoire contre... le gouvernement français et son bellicisme pendant la guerre de 1939-1940. Il est aussi - à l'inverse - une célébration du Parti communiste et de son combat pour la Paix.

Les 9 dernières pages de cette publication sont consacrées à l'occupation allemande : "Occupation - La répression contre les communistes champions de l'indépendance française".

On fera remarquer que ces pages font de nombreuses références à "l'occupant" sans jamais mentionner ni sa nationalité, ni son idéologie, ni le nom de son chef. Des oublis sûrement...

Evoquant les premières semaines de l'occupation, la brochure célèbre dans un long développement l'Appel au "Peuple de France" de juillet 1940 et son contenu pacifiste :

"Il [Le Parti communiste] déclare que la Paix doit être fondée sur la collaboration internationale, dans l'égalité des droits et non sur l'oppression, car un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple libre".

Condamnation implicite de la Paix pétainiste qui est dénoncée par les communistes comme un acte de soumission à l'impérialisme allemand, le texte indique que la Paix communiste est fondée sur "l'égalité des droits" et "la collaboration internationale" :

1) "l'égalité de droit". Les communistes s'engagent à négocier avec Hitler sur un pied d'égalité afin de conclure un traité de Paix qui soit conforme aux intérêts du peuple français et du peuple allemand.
2) "la collaboration internationale". Ce terme décrit la nature des relations qu’entretiendront à l'avenir la France communiste et l'Allemagne nazie. Le traité de Paix franco-allemand étant la première manifestation de ces nouvelles relations entre les deux pays.

La brochure "Nous accusons" présente la particularité d'être l'une des rares publications communistes dans laquelle il est fait référence aux négociations de l'été 1940 entre le PCF et les autorités allemandes.

Dans ce texte publié en janvier 1941, le Parti communiste regrette l'échec de ces négociations qui est attribué au refus des Allemands de satisfaire ses revendications :

"Et ce langage des communistes était le seul digne, et du peuple français, et du peuple allemand. 
Il n'a pas été entendu des Autorités occupantes."

Enfin, revenant sur les événements de l'automne, cette brochure dénonce avec virulence les arrestations massives de militants et d'élus communistes au début d'octobre 1940.

Cette dénonciation se termine sur un Appel - extrait cité - dans lequel elle incite les Français à se mobiliser pour obtenir la libération de tous les militants et élus communistes détenus dans les prisons et dans les camps.

Elle précise que la libération de ces détenus sera la première étape dans la mise en œuvre du projet du Parti communiste qui est ainsi défini : "la Paix [....] par la Révolution socialiste" autrement dit la constitution d'un Gouvernement communiste qui renversera le régime capitaliste et négociera la Paix avec Hitler.

Ce projet constitue "la voie du Salut" contrairement à celui défendu par "les amis du général de Gaulle qui voudraient lier la France à la fortune chancelante de l'impérialisme britannique sur le déclin".

Sa réalisation permettra d'inaugurer une nouvelle ère dans les relations franco-allemandes en posant les bases d'une "entente internationale des peuples, fondée sur leur libre collaboration"


"Jeune homme de vingt ans, les communistes ne veulent pas te farder la vérité. C'est leur héroïque destin d'aller souvent contre le courant. Nous proclamons dès lors sans réticence que si nous avions dirigé les destinées de la France en juin 1940, comme les bolchéviks dirigeaient les destinées de la Russie en 1918, nous aurions mis fin à la guerre, nous aurions signé la paix comme les bolchéviks l'ont signée en en 1918.
La paix que signèrent les bolchéviks en 1918 était très dure. Mais elle était signée par un gouvernement du peuple qui s'attachait à la réorganisation socialiste du pays, qui expropriait les capitalistes et les propriétaires fonciers. Cette paix qui, pour un autre gouvernement, eût été un suicide, a été pour les Soviets le premier pas dans la voie de la reconstruction de la Russie.
L'armistice de Laval et de Pétain est un contrat de servitude et de peur. Il enchaîne la France au vainqueur. D'un jour à l'autre, il risque de faire, des Français, les soldats de l'Allemagne. La paix qu'eût signée un gouvernement français populaire, ami et allié de l'Union soviétique, eût été le signal du relèvement du pays dans l'indépendance. Elle eût été conforme à l'intérêt du peuple français, conforme à l'intérêt du peuple allemand, car un peuple qui en opprime un autre n'est pas un peuple libre. Elle eût ouvert la voie à l'entente internationale exclusive de toute hégémonie, respectueuse de l'indépendance des Nations.
Cette paix - la vraie - alors que l'armistice Pétain n'est qu'un accord d'esclavage - nous eût permis de panser nos blessures."


En janvier 1941, la Fédération des Jeunesses Communistes de France diffusent à 20 000 exemplaires une brochure intitulée "Jeunesse de France".

Rédigée en octobre 1940 par Gabriel Péri, cette brochure d'une cinquantaine de pages montre que les Jeunesses communistes sont restés fidèles à leur histoire en s'engageant pour la Paix au cours du conflit franco-allemand de 1939-1940.

Brochure d'éducation, cette publication doit convaincre les jeunes Français d'adhérer aux Jeunesses communistes pour défendre le projet du Parti communiste : la Paix par la Révolution socialiste.

Dans l'extrait cité, s'adressant à leur lecteur ("Jeune homme de vingt ans") avec gravité ("les communistes ne veulent pas te farder la vérité"), les Jeunesses Communistes affirment que si le Parti communiste avait pris le pouvoir en juin 1940 après la démission du Gouvernement Reynaud auquel a succédé le Gouvernement Pétain, il aurait mené sur le plan extérieur et intérieur une politique identique à celle des bolchéviks en 1918 : Paix avec l'Allemagne et Révolution socialiste.

Le jeune de vingt ans quelque peu étonné par cette vérité énoncée en pleine occupation allemande a surement dû être rassuré par ces deux précisions :
1) Le traité de Paix que le Parti communiste aurait négocié avec Hitler aurait été "conforme à l'intérêt du peuple français, conforme à l'intérêt du peuple allemand",
2) Cette Paix aurait permis d'inaugurer une nouvelle ère dans les relations franco-allemandes en posant les bases d'une "entente internationale" entre la France communiste et l'Allemagne nazie.

Dernier élément, l'hypothèse relative à la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste en juin 1940 est aussi évoquée dans la brochure "Le Parti communiste a vingt ans" de février 1941.


UNE BONNE NOUVELLE

Le Travailleur reparait. C'est notre cadeau de l'année nouvelle aux travailleurs de la Corrèze. Notre vaillant journal, interdit par Daladier-Reynaud puis par l'équipe Laval-Pétain va recommencer sa lutte. [...]
Nos correspondants seront tous les opprimés, tous ceux qui, comme nous et avec nous, veulent œuvrer à la construction d'un avenir plus lumineux, plus juste, pour une France délivrée du capitalisme, une France indépendante et libre. [...]
Vive le courageux et invincible Parti Communiste.
"Ni Flandin Pétain, ni De Gaulle.
Gouvernement du Peuple."
"NI DOMINIONS BRITANNIQUES.
NI PROTECTORAT ALLEMAND."
(Le Travailleur de la Corrèze de janvier 1941 - Organe de la Région Corrèze du PCF)


VOTRE JOURNAL

Notre vaillant journal interdit par Daladier, Reynaud puis par l'équipe Laval-Pétain reparait.
C'est notre cadeau de l'année nouvelle aux travailleurs de la Dordogne.  [...]
Nous correspondants seront tous les opprimés, tous les exploités, tous ceux qui, comme nous, veulent œuvrer à la constitution d'un avenir plus lumineux et plus juste, pour une France délivrée du capitalisme indépendante et libre; [...].
Vive le courageux et invincible Parti Communiste qui instaurera dans notre pays le régime ouvrier et paysan.
Le régime où chacun a droit au travail et au pain.
"Ni Laval, Flandin, Pétain, ni De Gaule (sic)
Gouvernement du Peuple."
(Le Travailleur de la Dordogne de janvier 1941 - Organe de la Région Dordogne du PCF)





(Papillons de la Région Paris-Nord du PCF de janvier 1941 ) (1)

Signés "La Région Paris-Nord du Parti communiste", ces trois papillons de janvier 1941 reprennent le mot d'ordre "THOREZ AU POUVOIR !" qui traduit le projet du Parti communiste de former un Gouvernement de Paix dirigé par son secrétaire général : Maurice Thorez.

Précisons que ce dernier n'est pas présent sur le territoire français ce que les militants d'ailleurs ignorent. En effet, après sa désertion en octobre 1939 il s'est installé provisoirement en Belgique avant de se réfugier à Moscou.

Cette revendication s'accompagne de la condamnation et du Maréchal Pétain et du Général de Gaulle : "Ni Pétain, ni de Gaulle".

Le premier parce que son régime représente les oligarchies capitalistes. Le second parce qu'il veut libérer la France par les armes.

On notera que dans le dernier papillon le Chef de la France Libre est asssimilé au "choléra".

(1) A. Rossi, La guerre des papillons, 1954, p. 357.


"De graves dissensions motivées par les oppositions d'intérêts entre capitalistes agitent la clique de Vichy dont le pouvoir branlant ne repose que sur l'appui conditionné de l'occupant . [...]
Les défaites italiennes et l'entrée en scène de l'Amérique ont pour conséquences une pression de plus en plus grande sur la France pour obtenir, dans un clan ou dans l'autre, sa participation au grand massacre impérialiste qui se poursuit. On cherche visiblement à jeter notre pays dans la guerre pour le compte des puissances de l'axe ou du bloc anglo-américain qui leur est opposé.
La politique de "collaboration" définie à MONTOIRE nous mène au sacrifice de soldats et marins français au profit de l'Allemagne tandis qu'on propose d'autre part la solution aussi néfaste de faire battre les jeunes Français pour les ploutocrates anglo-saxons. Le choix que nous soumettent les politiciens rivaux se résument ainsi : à quelle sauce voulons nous-être mangés ?
La réponse des français est claire : nous ne verserons notre sang ni pour LONDRES, ni pour BERLIN. Nous voulons la paix et la libération du territoire."

( L'Humanité - édition zone Sud - n° 90 du 9 janvier 1941)


"Les deuils et la misère ne vous suffisent pas MM. les bourreaux de la jeunesse : vous caressez de nouveaux projets guerriers ! Mais, encore fois la jeunesse ne marche pas, ni pour Pétain, ni pour Hitler, ni pour de Gaulle et les mots d'ordres (sic) : A bas la guerre impérialiste !, réalise l'unanimité des jeunes encasernés avec Vive la classe !"

(L'Avant-garde n° 31 du 12 janvier 1941 - Organe central des Jeunesses communistes)


"Le peuple français ne marche pas pour une politique de collaboration qui signifie la domestication de la France. Il n'envisage qu'une collaboration celle qui l'unira au peuple allemand, aux soldats allemands, qui ont comme nous à conquérir le droit à une vie nouvelle en abattant à jamais le régime capitaliste."

(L'Humanité n° 97 du 13 janvier 1941 - Organe central du PCF)

Dans son numéro du 13 janvier 1941, l'Humanité montre clairement la différence entre la collaboration pétainiste "qui signifie la domestication de la France" et la collaboration communiste qui "unira [le peuple français] au peuple allemand".

Distincte de la collaboration pétainiste, la collaboration communiste a été définie dans un texte publié en décembre 1940 sous le titre "La politique de Montoire-sur-(le-)Loir".


"critiquant [critiquer] ligne antidémocratique mouvement de Gaulle".

(Télégramme du 27 janvier 1941 de l'Internationale communiste - signé Maurice Thorez, secrétaire général du PCF et André Marty, secrétaire de l'IC, (Moscou) - envoyé à Jacques Duclos, secrétaire du PCF (Paris)) (1)

Dans le télégramme du 27 janvier 1941 l'Internationale communiste indique que la "Ligne du parti s'établit par prise en considération perspectives de guerre prolongée, affaiblissement réciproque belligérants, renforcement Union soviétique ainsi que maturation conditions pour libération peuple français". C'est dans ce cadre qu'elle recommande au Parti communiste : "critiquant [critiquer] ligne antidémocratique mouvement de Gaulle, toutefois tenir compte que ce mouvement dans étape actuelle joue rôle objectivement positif". "Le rôle objectivement positif" du mouvement gaulliste : "affaiblissement réciproque des belligérants".

Désormais, la propagande communiste présentera le Général de Gaulle non seulement comme un agent de l'impérialisme britannique mais aussi comme le chef d'un mouvement "antidémocratique".

(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 372.



FEVRIER 1940



Pour le salut du Peuple de France

"Le Gouvernement du Peuple, expression de la volonté nationale et non d'une conjuration de profiteurs comme l'est la clique de Vichy, prendrait immédiatement les décisions de politique extérieure et intérieure indispensables au salut du Pays. Ces mesures seraient dans leurs grandes lignes :

I. POLITIQUE EXTERIEURE

1° Libération du territoire national et des prisonniers de guerre. Pour mener cette tâche à bien, le Gouvernement du Peuple mettrait tout en œuvre pour établir des relations PACIFIQUES avec tous les peuples; il s'appuierait sur la puissance que lui conféreraient LA CONFIANCE DU PEUPLE FRANCAIS, LA SYMPATHIE DES AUTRES PEUPLES ET L'AMITIE DE L'UNION SOVIETIQUE.
2° Etablissement de rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand en rappelant l'action menée par les communistes et par le peuple français contre le traité de Versailles, contre l'occupation du bassin de la Rhur, contre l'oppression d'un peuple contre un autre peuple.
3° Conclusion d'un pacte d'amitié et d'un traité commercial avec l'URSS et poursuite résolue d'une politique de paix destinée à tenir la France en dehors du conflit impérialiste.
4° Proclamation du droit pour les minorités nationales et pour les peuples des colonies, des territoires sous mandat et des protectorats à l'indépendance et à la libre disposition d'eux-mêmes. [...]

II. POLITIQUE INTERIEURE

POUR METTRE LES OLIGARCHIES CAPITALISTE HORS D'ETAT DE NUIRE [...]
POUR DONNER AUX TRAVAILLEURS LA PLACE
QUI LEUR REVIENT DANS LA NATION[...]
POUR LES PAYSANS DE FRANCE [...]
POUR LA DEFENSE DES COMMERÇANTS DETAILLANTS VICTIMES DES TRUSTS [...]
POUR LA SANTE DU PEUPLE [...]
POUR LA JEUNESSE [...]
POUR LE JUGEMENT DES RESPONSABLES DE LA GUERRE [...]
POUR LES SINSTRES DE LA GUERRE [...]
POUR LES VICTIMES DE LA GUERRE [...]
POUR LA DEFENSE DE L'INTELLIGENCE FRANÇAISE [...]
POUR LE RETABLISSEMENT DES LIBERTES POPULAIRES [...]

FRANÇAIS, FRANÇAISES,
Tel est le programme de salut que le Parti communiste propose au peuple de France.
Voilà le programme qui seul, peut aboutir au relèvement du pays, parce que :
Il supprimera le profit et l'exploitation capitalistes. [...]
Il fondera la politique extérieure de la France sur l'amitié avec l'URSS le grand pays du Socialisme, sur la fraternité des peuples dans l'égalité des droits, et sur le droit pour tous les peuples y compris les peuples coloniaux à disposer librement d'eux-même.
Hors de ce programme de salut national, il ne peut y avoir que misère et servitude pour notre pays.
FRANÇAIS, FRANÇAISES, OUVRIERS, PAYSANS, INTELLECTUELS, PETITES GENS, RASSEMBLEZ-VOUS DERRIERE LE PARTI COMMUNISTE FRANCAIS.
Partout, faites connaître le programme de salut du peuple français, le seul programme qui puisse assurer la liberté et l'indépendance de la France, le seul programme qui balayant les décombres du régime capitaliste pourri ouvrira devant notre peuple, toutes larges les voies de l'avenir. "

(Manifeste-programme "Pour le salut du peuple de France" de février 1941)

En février 1941, dans une France occupée par les nazis sur les trois-cinquièmes de son territoire depuis près de huit mois, se posant comme la seule véritable alternative au Maréchal Pétain et à sa politique de collaboration, le Parti communiste clandestin publie un programme de gouvernement dans un manifeste intitulé en toute modestie "Pour le salut du Peuple de France". 

Signé par le "Comité Central du Parti Communiste Français (SFIC)", ce programme de "libération sociale et nationale" détaille les mesures de "politique intérieure et extérieure indispensables au salut du pays" que prendrait un "Gouvernement du Peuple".

En politique extérieure, pour mettre fin à l'occupation allemande, le Parti communiste propose non seulement d'établir des "relations PACIFIQUES" entre la France et l'Allemagne nazie mais aussi d'instaurer des "rapports fraternels entre le peuple français et le peuple allemand" !!!

On notera d'une part que le PCF associe la libération nationale à la signature d'un traité de Paix avec Hitler et d'autre part qu'il partage en matière de politique étrangère le même objectif que le régime de Vichy.

Sur le plan intérieur, les communistes plaident pour l'instauration d'un régime socialiste avec comme modèle l'Union soviétique de Staline !!!

Pour atteindre cet objectif ils présentent un ensemble de mesures modifiant radicalement l'organisation économique et politique du pays. Un exemple saisissant à la fois par son contenu, le vocabulaire utilisé et les personnes visées :

"Nationalisation sans indemnité des banques, compagnies d'assurances, mines, chemins de fer et de l'ensemble des sociétés capitalistes aryennes et juives (électricité, produits chimiques, textiles, métallurgie, gaz, etc...). [...]
Recensement des fortunes et biens des gros capitalistes (aryens et juifs) en vue de prélèvement ou confiscation pour subvenir aux besoins immédiats des masses laborieuses."

Ils appellent aussi à la création d'une juridiction d'exception visant à l'élimination des principaux dirigeants de la IIIe République accusés d'être... les responsables de la guerre franco-allemande de 1939-1940.

Au vu de ces éléments, on peut constater que le PCF associe la libération sociale à l'abrogation du régime républicain synonyme de régime capitaliste au profit d'un régime de type soviétique.

Diffusé à 100 000 exemplaires, le programme du Parti communiste bénéficiera d'un second tirage identique le mois suivant. Document central de l'action politique du PCF, il sera reproduit en mars 1941 dans les 20 000 exemplaires des Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941.

La propagande communiste se mobilisera pour le faire connaître à l'ensemble de la population française. Un exemple, le numéro spécial de l'Humanité du 1er mai 1941 - tiré à 1 000 000 d'exemplaires - publiera un article intitulé "Pour le Salut du Peuple de France" dans lequel on pourra notamment lire :

"C'est sous ce titre que le Parti communiste a publié son programme de libération sociale et nationale de la France qu'il faut faire connaître à la masse des Français pour leur montrer le chemin de la délivrance."

Le 22 juin 1941, Hitler met fin à son alliance avec Staline en attaquant l'URSS. A la suite de cette attaque le PCF abandonnera son projet de former un Gouvernement de paix pour s'engager dans la lutte contre l'occupant allemand avec l'objectif de libérer sa patrie : l'Union soviétique.

Expression d'une alternative communiste à la politique de collaboration du Maréchal Pétain, le programme "Pour le salut du Peuple de France" n'est pas dans les livres d'histoire. A sa lecture, on comprend pourquoi on a préféré le devoir d'amnésie au devoir de mémoire.

Au final, s'il ne fallait retenir qu'un seul texte pour illustrer la ligne pacifiste, germanophile, anglophobe et antipatriotique qui a guidé l'action du PCF entre septembre 1939 et juin 1941, le choix se porterait sans aucune hésitation sur son programme de gouvernement de février 1941.


[Brochure]

"On sait aujourd'hui, parce que les hommes de Vichy l'ont avoué et que la presse allemande l'a claironné, que la décision d'armistice et l'expulsion du Cabinet Reynaud ont été imposées dans la journée du 13 juin au Président de la République par un groupe de députés conduits par Pierre Laval; on sait que ces parlementaires et leur sinistre leader ont menacé le Président de la République d'un coup d'Etat s'il n'obtempérait pas à leurs ordres. Laval, en accomplissant sa démarche, était le mandataire direct de l'armée d'invasion. Le gouvernement qui s'installait au levier de commande dans la nuit du 13 au 14 juin était le gouvernement voulu et imposé par l’envahisseur [le Maréchal Pétain a formé son gouvernement dans la nuit du 16 au 17 juin 1940].

Mais, encore une fois, à quels mobiles profonds obéissaient ceux qui le composaient ? Leur préoccupation exclusive était de sauver le régime odieux qui avait conduit le pays à la catastrophe. Ils savaient que si le gouvernement français avait abandonné le territoire, le peuple de France se serait donné un gouvernement à lui. Ce gouvernement eût mis fin à la guerre injuste et criminelle. Il eût signé la paix. Mais, fort de l'adhésion des masses populaires, fort de l'alliance qu'il aurait contracté avec le premier Etat socialiste, il eût fait de la paix non seulement un acte de réconciliation entre le peuple français et le peuple allemand, mais le première étape du relèvement du pays, de la renaissance française. Et comme elles l’ont toujours fait au cours de leur histoire, les classes dirigeantes ont placé leurs intérêts de caste au-dessus de l’intérêt du pays. Elles ont dit plutôt la capitulation, le déshonneur de la France livrée et trahie, mais nos privilèges sauvegardés, qu’une paix honorable et digne, conclue par un peuple qui aurait secoué la dictature capitaliste. La paix conclue par un gouvernement populaire eût servi les intérêts de tous les peuples et notamment les intérêts des peuples français et allemand. L'armistice Pétain a assujetti le peuple français, il a servi les intérêts d'un clan d'impérialistes forcenés qui ne conçoit la paix que dans l'asservissement de l'univers."

(Brochure "Le Parti communiste a vingt ans" de février 1941 pp. 51-52)
(Article Blogger)

En février 1941, pour célébrer son vingtième anniversaire (décembre 1920 - décembre 1940), le Parti communiste diffuse à 20 000 exemplaires une brochure intitulée "Le Parti communiste a vingt ans".

Rédigée en janvier 1941 par Gabriel Péri, cette brochure de 63 pages célèbre le Parti communiste et son combat... pour la Paix au cours des vingt dernières années en revenant sur tous les événements marquant de son histoire : "Congrès de Tour", "La bataille contre la Rhur", "Le Parti communiste lutte contre les aventures coloniales", "La croisade pour l'Unité", "Le Front populaire", "L'avant-guerre et la guerre", "Pour l'indépendance du pays".

Dans l'extrait cité, le Parti communiste affirme que si le gouvernement de Paul Reynaud s'était installé en juin 1940 en Afrique du Nord pour poursuivre la guerre, il aurait formé sur le territoire métropolitain un nouveau gouvernement.

Quelle eût été l'action de ce premier gouvernement communiste de l'histoire de France ? En politique extérieure, "il eût signé la paix" avec Hitler. Cette "paix honorable et digne" entre la France communiste et l'Allemagne nazie aurait été non seulement "un acte de réconciliation entre le peuple français et le peuple allemand" mais aussi conforme aux "intérêts des peuples français et allemand". En politique intérieure, il aurait renversé "la dictature capitaliste".

Ce projet - la Paix par la Révolution socialiste - n'a pu être réalisé à cause des oligarchies capitalistes dont la sauvegarde des intérêts ne commandait pas le départ du Gouvernement de Paul Reynaud - condition préalable à la formation d'un Gouvernement de Paix communiste - mais son remplacement par un partisan de l'armistice : le Maréchal Pétain.

C'est d'ailleurs ce point - la préservation des intérêts de la bourgeoisie - qui distingue l'armistice signé par le Maréchal Pétain de celui qui aurait été négocié par le Parti communiste : "l’armistice Pétain a assujetti le peuple français, il a servi les intérêts d’un clan d’impérialistes forcenés qui ne conçoit la paix que dans l’asservissement de l’univers."

Dernier élément, l'hypothèse relative à la constitution d'un Gouvernement de Paix communiste en juin 1940 est aussi évoquée dans la brochure "Jeunesse de France" de janvier 1941.


[Il y a 18 ans]
[les Communistes Français luttaient contre]
[l'occupation de la Rhur]

"Lorsque Poincaré entreprenait l'occupation de la Rhur, que faisaient ceux qui, aujourd'hui, se prosternent devant l'occupant allemand et, sous couvert de "collaboration", prônent aux français la servitude ? Que disaient, que faisaient les Weygand et les Flandin, les Laval et les Pétain ? Ils applaudissaient Poincaré ! Ils approuvaient la déchéance de Cachin ! Ils souhaitaient l'humiliation et l'extermination du peuple allemand. Les communistes, eux, ont levé le drapeau de la fraternisation avec le peuple allemand, le drapeau de la Paix contre les marchands d'acier. Et c'est parce qu'ils ont à leur actif ce passé de clairvoyante inscrit dans l'histoire, inscrit aux greffes des prisons civiles et militaires, qu'ils sont aujourd'hui les seuls capables de pratiquer avec le peuple allemand et avec tous les peuples, la vraie collaboration, dans l'entente internationale, dans la liberté et l'indépendance des peuples."


Publiée en février 1941, La Politique communiste n° 2 est composé d'un seul texte intitulé "Il y a 18 ans les Communistes Français luttaient contre l'occupation de la Rhur".

Dans cette brochure de 10 pages, le Parti communiste célèbre son combat contre l'occupation de... la Rhur par les armées françaises en 1923.

L'évocation de ces événements visent deux objectifs. Tout d'abord susciter la sympathie des Allemands en leur rappelant qu'ils ont été les victimes de l'impérialisme français contre lequel seuls les communistes ont lutté.

Ensuite, permettre aux communistes d'affirmer qu'ils sont les seuls légitimes pour faire la paix avec les nazis car ils sont les seuls à s'être mobilisés contre l'oppression du peuple allemand en 1923.

Ce point est un élément essentiel de la propagande communiste qui conteste au Maréchal Pétain toute légitimité pour faire la Paix avec l'Allemagne en expliquant notamment que seuls les communistes ont combattu la guerre de 1939-1940 et que de ce fait ils sont les seuls à pouvoir légitimement négocier la Paix avec Hitler.

Dernier élément, ce texte de février 1941 précise qu'un gouvernement de Paix communiste mettrait en œuvre une "vraie collaboration" entre la France et l'Allemagne nazie dans le cadre d'une "Entente internationale" des peuples français et allemand.

Se distinguant de la collaboration pétainiste qui est fondée sur la soumission à l'impérialisme allemand, la collaboration communiste - "la vraie collaboration" - illustrerait des relations franco-allemandes basées sur l'égalité des droits et des engagements.


"Quand, par exemple, le gouvernement de l'Angleterre « démocratique » persécute, lui aussi, ceux qui démontrent que la guerre actuelle a un caractère impérialiste du côté de tous les belligérants et qu'elle se poursuit, en dernière analyse, pour le profit capitaliste, des deux côtés; il y a là un acte de persécution à l'égard de ceux, qui pour éclairer les masses populaires, opposent au mensonge de la propagande de guerre la vérité scientifique. Car l'affirmation selon laquelle l'enjeu de cette guerre, ce sont les colonies, l'hégémonie en Europe et dans le monde, et que les principaux responsables ce sont les trusts de tous les pays, n'est pas une thèse politique ordinaire; c'est la seule thèse politique conforme à la vérité scientifique, c'est-à-dire aux faits et à leurs rapports effectifs. Mais aucun des impérialismes belligérants ne peut supporter cette vérité objective, et c'est pourquoi ils font tous de l'obscurantisme."

(La Pensée libre n° 1 de février 1941)

En février 1941, trois intellectuels communistes, Jacques Decour, professeur d'allemand, Jacques Solomon, physicien, et Georges Politzer, philosophe, lancent une revue clandestine sous le titre La Pensée Libre.

Dans ce numéro d'une centaine de pages, il est précisé que cette publication sera mensuelle : "La Pensée Libre paraitra tous les mois". Dans les faits le numéro de février sera le seul de l'année 1941.

Sur le fond, La Pensée Libre reprend la thèse du Parti communiste selon laquelle la guerre est impérialiste.

Illustration de ce fait, dans son éditorial intitulé "Notre Combat", la revue communiste justifie son titre en expliquant que la pensée de ses contributeurs est "libre" car ils n'ont aucun lien - "matériel" ou "idéologique" - avec les impérialismes français, anglais ou allemand qui sont tous responsables de la guerre :

"Cette revue s'appelle la PENSEE LIBRE par ce qu'elle est rédigée par des savants, des écrivains, des penseurs et des artistes libres de tout lien matériel et idéologique avec les impérialismes qui ont jeté les peuples, pour la seconde fois au XXe siècle, dans une guerre pour le partage du monde."

En d'autres termes, la pensée n'est libre qu'à la condition d'être soumise à l'URSS et à Staline !!!

Autre exemple, la condamnation de l'Angleterre impérialiste dans l'extrait cité qui est tiré du texte "L'avenir de la science".

Dans ce texte anglophobe, La Pensée Libre élève au rang de "vérité scientifique" la thèse du Parti communiste selon laquelle la guerre qui oppose l'Angleterre démocratique à l'Allemagne nazie est impérialiste. En outre, elle condamne "l'obscurantisme" de l'Angleterre soi-disant démocratique ("l'Angleterre « démocratique »") qui se manifeste à la fois dans ses "mensonges" visant à justifier sa guerre contre les nazis et dans sa répression des communistes qui par pour leur action s'attachent à "éclairer les masses populaires" sur la nature impérialiste de cette guerre.

La "vérité scientifique" selon laquelle "la guerre actuelle a un caractère impérialiste du côté de tous les belligérants" s'effondrera le 22 juin 1941 avec l'invasion de l'URSS par les armées allemandes.

Preuve supplémentaire que la "Pensée Libre" - malgré son titre et sa diffusion clandestine - n'est pas une publication de la Résistance, la revue communiste défend dans son éditorial "Notre Combat" le projet du Parti communiste à savoir la Paix avec l'Allemagne (libération nationale) et la Révolution socialiste (libération sociale) : 

"Unis avec le peuple de notre pays, unis avec tous ceux qui, dans l'Europe opprimée et dans le monde entier, luttent contre les forces de régression sociale et d'oppression nationale, nous entendons travailler pour un avenir de liberté et pour cette paix qu'un nouveau Versailles, quels que puissent être ses bénéficiaires, serait à nouveau incapable d'assurer."


Ce qu'est la Collaboration

Le mot "collaboration" est aussi impropre aujourd'hui que celui de "non-intervention" employé par Léon Blum lors de la guerre d'Espagne. La "non-intervention", selon Blum, n'était pas autre chose que la tolérance et le soutien de l'intervention italo-allemande en Espagne, cependant que la "collaboration" définie à Montoire n'est pas autre chose que la soumission de la France à toutes les volontés des maîtres de l'Allemagne.
Le Peuple de France peut déjà jugés sur pièces. Contrairement aux clauses du Traité d'Armistice, l'Alsace-Lorraine a été annexée par le Reich au mépris absolu du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes; des Alsaciens et des Lorrains ont été chassés de chez eux contraints de tout abandonner, n'ayant le droit d'emporter que 30 kilos de bagages et 2 000 francs.
Au surplus, dans certains villages de la France occupée, les officiers se conduisent à la manière de Gessler, obligeant les habitants à les saluer et multipliant les brimades. Certains officiers ont même la gifle facile et les travailleurs français n'aiment pas de telles mœurs de caractère féodal.
Les masses laborieuses de France ont conscience aussi que si le ravitaillement est scandaleusement désorganisé et si le "marché noir" est si important, c'est peut-être parce que les spéculateurs français trouvent des complaisances, pour ne pas dire des complicités dans certains milieux occupants.
Si on ajoute à cela la fusillade d'étudiants parisiens le 11 novembre et l'exécution de Français coupables soi-disant de s'être livrés à des actes de violence contre les membres de l'armée allemande, sans qu'on sache si ces hommes avaient tout simplement riposté à une gifle par un coup de poing, on comprend aisément la nature des sentiments qui animent les masses populaires de France, sentiments que les capitalistes partisans de l'Angleterre voudraient orientés dans le sens du chauvinisme et que nous devons orienter, nous communistes, dans le sens de la fraternité avec le peuple allemand que nous ne confondons pas avec les maîtres du moment. [...]

(La Vie du Parti n° 2 du 1er trimestre 1941)

En février 1941, le Parti communiste diffuse à 10 000 exemplaires (1) La Vie du Parti n° 2 du 1er trimestre 1941.

Dans un paragraphe titré "Ce qu'est la Collaboration", ce bulletin d'information destiné aux cadres et militants communistes analyse la politique de collaboration mis en œuvre par le Maréchal Pétain après sa rencontre avec le Chancelier Hitler le 24 octobre 1940 dans la ville de Montoire-sur-le-Loir

Tout d'abord, La Vie du Parti affirme que le mot "collaboration" est un terme "impropre" pour qualifier la politique du Maréchal Pétain au motif qu'elle se caractérise en réalité par "la soumission" de la France à l'impérialisme allemand. Pour appuyer cette analyse sémantique, elle rappelle l'exemple de la politique de "non-intervention" de Léon Blum pendant la guerre d'Espagne en expliquant que celle-ci signifiait en réalité "la tolérance et le soutien de l'intervention italo-allemande en Espagne".

La revue communiste recense ensuite les preuves de cette soumission : l'annexion de l'Alsace-Lorraine, le comportement féodal des officiers allemands, les difficultés du ravitaillement et enfin la répression de la manifestation étudiante du 11 novembre 1940 ainsi que l'exécution de Français comme celle de Jacques Bonsergent le 23 décembre 1940.

Face à tous ces faits qui pourraient inciter les français à rejoindre la Résistance, La Vie du Parti souligne que la tâche principale des militants communistes consistent à orienter les sentiments des masses populaires dans "le sens de la fraternité avec le peuple allemand".

Cette ligne politique pro-allemande est définie en ces termes dans le texte "la politique de Montoire-sur-(le-)Loir" de décembre 1940 : "c'est la politique des communistes, c'est la politique de la collaboration vraie".

(1) B. Bayerlein, M. Narinski, B. Studer, S. Wolikow, Moscou, Paris, Berlin. Télégrammes chiffrés du Komintern, 1939-1941, 2003, p. 409.


"RADIO - LONDRES - DE GAULLE est au service des capitalistes anglo-français.
RADIO - PARIS - VICHY est au service des capitalistes franco-allemands.
ECOUTEZ RADIO - MOSCOU au service de l'édification socialiste. Chacune de ses émissions vous apporte des documents précieux, sachez les écoutez, sachez comprendre l'exemple de l'URSS, sachez négliger les "informations" tendancieuses des autres postes, sachez faire aimer le Pays des Soviets, le seul Etat du monde débarrassé du capitalisme."

(L'Humanité édition Bordelaise n° 64 du 10 février 1941)

L'Humanité - édition bordelaise - encourage ses lecteurs à écouter Radio-Moscou et à se méfier des "« informations » tendancieuses" diffusées par Radio-Londres qui est accusée de servir les intérêts "des capitalistes anglo-français".

Comme les communistes, le Régime de Vichy s'est attaqué à Radio-Londres en interdisant par la loi du 28 octobre 1940 la réception de ses émissions sur la voie publique ou dans les lieux ouverts au public. Toute infraction était punie d'une amende de 16 à 100 francs et d'un emprisonnement de 6 jours à 10 mois. 


"Ainsi les tenants de l'impérialisme anglo-américain et ceux de l'impérialisme allemand montrent leur vrai visage d'ennemi du peuple. Les travailleurs n'ont pas à choisir entre eux; ils n'ont pas à choisir entre Laval qui veut la victoire de l'impérialisme allemand parce que c'est son intérêt, et DE GAULLE qui veut la victoire de l'impérialisme anglais parce que c'est son intérêt".
(L'Humanité n° 100 du 14 février 1941 - Organe central du PCF)

Dans son numéro du 14 février 1941, l'Humanité accuse le Général de Gaulle d'être un "ennemi du peuple" et de vouloir "la victoire de l'impérialisme anglais parce que c'est son intérêt".

On rappellera que le conservateur Churchill et le travailliste Atllee, les deux dirigeants de l'Angleterre en guerre contre l'Allemagne, ont aussi été dénoncés comme des "ennemis du peuple" dans l'Humanité n° 82 du 7 octobre 1940.


"C'est sous le titre Pour le salut du peuple de France qu'est publié le programme du Parti Communiste Français (SFIC). Militants ! Faites en sorte que chaque français, que chaque française puisse le lire."

(L'Humanité n° 101 du 22 février 1941- Organe central du PCF)

Dans son numéro du 22 février 1941, l'Humanité mentionne pour la première fois le programme de gouvernement publié par le Parti communiste sous le titre "Pour le salut du peuple de France".


A BAS LES COMBINARDS ET LES TRAITRES
EN AVANT, POUR
LA VERITABLE VICTOIRE DU PEUPLE
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Les politiciens à la Laval, De Brinon et autres; les journalistes a gages comme les Déat, Luchaire; les canailles comme Doriot et Gitton dont les journaux sont subventionnés par les Officines de Goebbels, préconisent la collaboration avec l'Allemagne d'Hitler.
D'un autre côté, les De Gaullistes, représentants des Banquiers de la City; épousent la cause de l'impérialisme anglais
Le peuple de France n'a pas à prendre la défense de tel ou tel clan impérialiste. [...]
Une seule voie s'offre au peuple de France comme à celui de tous les pays capitalistes : c'est la voie suivie par les peuples de l'Union Soviétique à la fin de la guerre 1914/1918, qui ont sapé l'odieux régime tzariste et qui se sont affranchis a jamais du joug du capital.
De plus en plus, le peuple de France se rend compte de cette réalité et, avec le Parti Communiste, il luttera pour la chute du régime des impérialismes fauteurs de guerre, pour l'avènement rapide d'un véritable gouvernement populaire, pour un Etat où les travailleurs vivront dans la paix, la joie, la liberté.

La Région PARIS-NORD
du Parti Communiste Français (S.F.I.C)
"Demandez, lisez, faites circulez les journaux et tracts du Parti.
Lisez, étudiez et faites connaître le programme du Parti publié sous le titre :
              "POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE"
le programme de la libération sociale et nationale du pays."
(En Avant n° 1 de févier-mars 1941 - Organe de la Région Paris-Nord du PCF)

Dans l'organisation communiste la région parisienne - formée par les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise - est divisée en cinq "Régions communistes" : Paris-Ville, Paris-Ouest, Paris-Est, Paris-Sud, Paris-Nord.

C'est à la fin de février 1941 que paraît clandestinement le premier numéro du journal En Avant qui est l'organe de la Région Paris-Nord du Parti communiste.

Expression de la position des communistes de la banlieue nord de Paris, ce numéro est en totale conformité avec la ligne pacifiste, anglophobe et antigaulliste définie par la direction centrale du Parti communiste.

On peut étayer cette affimation avec les deux extraits tirés de ce numéro.

Le premier est une Déclaration de la Région Paris-Nord du Parti communiste dans laquelle on retiendra deux points. Tout d'abord la condamnation des militants gaullistes accusés d'être les "représentants des Banquiers de la City". Ensuite l'affirmation selon laquelle la formation d'un Gouvernement de Paix communiste constituera "la véritable victoire du peuple" .

Le second est un Appel dans lequel les militants communistes sont encouragés à étudier et à diffuser le programme de gouvernement publié par le Parti sous le titre "Pour le salut du peuple de France".



MARS 1941



Au seuil de 1941

"Est-ce à dire qu'une politique d'indépendance nationale est impossible ? Non point ! C'est même celle que veut la majorité des Français. UNE POLITIQUE D'INDEPENDANCE NATIONALE, UNE POLITIQUE FRANCAISE MEME APRES LA DEFAITE ET SANS RECOURS AUX ARMES EST A LA FOIS POSSIBLE ET SOUHAITABLE. Mais elle ne peut être pratiquée par les hommes de Vichy. Elle suppose un gouvernement capable de rallier l'adhésion des masses populaires françaises, de susciter la sympathie de tous les peuples, de se concilier l'amitié et l'appui de l'URSS et de sa puissante économie socialiste. AUTREMENT DIT, IL N' Y A QU'UN GOUVERNEMENT QUI DE PAR SON ORIGINE, SA COMPOSITION, SON PROGRAMME PUISSE PRATIQUER CETTE POLITIQUE, C'EST UN GOUVERNEMENT DU PEUPLE."


Diffusés en mars 1941 à 20 000 exemplaires, les Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941 publient un article de Gabriel Péri intitulé "Au seuil de 1941".

Dans ce texte rédigé en janvier 1941, le dirigeant communiste analyse l'évolution de la situation internationale depuis la défaite de France en juin 1940.

Il s'attache tout d'abord à montrer que la guerre sera longue car ni l'impérialisme anglais ni l'impérialisme allemand ne sont en mesure de remporter la victoire à court terme. L'Angleterre impérialiste en raison de l'effondrement de sa puissance, l'Allemagne impérialiste du fait des difficultés auxquelles elle est confrontée. Il précise, ensuite, la nature de ces difficultés : défaites militaires de son allié italien; échec partiel de sa diplomatie dans l'Europe balkanique et danubienne avec toutefois la réserve suivante : l'activité de l'Allemagne dans cette partie de l'Europe ne remet pas en cause la solidité des relations germano-soviétiques; et enfin hostilité des pays vaincus avec un long développement consacré à la France. Pour terminer, il envisage une entrée en guerre de l'Amérique impérialiste ("la dictature des soixante familles") ainsi qu'une extension du conflit en extrême-orient.

Abordant la question française Gabriel Péri conteste toute légitimité à la lutte armée et donc à la Résistance en affirmant qu'une "POLITIQUE D'INDEPENDANCE NATIONALE", "SANS RECOURS AUX ARMES", "EST A LA FOIS POSSIBLE ET SOUHAITABLE".

C'est d'ailleurs pour réaliser ce projet que le dirigeant communiste plaide pour la constitution d'un "GOUVERNEMENT DU PEUPLE" autrement dit un gouvernement de Paix communiste


Le sort et l'avenir de la jeunesse française

[...]

LE ROLE DE LA JEUNESSE COMMUNISTE

Les jeunes communistes doivent être à la tête de la jeunesse dans la lutte :
[...]
Contre la guerre impérialiste, contre ceux, partisans d'Hitler ou partisans de Londres, qui voudraient rejeter notre pays dans le conflit qui s'étend au profit de l'un ou de l'autre des deux clans impérialistes qui se disputent l'hégémonie dans le monde. [...]
Les organisations du Parti doivent aider les Jeunesses Communistes, les conseiller, les guider, les aider dans le travail de propagande et d'organisation, les aider aussi dans la lutte contre la provocation, apporter à leur vingt ans audacieux le complément d'une expérience mûrie dans la travail illégal.
Notre Parti est fier de la Jeunesse Communiste qui à ses côtés a traversé les épreuves de l'illégalité et de la guerre impérialiste, courageusement fidèle à son passé, digne de l'Internationale communiste de Jeunes, digne de la grande Internationale Communiste de Dimitrov, digne de la grande et invincible cause de Marx-Engels-Lénine-Staline, la cause du Communisme.

(Cahiers du Bolchévisme du 1e trimestre 1941)

Publié en mars 1941 dans les Cahiers du Bolchévisme du 1er trimestre 1941, l'article "Le sort et l'avenir de la jeunesse française" rappelle clairement le rôle des Jeunesses Communistes : organiser la lutte de la jeunesse française "contre la guerre impérialiste" autrement dit défendre la Paix avec l'Allemagne nazie.


SOUS LE DRAPEAU DU COMMUNISME
Ouvriers et Paysans de la Somme, Unissez-vous

Les documents distribués à profusion dans le Département ont ouvert les yeux des plus crédules et montré combien le Parti Communiste Français avait eu raison de lutter avec courage contre la guerre impérialiste. [...]
La population picarde a souffert plus que partout ailleurs de cette guerre criminelle déclenchée par les bandits au pouvoir et leurs valets socialistes et réformistes. [...]
Mais la malédiction de tout un peuple trahi monte, vengeresse, vers ces hommes qui ont voulu la guerre et préparé la défaite.
Comme l'indique le Programme du Parti Communiste Français : "Oui, de toutes ses forces le Peuple veut que l'on fixe toutes les responsabilités et que l'on châtie tous les coupables [...]".
Guerre capitaliste - défaite capitaliste ! Asservissement et menaces nouvelles de guerres capitalistes !
"Oui, le peuple de France veut la Paix", dit le PROGRAMME :
"Non, le peuple de France ne veut pas prendre part, à nouveau, à la guerre impérialiste. Il veut créer des relations pacifiques avec tous les pays, avec tous les peuples. [...]"
TRAVAILLEURS de la terre et des usines; Intellectuels, Rassemblez vous sous le drapeau du Parti Communiste.
Socialistes, Syndicalistes, Républicains, dont les chefs ont trahi le peuple et les intérêts de la France, faites vôtre notre Programme.
Pour que vive la France; pour le bonheur de son peuple, TRAVAILLEURS PICARD UNISSEZ-VOUS

CATELAS Jean
Député d'Amiens, membre du Comité Central

(Le Travailleur Picard n° 5 de mars 1941 - Organe de la Région Somme du PCF)

Organe des communistes de la Somme, le Travailleur Picard publie dans son n° 5 de mars 1941 un article signé par Jean Catelas dans lequel le député d'Amiens qui est aussi un membre du Comité central appelle tous les Français à soutenir le programme pacifiste du Parti communiste intitulé "Pour le salut du peuple de France" : "Socialistes, Syndicalistes, Républicains, dont les chefs ont trahi le peuple et les intérêts de la France, faites vôtre notre Programme."

Rappelons qu'en sa qualité de membre du Comité central du Parti communiste français, Jean Catelas a signé avec Maurice Tréand la Demande de parution de l'Humanité sous censure allemande du 26 juin 1940.


"LE PARTI COMMUNISTE TRAVAILLE AU SALUT DU PEUPLE DE FRANCE.
TRAVAILLEURS DEMANDEZ LE PROGRAMME DU SALUT DE NOTRE PEUPLE A NOS DIFFUSEURS, ETUDIEZ-LE, DIFFUSEZ-LE, AGISSEZ SELON SES DIRECTIVES POUR UNE FRANCE LIBRE, FORTE ET HEUREUSE."
"Mais, conscient de sa force, de ses responsabilités, de la confiance de tout un peuple qui souffre, notre Parti communiste indomptable agit. Son programme "pour le salut du Peuple de France" vient de paraître en tract. 
Pas un mot de démagogie dans ce programme; rien qui soit étranger aux besoins immédiats de nos ouvriers, de nos paysans, des commerçants, des jeunes, des femmes, des mères, des prisonniers, des intellectuels. Un souci permanent d'agir pour le peuple et par lui, sous son contrôle constant, avec sa participation active réalisée par la démocratie la plus large dans un renouveau de libertés non plus formelles mais garanties."

Par son contenu, l'Humanité - édition normande - n° 30 peut être datée de mars 1941 : discours de Pétain à St-Etienne, adhésion de la Bulgarie au Pacte tripartite, mention que "depuis 8 mois ce gouvernement de gangsters..." et enfin référence au programme communiste qui "vient de paraître en tract".

En approuvant dans ces deux extraits le programme de gouvernement intitulé "Pour le salut du peuple de France", les communistes normands soutiennent sans aucune équivoque la ligne pacifiste définie par la direction centrale du Parti communiste. 


"Sans doute les clans germanophiles et anglophiles qui existent dans les milieux capitalistes français se combattent sournoisement, mais Laval, Deloncle et Jean Goy sont rejoints dans leurs plans de destruction des libertés populaires par de GAULLE et LARMINAT. Les serviteurs de l'Allemagne et de l'Angleterre veulent, aussi bien les uns que les autres, détruire à jamais les libertés publiques et nous imposer l'horrible régime du sabre et du coffre-fort."

(L'Humanité n° 102 du 5 mars 1941 - Organe central du PCF)

Dans son numéro du 5 mars 1941 l'Humanité s'attaque encore une fois au Général de Gaulle et à son projet de libérer la France par les armes.

Pour dissuader les Français de s'engager dans la Résistance, l'organe central du Parti communiste dénonce le Chef Libre comme l'un des "serviteurs" de l'Angleterre impérialiste et soutient qu'il a pour projet non seulement de "détruire à jamais les libertés publiques" mais aussi de préserver "l'horrible régime du sabre et du coffre-fort" autrement dit le régime capitaliste.

En d'autres termes le Général de Gaulle serait le défenseur d'un régime fasciste.


"DEMANDEZ, LISEZ, FAITES CONNAITRE le programme du Parti Communiste publié clandestinement sous le titre "POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE". Le programme de la libération sociale et nationale de notre pays"

(L'Humanité n° 102 du 5 mars 1941 - Organe central du PCF)

L'Humanité encourage les militants communistes a faire connaître aux Français le programme du Parti intitulé "Pour le salut du peuple de France".

Ce programme qui prévoit en politique intérieure la Révolution socialiste et en politique extérieure la Paix avec l'Allemagne est présenté comme "le programme de la libération sociale et nationale" de la France".


" « Nationalisation, sans indemnité, des banques, compagnies d'assurances, mines, chemins de fer et de l'ensemble des Sociétés capitalistes aryennes ou juives (électricité, produits chimiques, textile, métallurgie, gaz, etc.) ». C'est simple, net et conforme à l'intérêt de la Jeunesse Française. C'est le premier article de politique intérieure du GOUVERNEMENT DU PEUPLE pour lequel lutte le Grand Parti Communiste de Maurice THOREZ et Jacques DUCLOS." 

(L'Avant-garde n° 38 du 7 mars 1941 - Organe central des Jeunesses communistes)

Dans ce plaidoyer pour un "Gouvernement du Peuple" autrement dit un Gouvernement de Paix communiste, L'Avant-garde cite la première mesure du chapitre "POUR METTRE LES OLIGARCHIES CAPITALISTE HORS D'ETAT DE NUIRE" du programme pacifiste "Pour le salut du peuple de France".


Pour le salut du Peuple de France
tel est le titre du programme du [Parti] Communiste Français, Diffusez-le.

(L'Humanité - édition Bordelaise - n° 67 du 11 mars 1941)

Dans ce numéro de l'Humanité, les communistes de la région bordelaise approuvent la ligne fixée par la direction centrale du Parti en appelant à la diffusion du programme pacifiste "Pour le salut du peuple de France".


"Le gouvernement de Vichy, c'est le gouvernement des Trusts
Le rassemblement de Paris, c'est le rassemblement des Trusts
La radio et la guerre de Londres, c'est la guerre et la radio des Trusts
L'URSS seule donne l'exemple de la prospérité et du bonheur d'un pays sans capitalistes.
Vive la France libre et heureuse, indépendante et prospère que veulent et que feront les communistes avec l'appui du peuple tout entier."

(La Voix de la Charente n° 17 de mars 1941 - Organe de la Région Charente du PCF)


DE 1871 A 1941

Les capitalistes d'aujourd'hui sont
les dignes héritiers des Versaillais

par Maurice THOREZ et Jacques DUCLOS

[...]

Le vieux maréchal embastille les communistes parce que, dès septembre 1939, ils se dressèrent contre la guerre impérialiste et cet homme qui au soir de sa vie a accédé au pouvoir en passant par les couloirs de la défaite, fut hier le soutien des responsables de la guerre qu'il ne se hâte pas de faire juger de crainte de voir son attitude approbative d'hier évoqueé par les accusés eux-mêmes devant la Cour de Riom.

Si l'occupation de la France par l'Allemagne suffit à fournir la preuve que le « nouvel ordre européen » de M. Hitler signifierait pour la France un scandaleux asservissement, il n'est pas moins certain que le mouvement des de Gaulle et de Larminat, foncièrement réactionnaire et antidémocratique, ne vise à rien d'autre, lui aussi, qu'à priver notre de pays de toute liberté au cas d'une victoire anglaise. [...]

Comme le recommande le programme du Parti que les communistes ont le devoir de faire connaître par la masse des Français, il est indispensable qu'ouvriers, paysans, petites gens, ménagères, mères de famille luttent pied à pied pour défendre leur pain et celui de leurs enfants; il est indispensable aussi que les travailleurs qui suivaient hier les chefs du Parti radical et du Parti socialiste s'unissent à leurs communistes pour former un véritable Front populaire de lutte qui demain fera flotter à nouveau sur note pays, et cette fois pour toujours, le grand drapeau du pain, de la liberté et de la paix, le drapeau de la France libre et indépendante.


Numéro spécial commémorant la Commune de Paris, l'Humanité du 18 mars 1941 publie un texte de Maurice Thorez et Jacques Duclos intitulé "De 1871 à 1941 / Les capitalistes d'aujourd'hui sont les dignes héritiers des Versaillais".

De ce texte signé par les secrétaire et secrétaire général du PCF, on retiendra les idées suivantes :

1) Maurice Thorez et Jacques Duclos affirment que le régime de Vichy réprime les communistes pour leur engagement "contre la guerre impérialiste" autrement dit pour leur pacifisme. Aucune mention d'une lutte armée contre l'occupant allemand.

2) Maurice Thorez et Jacques Duclos soutiennent que le Maréchal Pétain, qui "fut hier le soutien des responsables de la guerre" autrement dit un belliciste, refuse de les faire juger pour ne pas être mis en cause par les accusés. Aucune condamnation du pacifisme du Maréchal Pétain.

3) Maurice Thorez et Jacques Duclos accusent le Général de Gaulle d'être à la tête d'un mouvement "foncièrement réactionnaire et antidémocratique" autrement dit fasciste et de vouloir en réalité "priver notre de pays de toute liberté au cas d'une victoire anglaise". Aucune célébration de la Résistance ou de l'Angleterre.

4) Maurice Thorez et Jacques Duclos appellent les militants communistes à faire leur "devoir" en diffusant le programme pacicifiste du PCF intitulé "Pour le salut du peuple de France". Aucun Appel à la Résistance.


La "collaboration"
politique du
"SERREZ LA CEINTURE"

[...]
Enfin, il arrive parfois que des représentants du pouvoir nazi, s'adressant à des Français, leur tiennent un langage dépouillé d'artifice et qui s’accommode bien peu avec les descriptions bucoliques de la collaboration dont se régale les lecteurs de Marcel Déat et les auditeurs de Coco Fontenoy et du cagoulard Deloncle.
Nous n'en voulons pour preuve que le discours prononcé ces jours-ci par le secrétaire Waldman, représentant l'administration allemande. Comme tout ne tourne pas rond en territoire occupé, M. Waldman avait réuni les Préfets à St-Germain et il leur a parlé comme un Führer parle à des Gauleiter.

C'est la Gestapo qui commande [...]
Aidez à la guerre allemande [...]
La déportation pour les chômeurs [...]
« Mangez-moins ! » [...]

Face à cette politique d'oppression capitaliste, il n'y a qu'un socialisme, c'est celui qui supprime l'exploitation de l'homme par l'homme, celui dont les communistes portent le drapeau. Il n'y a qu'une politique de paix et d'Entente internationale c'est celle qui rassemblera les peuples délivrés de l'oppression impérialiste et de la sujétion sociale.
La vraie révolution, le vrai socialisme, la vraie paix, c'est pour cela que luttent les communistes qui, à la place d'un gouvernement de marionnettes, veulent donner à la France un Gouvernement du Peuple."


Publié dans l'Humanité numéro spécial du 18 mars 1941, l'article « La collaboration / politique du "Serrez vous la ceinture" » présente la particularité d'être un plaidoyer pour la Paix avec l'Allemagne nazie qui s'appuie sur une virulente dénonciation de... l'occupation allemande.

En effet le texte dénonce le règne de la Gestapo dans la zone occupée, une économie française soumise aux exigences de la guerre allemande, le sort des chômeurs qui seront contraints d'aller travailler en Allemagne soit pour fuir la misère, soit parce qu'ils auront été déportés; et enfin le rationnement qui est imposé uniquement aux pauvres.

Pour l'Humanité tous ces maux n'ont qu'une seule cause : "l'oppression capitaliste" imposée par le Régime de Vichy. L'ennemi des communistes n'est donc pas le nazisme mais le capitalisme.

Pour un mettre un terme à cette situation, l'Humanité plaide pour un "Gouvernement du Peuple" qui renversera le régime capitaliste (libération sociale) et négociera un traité de Paix avec Hitler (libération nationale).

La France communiste et l'Allemagne nazie pourront même s'appuyer sur cette paix pour construire une nouvelle relation franco-allemande avec comme principe "l'Entente internationale" des peuples.
 
Dernier élément, l'Humanité affirme que les communistes défendent la "vraie" révolution, le "vrai" socialisme, la "vraie" paix pour se démarquer du Rassemblement National Populaire - parti collaborationniste majoritairement de gauche fondée en février 1941 par Marcel Déat - qui définit son projet pacifiste comme révolutionnaire et socialiste.


"Le programme du Parti communiste édité clandestinement sous le titre « Pour le salut du peuple de France » associe les revendications des masses ouvrières et des masses paysannes".

(L'Humanité numéro spécial du 18 mars 1941 - Organe central du PCF)


"Notre Parti n'a jamais été aussi fort, débarrassé des lâches et des traîtres, c'est avec confiance et fierté que nous accomplissons notre tâche.
Nous luttons "Pour le salut du Peuple de France".
Le Peuple de France veut la Paix, il veut que soient libérés le sol national et ses fils prisonniers de guerre.
Le Peuple de France considère qu'il est d'un intérêt vital pour lui d'établir de solides liens d'amitié avec le grand Pays des Soviets.
La France veut un Gouvernement qui soit l'émanation du peuple, un gouvernement qui, en s'appuyant sur le peuple, serait capable de réaliser à l’œuvre indispensable de salut national !
Le gouvernement du Peuple, expression de la volonté nationale et non d'une conjuration de profiteurs comme l'est la clique de Vichy prendrait immédiatement les décisions de politique extérieure et intérieure indispensables au salut du pays.
"Peuple de France, c'est entre tes mains qu'est l'arme de ta délivrance; c'est par l'union et par la lutte que tu sauras et que tu feras de notre pays, dans une Europe libérée de la domination capitaliste, une France libre, forte et heureuse."
Cette union nécessaire se réalise autour du Parti Communiste Français sous le glorieux drapeau de Marx-Engels-Lénine-Staline, lutte pour la libération sociale et nationale de la France."
"Lisez, diffusez le programme du Parti Communiste Français "POUR LE SALUT DU PEUPLE DE FRANCE"."
(Lutter et vaincre numéro spécial de mars-juin 1941 - Organe de la Région Paris-Sud du PCF)